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journalisme de solutions

“Les gens n’attendent pas qu’on leur dise quoi faire ou que d’autres se chargent de résoudre les problèmes”, entretien avec Nicolas Dessaigne

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LaFranceDesSolutions.fr est un moteur de recherche créé par Reporters d’Espoirs à destination des professionnels des médias. Son objectif : faciliter leur veille de contenus de solutions et d’initiatives pour les aider à enrichir leurs reportages, identifier de nouveaux angles, sujets, des projets concrets et pérennes. À l’occasion du lancement de cette plateforme de mise en relation des acteurs de solutions et des médias, nous mettons en lumière nos partenaires techniques, acteurs de la FrenchTech. Nicolas Dessaigne, ingénieur et entrepreneur, a co-fondé Algolia en 2012, un puissant moteur de recherche qui propulse de nombreux sites web dont LaFranceDesSolutions.fr, la plateforme de Reporters d’Espoirs offerte aux journalistes souhaitant faciliter leur veille d’initiatives et partager leurs reportages.

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« Recevoir un prix Reporters d’Espoirs m’a permis de rencontrer des journalistes professionnels et de mettre en lumière mon travail. C’est également un véritable coup de pouce financier. » Guylaine Germain

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Guylaine Germain, 26 ans, a remporté le Prix Européen du Jeune Reporter 2021 pour son reportage “Des professionnels qui ne font pas “genre”, la ségrégation sexuelle dans le monde du travail”. Après des études de droit et science politique, elle s’est installée à Bruxelles pour effectuer un master en journalisme. Depuis son plus jeune âge, elle voue une véritable passion à Tintin qui a influencé son goût pour le reportage.

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« Les solutions existent mais il faut les présenter de manière à ce qu’elles soient entendues » Xavier Fontanet

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Président du groupe Essilor de 1990 à 2013, entreprise devenue leader mondial sur le marché de l’optique ophtalmique, Xavier Fontanet est éditorialiste, professeur à HEC, et participe activement à l’animation de l’émission BFM stratégie. La Fondation Fontanet qu’il a fondée et qu’il préside, abritée sous HEC, distribue des bourses d’étude. Dans le cadre des Jeudis de la stratégie et d’Outremer network, Xavier Fontanet accompagne des créateurs d’entreprise issus de l’immigration par de la formation de haut niveau en stratégie et une distribution de bourses.

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« Pour trouver des solutions, il faut laisser s’exprimer un maximum de gens », entretien avec Benoît Raphaël

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Benoît Raphaël est journaliste, expert en transition numérique des médias et entrepreneur. Il a notamment cofondé Flint en 2016, un explorateur d’informations, basé sur l’intelligence artificielle et collective, pour s’informer de façon rapide et pertinente et présent sur notre nouvelle plateforme LaFranceDesSolutions.fr.

Cette plateforme, créée par Reporters d’Espoirs est à destination des journalistes et des professionnels des médias. Son objectif : faciliter leur veille de contenus de solutions et d’initiatives pour les aider à enrichir leurs reportages, identifier de nouveaux angles, sujets, des projets concrets et pérennes.

À l’occasion du lancement de cette plateforme de mise en relation des acteurs de solutions et des médias, nous mettons en lumière nos partenaires techniques, acteurs de la FrenchTech.

Vous travaillez dans le secteur des médias depuis de nombreuses années. Votre parcours en quelques mots ?

Je viens de la presse quotidienne régionale (PQR), donc du local et du populaire. Cette logique de proximité, je l’ai petit à petit exportée à des médias nationaux, notamment avec Le Monde, en co-créant LePost.fr (ancêtre du HuffPost), puis en créant Le Plus de L’Obs et le Lab d’Europe 1.

Plus tard, je me suis intéressé au journalisme de solutions : comment faire en sorte que les journalistes ne parlent pas seulement des problèmes mais qu’ils aillent chercher aussi des solutions ? On a donc monté une offre d’abonnement dédiée au sein de Nice-Matin en 2015. Par la suite, je me suis attaqué au problème de la surinformation, de l’infobésité et de la polarisation des débats, du fait qu’on ait du mal à débattre sans se battre. On a alors créé Flint.

Flint développe l’intelligence artificielle pour trier et extraire une information “qualifiée et de qualité” parmi tous les contenus existants, afin de remédier au risque d’infobésité… Quelles fonctionnalités offre Flint à ses utilisateurs ?

Flint permet à chacun de s’informer de façon pertinente et personnalisée. Il est basé sur l’intelligence artificielle et l’intelligence collective, qui est humaine, interactive et transparente, car les algorithmes ne suffisent pas.

Aujourd’hui, Flint est un journal dont on est le propre rédacteur en chef et dans lequel il y a des algorithmes de recommandations vertueux qui permettent d’explorer l’info sans nous enfermer. Il y a des rubriques auxquelles on peut s’abonner, qui sont faites par des journalistes ou des partenaires.

Vous reconnaissez-vous dans le mouvement de la Tech4Good ?

Flint est un acteur de l’information, plus précisément un acteur technologique de l’information puisqu’on est une “machine contre les machines” (les algorithmes des réseaux sociaux et des moteurs de recherche qui nous enferment).

On peut qualifier ça de Tech4Good… mais ce n’est pas pour autant que Facebook est Tech4Bad ! Les robots définissent leurs propres règles en fonction des objectifs qu’on leur a donnés. Dans le cas de Facebook, les objectifs étant uniquement la croissance de l’audience et de l’engagement pour favoriser la publicité, ils ont abouti à un système qui est devenu incontrôlable, tout comme ça l’a été précédemment, pour faire une analogie, dans l’agroalimentaire quand le marketing aveugle l’a emporté sur la qualité nutritive.

Il existe un risque de biais introduit par les algorithmes et les développeurs. Comment faites-vous pour offrir à vos utilisateurs une curation de contenus la plus neutre possible ?

Le modèle n’est pas tant créé par le développeur que par l’algorithme lui-même. Le biais algorithmique est normal puisqu’un algorithme est par définition une simplification de la réalité. Le plus important est de mettre les bons points de contrôle et les bons objectifs pour faire en sorte que ce biais ne nous éloigne pas trop de la réalité et, par effet d’entraînement, ne finisse pas par avoir des effets extrêmement pervers.

Notre modèle se veut vertueux : nos utilisateurs doivent être mieux informés, et non pas plus addict. Le seul biais que nous pourrions avoir est la personnalisation qui pourrait contribuer à enfermer les gens dans une bulle. Pour l’éviter, nous avons introduit de nouveaux modèles dans nos algorithmes : celui du hasard, qui consiste à ramener de nouveaux contenus dont l’utilisateur n’a pas l’habitude, et celui de la diversité des sources, pour avoir plusieurs approches du même sujet. Cependant, qui dit diversité dit également risque de désinformation. On a donc aussi travaillé des contre-algorithmes qui permettent de se protéger des contenus extrêmes.

L’intelligence artificielle est un domaine où bien des français sont pionniers et se démarquent – pensons par exemple à Yann Le Cun ou Luc Julia. Etes-vous confiant dans le génie technologique français ?

Oui mais le problème est qu’ils travaillent pour l’étranger, la fameuse fuite des cerveaux… En France, nous sommes très bons en mathématiques, donc en algorithmique mais il nous manque la puissance.

Je pense que les Français ont un rôle à jouer sur la qualité. Peut-être coûte-t-elle plus cher, ne produit pas des effets aussi massifs que les géants américains, mais peut donner lieu à une multiplicité d’initiatives. Je ne suis pas certain que la production de masse soit le seul avenir de notre société. 

Vous avez accompagné un certain nombre de médias dans leur transition numérique et leur recherche de business model. Quels sont les projets auxquels vous êtes particulièrement heureux d’avoir contribué ?

Tous ! LePost.fr créé pour le groupe Le Monde était un média populaire très différent, qui s’appuyait sur l’énergie du web et n’avait jamais été fait de cette façon-là. Nous avons fait des erreurs, appris beaucoup de choses, et l’idée reposait vraiment sur une forme de générosité d’un média qui s’appuie sur une participation populaire. Il a été un succès d’audience.

Le Lab d’Europe1, pour sa part, avait un ton très qualitatif et vraiment différent.

Quant à Nice-Matin, c’est la plus jolie expérience pour moi en termes de sens et de création d’une mécanique nouvelle.

Comment faites-vous pour identifier ces nouveaux créneaux, ces voies d’innovation ?

Pour trouver des solutions dans un monde complexe et interconnecté, il faut diversifier l’offre. On a besoin d’une diversité de voix, de genres, de cultures, mais aussi une diversité sociale. Le monde évoluant, on identifie de nouvelles problématiques : au départ, il fallait ouvrir davantage la parole, ensuite il fallait aller chercher cette parole, puis travailler sur les solutions pour changer la manière dont on abordait l’information – ce que Reporters d’Espoirs avait déjà anticipé.

Maintenant, on a besoin de créer des machines pour venir équilibrer les machines de recommandations d’articles qui finissent par nous enfermer et déstabiliser la démocratie.

Ce que l’on disait en 2017 à propos de la crise informationnelle à venir a été renforcé par la crise sanitaire. Elle a révélé cette crise et éveillé beaucoup de gens, suscitant un malaise profond, massif, populaire qui pose un problème pour la démocratie. Comme le démontre notre sondage IFOP/Flint sur le rapport des Français à l’information, la surinformation nous submerge (73% des Français), crée la confusion, et demande ainsi beaucoup de temps de cerveau. Médias, comme citoyens et chefs d’entreprise doivent trouver des solutions pour sortir de la crise, ce qui demande un temps précieux pour redevenir visionnaire et pas simplement réagir sans réfléchir. Nous allons avoir besoin de créativité et de diversité d’approches dans les prochaines années !

Quel est votre propre rapport à l’information ?

L’infofatigue qui s’ajoute à la surinformation et à la désinformation. 3% à 7% des français ne consomment plus d’information parce qu’ils n’en peuvent plus. Parce qu’ils ont besoin de temps pour soi, parce qu’une information perçue comme peu utile, déprimante, voire contradictoire et obligeant à consacrer des heures à démêler le vrai du faux, stresse, fatigue ou génère une démission. Je suis un peu dans cette configuration-là, aussi je suis l’actualité à travers Flint car il répond à un vrai problème qui se posait à moi. On a besoin d’avoir quelque part des contre-médias, des contre-approches, qui nous permettent d’aborder les problèmes en s’inspirant de choses qui fonctionnent.

La méthode du journalisme de solutions n’est pas facilement modélisable mathématiquement. Comment fait Flint pour identifier des contenus « à impact » ou à « tonalité positive » ?

L’approche de Flint est essentiellement psychosociale. Nous avons référencé 20 000 profils Twitter experts dont on analyse le comportement par rapport à plusieurs milliers d’articles. Le robot établit ses modèles mathématiques psychosociaux à partir de cela, à la manière d’un institut de sondage à partir d’une panélisation qualitative. Parler de solutions correspond à une certaine façon d’aborder l’information, à un profil psychosocial que le robot parvient à repérer.

Pour aller plus loin, nous avons besoin, à la manière de Yuka (application qui permet de scanner les produits alimentaires), d’étiqueter l’information, d’identifier l’opinion d’un article, d’apprécier sa valeur scientifique et technique. C’est ce que permet la troisième génération de robots que nous avons initiée.

LaFranceDesSolutions.fr est un outil à destination des professionnels des médias qui agrège le meilleur des contenus médias solutions ainsi que des initiatives partout en France pour étayer les reportages. Étant vous-même journaliste, quelle utilité y voyez-vous ?

D’abord, l’approche, positive et non naïve, est intéressante puisqu’on se rend compte que la problématique du journalisme de solutions est validée par tous les indicateurs – éditoriaux, citoyens, économiques. LaFranceDesSolutions.fr montre la richesse de ce journalisme, c’est une belle vitrine.

Je pense qu’elle permet aussi d’aider à faire le tri, ce qui constitue notre problématique commune. Il existe une richesse incroyable d’informations, mais elle est difficile à trier. Concernant les solutions, on voit bien la difficulté à trier : ce n’est pas un hashtag et il ne suffit pas de taper “solution” dans un moteur de recherche pour trouver des reportages de solutions.

Grâce à la technologie Flint, la plateforme LaFranceDesSolutions.fr a donc l’avantage de mettre en avant ce type de contenus. Elle donne l’exemple, met en avant des initiatives que les médias ont tendance à esquiver, donc je pense qu’il y a une vraie valeur ajoutée à mettre en avant.

Propos recueillis par Joshua Tabakhoff


#Épisode 5 : Reporters d’Espoirs était au Club de la Presse de Lyon le 15 juin!

By Sur la route du tourNo Comments

Gilles Vanderpooten, Directeur de Reporters d’Espoirs, Thierry Kiefer, Vice-Président du Club de la Presse de Lyon

Reporters d’Espoirs était avec les membres du Club de la Presse de Lyon, le 15 juin, au CCO, laboratoire d’innovation sociale et culturelle de Villeurbanne, à l’occasion de la fête annuelle du Club. En présence de 150 journalistes locaux, cette rencontre a permis d’échanger autour de l’engagement des médias et d’aborder la question du traitement médiatique du climat.


L’interview de Xavier Antoyé, rédacteur en chef du Progrès, Le Bien Public, et Le Journal de Saône et Loire

By InterviewsNo Comments

Nous l’avons la chance de pouvoir interroger Xavier Antoyé à l’occasion de l’étape lyonnaise du Tour des Reporters d’Espoirs, qui nous a mené à la rencontre du Progrès, du Club de la presse de Lyon, et de l’école de journalisme de l’ISCPA.


Quelques mots sur votre parcours ?

Journaliste de Presse Quotidienne Régionale depuis plus de 30 ans, j’ai effectué la moitié de ma carrière au Dauphiné Libéré, et suis aujourd’hui rédacteur en chef de 3 des 9 titres du groupe EBRA : Le Progrès, Le Journal de Saône et Loire et Le Bien Public.

Quelle place pour le journalisme de solutions dans les innovations du Progrès ?

L’ensemble de notre groupe de presse, EBRA, s’est engagé depuis plus d’un an dans cette démarche. Pour nous, le journalisme de solutions c’est le journalisme du « comment ». On ne cherche pas à répondre simplement aux 5W [technique d’écriture utilisée par les journalistes] car ce n’est plus suffisant aujourd’hui. Il faut aussi dire « comment résoudre le problème ». Pour compléter la fameuse phrase d’Albert Londres, il devient nécessaire d’aussi panser les plaies. Dénicher les idées qui permettent d’avancer fait désormais partie intégrante de notre rôle.

Notre credo c’est que chacun détient une partie de la solution. Un problème global et mondial nécessite des initiatives locales. En tant que quotidien régional, il est primordial pour nous d’en parler à nos lecteurs.

Un exemple d’initiative entreprise par votre journal ?

L’ensemble du groupe EBRA* a lancé depuis un an le supplément thématique hebdomadaire « Ici, on agit », qui traite de la lutte contre le réchauffement climatique. C’est un supplément commun à nos 9 journaux, diffusé à plus de 900 000 exemplaires. Nos rédactions s’emparent chaque mois d’une thématique, par exemple les mobilités, le traitement de l’eau, ou le rôle du télétravail dans la diminution de l’empreinte carbone des entreprises. Nous cherchons à mettre en avant des initiatives locales et à les décrypter. C’est un journalisme de solutions et d’investigation, qui expose un problème et explique les réponses qui ont été mises en œuvre pour y remédier. L’enquête est au cœur du journalisme de solutions. Notre ambition est d’apporter des idées concrètes qui donnent envie d’agir à nos concitoyens.

*Le groupe EBRA comporte 9 titres régionaux référents de l’Est de la France : Le Républicain Lorrain, L’Alsace, Le Progrès, Le Journal de Saône et Loire, Le Bien Public, Le Dauphiné Libéré, L’Est Républicain, Dernières Nouvelles d’Alsace, Vosges Matin

Propos recueillis par Gilles Vanderpooten


18/6/2021 . 10h . Intervention à Vivatech « Quelles innovations éditoriales et technologiques pour le journalisme de solutions ? »

By L'actu de Reporters d'Espoirs, Les articlesNo Comments

Reporters d’Espoirs était invité du salon VivaTech vendredi 18 juin pourra organiser une session sur les innovations éditoriales et numériques au service du journalisme de solutions.

À l’occasion du Prix Reporters d’Espoirs Innovation 2021 qui sera remis lors de la Grande soirée des médias de solutions du 1er juillet au Majestic Passy, 3 journalistes et professionnels des médias ont partagé leurs bonnes pratiques éditoriales, sociales et numériques.

« On a encore plus besoin, après cette pandémie, de messages d’optimisme, de faire ressortir les initiatives qui peuvent émerger dans la société. C’est notre rôle en tant que journaliste et d’autant plus en tant que grande chaîne de télévision. » affirme Yani Khezzar, journaliste et responsable de l’innovation pour l’information à TF1, qui s’appuie sur la 3D et la data pour enrichir ses reportages.  Il a mis en place des formats innovants pour renforcer la pédagogie – sur le changement climatique, la montée des eaux ou les mutations agricoles- tout en témoignant de perspectives de résolution ou d’adaptation –maisons sur pilotis, agroécologie, etc. « La technologie aujourd’hui, avec la 3D, la Réalité Augmentée, nous permet de montrer ce qui n’est pas filmable, d’anticiper ce qui pourrait se passer dans le futur en s’appuyant par exemple sur les données scientifiques des GIEC régionaux. (…) On fait très attention à ne pas tomber dans l’animation spectacle. Le travers de ces outils, le danger, c’est de vouloir trop s’amuser avec et de se prendre pour un grand studio de cinéma. Le but est de mettre cette technologie et ces visuels impressionnants au service du contenu et non pas l’inverse. (…) Il faut confier respectivement aux ordinateurs et aux journalistes ce qu’ils savent faire de mieux. »

Au-delà de la technologie, l’innovation passe par les communautés. Comment animer une communauté de lecteurs et de prescripteurs ? Alice Pouillier, directrice des opérations de SoGood et Ulule, partage l’expérience de ce nouveau magazine dont le slogan est « pour un monde meilleur ».

« On a voulu replacer les lecteurs et les abonnés au coeur du projet, en participant financièrement à la construction de So Good mais aussi avec ce qu’on appelle chez nous des « activistes » qui travaillent à identifier les bonnes initiatives et les bons projets. « Elle revient sur la genèse de ce magazine né « d’une rencontre « entre Ulule – plateforme de financement participatif,incubateur de projets à impact positif, qui voit des milliers de projets qui ne sont pas assez valorisés émerger grâce à l’adhésion du public, et de SoPress pour retranscrire les histoires de ces gens, leur parcours, leurs échecs. » Chaque année, So Good relance une campagne de financement participatif pour engager son lectorat. Alice Pouillier évoque la création d’un nouveau programme « d’éclaireurs » qui vont « agir comme des correspondants locaux et identifier, près de chez eux, des gens qui se bougent sur plein de sujets pour que, la rédaction de SoGood puisse ensuite les raconter et les révéler au plus grand nombre ».

François Saltiel, journaliste-chroniqueur bien connu de l’émission 28 minutes sur laquelle il officie quotidiennement sur ARTE, enseignant à l’IFP – Institut français de presse, et membre du jury du Prix Reporters d’Espoirs, anime l’échange. Auteur de « Le vendeur de thé qui sauva le monde avec un hashtag » et de « La société du sans contact : selfie d’un monde en chute » (éditions Flammarion), il a observé les impacts positifs et négatifs des réseaux sociaux, “ce même outil qui divise, qui capte notre attention et rend narcissique, mais qui, en même temps, révèle de belles histoires avec le hashtag. » Et de citer en exemple, « le mouvement #BlackLivesMatter et « le prix Pulitzer décerné à Darnella Frazier, une jeune femme de 18 ans qui en filmant le meurtre de George Floyd a permis de faire avancer les choses et de faire connaître encore plus la cause des discriminations ».

« Il faut toujours avoir à l’esprit que la technologie doit être un serviteur utile et non pas un maître dangereux », c’est sur cette citation que se conclut la conférence organisée par Reporters d’Espoirs dont la retransmission vidéo est disponible sur notre chaîne YouTube.

« J’ai le sentiment qu’un monde plus empathique est en train de se construire, mais dont peu de médias parlent » Etienne Pflimlin, président de la Fondation du Crédit Mutuel

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Étienne Pflimlin est le président de la Fondation du Crédit Mutuel, qui œuvre à la promotion de la lecture et de la langue française, avec une forte dimension de lutte contre l’exclusion économique et sociale. La fondation a soutenu plus de 1500 actions de terrain depuis sa création, et a permis de donner une dimension européenne au Prix Reporters d’Espoirs en direction des jeunes de 18 à 30 ans. Ancien président du Crédit Mutuel, européen convaincu, Etienne Pflimlin partage son sentiment quant au traitement médiatique des questions européennes.

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« Serait-ce le retour d’une société unie par un récit collectif ? » Virginie Raisson-Victor

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Virginie Raisson-Victor, analyste en politique internationale et co-auteure pour la célèbre émission pédagogique d’Arte Le Dessous des Cartes, lance le Grand Défi des entreprises pour la planète.

Virginie Raisson-Victor, analyste en politique internationale, co-auteure pour le magazine géopolitique Le Dessous des Cartes à l’antenne d’Arte depuis 1990, et cofondatrice du Lépac (Laboratoire d’Études Politiques et Cartographiques), a récemment lancé Le Grand défi (ex Convention21). Avec 150 représentants d’entreprises françaises tirées au sort, cette initiative inspirée de la Convention citoyenne pour le climat, vise à formuler 100 recommandations d’actions prioritaires pour « décarboner l’économie, régénérer la biosphère et mettre en œuvre une économie compatible avec les limites planétaires ». Les acteurs des médias sont appelés à y prendre part. Entretien.


Comment appréhendez-vous la place des médias aujourd’hui ?

Je pense qu’il devient urgent de repenser la sphère médiatique, qui diffuse chaque jour un lot d’informations négatives, pas toujours représentatives de la réalité mais presque toujours anxiogènes.

Je ne supporte plus d’écouter les informations ou de les regarder à la télévision. L’information en continu ne m’apporte rien de neuf sur ma vision du monde. Je préfère lire la presse qui offre un recul sur l’actualité chaude. Le monde médiatique dans lequel je me retrouve est celui qui prend le temps d’analyser et d’être au plus près des faits. Réaliser une émission de vulgarisation scientifique comme Le Dessous des Cartes, nécessite un arbitrage long et coûteux. Je suis consciente que la pression économique et rédactionnelle empêche les journalistes de s’adapter à ce modèle, et c’est pour cela, je pense, que les médias doivent se réinventer.

A propos du climat, comment devrait-il être selon vous traité médiatiquement ?

Déjà, il faut enseigner ce volet de la réflexion sur le climat dans les écoles de journalisme. Si j’avais un conseil à adresser aux journalistes : lire la synthèse du GIEC et se former, par exemple avec la Fresque du Climat qui en simplement trois heures offre déjà une approche très enrichissante. Ensuite, tant que l’on pensera le climat comme devant se résumer à des pages « planète » au lieu de le considérer comme un sujet transversal, sociétal, politique et économique, il sera très difficile de progresser. Les journalistes doivent saisir le climat non comme un sujet en soi, mais comme un sujet qui rassemble toutes les problématiques actuelles.

Sur le climat toujours, vous avez récemment lancé le projet du Grand Défi des entreprises pour la planète.

L’idée est née avec la Convention citoyenne pour le climat qui, au-delà des polémiques autour de la loi climat a montré l’importance de la pédagogie et du rôle de l’information pour éclairer la décision. Partant de là, nous avons donc décidé avec Jérôme Cohen [Président d’ENGAGE, dont l’ambition est « d’aider les citoyens et les entreprises à se saisir des grands défis du XXIe siècle »] d’adapter ce format aux entreprises, afin de les intégrer au processus de transition écologique. Car les entreprises sont clairement au cœur de la transition. Nous avons donc d’abord écrit une tribune, qui a été signée par plusieurs centaines de scientifiques, d’intellectuels, d’associations, et publiée dans les Échos en décembre 2020. C’est ainsi qu’est né le Grand défi.

Pour avoir un débat le plus inclusif et ouvert possible, nous avons ensuite défini un processus en trois phases.

La première est une phase de consultation des parties prenantes de l’entreprise, mais aussi de la société civile organisée et des territoires.

La seconde phase est celle de l’élaboration des 100 propositions d’actions par les représentants de 150 entreprises tirés au sort. Pour mener leurs travaux, ils seront répartis en trois collèges (dirigeants, salariés et investisseurs) et suivront une session qui leur permettra de « mettre à niveau » leurs connaissances et objectifs sur le climat et la biodiversité

La troisième phase est celle de la diffusion. Par exemple, les propositions seront remises aux acteurs économiques mais aussi à la nouvelle assemblée et au nouveau gouvernement. Au même moment, nous lancerons une plateforme collaborative dédiée à la transformation des entreprises afin qu’elles y trouvent aussi bien des données et des analyses que les outils nécessaires et les solutions disponibles. Pendant cette phase, les médias seront des acteurs clés du succès.

Que souhaitez-vous faire aboutir avec ce processus de convention climat qui impliquera très fortement le monde entrepreneurial ?

Encore aujourd’hui, l’entreprise à la française se pense comme un système pyramidal. Or l’efficacité d’organisations comme Le Grand Défi, Time For The Planet [mouvement visant à rassembler 1 milliard d’euros pour créer 100 entreprises luttant contre le réchauffement climatique] ou d’autres, s’explique par le pari de l’intelligence collective. Notre société change et s’adapte aux nouvelles mentalités. La nouvelle génération se pense comme un collectif. Elle partage tout : les appartements, les vélos, l’engagement et les convictions. Une entreprise qui intégrera l’inclusivité et le collectif prendra de l’avance sur les autres. La réflexion sur le climat et la construction d’un avenir commun ont dessiné de nouvelles perspectives d’entrepreneuriat coopératif. Il faut comprendre que la relation hiérarchique professionnelle n’est plus ajustée aux réalités sociétales. Le bien commun semble reprendre du terrain aux intérêts particuliers. Serait-ce le grand retour d’une société unie par un récit collectif ?

Comment les médias peuvent-ils prendre part à ce changement ?

Déjà, en rapportant ce récit collectif qui est en train d’émerger. Ensuite, il faut repenser la galaxie de l’information. On sait qu’une majeure partie de la population s’informe sur les réseaux sociaux. Aussi les influenceurs et youtubeurs doivent être autant considérés que les médias traditionnels. La clé de ce changement c’est la pédagogie et l’enseignement. C’est pourquoi le Grand Défi tient à embarquer les médias dans cette aventure. Ils se doivent d’être acteurs d’une information libre et documentée pour lutter contre l’information qui désespère et l’éco-anxiété. La situation est grave mais la seule solution c’est de continuer d’espérer et de s’engager. L’action libère et rend optimiste. ■

Propos recueillis par Gilles Vanderpooten