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« On voit d’autant mieux les étoiles qu’il fait nuit » – Anne-Françoise de Taillandier, journaliste à Famille Chrétienne

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Anne-Françoise de Taillandier est journaliste à Famille Chrétienne. Issue d’une école de communication et d’abord passée par la publicité, elle s’est tournée vers le journalisme il y a deux ans et demi. Elle figure aujourd’hui parmi la pré-sélection du Prix Reporters d’Espoirs 2023 de l’innovation sociale avec son reportage sur « Pourquoi les Mureaux n’ont pas craqué », et nous raconte son parcours journalistique.

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Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale : qui est la lauréate, dévoilée samedi 25 novembre aux Journées de l’Economie Autrement à Dijon ?

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Avec son Prix de l’innovation sociale, Reporters d’Espoirs met à l’honneur les reportages évoquant l’économie sociale et solidaire. Quel meilleur lieu pour révéler la lauréate 2023 que les Journées de l’Economie Autrement à Dijon ? Les 24 et 25 novembre, cet événement clé de l’ESS en France a vu des dizaines d’intervenants se succéder pour animer des conférences, tables-rondes et ateliers sur ce sujet foisonnant.

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« Ne pas aborder l’émotion, le côté humain, c’est passer à côté du sujet » – Caroline de Malet, journaliste au Figaro et chef de service du Figaro Demain

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Caroline de Malet est journaliste au Figaro. Chef de service du Figaro Demain, elle figure parmi les pionnières de l’économie sociale et solidaire dans les médias et a très tôt pris conscience de l’importance du journalisme de solutions. Elle aborde pour nous son parcours et son reportage sur « L’escrime thérapeutique pour exorciser les violences », qui se trouve en pré-sélection du Prix Reporters d’Espoirs 2023 de l’innovation sociale.

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« Le problème principal de l’Europe, c’est qu’elle se vend extrêmement mal » – Jon Henley, journaliste et correspondant au Guardian et membre du jury du Prix européen du jeune reporter

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Jon Henley œuvre au journal britannique The Guardian, pour lequel il a été correspondant dans plusieurs pays d’Europe au cours des trente dernières années. Membre du jury de notre Prix européen du jeune reporter en 2023, il aborde pour nous son parcours, sa vision de l’Europe et son expérience au sein de ce média indépendant.

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« Le journalisme de solutions est la preuve qu’il est possible de changer d’imaginaire » – Diane Lami et Théo Boyé, co-fondateurs de l’association Inspeer et « slow reporters »

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Co-fondateurs de leur association devenue média en ligne Inspeer, Diane et Théo sillonnent l’Europe et l’Amérique depuis deux ans à la rencontre d’« humains inspirants », en vélo et voilier. Tous deux anciens étudiants en école de commerce, ils cherchent aujourd’hui à inspirer des vocations en couvrant des « solutions d’avenir ».

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[Offre d’emploi] Reporters d’Espoirs recrute Chef de projets actions et communication (CDI, à partir d’octobre 2023)

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VOTRE MISSION

Reporters d’Espoirs recrute une personne polyvalente qui saura intervenir de manière transversale sur l’ensemble de son programme d’actions, en CDI, et à plein temps.

Au sein d’une équipe de 5 personnes, vous travaillez en étroite collaboration avec le directeur général de l’organisation. La taille réduite de la structure et la multiplicité des actions (un Prix, une Revue papier, un Lab d’études et de recherche, une plateforme numérique) implique de votre part une grande polyvalence, un esprit entrepreneurial, une capacité réflexive et un caractère très opérationnel. 

Le poste recouvre trois dimensions :

Gestion de projet :

Vous intervenez sur un écosystème d’actions pour les organiser, les faire avancer, et les faire connaitre. Notamment :

  • Vous coordonnez le Prix Reporters d’Espoirs : définition des thématiques, organisation du jury, organisation événementielle, promotion des appels à candidature, partenariats avec des organisations-relais, réalisation de la présélection.
  • Vous organisez le Tour des Reporters d’Espoirs à la rencontre des journalistes et rédactions : prise de contact avec écoles de journalisme et rédactions, organisation, réalisation d‘interviews en vidéo.
  • Vous contribuez à l’organisation d’événements/ateliers/webinaires de taille modeste : recherche et coordination de prestataires, mise au point de programmes, sélection et recrutement d’intervenants.
  • Vous contribuez au positionnement et à la coordination des autres actions (Lab, Revue, Le Plus) en lien étroit avec le directeur et les collaborateurs dédiés.

Communication :

Votre polyvalence et votre maitrise d’outils techniques vous permettent d’intervenir aussi bien dans :

  • la définition et le suivi de la stratégie et du plan de communication ;
  • la conception/réalisation de supports de communication (plaquette, présentations) ;
  • la rédaction de newsletters, courts articles, argumentaires, synthèses et bilans des actions ;
  • la réalisation (tournage, montage, habillage) d’une interview en vidéo ;
  • le suivi du travail de la Social media manager ;
  • la mise à jour du site internet (WordPress)
  • l’animation d’un webinaire.

Ceci afin de promouvoir les actions de Reporters d’Espoirs essentiellement auprès de l’écosystème médiatique.

Relationnel :

Votre capacité à vous approprier les actions et le discours de l’association vous permettra de la représenter à l’extérieur (ateliers, et à terme dans des conférences et événements) et auprès de professionnels des médias (journalistes, étudiants).


VOTRE PROFIL

Vous avez déjà développé les expertises et compétences suivantes :

  • 3 ans d’expérience professionnelle minimum après la fin de vos études ;
  • Gestion de projet : vous savez vous organiser, planifier des actions et les faire avancer ;
  • Qualités rédactionnelles : votre écriture et votre orthographe en langue française sont irréprochables ; vous avez un esprit d’analyse et de synthèse ;
  • Forte appétence pour le secteur de l’information et des médias ;
  • Intérêt pour les sujets de développement durable et en particulier d’environnement ;
  • Technique : capacité à maitriser les logiciels permettant la réalisation des missions citées précédemment (Adobe InDesign, Photoshop, Première ; WordPress, emailing ; Suite Office)… ou à apprendre !
  • Capacité à encadrer deux stagiaires et alternants auxquels vous pourrez déléguer certains aspects de vos missions, ainsi que des prestataires.

Et vous vous reconnaissez dans les qualités suivantes :

  • Polyvalence ;
  • Sens de l’organisation ;
  • Autonomie sur les missions qui vous sont confiées ;
  • Qualités relationnelles vous permettant d’interagir au sein d’une petite équipe au quotidien, dans une ambiance à la fois sympathique et concentrée, et avec les différents publics de l’association – que ce soit par écrit, par téléphone ou de visu- : consultants, stagiaires, bénévoles, journalistes…
  • Envie de contribuer à faire progresser une cause associative et son impact positif sur les médias et la société.

NOUS

Reporters d’Espoirs, « pour une info et des médias qui donnent envie d’agir ». Nous agissons depuis 19 ans pour que l’information et les médias diffusent l’envie d’agir dans la société.

Concrètement :
– nous identifions et contribuons à la visibilité médiatique (veille) des initiatives qui ont un impact positif sur : la vie des gens, le lien social, l’environnement, l’économie
– nous rassemblons les médias à l’occasion d’événements physiques et médiatiques (La France des solutions : 20 millions de citoyens touchés avec 50 partenaires médias)
– nous sensibilisons les journalistes et étudiants à la pratique du « journalisme de solutions » appliqué à des questions d’intérêt général (le climat, l’innovation sociale…)
– nous créons des outils pédagogiques et numériques pour analyser l’impact des médias et pour accroitre leur portée (Le Lab, Le Plus)
– nous mettons à l’honneur jeunes, journalistes, et innovateurs des médias (Les Prix)
– nous publions une revue papier diffusée dans 600 libraires, 80 Relay, et par abonnement.

Notre équipe et notre gouvernance comprennent des journalistes, professionnels des médias et de la tech, dirigeants de médias, communicants, gestionnaires de projets, leveurs de fonds.


OU, QUAND, COMMENT ?

Lieu : Paris 1er arrondissement (Opéra / Palais Royal).
Type de contrat : CDI plein temps.
Début souhaité : octobre 2023.
Salaire : 34-35K€.

Vous voulez mettre votre esprit d’initiative, enthousiasme et rigueur au service de ce projet inspirant et impactant positivement la société ? Rejoignez-nous.

Étape 1 : Transmettez-nous votre CV et vos motivations sur recrutement@reportersdespoirs.org
Étape 2 : Entretien avec la responsable des relations humaines
Étape 3 : Entretien avec le directeur général

« J’ai beaucoup d’espoir en cette jeunesse qui s’engage » – Sylvia Amicone, membre du jury du Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale et journaliste présentatrice à LCI

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Sylvia Amicone est journaliste à LCI depuis 2002, et fut parmi les premières à populariser la notion d’économie sociale et solidaire dans les médias au début des années 2010. Lauréate du Prix Reporters d’Espoirs en 2014, elle s’est depuis spécialisée dans la couverture d’initiatives inspirantes à travers reportages, matinales et chroniques. Cette année membre du jury du Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale, elle raconte l’évolution de ce sujet dans les médias.

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« Je ne voulais pas passer ma vie à parler de mort » – Charlotte Meyer, membre du jury du Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale et journaliste environnementale aux Échos

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Charlotte Meyer est journaliste environnementale aux Echos Planète et rédactrice en chef de son média indépendant Combat, pour lesquels elle réalise régulièrement des reportages sur l’économie sociale et solidaire. D’abord reporter sur plusieurs terrains de conflits au Moyen-Orient, expérience dont elle a tiré un livre intitulé La protection internationale des journalistes en mission professionnelle périlleuse – Enquête sur un défi impossible (éditions L’Harmattan), elle se tourne aujourd’hui vers le journalisme de solutions. En tant que membre la plus jeune du jury du Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale, elle évoque son parcours et sa pratique journalistique.

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Pierre Doncieux : « Chaque crise apporte de nouvelles façons de vivre : il est important de montrer qu‘il n’y a pas de fatalité. »

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Couverture du second numéro d’Écologie 360, disponible sur https://www.ecologie360.fr/

Pierre Doncieux, directeur de la rédaction du magazine Écologie 360, nous ouvre les coulisses de la création de cette nouvelle publication lancée en mars, du choix des thématiques à leur traitement journalistique. Une application du journalisme de solutions qui aborde le réchauffement climatique sous l’angle de l’innovation.

Pourquoi le titre de ce numéro 1, « Soyons positifs » ?

L’initiateur du projet, Benoît Habert, a proposé de traiter la question écologique de façon positive et constructive pour rompre avec les approches catastrophistes. Une fois le diagnostic posé, on choisit de mettre en avant des solutions pour la dépollution, la préservation de la biodiversité, la transformation des transports, de l’énergie, ou encore de l’habitat. Certaines sont compliquées à mettre en œuvre, mais il existe toujours des chemins grâce aux innovations que notre monde produit en permanence. La transition écologique est un défi, mais qui n’est pas antinomique de la croissance économique. C’est ce que nous nous employons à démontrer à chaque numéro, tous les trimestres.

Quelle est la ligne éditoriale de ce nouveau magazine ?

L’écologie est au cœur du projet évidemment. Nous la traitons sous tous les angles : personnel, entrepreneurial, public, selon les différents corps de métiers, les acteurs de la vie privée et de la vie publique. Nous voulons montrer et même prouver qu’il y a des solutions en toutes choses en traitant de sujets concrets comme comment voyager de manière plus durable, dans quels fonds verts investir, ou encore par quoi remplacer les bouteilles d’eau.

Des exemples de contenus qui ponctuent ces premiers numéros ?

Le magazine est dans l’action. Il traite des personnes qui font concrètement des choses.

Nous avons par exemple réalisé un portrait du Prince Charles, « écologiste depuis 1970 » dans le premier numéro, nous nous intéressons à Boyan Slat dans le second, qui met en oeuvre des solutions pour nettoyer les océans des déchets plastiques, notre dossier de couverture du 2e numéro est consacré aux nouveaux métiers de l’écologie, nous en en avons recensé plus de 60 !

Nous allons chercher des histoires de personnes et d’entreprises ayant un impact réel. Nous donnons accès à de nombreuses statistiques et infographies. Les données sont au centre du projet et rien de tel qu’un diagnostic chiffré pour comprendre la situation et les solutions possibles.

Comment appréhendez-vous la transition écologique ? 

De manière constructive ! Certes, la Terre doit faire face au défi climatique mais il y a des solutions pour nous adapter. Nous voulons faire de la pédagogie pour faire comprendre l’ampleur du problème et passer en revue les réponses qui sont nombreuses.

De quelle manière vous appropriez-vous le journalisme de solutions ? 

Le journalisme de solutions se base sur deux piliers forts : le constat d’une action et les résultats qu’elle engendre, c’est-à-dire les solutions. Nous nous intéressons aux actions entreprises pour résoudre un problème grâce à des innovations multiples. Cela nous permet de traiter l’actualité sous un angle différent et inspirant, et de fournir à nos lecteurs des clés pour appréhender le monde en étant mieux informés. À l’image de notre crédo : « il y a des solutions, agissons ! »

Propos recueillis par Sixtine Guellec.

Pierre Doncieux : son parcours en 6 dates

Années 1980 : débute sa carrière chez Condé Nast, en tant que rédacteur pour Vogue Hommes, Condé Nast Traveler, puis Rédacteur en chef de Vogue Hommes.

1995-1997 : Rédacteur en chef du magazine VSD (section culture/art de vivre).

1998 : lance avec son frère Jérôme l’agence Relaxnews qu’il développe pendant 20 ans, et qui fournit aux journaux nationaux et à l’AFP des contenus sur-mesure dans les domaines de l’art de vivre et de la culture.

2015 : vente de Relaxnews à Publicis.

2018 : Directeur de la diversification éditoriale du Figaro

2023 : lancement d’Écologie 360.

Endémik, portrait d’un média itinérant

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Conférence médias et émotions, menée le 14 avril 2023 à la médiathèque La Boussole, Montigny-en-Gohelle (62), dans le cadre du Contrat Local d’Education Artistique d’Hénin Carvin 2022-2023

EN BREF

  • Type d’initiative : média co-construit par des journalistes et des citoyens
  • Problème auquel l’initiative répond : proximité médias-citoyens
  • Profil de la fondatrice : Déborah Adoh, journaliste, diplômée ESJ Lille 2019
  • Caractéristiques :
    • Date de création : 2020
    • Statut : micro-entreprise
    • Nombre de personnes impliquées : une dizaine

Endémik est un média indépendant, en ligne et gratuit, qui a vu le jour en 2020. L’objectif de Déborah Adoh, sa fondatrice, était de recréer du lien entre journalistes et citoyens. Pour ce faire, Endémik propose à des structures associatives des entreprises ou des collectivités d’éduquer leurs usagers aux médias. Les ateliers se composent d’une partie sensibilisation, suivie d’une conférence de rédaction participative durant laquelle les personnes intéressées s’accordent sur les sujets qu’elles souhaitent traiter et les supports qu’elles souhaitent utiliser. La réalisation des reportages repose ensuite entièrement entre les mains des participants, qui apprennent à utiliser le matériel d’enregistrement, mener des interviews, monter des vidéos. Endémik prend ainsi le contre-pied de la structure médiatique classique, en valorisant le processus de production davantage que le produit, la formation davantage que l’information.

On parle beaucoup de la défiance des citoyens envers les médias, perçus comme biaisés, sensationnalistes, clivants… Ayant commencé à exercer en 2018, durant le mouvement des gilets jaunes, Déborah Adoh, journaliste diplômée de l’ESJ Lille, expérimente cette réserve de plein fouet. « Pardon, t’es journaliste… mais les médias, ils sont trop anxiogènes, ils communiquent toujours sur les mêmes sujets », s’entend-elle dire. En presse quotidienne régionale (PQR), certaines personnes refusent de répondre à ses questions. De quoi refroidir les ardeurs d’une jeune diplômée avide de terrain et de rencontres. Arrive ensuite le premier confinement, avec son lot de questionnements mais aussi la nouvelle qu’un incubateur médias, YouM3dia, s’ouvre à EuraTechnologies à Lille, en partenariat avec l’ESJ Lille. Une opportunité que la journaliste spécialisée en sport ne manque pas de saisir. C’est ainsi qu’en 2020 naît Endémik, média local et participatif en ligne dans lequel journalistes et citoyens co-construisent des reportages accessibles gratuitement. Lors des Assises du Journalisme de Tours, Déborah Adoh a accepté de décrire à Reporters d’Espoirs le fonctionnement de ce qu’elle définit elle-même comme un « thermomètre social ».

Un média au contact des gens

En grec, le terme endemos renvoie à ce qui est local, indigène. L’idée d’Endémik est de rétablir un lien de confiance et de proximité avec les citoyens. En passant par des structures éducatives (lycées, collèges et écoles), associatives (centres sociaux) ou des collectivités.Déborah Adoh entre en contact avec des groupes d’habitants et leur propose de participer à des ateliers d’éducation aux médias. Ceux qui acceptent sont invités à choisir les sujets des reportages, et à participer à leur réalisation. Ils rédigent, filment, montent, proposent les questions à poser en interview et réalisent eux-mêmes par la suite les entretiens. Ils parlent des sujets qui les touchent avec leurs mots et leurs expériences. L’aspect professionnel du produit fini, en partie conçu par des gens dont ce n’est pas le métier, s’en ressent forcément. Qu’à cela ne tienne ? « Au début, explique Déborah, j’avais quand même ce côté journaliste professionnelle. Mais plus le temps avance, plus je vais au contact des habitants, plus je me rends compte qu’il y a ce besoin de s’exprimer de façon brute, quitte à ce que le résultat ne soit pas parfait. »

Parfaits ou non, les objets journalistiques peu communs qui ressortent de cette collaboration attirent l’attention. C’est le cas de Leur Étouvie, documentaire participatif réalisé en 2022 par des habitants du quartier éponyme d’Amiens, avec l’aide d’Endémik. L’idée était de montrer la beauté et la vie associative de cette zone à la réputation « difficile », par-delà les représentations négatives qui lui collent à la peau. Leur Etouvie a été nommé parmi les finalistes du prix Éducation aux Médias des Assises de Tours. L’éducation constitue en effet le but premier du média comme de sa fondatrice. Endémik se veut ainsi « de contact », une sorte de roulotte professionnelle qui apporte le matériel et les méthodes du journalisme aux habitants, qui fournissent en retour les préoccupations, les regards et les mots, surtout les mots. Laisser les gens s’exprimer par eux-mêmes préserve l’authenticité des témoignages, en plus de montrer aux participants que le métier de journaliste ne se résume pas aux plateaux télé. « Et puis, ajoute la journaliste, utiliser un langage simple, c’est aussi être accessible à tout le monde. »

Modèle économique, nerf de la guerre

Pour le moment, Déborah incarne elle-même Endémik. Elle a créé une entreprise individuelle afin de développer le média. Son modèle économique, elle l’a choisi en tenant compte de la concurrence (le financement par abonnement semblait irréaliste), de l’éthique de la collecte des données, et de ses valeurs personnelles (pas de publicités ciblées). Par élimination, la fondatrice a décidé de proposer des ateliers avec les citoyens à des structures qu’elle démarche.

Atelier avec des élèves de CM2 de l’école Jean-Jacques Rousseau, mené dans le cadre du Contrat Local d’Education Artistique d’Hénin-Carvin 2022-2023

Déborah souhaiterait diversifier ses sources de revenus, afin de développer son média, et de pouvoir embaucher davantage de journalistes. À long terme, l’objectif serait de transformer Endémik en association, ou en société coopérative, afin d’associer plus étroitement les citoyens au fonctionnement du média, via un système d’adhésion ou de parts. Déborah explore également des pistes pour intégrer d’autres journalistes dans la rédaction. Pour le moment, les choses piétinent un peu : « On a beau faire un projet avec son cœur », sourit la journaliste, l’argent demeure le nerf de la guerre ».

Collaborations et galères

Gérer Endémik, au-delà des reportages et de la recherche de financements, c’est aussi gérer toute la logistique d’une entreprise, ainsi qu’un site internet. Que ce soit pour les montages ou la publication des reportages, la fondatrice a mis un point d’honneur à utiliser des logiciels libres. Des bénévoles de Te Domum, une association d’hébergement numérique, l’aident à administrer son site. Un partenariat avec l’académie de l’ESJ Lille lui permet de collaborer avec des étudiants qui se destinent au journalisme. Intéressés par les médias alternatifs, ceux-ci rédigent des articles, sur des sujets évoqués avec les citoyens, ou bien sur des thèmes qui leur tiennent à cœur – par exemple la relation entre sport et écologie, thème approfondi en juin 2022.

Pour tout le reste – veille, prospection des structures avec lesquelles Endémik va travailler, aspects éditorial et logistique des projets, préparation des ateliers, éléments de postproduction dont les citoyens ne s’occupent pas, facturation – l’unique journaliste à temps plein du média se débrouille seule. Est-ce compliqué à gérer ? « Oui. Mais on prend notre temps, répond Déborah. Endémik n’est pas un média qui va publier une vidéo du tac-au-tac. Notre mentalité, c’est de privilégier la rencontre à la publication finale. »

Un média qui n’informe pas ?

Le verdict sur l’offre médiatique actuelle demeure relativement consensuel : il y a trop d’informations, trop de sensationnel, trop de redondances. Or, souvent, la solution proposée consiste à créer un nouveau média, qui proposera une information plus neutre, plus lente, bref, meilleure. Soigner la profusion de contenus par davantage de contenus. Ne s’agit-il pas d’un paradoxe ? Peut-être, mais lors de son passage en PQR, Déborah a pu constater que les rédactions avaient elles aussi leurs contraintes, leur impératifs, leurs supérieurs. « Une grosse structure, c’est difficile à faire bouger, donc l’alternative, c’était un média indépendant. » Un de plus, dans la forêt dense qui existe déjà et au sein de laquelle il est difficile de percer. « En termes d’audimat et de fréquentation, on n’est pas connu », admet la fondatrice.

Le peu de visibilité des reportages d’Endémik ne semble cependant pas chagriner Déborah outre-mesure. Tout d’abord, les revenus de son média ne dépendent ni des abonnements, ni de la publicité : nul besoin d’appâter les lecteurs pour survivre. Ensuite, la publication de contenu ne constitue pas l’essence de son travail. « Je ne veux pas d’un énième média qui apporte de l’information », dit-elle. Et de rappeler qu’Endémik cherche à recréer du lien : il n’apporte pas, il se déplace, il reçoit, il accueille. Un véritable média itinérant, qui fournit une « information directe », c’est-à-dire que les participants apprennent davantage en traitant les sujets, en utilisant le matériel, en discutant entre eux, en rencontrant les intervenants, plutôt qu’en lisant ce qu’ils auront publié. Pour reprendre les mots de la fondatrice : « l’amont importe plus que l’aval ». Le processus de production collaborative constitue une fin en soi, si bien que la publication des reportages est presque anecdotique.

3 questions à Déborah Adoh, fondatrice d’Endémik

Pour des questions de critères de revenus, vous n’avez pas renouvelé la carte de presse dont vous disposiez lorsque vous travailliez en PQR. Pensez-vous que cette carte soit nécessaire pour être journaliste ?

Ma vision des choses a évolué avec le temps. Au début, pour moi, un journaliste c’était quelqu’un qui allait au contact des gens et transmettait de l’information. Puis, je suis passée par l’ESJ Lille, où l’on valorise l’aspect plus solennel de la carte de presse, et où l’on considère qu’un journaliste est soit pigiste, soit rédacteur pour un média. Avec Endémik, ma perception a changé, forcément, puisque je suis à présent journaliste indépendante avec mon entreprise individuelle. Mais il y a aussi la question de la nécessité pratique de la carte de presse. Effectivement, pour faire des conférences de presse, quand on va couvrir un match de foot de Ligue 1 ou un déplacement ministériel, on en a besoin. Mais l’idée avec Endémik, c’est que les journalistes aillent au contact des habitants. Il n’y a pas de cérémonie, ni de limitations ni de quotas pour accueillir des journalistes. Donc aujourd’hui, la carte de presse, je n’y pense plus.

Vous avez suivi une formation en journalisme sportif avant de lancer Endémik, média qui couvre une grande variété de sujets. Un « grand écart » facile à gérer ?

Laisser la parole aux citoyens laisse forcément place à de nombreux sujets, dont certains sur lesquels je n’étais pas forcément à l’aise – par exemple, faire une enquête sur des sujets sensibles financiers ou écologiques. Donc c’était difficile d’imaginer comment j’allais m’y prendre. Mais finalement, au quotidien, je me rends compte qu’on traite de sujets très simples avec les habitants. Endémik montre l’angle de vue du citoyen, avec les capacités du citoyen et son vocabulaire, ce qui fait que je ne me confronte pas aux difficultés techniques que j’imaginais au début. Ce sont les habitants qui apportent le contenu et la manière de faire, au final.

Endémik est un média avec un ancrage local très fort. Pensez-vous que son modèle puisse se développer au sein de rédactions plus importantes, au niveau régional, par exemple ?

Il existe déjà pas mal de médias qui font du participatif, notamment depuis la crise du COVID-19. C’est le cas de Nice-Matin, par exemple, qui publie des réponses aux questions que les lecteurs posent dans le tchat. C’est une bonne démarche, facile à mettre en place. Médiacités ou le Monde diplomatique présentent aussi certains de leurs articles durant des soirées où ils convient leurs lecteurs. On a comme ça de petites bribes de participation dans de nombreuses rédactions. Mais avec Endémik, je pousse la participation à fond. Contrairement aux grosses rédactions, je peux me permettre de co-construire et de prendre mon temps avec les habitants, parce que mes revenus ne dépendent pas de mon lectorat. Je n’ai pas le souci de la rentabilité des reportages. Et puis, tous les journalistes n’ont pas pour objectif d’éduquer aux médias. Mon but, ce serait de créer un réseau régional ou national avec des journalistes qui travaillent là où ils vivent et vont au contact des habitants ; de faire d’Endémik une plateforme où on rassemblerait l’ensemble des travaux participatifs. Il y a beaucoup de journalistes qui se questionnent sur la manière dont ils travaillent et sont intéressés par ce que je fais. Mais ils ne sont pas forcément prêts à sauter le pas. Il faudrait que je puisse les embaucher. Ou que je mutualise avec d’autres journalistes indépendants.

Par Louise Jouveshomme.