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INTERVIEW # Jeunesses du monde dans l’objectif de Théo Saffroy

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« Je m’intéresse avant tout aux gens qui font bouger les lignes »

Amoureux de la culture mexicaine, Théo Saffroy photographie aussi la jeunesse du monde dans ses combats et ses paradoxes. À 31 ans, son travail, subtil mélange de documentaire et de fiction, veut raconter la réalité au-delà des clichés et des masques. Révéler des univers cachés, découvrir les montagnes derrière les écrans et les carcans… Son remède pour inspirer, à son échelle.

Votre intérêt pour la photographie, d’où vient-il ?

Théo Saffroy. Le déclic est arrivé avec le projet « El Grito » : une aventure de huit mois et 25 000 km à moto en Amérique du Sud avec mon meilleur ami. J’étais très intéressé par l’histoire coloniale du continent et les peuples précolombiens… nous avions 22 ans et rêvions d’aventure ! Avec ma caméra, j’ai pu documenter notre aventure, rencontrer des centaines de personnes, et réaliser des reportages notamment avec les Mapuches au Chili, les Quechuas au Pérou ou encore les Yanesha d’Amazonie. Un projet documentaire sur l’identité du continent qui fut ensuite publié et exposé en France. La photographie est arrivée à ce moment-là comme une manière de transmettre un récit et une réalité cachée.

Des inspirations dans le milieu de la photographie ?
T. S. Mon premier choc a été la découverte de la photographie humaniste de Sebastião Salgado. Ensuite j’ai beaucoup regardé la street photo new-yorkaise de Joel Meyerowitz par exemple, et le travail d’Harry Gruyaert sur les couleurs primaires qui donne beaucoup d’intensité et d’équilibre à ses compositions. C’est cette photographie du réel que je trouve la plus émouvante et que j’essaie de reproduire : jeu de composition, lumières contrastées et couleurs vives. Je m’inspire aussi beaucoup de la photographie de mode, particulièrement sur le travail de mise en scène comme Alex Prager et Sarah van Rij.

Qu’est-ce qui caractérise la « photographie documentaire » ?
T. S.
En ce qui me concerne, mes séries sont issues de réflexions personnelles qui tournent en général autour d’une jeunesse en mouvement et d’une idée de métamorphose, de « l’autre soi » en quête de liberté. Ce qui la caractérise spécifiquement, à mon avis, c’est surtout la notion de temps. Elle est primordiale pour développer une série. Je prépare mes shootings en amont (documentation, prise de contact) puis, une fois sur place, je prends le temps de créer une connexion avec mes sujets. Je les rencontre souvent avant le shooting sans appareil photo pour expliquer ma démarche, apprendre à les connaître et comprendre leur mode de vie, leurs habitudes. Cela me permet d’identifier les éléments à photographier tout en laissant une place à l’imprévu et à la collaboration. C’est un travail au temps long, parfois précaire, mais qui permet de témoigner d’une réalité entière avec des rencontres humaines plus fortes et des photographies plus intimes.

La jeunesse semble traverser l’ensemble de votre œuvre, est-ce un hasard ?
T. S. Je ne pense pas que ce soit un hasard, bien que ce soit rarement mon point de départ. Je m’intéresse avant tout aux gens qui font bouger les lignes, qui suivent une direction par passion et offrent un regard différent sur la société… Et il se trouve que la jeunesse a ce talent, cette soif de liberté, qu’ils s’émancipent à travers le parkour [une méthode d’entraînement pour franchir toutes sortes d’obstacles dans des environnements urbains ou naturels, Ndlr.], ou luttent sur un ring pour s’affranchir des règles de genre.

Les jeunes vous inspirent ?
T. S. Bien sûr ! Je suis extrêmement surpris par les jeunes d’aujourd’hui. Ils me donnent parfois l’impression d’avoir déjà vécu une vie tant leur discours est mature. Les lutteuses mexicaines, par exemple, ont cette aura, cette force, elles incarnent un passé violent avec une grande résilience. Depuis quelques années j’aborde les mutations de la société à travers la fenêtre du sport. Pour moi, les sportifs de haut niveau ont une force d’incarnation. Pour se consacrer à leur discipline, ils connaissent le sacrifice dès le plus jeune âge, un dépassement physique et mental constant, et développent un système de valeurs nobles autour du respect. De quoi inspirer la jeunesse.

Un message pour la jeunesse ?
T. S. Une phrase de Brel: « se tromper, être imprudent et aller voir ». Être curieux donc, s’accomplir en allant vers l’autre et vers le monde. Il faut conserver son authenticité, la cultiver et aller au bout de ses passions, de ses folies même, tout en respectant son entourage.

Vos photos contrastent parfois avec le sérieux des sujets qu’elles illustrent…
T. S. J’aime jouer avec l’absurde ou le contraste pour créer de nouvelles portes d’entrée vers des sujets plus sérieux. C’est la partie fictionnelle du documentaire. Cela renvoie aussi au paradoxe et à l’harmonie qu’il y a souvent dans mes sujets : imaginaire et réalité, intimité et énergie, équilibre et absurdité. Entrer dans un sujet grave avec des images graves serait sans doute plus compliqué. Je mise par exemple sur les leggings et les paillettes des lutteuses pour mieux aborder les 11 féminicides quotidiens au Mexique, je mets l’accent sur la prothèse stylisée de l’athlète paralympiques Arnaud Assoumani pour mieux parler du handicap…

Vous avez photographié le collectif musical Bon Entendeur. Quelle influence la musique a-t-elle sur vous ?
T. S. Je suis un grand amateur de rock et de musique en général, sujet sur lequel j’ai même réalisé un mémoire de sociologie. Je me suis intéressé à la création des courants musicaux contemporains : quels mouvements économiques, technologiques, sociétaux ont créé le rock’n’roll au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pourquoi le disco et la techno sont apparus à ces moments précis… La musique dit beaucoup d’une époque, des idéologies et de ses influences. Par ailleurs, les collaborations avec des artistes me permettent de développer une dimension plus créative. Je m’amuse à créer dans un univers fictif, surréaliste, parfois cosmique : on peut partir plus loin dans la création et moins se soucier du réel. Cela me rapproche de la BD futuriste des dessinateurs du magazine « Métal hurlant » ou du dessinateur Ugo Bienvenu, qui inspirent beaucoup mon travail.

Comment composez-vous les lumières et les zones d’ombre ?
T. S. Les ombres renforcent l’idée du contraste et surtout du mystère, qui donne envie d’aller voir. Elles permettent de modeler l’image, de créer des formes et des compositions plus saisissantes. J’aime cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry dans «Le Petit Prince » : « Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir ». Elle traduit l’attirance et la curiosité qui redoublent d’intensité pour une zone mystérieuse et sans repères.

Vous qui êtes photographe documentaire, aimeriez-vous passer de l’autre côté de la caméra ?
T. S. Non, je ne crois pas. Dernièrement j’ai eu des passages à la télé et à la radio qui m’ont fait plaisir, mais autrement je ne me vois en aucun cas passer devant la caméra. Je n’ai pas envie d’être autre chose qu’un « directeur des histoires » !


↪︎ Retrouvez son portfolio sur theosaffroy.com

Propos recueillis par Paul Chambellant/Reporters d’Espoirs

Événement 23/09 Le Grand Bain – 2031 : L’Odyssée de la Tech

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Reporters d’Espoirs est heureuse de s’associer à l’événement phare de la French Tech Aix-Marseille : Le Grand Bain, événement de prospective positive qui rassemble des acteurs de tous secteurs et horizons. Ensemble, ils dialoguent autour d’actions concrètes qui peuvent, dès aujourd’hui, répondre aux enjeux technologiques, environnementaux et sociaux de demain.

Après deux émissions live, Le Grand Bain fait son grand retour en présentiel pour la rentrée : Rendez-vous le 23 septembre à l’Orange Vélodrome !

Au programme :

4 conférences inspirantes pour penser l’entrepreneuriat en 2031

Une série d’ateliers concrets pour agir dès 2021

Une scène investisseurs, un challenge des startups à impact, une application de networking dédiée…


JEUDI 1ER JUILLET 2021 . INSCRIVEZ-VOUS A LA SOIRÉE DES MÉDIAS DE SOLUTIONS & DU PRIX REPORTERS D’ESPOIRS !

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Ce jeudi, Reporters d’Espoirs organise la « Soirée des médias de solutions » à l’occasion du dévoilement des lauréats du Prix Reporters d’Espoirs, 11e édition. Un événement physique, au Cinéma Majestic Passy (18 rue de Passy 75016 Paris), à 18h30. Pour bénéficier des quelques places encore disponibles, inscrivez-vous ici.

Au programme :

18h30 Accueil & networking

19h Début de la soirée, animée par la journaliste Raphaëlle Duchemin (RMC, FranceInfo, Europe 1…), et avec les membres du jury

Dévoilement des lauréats des Prix du reportage Presse écrite & Radio

[Focus] Médias&Climat : comment mobiliser de manière constructive ? 

Découverte des lauréats du Prix du reportage TV
Découverte des lauréats du Prix de l’engagement (nouveauté 2021)

[Débat] Quelle raison d’être pour les médias ?
Alors que l’on somme les entreprises de se doter d’une mission, d’une raison d’être, pour preuve de leur apport au bien commun, quelle transposition aux entreprises de presse ?

Découverte des lauréats du Prix de l’innovation

[Débat] Donner à voir une Europe des solutions : quel rôle pour les médias ?

Avec les jeunes lauréats du Prix européen du jeune reporter (nouveauté 2021). Pitchs & discussion avec les correspondants français de médias européens.

Cocktail


18/6/2021 . 10h . Intervention à Vivatech « Quelles innovations éditoriales et technologiques pour le journalisme de solutions ? »

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Reporters d’Espoirs était invité du salon VivaTech vendredi 18 juin pourra organiser une session sur les innovations éditoriales et numériques au service du journalisme de solutions.

À l’occasion du Prix Reporters d’Espoirs Innovation 2021 qui sera remis lors de la Grande soirée des médias de solutions du 1er juillet au Majestic Passy, 3 journalistes et professionnels des médias ont partagé leurs bonnes pratiques éditoriales, sociales et numériques.

« On a encore plus besoin, après cette pandémie, de messages d’optimisme, de faire ressortir les initiatives qui peuvent émerger dans la société. C’est notre rôle en tant que journaliste et d’autant plus en tant que grande chaîne de télévision. » affirme Yani Khezzar, journaliste et responsable de l’innovation pour l’information à TF1, qui s’appuie sur la 3D et la data pour enrichir ses reportages.  Il a mis en place des formats innovants pour renforcer la pédagogie – sur le changement climatique, la montée des eaux ou les mutations agricoles- tout en témoignant de perspectives de résolution ou d’adaptation –maisons sur pilotis, agroécologie, etc. « La technologie aujourd’hui, avec la 3D, la Réalité Augmentée, nous permet de montrer ce qui n’est pas filmable, d’anticiper ce qui pourrait se passer dans le futur en s’appuyant par exemple sur les données scientifiques des GIEC régionaux. (…) On fait très attention à ne pas tomber dans l’animation spectacle. Le travers de ces outils, le danger, c’est de vouloir trop s’amuser avec et de se prendre pour un grand studio de cinéma. Le but est de mettre cette technologie et ces visuels impressionnants au service du contenu et non pas l’inverse. (…) Il faut confier respectivement aux ordinateurs et aux journalistes ce qu’ils savent faire de mieux. »

Au-delà de la technologie, l’innovation passe par les communautés. Comment animer une communauté de lecteurs et de prescripteurs ? Alice Pouillier, directrice des opérations de SoGood et Ulule, partage l’expérience de ce nouveau magazine dont le slogan est « pour un monde meilleur ».

« On a voulu replacer les lecteurs et les abonnés au coeur du projet, en participant financièrement à la construction de So Good mais aussi avec ce qu’on appelle chez nous des « activistes » qui travaillent à identifier les bonnes initiatives et les bons projets. « Elle revient sur la genèse de ce magazine né « d’une rencontre « entre Ulule – plateforme de financement participatif,incubateur de projets à impact positif, qui voit des milliers de projets qui ne sont pas assez valorisés émerger grâce à l’adhésion du public, et de SoPress pour retranscrire les histoires de ces gens, leur parcours, leurs échecs. » Chaque année, So Good relance une campagne de financement participatif pour engager son lectorat. Alice Pouillier évoque la création d’un nouveau programme « d’éclaireurs » qui vont « agir comme des correspondants locaux et identifier, près de chez eux, des gens qui se bougent sur plein de sujets pour que, la rédaction de SoGood puisse ensuite les raconter et les révéler au plus grand nombre ».

François Saltiel, journaliste-chroniqueur bien connu de l’émission 28 minutes sur laquelle il officie quotidiennement sur ARTE, enseignant à l’IFP – Institut français de presse, et membre du jury du Prix Reporters d’Espoirs, anime l’échange. Auteur de « Le vendeur de thé qui sauva le monde avec un hashtag » et de « La société du sans contact : selfie d’un monde en chute » (éditions Flammarion), il a observé les impacts positifs et négatifs des réseaux sociaux, “ce même outil qui divise, qui capte notre attention et rend narcissique, mais qui, en même temps, révèle de belles histoires avec le hashtag. » Et de citer en exemple, « le mouvement #BlackLivesMatter et « le prix Pulitzer décerné à Darnella Frazier, une jeune femme de 18 ans qui en filmant le meurtre de George Floyd a permis de faire avancer les choses et de faire connaître encore plus la cause des discriminations ».

« Il faut toujours avoir à l’esprit que la technologie doit être un serviteur utile et non pas un maître dangereux », c’est sur cette citation que se conclut la conférence organisée par Reporters d’Espoirs dont la retransmission vidéo est disponible sur notre chaîne YouTube.

RDV JEUDI 1ER JUILLET 2021 POUR LA GRANDE SOIRÉE DES MÉDIAS DE SOLUTIONS DE REPORTERS D’ESPOIRS

By L'actu de Reporters d'Espoirs, L'actu des médias, Les articlesNo Comments

Parce qu’il est grand temps de nous retrouver, Reporters d’Espoirs invite la communauté journalistique, des innovateurs et (futurs) professionnels des médias, à une soirée jeudi 1er juillet à Paris.

Les lauréats des prix Reporters d’Espoirs et du jeune reporter européen seront dévoilés lors de cette Grande soirée des médias de solutions.


14/6/2021 . 14h-19h . Participez à l’édition spéciale francophonie « AI for the planet »

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Lors de cette édition, en direct des studios de BFM Business, Startup Inside, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP), mettra en avant des acteurs internationaux engagés sur les sujets d’Intelligence Artificielle pour la Planète.

Un événement qui mettra en lumière les initiatives concrètes et cas d’usages issus de la francophonie, afin de partager les meilleures pratiques, célébrer les succès et inspirer de nouvelles actions et collaborations dans ce domaine.

Un des fondateurs de Reporters d’Espoirs, Pierre Nougué, CEO d’Ecosys group, interviendra à 15h32 sur la thématique « Le jumeau numérique de la planète ».

Participez à l’édition spéciale francophonie ce lundi 14 juin 2021, de 14h à 19h.

Pour s’inscrire, c’est ici.