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Solène Codroc’h, lauréate du Prix Presse Ecrite 2022

Le Prix Presse Ecrite 2022 met la lumière sur les mariages forcés au Kirghizistan

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Solenn Cordroc’h, lauréate du Prix Presse Ecrite 2022

Le « Tour des Reporters d’Espoirs » a fait étape à Bordeaux ces 24, 25 et 26 novembre. A l’occasion de la 12ème édition des Tribunes de la Presse, portant cette année sur « La guerre des identités », l’association est intervenue et y a remis samedi son « Prix Presse Ecrite 2022 »,

Solenn Cordroc’h décrit la réalité de l’ala kachuu

Sélectionné par un Jury de professionnels parmi un large panel de productions journalistiques, le Prix Presse Ecrite mettait cette année à l’honneur les productions réalisées autour de la thématique : « Résistance, résilience ou renaissance dans des situations de conflits ». Cinq reportages ont atteint la finale, issus du Figaro, de SoGood, Le Monde, La Croix et Géo.

C’est finalement Solenn Cordroc’h pour SoGood qui remporta le Prix 2022, pour son brillant reportage « Haro sur les mariées volées », qui dresse un portrait glaçant de la réalité persistante de l’ala kachuu au Kirghizistan, pratique consistant à enlever une femme de force pour la marier. On recense encore aujourd’hui près de 12 000 enlèvements de la sorte chaque année. Illégale depuis 1994, l’ala kachuu (qui signifie « prendre et courir ») puise ses racines à l’époque médiévale dans les steppes d’Asie centrale, et que les experts estiment avoir vu réapparaître au Kirghizistan dès la chute de l’Union Soviétique.

Derrière ce constat tragique, nombreux s’investissent pour défendre les droits des femmes. ONG, avocats, société civile : la résistance se met en place pour mettre fin à cette pratique asservissante.

Retrouvez l’article complet de Solenn Cordroc’h pour SoGood

7 & 8 décembre . Etape du Tour des Reporters d’Espoirs à Marseille

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Mercredi 7 et jeudi 8 décembre, Reporters d’Espoirs se rend à Marseille en compagnie de François Saltiel, journaliste (France Culture, ex-Arte et CulturePub) et auteur (La société du sans-contact et Le vendeur de thé qui changea le monde avec un hashtag, Flammarion).

Au programme

  • Rencontre avec les journalistes de la région – France 3, Marcelle, Made in Marseille, Gomet, La Marseillaise, La Tribune, etc.
    • Journalistes : retrouvons-nous mercredi 7 décembre de 18h à 19h30 au Café de la Banque pour échanger sur la nouvelle revue Reporters d’Espoirs, le journalisme de solutions, vos réalisations, envies et besoins en la matière : merci de confirmer votre venue sur redaction@reportersdespoirs.org
  • Rencontre avec les étudiants de l’EJCAM
  • Tournage de notre prochain MOOC/cours en ligne avec Pauline Amiel, directrice de l’EJCAM – l’école de journalisme de Marseille
  • Rencontre avec des dirigeants d’entreprises de la région, en coopération avec la FrenchTech Aix Marseille et le Top20

 

Lundi 5 décembre . Etape du Tour des Reporters d’Espoirs à Strasbourg

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Lundi 5 décembre, l’équipe de Reporters d’Espoirs, accompagnée de Cyrille Franck, directeur de la formation de CosaVostra, journaliste, expert des mutations médiatiques et numériques, se rend à Strasbourg.

Au programme :

  • Rencontre avec la rédaction des DNA – Dernières Nouvelles d’Alsace
  • Rencontre avec les étudiants du CUEJ – l’école de journalisme de Strasbourg
  • Rencontre avec les acteurs de médias locaux et régionaux.

2&3 décembre . Participation aux Entretiens de Royaumont

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Reporters d’Espoirs est conviée aux 19e Entretiens de Royaumont qui se tiennent vendredi 2 et samedi 3 décembre 2022, sur le thème « La Troisième voie ».

« L’époque, alimentée par la succession de crises majeures, nourrit les insatisfactions. Dans ce monde complexe et instable, les solutions globales ne marchent plus. Et le sentiment d’inefficience de l’action renforce l’impopularité.
Chacun cherche dès lors « l’autre possible », la Troisième Voie, celle qui, dans un monde vu comme binaire, apparaît comme la solution parfaite, voire l’échappée belle. Elle est l’espoir de populations en manque de solutions. Elle est celle qui saura unir les attentes. Et rassemblera les énergies.
Mais cet autre possible ne procéderait-il pas d’une relecture du monde plutôt que de céder aux apparentes alternatives ? Un monde ou l’amélioration, l’innovation ne suffit plus ? Un monde où il faut se remettre à imaginer, à inventer et à financer l’invention, et donc à prendre à nouveau des risques ?
Cette ambition est ce à quoi vous invite la 19ème édition des entretiens de Royaumont.
« Faire du Beau », « Partager la Valeur », « Être sobre, et Vivre aussi ! » « l’Expérience », « Humaniser », « Faire Adhérer ». 
Ces six angles de réflexions qui sont autant d’enjeux pour l’Humain amèneront les participants aux XIXèmes Entretiens de Royaumont à regarder autrement les défis qui nous font face, et à engager l’avenir sur une autre voie. La « Troisième Voie ».

Vendredi à 18h30, la conférence « Ils incarnent la troisième voix » accueillera

  • Amélia MATAR, Cofondatrice de Colori
  • Tatiana JAMA Cofondatrice et coprésidente, Sista
  • Gilles VANDERPOOTEN Directeur général, Reporters d’espoirs
  • Anouk LE TERRIER Cofondatrice, Dijo
  • Franck ZAL Président, Hemarina
  • Caroline SÉNÉCLAUZE Présidente fondatrice, Projet Moteur !

Parmi les participants aux conférences et débats de l’événement figurent Hubert Védrine, Aurélie Jean, Yann Arthus-Bertrand, Marie Tabarly, Bertrand Piccard, u encore Danièle Sallenave.

Plus d’informations : www.entretiensroyaumont.org

« L’objectif des Tribunes de la Presse est de proposer des débats de fond sur des questions d’actualité pour pérenniser la confiance entre citoyens et médias » – Jean-Pierre Tuquoi, directeur éditorial des Tribunes de la presse de Bordeaux

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Grand reporter spécialiste du Maghreb et de l’Afrique Noire au journal Le Monde jusqu’en 2011, Jean-Pierre Tuquoi a fondé la même année Les Tribunes de la Presse en région Aquitaine.

Ce mercredi 23 novembre débute la 12ème édition des Tribunes de la Presse à Bordeaux : quatre jours de débats, de rencontres et de tables-rondes autour de la thématique « La guerre des identités ». Presse, religion, géopolitique, génétique, astrophysique, urbanisme : moult déclinaisons qui sauront à coup sûr intéresser et éclairer chacun.

Partenaire des Tribunes pour la première fois cette année, Reporters d’Espoirs clôturera l’évènement en remettant avec Mémona Hintermann, journaliste et administratrice de l’association, son Prix presse écrite 2022, venant distinguer un reportage sur une situation de conflit dans laquelle des populations luttent pour résister, survivre ou se reconstruire.

Pourquoi avoir retenu la thématique “la guerre des identités”?

C’est un thème qui permet de décliner beaucoup de sujets qui me tiennent à cœur. A travers les questions des identités, on peut parler du conflit en Ukraine, de la question du genre, de la presse à travers l’identité des journaux papiers, de l’homme et son rapport à la nature, etc. Nous voulions couvrir un large scop.

Les Tribunes, c’est comme un buffet : chacun vient se servir et picorer selon ses appétences : un débat géopolitique sur l’appartenance de l’Ukraine à l’ensemble européen ou russe, un autre sur l’existence des religions dans une société laïque, ou encore l’astrophysicien Jean-Pierre Bibring tentant de démontrer pourquoi les hommes sont seuls dans l’univers. On embrasse ainsi des thématiques plus ou moins connues, et qui traitent toutes quelque part de l’identité.

Les sujets des Tribunes ne sont pas circonscrits au secteur de la presse, il ne s’agit pas seulement d’une introspection journalistique : est-ce une habitude ?

Les premières éditions étaient très tournées sur la presse, et les invités étaient essentiellement des journalistes français et étrangers. Mais au bout de quelques éditions, j’ai estimé qu’on risquait de se répéter et de rester dans un entre-soi journalistique. On a donc fait évoluer les Tribunes de la Presse vers un concept d’université populaire. Cela s’est avéré plus attractif pour le grand public : l’audience augmente année après année. Cette année, nous avons ouvert 12 000 places pour l’ensemble des débats de cette édition. De plus, depuis le Covid, le numérique s’est installé, et aujourd’hui les débats sont également accessibles en direct en ligne, nous ouvrant à un public francophone plus large – Québec, Antilles ou Afrique noire par exemple.

Quel est votre rôle dans l’organisation de cet évènement ?

J’ai créé Les Tribunes de la Presse il y a 12 ans, alors que je travaillais pour le cabinet du président du Conseil Régional d’Aquitaine, Alain Rousset, qui m’avait demandé de bâtir un évènement autour de la presse. Etant très attaché au débat d’idées, j’ai eu l’envie de créer un évènement porteur d’interactions et de dialogues.

Aujourd’hui, j’en suis le directeur éditorial : je choisis la thématique, sa déclinaison à travers les différents débats, les intervenants que j’estime pertinents selon les sujets. J’essaie également d’établir des partenariats dans la région. Par exemple, parmi les quatre lieux qui sont investis par les Tribunes de la Presse cette année, il y a l’école de journalisme de Bordeaux (IJBA) qui porte l’un des débats , animé par des étudiants.

Quel est le public touché par les Tribunes ?

Dans l’optique d’université populaire, l’idée est de faire un rassemblement citoyen, avec un public très varié : au-delà de l’écosystème du journalisme, des citoyens anonymes qui ont l’occasion de rencontrer des spécialistes ; énormément d’étudiants ; des lycéens de toute la région Nouvelle Aquitaine qui ont travaillé au préalable avec leurs enseignants sur certaines des thématiques . Les Tribunes ont vocation à être un outil pédagogique pour le corps enseignant.

Pensez-vous que ce type d’évènement est important pour renouveler la confiance entre citoyens et médias, à l’heure où 50% des 16-30 ans se désintéressent de l’actualité (Ipsos, 2022) ?

J’espère ! Chaque année nous tenons des débats sur les médias, avec la participation de différentes rédactions pour évoquer la situation de la presse. Nous allons remettre deux prix à l’occasion des Tribunes : le Prix Reporters d’Espoirs qui met à l’honneur un reportage sur la résistance en situation de conflit ; le Prix Jean Lacouture, qui récompense le livre d’un auteur francophone s’inscrivant dans l’héritage de l’œuvre d’un journaliste-écrivain. Nous proposons aussi un « Club des Tribunes » dans lequel le public rencontre et dialogue directement avec les journalistes.

C’est dans cette mesure que l’on contribue à l’amélioration de l’image de marque des journaux et à la pérennisation de la confiance entre citoyens et médias. Je crois que les citoyens sont preneurs d’une information si elle est honnête, fiable et travaillée en profondeur.

N’hésitez pas à prendre part aux Tribunes de la Presse 2022 : les inscriptions sont encore ouvertes, et les conférences sont transmises en direct en visioconférence sur www.tribunesdelapresse.org.

24-26 novembre : étape du Tour des Reporters d’Espoirs à Bordeaux, 4 rendez-vous au programme

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LE « TOUR DES REPORTERS D’ESPOIRS » FAIT ÉTAPE À BORDEAUX CES 24, 25 ET 26 NOVEMBRE. L’ASSOCIATION INTERVIENT AUX TRIBUNES DE LA PRESSE, A L’IJBA, ET REMETTRA SAMEDI  SON « PRIX REPORTERS D’ESPOIRS DU REPORTAGE 2022 » »

Ce déplacement sera l’occasion pour l’association Reporters d’Espoirs d’animer un atelier sur le journalisme de solutions sur le thème « Récréer de la confiance entre médias et citoyens » à Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine  (IJBA) le 25 novembre.
Le même jour l’équipe de Reporters d’Espoirs rencontrera la rédaction et la direction de Airzen, « 1er groupe de radio à impact en France », 200 salariés, et désormais radio d’information nationale. Mémona Hintermann, administratrice de l’association, animera le 26 novembre une conférence sur le thème “Des journaux inodores, incolores ?”.
Enfin, le Prix presse écrite Reporters d’Espoirs 2022 sera décerné à un journaliste en clôture des Tribunes de la presse. Cet événement, à travers quatre jours de débats, d’ateliers, de rencontres dans quatre lieux de la ville, porte pour sa 12e édition sur « La guerre des identités ». 15 000 participants sont attendus.

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Au programme de l’étape bordelaise du Tour des Reporters d’Espoirs :

« Le journalisme de solutions : récréer de la confiance entre médias et citoyens »

Vendredi 25 novembre de 16h à 17h à l’IJBA.

Mémona Hintermann, journaliste et administratrice de Reporters d’Espoirs, et Gilles Vanderpooten, directeur général.

8 Français sur 10 disent attendre de l’information – jugée trop négative – qu’elle leur fasse connaître des initiatives positives face aux problèmes à résoudre. Pratiqué par un nombre croissant de journalistes partout dans le monde, comment ce journalisme de solutions est-il mis en pratique ? Comment l’appliquer à des enjeux comme le changement climatique ou l’économie, dans un contexte de crises et de quête de sens ?

Reporters d’Espoirs débattra avec notamment les étudiants en journalisme de l’IJBA.

« Des journaux inodores, incolores ? »

Samedi 26 novembre de 11h à 12h au Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine (TNBA)

Animation Mémona Hintermann (Reporters d’Espoirs), avec Nicolas BRIMO , Directeur délégué du Canard Enchaîné, Yves HARTÉ ancien directeur éditorial de Sud-Ouest, Aude LANCELIN, Fondatrice de QG et auteure.

La presse écrite a-t-elle perdu son âme ? À l’inverse des journaux d’avant-guerre, les titres nationaux ne se distingueraient plus vraiment l’un l’autre. Sauf exception, ils baigneraient dans un entre-deux idéologique consensuel qui expliquerait en partie la désaffection dont ils sont victimes. Et le succès d’une presse largement présente sur internet, moins soucieuse d’équilibre et n’hésitant pas à s’engager et à ruer dans les brancards.

Qui sera le ou la journaliste lauréate du Prix Reporters d’Espoirs 2022 ?

Suite à la conférence, et en clôture des Tribunes, sera remis le Prix Reporters d’Espoirs du reportage de presse écrite, sélectionné par un Jury de professionnels parmi un large panel de productions journalistiques. Le thème de cette année : « Résistance, résilience ou renaissance dans des situations de conflits ». Cinq reportages sont en finale, issus du Figaro, de SoGood, Le Monde, La Croix et Géo. Quel sera les journaliste et média lauréats ?

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A propos du Tour des Reporters d’Espoirs : après Bordeaux, Strasbourg et Marseille en décembre.

À l’occasion de ce Tour de France des Reporters d’Espoirs, l’association s’entoure et échange autant avec des journalistes déjà établis qu’avec des jeunes en formation. Ces deux dernières années, les animateurs de l’association ont rencontré et formé durant ce Tour 3000 jeunes et journalistes. L’association fera étape, après ce passage à Bordeaux, à Strasbourg (le 5 décembre) puis à Marseille (les 7 et 8 décembre). Les rédactions et écoles intéressées à accueillir une étape dans leur ville sont invitées à contacter Reporters d’Espoirs.

« Les rédactions doivent se pencher sur les conditions de travail des journalistes, pour créer des climats moins stressants et moins violents »

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10% de cartes de presse en moins délivrées au cours des dix dernières années ; une carrière qui s’écourte et dure en moyenne quinze ans. Alors que le numérique a bousculé le modèle économique des médias et les supports de diffusion de l’information, les conditions de travail des journalistes se sont nettement dégradées, poussant nombreux d’entre eux à quitter la profession, démontre le livre Hier journalistes, ils ont quitté la profession, écrit par Adénora Pigeolat, éducatrice spécialisée, et Jean-Marie Charon, sociologue de l’information et des médias, à la suite d’une étude menée auprès de 55 journalistes. Ce dernier alerte sur la perte de sens, l’intensification du travail et la précarité qui touchent le métier.

Vous insistez sur le fait que le métier de journaliste ne correspond pas à l’image que nombreux s’en font. A quel niveau se situe le décalage, et quand naît-il ?

Depuis tout petits, à travers la télévision et d’autres médias, les jeunes visualisent le journaliste soit comme un grand reporter, soit comme un investigateur qui fait naître des révélations. De cet idéal bâti pendant des années, se construit une image éloignée de ce qu’on va leur demander une fois dans la profession.

Les étudiants qui se projettent dans le journalisme évoquent souvent un métier passion, avec beaucoup de relationnel, un rôle de médiateur dans la société ou d’enquêteurs révélant des faits méconnus : c’est pratiquement un métier social, une forme de journalisme-citoyen.

Quand on leur demande la raison de leur départ, avant même la précarité, c’est le désenchantement qui arrive en premier. Ils expriment une perte de sens, tout d’abord individuelle, de par les sujets qu’ils traitent, mais aussi collective, car on rejette souvent le travail des journalistes. Ils sont les mal-aimés de la société, avec un manque de considération très difficile à accepter au regard de leurs valeurs et de l’amour qu’ils portent pour ce métier.

Les écoles de journalisme jouent-elles un rôle dans la distorsion de cette réalité ?

Au contraire, elles tâchent de ramener les étudiants à la réalité et de leur exposer les difficultés du quotidien d’un journaliste. On ne peut pas dire qu’ils ignoraient les problèmes auxquels ils ont été confrontés, notamment la précarité, dont on parle très tôt dans les écoles. On les a donc amenés à peser le pour et le contre avant de se lancer dans ces carrières.

Dans votre étude, vous distinguez plusieurs profils-types de journalistes qui quittent la profession : qui sont-ils ?

On a tout d’abord les jeunes de moins de 35 ans, avec deux cas de figures. D’une part ceux à qui on n’offre que des piges et des CDD. Cela contraint souvent à des passages par le chômage, voire des petits boulots à côté pour se sortir de la précarité. D’autre part ceux qui ont rapidement trouvé un emploi stable, mais pour un contenu inintéressant et répétitif, majoritairement des emplois sur le web où ils ont l’impression d’être à l’usine.

Ensuite, les quadragénaires. Ce sont des journalistes en situation stable, mais confrontés à une demande de surinvestissement non valorisé qui pousse à des burnouts. Les femmes y sont surreprésentées : 90% ! Un plafond de verre les empêche de grimper dans la hiérarchie. Par discrimination et machisme ordinaire, des femmes se voient attribuer un certain type de sujets. Il est souvent très compliqué pour elles d’accéder aux services politique, économique ou sportif. De plus, pour un meilleur arbitrage entre vie professionnelle et personnelle, des journalistes qui veulent s’impliquer dans leur vie familiale et ne parviennent pas à obtenir une réorganisation de leur temps de travail s’en vont.

Troisième profil, pour lequel le départ se passe le plus mal : les quinquagénaires qui ont souvent eu des postes importants, mais sont confrontés à une énième réorganisation de la rédaction, voire à la revente du média. Certains ont connu quatre ou cinq directions, qui exigent à chaque fois de nouveaux modes de travail. La reconversion est plus difficile car certains se font des illusions quant à leur capacité à rebondir.

Vous parlez de burnouts, de pression, d’intensification et de répétition des tâches : manque-t-on de garde-fous, de syndicats par exemple, pour s’assurer du respect des conditions de travail ?

Pas tout à fait car c’est en train de bouger. Les syndicats poussent dorénavant pour qu’il y ait des enquêtes socio-professionnelles pour révéler les cas de burnouts. Toutefois on en tire pas forcément de conséquences. On est entre le déni et la sous-estimation, tant par les rédactions que par les syndicats, voire par les journalistes eux-mêmes.

Quand on s’est tourné vers les professionnels du soin au cours de cette étude (psychiatres, médecins du travail, psychologues), cette question est apparue comme une évidence. Il faut absolument revoir l’appréhension de ce problème par les syndicats et les chefs de rédactions, car fermer les yeux s’avère dramatique pour certains journalistes.

Considérez-vous que la dégradation du métier est corrélée à sa digitalisation ?

Il y a un lien entre la dégradation du métier et l’impact du numérique sur l’économie des médias, le numérique ayant provoqué l’effondrement des ressources publicitaires. Entre 2007 et 2017, le chiffre d’affaires de la presse écrite a baissé de 30%, et le phénomène continue. C’est pareil pour la radio. La télévision commence à être touchée.

Pour nuancer, je dirais que c’est l’impact indirect du numérique qui a contribué à la dégradation du métier. Il a été demandé à de nombreux employés de devenir polyvalents sur différents supports, avec une amplitude d’horaires de travail plus grande, sans augmentation significative de rémunération. Ce n’est pas le numérique en tant que tel qui a directement provoqué cela, ce sont les choix, faits par les chefs de rédaction, de couverture du panel des possibilités offertes par le numérique.

Vous évoquez la précarité du statut de pigiste (20% touchent moins de 1000 euros par mois). Est-ce que vous percevez tout de même des bénéfices à ce statut d’indépendant ?

Ceux qui ont la pige heureuse sont les journalistes qui ont déjà connu plusieurs rédactions. Aguerris, ils ont un carnet d’adresses important, en termes de sources à interroger comme de rédactions « clientes » à contacter. Et ce sont souvent des experts, auxquelles les rédactions, constituées souvent de généralistes, font appel lorsqu’elles doivent traiter un sujet spécialisé.

Ils arrivent à en vivre car leurs profils sont très minoritaires. Mais la demande reste dépendante de l’actualité.

Vous faites le constat qu’une carrière de journaliste dure aujourd’hui en moyenne 15 ans. Quel avenir pour ceux qui quittent le journalisme ?

Aujourd’hui pour rentrer dans le journalisme, il faut un bagage universitaire, un bac+5, et une formation avant l’école. C’est ce bagage-là qu’ils utilisent au moment de leur reconversion. Beaucoup se tournent vers l’enseignement, notamment dans l’histoire ou la littérature.

Pour autant, ils ne partent pas nécessairement avec la décision de quitter définitivement la profession. Il y a toujours un affect pour le métier et ses valeurs. Certains restent proches du monde des médias, en partant dans la communication par exemple. D’autres continuent à faire des piges à côté.

Une fois le constat – plutôt sombre- que vous dressez par votre enquête, où sont les solutions ?

Sur la question des rémunérations, je ne suis pas optimiste, car je ne crois pas en la capacité des médias, notamment en presse écrite, à faire augmenter les grilles de salaires. Ils vont rester sous pression, et je ne vois pas comment un miracle pourrait survenir.

La marge de manœuvre réside dans les aménagements de carrière, les conditions de travail, de sorte à créer des climats moins stressants et moins violents. Ne pas bloquer les jeunes uniquement sur les « desk web » (qui ne va pas sur le terrain, mais travaille à partir de sources extérieures) et leur assigner des tâches plus valorisantes. Être plus attentif aux fragilités psychologiques des uns et des autres, en faisant attention au temps de travail. Proposer plus de flexibilité et d’aménagements. Autant de choses facilitées aujourd’hui par le numérique et le télétravail.

C’est important de s’engager là-dedans car au-delà de la précarité, ce qui pousse en premier les journalistes à quitter leur poste demeure la perte de sens, la répétitivité et l’intensification du travail.

Journaliste et entrepreneure à la fois : rencontre avec Irène Inchauspé

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Spécialiste de l’éducation puis de l’environnement à L’Opinion, après avoir été grand-reporter à Challenges et journaliste économique au Point, Irène Inchauspé a fait de ses domaines de prédilection une aventure entrepreneuriale. Avec Innocress, elle veut contribuer à dynamiser la filière du cresson, une production menacée de disparition en France qui comporte pourtant de nombreux atouts. Rencontre avec une journaliste entre deux mondes professionnels.

Aux côtés de François de Closets, infatigable vulgarisateur économique, essayiste et polémiste, elle signait il y a dix ans L’échéance : La France à reconstruire (Fayard, 2011). Les deux journalistes s’inquiétaient des menaces que marchés financiers et surendettement font peser sur notre pays et proposaient des mesures pour y remédier. Pourfendeuse du principe de précaution, de l’abondance de normes et de l’aquabonisme, elle dénonçait dans son livre suivant intitulé C’est pas ma faute (Éd. du Cerf, 2014) le « mal français » de la déresponsabilisation du politique et prônait une sortie de « l’infantilisation collective ». Polémiste, Irène Inchauspé peut l’être. Constructive, aussi. « Je ne prône ni l’optimisme ni l’idée contraire selon laquelle on irait dans le mur. Il faut se dire que l’on peut améliorer les choses, à l’image de la fameuse légende du colibri : chacun sa part ».

Depuis 2017 la journaliste s’intéresse aux enjeux environnementaux. Métaux rares, réindustrialisation, sobriété ou transition énergétique : la docteure en économie tâche d’approcher ces questions en conciliant l’approche de la chercheuse qu’elle était durant ses études avec la pédagogie journalistique. Mêlant décryptage technique, économique et politique, elle ne s’interdit aucun sujet. « On peut même faire un portrait positif des évolutions de Greta Thunberg dans un journal comme L’Opinion ! » témoigne-t-elle.

Plus entrepreneure qu’activiste, elle décide en 2019 de prendre un congé sabbatique pour créer une entreprise avec son mari. Il se trouve que le moulin à eau que le couple a acheté à Bresles dans l’Oise jouxte une cressiculture. « Le propriétaire des champs était malade, et ne trouvait aucun repreneur pour son exploitation. Ce qu’il nous racontait du cresson, de ses vertus, de l’état de la production en France, a aiguisé notre curiosité. » La journaliste, qui s’est souvent questionnée dans ses ouvrages sur « le défi aventureux de la mondialisation » et l’étiolement de l’industrie qui l’accompagne, est frappée par le manège qu’elle observe depuis sa fenêtre : « On voyait des camions passer devant chez nous pour acheminer la production en Allemagne. Pourquoi exporter ce qui pourrait être valorisé sur place ? Alors nous avons décidé de racheter la parcelle. »

Le couple se rapproche de l’école d’ingénieurs agronomes du coin, l’Institut UniLaSalle de Beauvais, et débauche deux personnes, associées au capital à hauteur de 17%. L’une ingénieure agronome pour travailler sur la recherche et le développement, l’autre sur le marketing. Objectif de l’équipe : « donner une nouvelle vie au cresson ». Trois raisons au moins guident cette entreprise : « Le cresson est la plante qui offre la meilleure densité nutritionnelle de tous les fruits et légumes ; il peut être cultivé partout et sans serres ; par ailleurs la filière française est en déclin alors qu’elle fonctionne très bien par exemple au Royaume-Uni. Le cresson a même obtenu de la part de la Commission européenne le statut de ‘spécialité traditionnelle garantie’ (STG) : il n’y a donc pas de raison à se résoudre à ce qu’il périclite en France ! ».

© Kak

Si le cresson est moins répandu et consommé qu’il ne l’était par nos aïeux, c’est parce qu’il traverse une période d’incertitude dans les années soixante. On accuse alors le cresson sauvage exposé aux ovins et bovins d’être porteur d’un parasite dangereux pour le foie. Aujourd’hui, c’est plutôt sa conservation qui fait obstacle : « Plante fragile, elle ne reste fraiche que dans les trois jours suivant sa récolte. Il fallait innover. Le procédé de zéodratation que nous avons expérimenté permet d’en conserver la saveur et les nutriments sur la durée. Alors nous avons travaillé sur une nouvelle manière de le produire et consommer : en poudre ! ». Et en circuit court, sans additif ni conservateur. Récolté dans trois exploitations et lavé sur place en Picardie, le cresson est séché, réduit en poudre et conditionné en Centre-Val de Loire, puis commercialisé comme complément alimentaire.

Au terme de quatre années de recherche, Innocress a procédé en 2019 à sa première levée de fonds, auprès de la BPI et de la région Hauts-de-France. Le produit est commercialisé l’année suivante, sur le site Internet qui compte 2000 clients réguliers, sur le marché de Beauvais, au Salon du Made in France à Paris, ou encore via un partenariat avec les résidences Sénioriales. Principaux clients : « les seniors qui connaissent la plante et apprécient son goût ; les actifs urbains qui n’ont pas le temps de cuisiner ; et les sportifs en phases de préparation et récupération ». La boite de 30 sachets est vendue 29 euros, ce qui correspond à une cure d’un mois.

L’ambition de l’équipe emmenée par Irène Inchauspé et son mari est de construire une petite usine, créer 10 emplois, et continuer d’investir dans la recherche et développement. Car le cresson, outre ses propriétés nutritionnelles – « 12 fois plus de vitamine C que dans le jus d’orange, 39% de protéines, 25 % de fibres » –  pourrait aussi offrir des perspectives médicales intéressantes. Une campagne d’investissement participatif est ouverte jusqu’au 15 décembre 2022 sur le site Sowefund avec pour objectif de lever 300 000 euros pour consolider le déploiement commercial.

Comment la journaliste appréhende-t-elle le sort médiatique réservé à son projet ? « Encourageant, notamment en radio : notre passage dans l’émission La France bouge sur Europe 1 a généré 150 ventes, et Carnets de campagne sur France Inter plus encore : 1000 commandes ! ».

« Mieux comprendre l’économie sociale et solidaire pour mieux en parler » : Reporters d’Espoirs publie avec l’ESSEC son premier MOOC sur la plateforme Coursera

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Ce MOOC (cours en ligne) a pour objectif de vulgariser l’économie sociale et solidaire auprès des journalistes et étudiants afin de pouvoir l’aborder plus précisément et ainsi populariser son fonctionnement et ses atouts face aux enjeux de l’innovation sociale et du développement durable.

« Entreprise à mission », « politique d’engagement », « raison d’être » en plus de la déjà répandue « responsabilité sociale de l’entreprise » : un nouveau vocabulaire s’est développé ces dernières années pour répondre aux nouvelles attentes de la société, à l’initiative des entreprises et du législateur. Or seuls 23% des Français estiment que les engagements des entreprises sont des engagements profonds (Etude Harris Interactive, « Les Français et les entreprises engagées » publiée le 8 février 2022).

Et si c’était l’occasion de porter journalistiquement une attention accrue à l’économie sociale et solidaire (« ESS ») qui revendique ces mêmes valeurs depuis presque deux siècles, les incarne dans des pratiques qui semblent inspirer l’économie conventionnelle, et représenterait entre 7 et 10% du PIB ?

Reporters d’Espoirs a, avant de réaliser ce MOOC, mené une enquête préalable auprès de journalistes et acteurs de l’ESS pour croiser leurs regards et identifier les attentes et besoins des journalistes. Il en ressort que :

  • 95% des journalistes interrogés disent éprouver « un intérêt pour l’ESS », et parmi eux 47% disent en traiter « parfois », 24% « souvent », 29% « rarement ou jamais ».
  • 95% des journalistesvoient en l’ESS « un modèle alternatif prometteur », quand 5% y voient plutôt « des organisations comme les autres ».
  • 58% des journalistes admettent ne connaitre que moyennement ce que recouvre l’ESS.

Parmi les demandes émanant des journalistes :

  • 70% souhaitent avoir accès à une base de données d’initiatives concrètes – ce à quoi Reporters d’Espoirs répond en mettant gratuitement à leur disposition initiatives et idées de sujets sur sa plateforme « Le Plus » accessible depuis www.leplus.reportersdespoirs.org
  • 30% souhaitent disposer de données sur la contribution de l’ESS à l’économiedu pays
  • parmi les leviers qui apparaissent comme importants, la pédagogie pour favoriser une plus grande culture de l’ESS.

Dans ce contexte, Reporters d’Espoirs et la Chaire Innovation sociale de l’ESSEC associent leurs expertises en journalisme et recherche académique pour proposer le premier MOOC/cours en ligne sur l’économie sociale et solidaire dédié aux journalistes et étudiants en journalisme.

A propos du contenu du MOOC :

Ce MOOC aide à mieux définir l’ESS, et à en comprendre l’histoire, l’évolution, les acteurs, les lois que la régissent, et cela afin de mieux en parler. Il offre également des témoignages d’acteurs de terrain – associations, fondations, coopératives, mutuelles, entreprises sociales.

Ce cours est divisé en 4 chapitres présentés par Thierry Sibieude.

Dans chaque chapitre vous trouverez également :

  • 1 module journalistique présenté par Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’Espoirs ;
  • 3 podcasts d’interviews avec des acteurs de l’ESS par Raphaëlle Duchemin, journaliste ;
  • 1 vidéo d’un grand témoin.

Dans ce MOOC, vous apprendrez en 4 x 1h30 d’autoformation à :

  • Définir l’ESS, et comprendre le contexte dans lequel elle évolue ;
  • Comprendre en quoi l’ESS est un vecteur privilégié de développement durable ;
  • Définir l’innovation sociale et mieux comprendre le rôle de l’ESS ;
  • Analyser les modèles économiques rendus possibles par l’ESS ;
  • Mettre en application ces connaissances pour mieux en parler, que vous soyez journaliste (idées d’angles et de sujets), acteur ou communiquant de l’ESS.

Le MOOC est accessible depuis www.reportersdespoirs.org/ESS

Ou directement sur https://www.coursera.org/learn/mieux-comprendre-ess

A propos de Reporters d’Espoirs & du programme J’invESStigue

Le Lab Reporters d’Espoirs, avec le soutien d’AESIO mutuelle, a choisi de se pencher sur la question du rapport entre médias et ESS avec le programme « J’invESStigue » en 4 actions :

  • Une étude qualitative et quantitative qui croise les regards de 60 journalistes et 10 acteurs de terrain
  • Le cours en ligne sur Coursera intitulé « Mieux comprendre l’ESS pour mieux en parler »
  • Le Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale qui a été remis à Bérangère Dunglas, journaliste à France 3 Normandie pour son reportage de 9 minutes sur l’initiative « Un Toit vers l’Emploi ».
  • Des étapes du Tour des Reporters d’Espoirs lors desquelles ces travaux seront partagés avec la communauté journalistique et les étudiants.

Reporters d’Espoirs est depuis 2004 l’ONG du journalisme de solutions. Elle œuvre à créer du lien entre initiatives de terrain, médias et citoyens, pour accélérer la résolution de problèmes écologiques, économiques et sociaux, tout en contribuant à créer de la confiance dans l’information.

Coup de projecteur sur l’ESS avec le Prix de l’innovation sociale 2022

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« L’économie sociale et solidaire, un sujet médiatique ? », voici la question à laquelle nous avons tenté de répondre lors de l’atelier-débat organisé par Reporters d’Espoirs dans les locaux de France Télévisions ce lundi 10 octobre.

En présence d’une quarantaine de journalistes économiques et acteurs de terrain et en compagnie de Raphaëlle Duchemin qui animait cette soirée, nous avons présenté notre nouveau programme J’invESStigue et ses 4 piliers :

  • le MOOC « Mieux comprendre l’économie sociale et solidaire pour mieux en parler » (lancé le 17 octobre sur coursera),
  • l’étude qualitative et quantitative sur la médiatisation de l’ESS (dont la synthèse est disponible ici, et la version complète sera en ligne le 20 octobre)
  • le Tour des Reporters d’Espoirs
  • ainsi que le Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale.

S’appuyant sur les résultats de l’étude, nous avons partagé les enseignements à retenir, leviers et bonnes pratiques à encourager pour assurer à l’économie sociale et solidaire un traitement médiatique conforme à ce qu’elle représente et aux tendances qu’elle influence dans le monde économique.

> Les résultats de l’étude qualitative synthétisés ici

BÉRANGÈRE DUNGLAS LAURÉATE DU PRIX REPORTERS D’ESPOIRS DE L’INNOVATION SOCIALE 2022

La journaliste de France 3 Normandie s’est vue remettre le Prix de l’innovation sociale par Marie-Laure Augry (Vice-présidente des Assises du journalisme, ex-journaliste-présentatrice et médiatrice de France 3), membre d’un jury composé notamment de Cécile Allegra (documentariste, lauréate du Prix Albert Londres 2015), Sébastien Bohler (Neuroscientifique, auteur, journaliste, rédacteur en chef de la revue Cerveau & Psycho), Claire Léost (Présidente de Prisma Media, romancière), ou encore Alfred de Montesquiou (Grand reporter (Prix Albert Londres), réalisateur).

> Voir la liste complète des membres du jury

En proposant dans la région de Rouen de petits logements à bas prix, le programme « Un Toit vers l’Emploi » de l’association Entrepreneurs du Monde créée par Franck Renaudin, permet d’accompagner des personnes sans-abris dans leur réinsertion. De petites maisons en bois, rebaptisées « Yoops », parfois louées sur des emplacements mis à disposition par la ville de Rouen, représentent une aubaine pour des personnes à la recherche de logements abordables comme étape dans un parcours de reconstruction.

Bérangère Dunglas s’est intéressée à la faisabilité économique du modèle mis en place par Franck Renaudin. « Je connaissais vaguement l’ESS avant ce documentaire, explique-t-elle. C’est l’initiative en elle-même qui m’a parlée, plus que la volonté de traiter un sujet d’une entreprise de l’ESS. Ce qui était intéressant avec Franck, c’était la volonté de mener des actions pour aider les autres, mais dans un cadre professionnel, en créant une entreprise, des emplois. Les sans-abris ne reçoivent rien. On ne leur donne pas les logements, ce n’est pas simplement une démarche caritative, ils doivent payer un loyer et participer à ce projet ».

De gauche à droite, Catherine André (journaliste et membre du jury), Raphaëlle Duchemin (journaliste), Bérangère Dunglas (journaliste et lauréate du Prix de l’innovation sociale 2022), Marie-Laure Augry (membre du jury) et Gilles Vanderpooten (directeur général de Reporters d’Espoirs).

Un axe du programme, visant un accompagnement vers l’insertion socio-économique des sans-abris via la structure associative « Case départ », s’appuie sur des bénévoles et des subventions de l’État. Ce n’est en revanche pas le cas de l’axe principal de « Un Toit vers l’Emploi ». Franck Renaudin a créé « La Fabrik à Yoops », entreprise chargée de la construction de ces logements, dont le coût sera amorti au fil des années par les loyers modérés versés par les locataires. « C’est bien la preuve qu’on peut avoir des entreprises sociales qui font partie de l’économie, sans vivre de subventions, et qui ont un modèle économique indépendant et viable », ajoute Bérangère. La mise à l’honneur de cette initiative dans un tel reportage est encourageante pour les acteurs d’un modèle parfois méconnu du grand public. « Je suis convaincu que, par son modèle autonome et social, l’ESS peut être un pont entre grands groupes et institutions publiques », se réjouit Franck Renaudin.

L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE, UN SUJET MÉDIATIQUE ?

Reporters d’Espoirs a réalisé, en parallèle d’un cours en ligne sur l’ESS destiné principalement aux étudiants en journalisme et aux journalistes professionnels, une étude à la fois qualitative et quantitative. Cette étude s’intéresse à : Comment l’ESS est-elle traitée dans les médias généralistes ? Comment les journalistes l’appréhendent-ils ? Comment les acteurs de l’ESS perçoivent-ils le sort qui leur est réservé médiatiquement ?
Avec 60 journalistes et 8 acteurs de terrain, nous avons ainsi tenté d’analyser la sphère médiatique et son rapport à l’ESS.

  • Si 95% des journalistes interrogés disent éprouver un intérêt pour l’ESS et y voir un modèle alternatif prometteur…
  • …58% admettent ne connaître que moyennement ce que recouvre l’ESS
  • …et seuls 24% admettent traiter « souvent » de ce secteur.
  • 45% des journalistes admettent que l’ESS est absente des sujets évoqués lors des conférences de rédaction.
De gauche à droite. Franck Renaudin (porteur du programme Un Toit vers l’Emploi), Bérangère Dunglas (journaliste et lauréate du Prix de l’innovation sociale 2022), Erwann Tison (directeur des études à l’Institut Sapiens) et Raphaëlle Duchemin (journaliste et membre du jury)

C’est là tout le défi auquel l’ESS est confrontée pour sa visibilité : comment peut-elle sortir de son statut de sous-sujet, trop souvent restreint au champ associatif subventionné ? Comment parvenir à la « banaliser » – c’est-à-dire à admettre qu’elle représente un modèle économique efficace qui a sa place au même titre que d’autres modèles économiques – tout en valorisant ses spécificités ? Erwann Tison, directeur d’études à l’Institut Sapiens, esquisse une cause en même temps que quelques pistes pour y remédier : « Le déficit dont l’étude rend compte, explique-t-il, tient à deux principaux biais selon moi. D’un côté, l’ESS est une discipline bicentenaire qui est rentrée comme normative dans les études économiques et sociales. D’un autre côté, il y a un accord tacite pour ne pas se mélanger à certaines structures, pour une question de valeurs. Pour caricaturer on a ‘les méchants capitalistes’ d’un côté et ‘les saints coopérativistes’ de l’autre. Alors qu’en réalité les deux mondes sont très complémentaires et l’ESS peut faire le pont entre l’économie publique et privée. Il y a encore beaucoup de chemin à faire, et, de par le mouvement de rupture insufflé par l’ESS, on ne pourra pas survivre dans notre monde sans une révolution de l’économie traditionnelle ».

Dans le cadre de ce travail, Reporters d’Espoirs bénéficie du mécénat d’AESIO mutuelle, deuxième acteur mutualiste de France spécialisé dans la protection des personnes.