Skip to main content
Tag

médias

Mariette Darrigrand : « Le décryptage pourrait constituer un quatrième genre journalistique, outre le fameux triangle reportage-éditorial-portrait. »

By Home, InterviewsNo Comments

Mariette Darrigrand, sémiologue, directrice du cabinet des Faits et des Signes

Sémiologue spécialiste du discours médiatique, co-fondatrice de l’Observatoire des mots, auteure de nombreux ouvrages dont le dernier, Une épopée du féminin, est paru en octobre 2022 aux éditions Eyrolles, Mariette Darrigrand analyse l’usage des mots dans les médias, leur sens, les images qu’ils véhiculent. Au travers d’études ad hoc, de conseil auprès des rédactions et d’un travail de veille sur le langage médiatique, elle s’intéresse aux récurrences, aux thèmes qui gagnent en popularité ou perdent en engouement, et à ce que ces évolutions nous disent des changements de notre société.

À l’occasion de la publication du deuxième numéro Nature : vous n’avez encore rien vu ! de la revue papier Reporters d’Espoirs, elle partage ses observations sur l’évolution de la représentation de la nature dans le discours médiatique.

Vous définissez les mots comme des bassins sémantiques, des clusters de représentations, d’images et de signes. Avez-vous remarqué des changements dans l’emploi du mot « nature » ? Que nous disent-ils sur nos représentations de la nature ?

D’une façon générale, notre rapport à la nature – celui de la société occidentale – a beaucoup changé sous l’influence de la prise de conscience écologique, au début des années 2000, période qui marque l’arrivée du concept de développement durable dans les médias grand public. On observe alors un changement de terme : les articles qui traitaient de ces questions parlaient jusque-là d’ « environnement », ils se mettent à parler beaucoup plus globalement du monde. On le voit au travers de la création de rubriques dites « planète » ou « monde durable ». Ces rubriques étaient souvent illustrées par une image récurrente, où l’on voit deux mains qui portent de la terre comme si elles la présentaient sur un autel religieux. C’est l’idée du sustainable development (en français le « développement durable ») car étymologiquement, sustainable veut dire « tenu par en-dessous ». Ainsi se renverse l’ordre normal du monde : auparavant l’être humain marchait sur la terre, et tout d’un coup, le voilà qui la porte. Il en devient responsable.

Vous observez l’essor, depuis une dizaine d’années, du terme « vivant » pour parler de la nature. Comment expliquer ce glissement de termes ?

Le vivant remplace le mot « nature » sous l’influence de travaux d’anthropologues, en particulier Philippe Descola en France, très médiatisé. Dans son livre Par-delà nature et culture (2005), il affirme que « la nature n’existe pas », qu’elle est une construction culturelle occidentale qui justifie l’exploitation et la domination de formes de vie non-humaine. Philippe Descola s’est déplacé chez les peuples d’Amazonie, par exemple, lesquels sont animistes. Cela signifie que pour eux, la nature n’est pas à dominer mais à écouter, car elle a une âme, comme l’Homme. Quand on a cette vision de la nature, on ne la violente pas. Aujourd’hui, cette remise en question de notre rapport à notre environnement influence énormément les jeunes chercheurs et les médias qui s’intéressent à la question. La nouvelle pensée anthropologique, relayée par le discours médiatique, utilise donc le terme « vivant », qui crée un continuum entre tous les êtres : il y a de l’ADN commun entre le mammouth, la bactérie ou le moindre légume, et l’Homme.

Ce continuum est-il compatible avec l’idée de développement durable, dans laquelle l’Homme se place en gestionnaire et s’extraie de la nature pour pouvoir la préserver ?

Les deux conceptions se croisent et s’hybrident. On le voit avec la permaculture, l’agriculture régénératrice, toute cette nouvelle manière de cultiver la terre avec des pratiques beaucoup plus respectueuses et moins dominatrices, beaucoup moins en surplomb. Des pratiques responsables. Cette idée de la responsabilité humaine caractérise le développement durable, selon lequel c’est désormais à l’Homme de soutenir la nature en étant humble devant elle. Il y a tout un vocabulaire de l’humilité, au sens propre, puisque « humilité » vient de « humus », la terre. L’Homme du XXIème siècle se fait petit devant la nature, et la travaille en respectant ses cycles biologiques, en se gardant de trop intervenir. La nature retrouve sa valeur sacrée, et l’Homme redevient son serviteur. On relève dans ce discours une filiation avec la tradition contemplative, que portent aussi bien le romantisme que la religion chrétienne.

Bien qu’on admette aujourd’hui les limites de la nature, vous remarquez que son génie adaptatif est de plus en plus reconnu. D’après le discours médiatique, l’Homme doit-il respecter la nature parce qu’elle est puissante, ou au contraire parce qu’elle est fragile ?

Encore une fois, les deux pensées se croisent. L’écologie nous a fait réaliser la finitude de la nature. Par son action, l’Homme a épuisé des ressources qui au départ, dans l’idée de l’abondance biblique, étaient infinies. Toutefois, la nature demeure puissante dans ses grands mécanismes. Il est donc intéressant de l’observer pour son intelligence, une prise de conscience qui a inspiré le biomimétisme, utilisé d’abord en design, puis en sciences, en médecine… On regarde comment la nature fonctionne parce qu’elle a un puissant génie de production. C’est une révolution mentale, de penser qu’elle a mieux fait les choses que beaucoup de créations humaines. On assiste à une forme d’hybridation des intelligences, avec d’un côté l’ingéniosité humaine, de l’autre les mécanismes d’adaptation de la nature. Je remarque d’ailleurs que le mot « adaptation », issu de l’industrie classique, s’impose depuis quelques années à la place du terme « réparation », qui avait un sens à la fois matériel (réparer un objet) et moral (réparer une faute).

Le terme « sauvage » pour désigner la nature gagne en importance dans le discours médiatique. D’où provient cet engouement ?

La notion de « sauvage » vient du monde intellectuel et a été très bien décrite dans des œuvres riches et poétiques, comme celles de Vinciane Despret, Baptiste Morizot, Natassja Martin… En plus de posséder de belles plumes, ces auteurs sont de bons personnages médiatiques, intéressants à interviewer. De ce fait, les médias ne se sont pas tellement faits le partenaire critique de cette mode intellectuelle, mais plutôt sa caisse résonnante. Or pour moi, l’une des fonctions du journalisme, c’est bien de produire une critique des discours. Autrement, il ne fait pas écran à la diffusion idéologique. Et cette diffusion culmine avec le mot sauvage, que les médias reprennent parce qu’il est beau, sans en faire la critique ni l’histoire. C’est peut-être plus élégant de parler de l’ensauvagement d’un pré que de sa jachère, mais il y a des connotations, en particulier politiques, derrière ce terme. On parle aujourd’hui de l’ensauvagement des villes, on a parlé hier des « sauvageons » de banlieue [ndlr : le terme de sauvageons, employé par le ministre de l’Intérieur pour désigner les mineurs multirécidivistes, fait polémique depuis 1999]. Le mot sauvage a plein d’acceptions, et je trouve que les médias devraient pousser davantage l’analyse, plutôt que de simplement s’arrêter sur un terme à la mode. Surtout que nous sommes dans une période très idéologique aujourd’hui, avec une lutte sur le langage. On ne peut pas se contenter d’être pour ou contre un vocabulaire, d’accepter un terme et d’abandonner les autres. Au contraire, ce qui est intéressant, quand une société se donne un autre mot – par exemple « vivant », « sauvage » – c’est de faire jouer les deux paradigmes, ancien et nouveau. Ce n’est pas parce qu’on parle davantage du « vivant » qu’il faut tuer la « nature ».

Vous travaillez avec des rédactions sur le vocabulaire qu’elles utilisent. Est-ce qu’une telle réflexion est compatible avec les délais, les contraintes de nombre de signes ou de durée d’émissions, qui s’appliquent au journalisme ?

Oui, au travers du décryptage, qui constituerait alors un quatrième genre journalistique, outre le fameux triangle reportage-éditorial-portrait. Lorsque je travaille avec des rédactions, je leur dis que c’est dommage qu’elles n’aient pas une quatrième dimension, qui serait celle de la critique du discours, ambiant comme médiatique. Je pense que c’est important, sur les thèmes liés à l’écologie et à la nature, de ne pas passer d’un paradigme à un autre, par exemple, passer de la domination à la dévotion. Il faut garder les deux conceptions, voir comment elles se nourrissent, et les critiquer toutes deux. Cette dimension est d’ailleurs attendue par le public, qui n’a pas envie de gober tout ce que les médias disent. Ces derniers doivent donc se demander quelles idéologies ils colportent lorsqu’ils parlent.

Propos recueillis par Louise Jouveshomme.

Festival international du journalisme : Retour sur un week-end à Couthures-sur-Garonne

By Agenda, Home, Sur la route du tourNo Comments

400 habitants à l’année, plus de 6000 festivaliers le temps d’un week-end : depuis 2018, juillet venu, le charmant village de Couthures-sur-Garonne se mobilise trois jours durant pour accueillir le Festival international de journalisme parrainé par le groupe Le Monde. Ce rendez-vous unique en son genre réunit professionnels des médias et grand public pour débattre de l’actualité sous le soleil estival. Partenaire de cette 6e édition, Reporters d’Espoirs était présent pour parler traitement médiatique du climat, créativité des médias et bien sûr, journalisme de solutions.


A notre arrivée, samedi 16 juillet au matin, la chaleur est déjà étouffante : le thermomètre affiche 33°C, et grimpera jusqu’à 42°C le lendemain. Combiné à l’extrême sérieux des thématiques du festival, actualité oblige -frontières, concentration des médias, propagande…-, on pourrait penser l’atmosphère plombante.  Il n’en est rien : elle est bon enfant, les festivaliers ont le sourire aux lèvres, et le sentiment d’une véritable communauté où tout le monde aime à se retrouver s’installe au fur et à mesure. Au détour d’une rue, d’une conférence ou même à table, on croise la marraine du festival Charline Vanhoenacker, l’écrivain et interprète Gaël Faye, le propriétaire de L’Express Alain Weill,  ou encore Edwy Plenel et Salomé Saqué, heureux d’échanger quelques mots.

Ateliers climat et journalisme de solutions

Au vu de la météo, notre premier atelier tombe à pic : il porte sur le traitement médiatique du climat, et comment l’améliorer. Car selon l’étude MédiasClimat menée par Reporters d’Espoirs en 2019, tout supports confondus, seul 1% des sujets en moyenne faisaient alors référence au climat, le plus souvent sur un ton catastrophiste. Mais pourquoi est-ce donc si difficile d’aborder ce thème pour les journalistes ?

Parmi la cinquantaine de festivaliers ayant répondu présent, les idées fusent : manque de culture scientifique, complexité et nature anxiogène du sujet, économie des médias… La discussion se déplace ensuite sur les réponses à apporter : unanimement, les festivaliers réclament plus de formations pour les journalistes et suggèrent des rencontres sur le terrain avec victimes du dérèglement climatique et acteurs luttant contre. Le public aborde ainsi l’importance d’un traitement plus constructif, mettant également en avant des initiatives inspirantes et reproductibles pour assurer la transition écologique.

Nous revenons le lendemain sur la thématique, à travers un atelier participatif dédié au cœur du sujet de Reporters d’Espoirs : le journalisme de solutions. Malgré l’heure matinale (le concert du DJ la veille a duré jusqu’à 2h du matin), quelques visages familiers et beaucoup de nouveaux sont (re)venus au « Verger », l’espace en plein air qui nous est dédié, au milieu des arbres fruitiers. Visiblement, le bouche à oreille fonctionne. L’exercice du jour consiste à classer trois articles dans l’ordre du moins au plus « porteur de solutions ». Pas évident : juge-t-on la solution elle-même ou plutôt son traitement journalistique ? Faut-il privilégier une initiative collective ou individuelle, une réponse à un problème précis ou global ? Et comment différencier résilience et solution ? Ensemble, nous abordons ainsi la méthodologie du journalisme de solutions, ses avantages ainsi que ses limites.

La créativité des journalistes en débat… et récompensée !

Dimanche après-midi. Après une courte pause récréative, vient le moment de notre conférence sur la créativité. Une heure durant, nos intervenants Julien Blanc-Gras (écrivain-voyageur), Esther Meunier (journaliste à NOWU) et Lorraine Rossignol (journaliste à Télérama) discutent d’innovations éditoriales et techniques, en compagnie d’Augustin Perraud, notre Reporters d’Espoirs animateur du jour. Les questions fusent dans le public : pour encourager la créativité, ne faudrait-il pas déjà rendre la profession plus ouverte, les promotions d’école de journalisme plus diverses ? Le journalisme de solutions n’est-il pas déjà une innovation sur le fond en soi ? La créativité, une réponse pour attirer de nouvelles audiences ? Nos intervenants puisent dans leurs différentes expériences, électron libre, pigiste, journaliste dans une rédaction traditionnelle ou d’un genre nouveau, formés en école de journalisme ou pas.

Clou du spectacle : la conférence tient lieu de remise du Prix de la Créativité Reporters d’Espoirs 2022, décerné au jeune média NOWU créé par l’alliance de France Télévisions et le service public allemand WDR. Lancé en 2019, NOWU s’adresse d’abord aux 15-24 ans avec une forte présence sur Instagram et Tiktok, un ton direct et décalé (tutoiement et références à la pop culture sont de mise) ainsi que sa spécialisation sur un thème qui préoccupe un nombre croissant de jeunes : l’environnement. Le tout sur un ton constructif, livrant des pistes d’action collective et individuelle, comme nous l’explique Esther Meunier, journaliste à NOWU.

Ambiance baignade et musique

Une fois notre dernière intervention passée, il nous reste encore quelques heures pour pleinement profiter des autres ateliers, conférences et rencontres proposées par le festival – et bien sûr, au passage, poser quelques questions sur la pratique du journalisme de solutions aux divers intervenants ! La journée se termine en maillot et en musique, avec la tant attendue baignade dans la Garonne et un concert folklorique du groupe bordelais Timeless Trio à la nuit tombée. Ainsi s’achève un week-end chaleureux, à la fois par sa météo, son actualité et surtout, une formidable ambiance.

Par Morgane Anneix

Stars4Media NEWS: Appel à candidatures jusqu’au 30 juin !

By Agenda, HomeNo Comments

Cofinancé par l’Union Européenne et encourageant la coopération transfrontalière des médias, Stars4Media NEWS est un programme de 4 à 10 mois pendant lequel au moins deux organisations médiatiques de deux pays différents de l’UE coopèrent sur un projet d’innovation médiatique.

Vous avez jusqu’au 30 juin pour remplir votre dossier de candidature (en anglais) et le soumettre en ligne.

A la clé, un programme de formation pour développer votre projet ainsi qu’un soutien financier de jusqu’à 100.000 euros !

Retrouvez toutes les informations sur le site Stars4Media.


« Les Français peuvent éprouver une certaine difficulté à assumer leur identité européenne » – Dorothée Merville, directrice de la Fondation Hippocrène

By Home, InterviewsNo Comments

Dorothée Merville est directrice de la Fondation Hippocrène, qui depuis 1992 œuvre à « donner le goût de l’Europe aux jeunes Européens ». Membre du jury du Prix européen du jeune reporter 2022, elle revient dans cette interview sur le travail de la Fondation et la relation entre journalistes et Europe.


Comment définir l’Europe ?

A la Fondation Hippocrène, nous comprenons par-là l’Union Européenne, cet ensemble politique qui donne accès à un panel de droits comme de devoirs, et les citoyens qui la composent. Pour reprendre ce que nous a dit un élève d’école maternelle de cinq ans, lauréat de l’un de nos prix : « l’Europe, c’est tous les amis de la France ».

Comment donner aux citoyens le goût d’une Europe qu’on dit éloignée de la vie quotidienne ?

Partir du quotidien pour montrer qu’il existe un lien indissociable entre notre vie de tous les jours et l’Europe ; donner à voir ce qui unit notre échelle locale avec celle, supranationale, de l’Europe ; établir un lien entre elle et ce qui nous touche les uns et les autres. Par exemple, montrer à un jeune qui se sent très concerné par le climat que l’Europe partage sa sensibilité et peut l’aider dans son engagement.

En France, le taux d’abstention des 18-35 ans lors des dernières élections européennes était de 60%. Comment les intéresser davantage ?

Lorsqu’on analyse d’un peu plus près les enquêtes d’opinion, on constate que les jeunes se sentent profondément européens. Ce qui est compliqué par rapport aux élections, comme pour tout scrutin, c’est la difficulté à engager les jeunes dans la politique. Car leur engagement a changé : il est dans l’action et sur le terrain plus que dans les discours et la politique.

Pour pousser les jeunes à réinvestir cette sphère politique européenne, je crois qu’il faut leur donner envie de prendre goût à l’Europe, en leur permettant de se saisir des bases de son fonctionnement – c’est ce à quoi nous travaillons avec la Fondation. Nous soutenons de nombreuses initiatives pour l’Europe et la jeunesse, environ 40 projets par an. Depuis 2010, nous organisons le « Prix Hippocrène de l’éducation à l’Europe » en collaboration avec l’Education Nationale, pour mettre en lumière des projets issus de partenariats entre des classes françaises et d’autres pays. Un moyen particulièrement efficace pour que ces jeunes vivent l’Europe de manière concrète.

Comment percevez-vous le rapport des Français à l’identité européenne ?

Les Français éprouvent une certaine difficulté à assumer cette identité : ils ont peut-être l’impression de renier leur attachement national, alors que les deux sont parfaitement compatibles !

Votre fondation soutient de nombreux projets de médias européens. Pourquoi ?

On reproche aux médias de parler peu d’Europe ; et lorsque c’est le cas, de le faire de manière peu adaptée. L’Europe est parfois réduite à « Bruxelles », avec sa sphère très technique et politique ; l’information ne fait pas le lien avec le quotidien des uns et des autres, et ne parvient donc pas à toucher le citoyen.

C’est pour cela que nous avons choisi de soutenir des médias indépendants, opérant souvent sous statut associatif, qui rendent l’Europe concrète. C’est le cas d’Euradio, qui a été créée à Nantes, et qui combine une ligne éditoriale locale et européenne.  

Quel peut être, selon vous, le rôle d’un journaliste couvrant l’Europe ?

Pas tant de parler d’Europe, que d’avoir une lecture européenne des évènements nationaux. On ne demande pas à un journaliste qui traite l’actualité française de raconter celle de la Suède ou de la Lettonie, mais d’établir un lien avec ce qui peut se passer dans d’autres pays européens. On l’a constaté dans le traitement de la crise sanitaire : connaître la façon dont d’autres pays gèrent la situation permet d’avoir une grille de lecture plus complète et des clés d’analyse pour se faire une opinion éclairée.

Propos recueillis par Augustin Perraud et Morgane Anneix pour Reporters d’Espoirs.

L’Europe, son histoire, sa définition. L’interview de François Reynaert, membre du jury du Prix européen du jeune reporter

By Home, InterviewsNo Comments

Journaliste à l’Obs depuis plus de 25 ans, François Reynaert y livre régulièrement son regard sur l’actualité à travers le prisme de l’Histoire, sa grande passion et spécialité. Également essayiste et écrivain, il a publié de nombreux romans et ouvrages de vulgarisation, dont le bestseller « Nos ancêtres les gaulois et autres fadaises ». Il est membre du jury du Prix européen du jeune reporter 2022.


L’un de vos plus récents ouvrages s’intitule Voyage en Europe, de Charlemagne à nos jours. Dans ce livre, vous expliquez ce qui a fait l’Europe, ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas. Comment la définissez-vous ?

J’avais écrit deux autres livres auparavant, le premier se centrant sur l’Histoire de France et le second sur celle du monde. C’est en rédigeant ce dernier ouvrage que je me suis rendu compte que la narration de l’histoire est très différente selon le point de vue. Les peuples européens s’intéressent chacun à leur histoire nationale , un Français regarde l’histoire française, un Allemand l’histoire allemande etc.. Les Chinois, les Américains s’intéressent à l’histoire de l’Europe. Ce faisant, ils s’intéressent à une chronologie qui appartient à tous les Européens. Tous les Français, même ceux qui ne connaissent rien à l’histoire, on dans la tête une scansion du passé : il y a eu les gaulois et les romains, puis le moyen âge, avec ses rois et ses châteaux, puis la renaissance avec ses grands artistes puis le temps des Révolutions, la Révolution française, la révolution industrielle. Un Chinois n’a pas cette chronologie dans la tête. Un Allemand, un Espagnol, un Belge l’a. Lui aussi se fait une idée d’un passé qui commence avec des barbares et des romains, passe au moyen âge puis à la Renaissance etc.  L’idée de Voyage en Europe était donc de raconter les grands événements et les barrières chronologiques qui ont forgé notre continent et sont communs à tous les européens. Je voulais raconter cette histoire européenne parce que son existence est trop souvent oubliée. Pour la rendre attractive, je l’ai raconté sous forme de voyages, dans les lieux qui la racontent….

En effet, cette histoire commune semble souvent oubliée. Un nombre croissant de nations européennes choisissent d’ailleurs le repli plutôt que l’ouverture à l’Europe : pourquoi, selon vous ?

La domination de l’Europe sur le monde a commencé au XVIe siècle, grâce aux « grandes découvertes », l’expansion maritime qui a suivi les voyages de Colomb et Vasco de Gama. Pendant environ 400 ans, notre petit continent s’est mis à conquérir le monde entier. Lorsque l’on prend une carte du monde en 1914, on constate que seulement une poignée de pays n’a jamais été colonisée par les Européens. Les deux Amériques l’ont été à partir du XVIe siècle, l’Afrique au XIXe. Seuls quelques rares pays en Asie, comme la Chine ou la Thaïlande, ont pu partiellement y échapper.

En 1914, l’Europe était donc à son apogée et dirigeait le monde. Le symbole le plus simple et le plus parlant de cette domination est l’utilisation du   méridien de Greenwich pour donner l’heure mondiale :  le monde tournait et tourne encore littéralement à l’heure de Londres. A la suite des deux conflits mondiaux, notre vieux monde  est tombé de son piédestal. Les américains et les soviétiques ont pris la place de leader mondiaux. La Chine est désormais sur le podium. Bientôt l’Inde, d’autres sans doute, demain. Les Européens ne se sont jamais remis de cette chute et ils ont l’impression de vivre un certain « déclin ». Parce que l’avenir leur fait peur, ils n’arrivent plus à vivre que dans la nostalgie, et retombe dans la nostalgie nationale. C’est une erreur et une folie. Chacun de nos pays, face à un géant comme la Chine ne font pas le poids. Ensemble, ils peuvent compter.

L’Union Européenne pourrait être un remède à cela… Pensez-vous qu’il existe aujourd’hui un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

Pour des raisons historiques propres à l’après-guerre, l’Europe s’est construite grâce à des traités commerciaux et économiques. Or, ces domaines ne font pas vraiment rêver les citoyens : personne n’a envie de se battre pour des quotas de beurre ! Les choses ont récemment commencé à changer en raison de trois évènements marquants. Premièrement, la crise économique d’après 2008 nous a fait comprendre qu’il fallait sauver l’euro puisque notre prospérité en dépendait. Ensuite, l’Europe a réussi à s’unir en pleine crise épidémique pour se défendre contre ce virus et ses conséquences, économiques notamment. Enfin, il y a évidemment l’invasion de l’Ukraine. Malheureusement et une fois de plus, c’est la guerre qui fait l’Europe. Face à un agresseur qui s’oppose aux valeurs et principes de l’Europe, les pays européens se rapprochent et ont compris l’intérêt d’une solidarité de fait. Il y a d’ailleurs un député européen qui a trouvé une métaphore très pertinente en déclarant que l’Europe est comme un moteur à explosion : ça patine, ça explose, et puis ça avance. Ce sont ces crises successives qui font avancer l’Europe, créant une sorte de sentiment européen.

Vous évoquez là un sentiment européen qui se construit contre quelque chose. Mais existe-t-il aussi un sentiment pour l’Europe ?

En effet, au-delà de cet élan européen protectif contre une menace extérieure, je pense qu’il y a également un sentiment pro-européen qui est en train de se construire. Les Européens ont compris que la démocratie est un système fragile et menacé. L’une des raisons pour laquelle Poutine a envahi l’Ukraine est qu’il ne veut pas de démocraties à sa porte. Leur expansion et les valeurs qu’elles véhiculent menacent directement les régimes autoritaires comme le sien ou celui de Xi Jinping parce que ces régimes sont attirants pour les peuples. Mais du haut de son trône, le dictateur Poutine n’a que mépris pour nos systèmes : il voit les démocraties sont des Etats faibles et mous. Il pense qu’il suffit d’une petite démonstration de force pour qu’ils s’effondrent. Les Ukrainiens lui montrent à quel point il s’est trompé et la solidarité sans faille dont font preuve les 27 derrière leur peuple martyrisé est un signal encourageant. Non la démocratie n’est pas faible par nature. Elle est un régime désirable et qu’il faut défendre – je suis juste désolé que cette pédagogie se fasse en ce moment par les bombes qui tombent sur les villes ukrainiennes…

L’Europe est-elle une entité qui vous inspire d’un point de vue culturel, littéraire, ou politique ?

Je suis toujours frappé que l’image générale de l’Union est une image d’ennui, de tristesse et de bureaucratie, de fonctionnaires grisâtres qui se retrouvent à Bruxelles pour débattre au sein d’institutions auxquelles on ne connaît et ne comprend rien. Quand il m’arrive d’aller à Bruxelles, je trouve que c’est une ville qui montre qu’au contraire, l’Europe est palpitante. Prendre un café à Bruxelles, c’est entendre parler roumain, néerlandais, espagnol, c’est comprendre la force de cette devise que j’adore : « unie dans la diversité ». Pourtant, on n’a toujours pas réussi à créer une véritable mythologie autour du projet européen… Il y a des essais, comme la très drôle mini-série « Parlement » créée par France TV, même si elle est, à mon avis, un poil caricaturale. C’était toutefois un bon début. J’espère qu’il sera suivi.

D’après vous, peut-on parler d’un « journalisme européen » ? A-t-il un sens ? Ou bien une multitude de pratiques, d’angles, spécifique à un pays, une culture ?

De fait, ce n’est malheureusement pas le cas pour l’instant. Il y a une vingtaine d’années, il y avait eu une tentative de créer un journal européen quotidien. Mais s’est glissé le problème tout banal de la barrière linguistique : la plupart des gens lisent dans leur langue maternelle. C’est pour cela que je suis favorable à une langue de travail, qui, à côté de nos langues nationales, nous permettrait de communiquer entre nous. Je pense à l’esperanto, cette langue universelle, souvent méconnue, ou moquée de façon stupide, alors qu’elle représente un projet magnifique et qu’elle peut être une solution d’avenir. On peut aussi penser au latin. Pourquoi pas ?  Il a longtemps été la langue d’union sur le continent. La seule chose est de choisir une langue qui soit commune à tous, sans appartenir à personne.

En tant qu’auteur, vous avez exploré le passé et analysé le présent. Quel rôle le journaliste peut-il jouer pour lier le passé, le présent et éventuellement nous aider à construire un avenir de manière constructive ?

Personnellement, j’essaie de faire du journalisme constructif en faisant tout d’abord du journalisme pédagogique. La semaine dernière, on m’a par exemple demandé un papier sur l’invasion de l’Ukraine, que Poutine justifie en affirmant que ce pays aurait artificiellement été créé par Lénine. Revenir à l’histoire pour montrer que celle-ci dit le contraire, qu’il y a une identité nationale ukrainienne qui existe depuis des siècles, c’est donc faire de la pédagogie. J’essaie de permettre au citoyen d’éclairer son point de vue en en le rendant plus clair, plus simple et objectif.

En quoi, d’après vous, le journalisme de solutions est-il porteur de sens ?

A mon avis, il trouve sa place de façon éblouissante dans la question de l’écologie et de l’environnement. On voit bien que par rapport à la menace climatique, le discours catastrophiste ne fonctionne pas : il encourage les gens à se dire «puisque tout est foutu, autant profiter » et continuer à surexploiter et polluer. Là, le journalisme de solutions sert à mettre en lumière des actions concrètes dont tout le monde peut s’inspirer pour éviter le désastre.

On parlait de la question européenne. Là aussi, les journalistes qui s’intéressent à ces thématiques peuvent pousser leurs lecteurs à regarder ce qui se passe au-delà de leurs frontières nationales. C’est du journalisme de solutions très concret de faire vivre l’Europe, d’aller voir ce qui se passe à Bruxelles mais aussi de faire des reportages dans les autres pays frères pour aller voir ce qui y marche.

Avez-vous des exemples de reportages qui vous ont inspiré dernièrement ?

Dans l’Obs, il y a récemment eu un très bon article d’Emmanuel Carrère sur la guerre en Ukraine. C’est un journalisme très différent des canons traditionnels. Il s’agissait plutôt des notes de voyage d’un grand écrivain. Son texte nous livrait quelque chose de l’ordre de la proximité et du quotidien qui était bluffant. Par ailleurs, comme toujours je suis impressionné par le courage des journalistes de guerre, de tous ces héros qui bravent les bombes russes pour nous raconter la souffrance de ceux qui sont dessous…

Quel conseil adressez-vous aux jeunes journalistes ou apprenti-reporters qui postulent au Prix européen du jeune reporter ?

Le conseil que je donne toujours aux étudiants en journalisme que j’aide à préparer les concours, c’est de parler à quelqu’un dans votre tête lorsque vous écrivez un article. Mais pas au jury ! Parlez à quelqu’un dont vous êtes proche, à votre frère, votre mère, votre partenaire, en essayant de lui raconter l’histoire que vous voulez raconter. Un mauvais article, c’est souvent comme un mauvais livre. J’en lis beaucoup, dans le domaine de l’Histoire, parce que c’est ma spécialité. J’ai l’impression que la moitié de ceux qui les écrivent ne parlent pas à leurs lecteurs, mais à leur jury de thèse. Ils nous noient dans des tsunamis de détails pour montrer qu’ils ont passé des années à dépouiller des archives, mais ils oublient de nous rappeler le contexte qui nous manque cruellement. Faites-donc simple, et écrivez en ayant à l’idée de ra-con-ter !

Propos recueillis par Morgane Anneix et Augustin Perraud pour Reporters d’Espoirs.

« Le défi réside dans la hiérarchisation des solutions » – L’interview de Valère Corréard, journaliste à France Inter et l’Info Durable

By Home, InterviewsNo Comments

Journaliste spécialisé sur les enjeux de transition écologique, Valère Corréard intervient sur les ondes de France Inter depuis 2015 avec sa chronique Social Lab. Il est également à l’origine de l’Info Durable, média en ligne dédié au développement durable. Auteur, il publie 25 idées reçues sur l’écologie à déconstruire de toute urgence aux éditions Marabout.


Votre ouvrage veut répondre à des idées reçues à propos de l’écologie. Où les avez-vous glanées ?

J’ai articulé recherches personnelles, notamment sur les réseaux sociaux, appels à témoignages, et sollicitations directes. J’essayais de trouver des récurrences et ainsi des idées qui seraient assez communes mais erronées. Il y aussi des idées reçues que l’on connait tous, souvent le fruit d’un lobbying économique ou politique, ou parfois simples légendes urbaines ancrées dans l’imaginaire collectif sans que l’on en connaisse bien la raison.

Quelles sont les idées reçues les plus tenaces que vous avez relevées ?

D’abord celles relatives au climat, qui proviennent probablement des climatosceptiques qui, même s’ils n’arrivent désormais plus à nous faire tomber dans le déni, minimisent l’urgence de la situation. L’un des exemples les plus flagrants est probablement l’affirmation que le changement climatique a toujours existé et serait donc naturel. Le climat a en effet toujours évolué, mais jamais au rythme que nous constatons : s’il s’est réchauffé entre l’ère glaciaire et aujourd’hui, sur environ dix mille ans, on devrait avoir les mêmes résultats dans le sens inverse en seulement 100 ans. Ce qui signifie un grand problème en termes d’adaptation.

Autre idée reçue : « 2°C, ce n’est pas la mer à boire. On sortira juste un peu plus souvent en terrasse ». C’est la parfaite illustration de l’amalgame entre météo et climat. Deux degrés de variation de la température, ce n’est pas dramatique ; mais l’augmentation de 2°C des températures moyennes à l’échelle du monde, c’est considérable. Le premier cas relève de la météo, alors que le deuxième, témoignant d’un réchauffement global des températures, concerne le climat, qui à son tour influence la météo. Mais pas forcément de seulement 2°C : cela peut être un dôme de chaleur de 49°C comme on l’a vu au Canada l’été dernier, alors que l’on n’est aujourd’hui qu’à un peu plus de 1°C de réchauffement.

Enfin, une autre idée que j’ai trouvée assez horrible : l’écologie ne serait qu’un « truc de riches ». Là, on confond fin du monde et fin du mois, alors que la question est beaucoup plus complexe et multi-dimensionnelle. Ce sont plutôt les populations « riches » qui polluent : l’ONG Oxfam a calculé que les 10% les plus riches de la planète représentent 52% des gaz à effet de serre émis. Mais l’écologie concerne aussi pleinement les gens pauvres, puisque ce sont eux qui pâtissent le plus des conséquences comme la pollution ou la malnutrition. De plus, les personnes en difficulté financière s’intéressent elles aussi à l’écologie. Certaines actions ou changements d’habitude peuvent d’ailleurs être source d’économies. Derrière cette simple idée reçue se cache donc une réalité beaucoup plus nuancée.

Vingt pourcent des idées reçues que vous analysez touchent à notre alimentation : régime végétarien, bio, produits locaux ou en vrac… Pourquoi avoir accordé autant de poids à ce domaine ?

Je ne saurai vous citer une autre action que l’on fait autant de fois par jour que de manger. Plus de 1000 repas par an, voilà qui représente un grand potentiel pour changer son impact environnemental au quotidien. C’est pour cela que je parle aussi de mobilité ou de vêtements. Les idées reçues peuvent souvent nous décourager en nous faisant croire que nous ne pouvons rien faire individuellement, alors que l’on peut tout à fait changer ce qui se répète dans notre vie de tous les jours.

Comment procédez-vous pour « déconstruire » ces idées reçues ?

Travaillant depuis longtemps sur les questions environnementales, j’ai d’abord confronté ce que je savais déjà à des énoncés qui me semblaient questionnables. Ensuite, j’ai effectué un travail de recherche afin de trouver les sources les plus probantes et solides.

Et s’il me restait des doutes, je contactais un expert pour m’éclairer. Vous trouverez donc par exemple dans le livre des extraits d’interviews de Sophie Szopa, coordinatrice de l’un des groupes du GIEC, ou du climatologue François Marie Bréau. J’ai aussi pu interroger un agriculteur bio pour analyser la réalité des contrôles réalisés sur les exploitations agricoles.

En tant que journaliste, que pensez-vous de la couverture du changement climatique dans les médias, notamment à l’aune de la sortie du dernier volet du 6e rapport du GIEC ?

On peut s’interroger sur la sous-représentation du climat dans le traitement de l’actualité. Mais il faut reconnaitre que le sujet progresse nettement : l’écologie et le climat se sont cristallisés dans l’opinion parce que les médias traitent beaucoup plus de ce thème ; il y a une montée en compétences et en vigilance au sein des rédactions sur ce sujet complexe ; et les papiers font de plus en plus le lien entre certains évènements et le changement climatique. J’entends parler de la nécessité d’un « quota climat » dans les médias : tout en comprenant l’initiative, le fait d’imposer un sujet à l’agenda médiatique me pose un problème éthique. Mais évidemment, on peut toujours mieux faire.

Vous chroniquez sur une radio généraliste, France Inter, et dirigez un média spécialisé avec l’Info Durable. Votre approche est-elle spécifique à chacun de ces médias ?

Effectivement, lorsque j’écris une chronique pour la radio, je m’inscris pleinement dans la culture et la ligne éditoriale de France Inter, même si j’y jouis bien sûr de la liberté la plus absolue.

Sur l’Info Durable, nous avons une approche très rigoureuse de ces sujets que nous déclinons sous de nombreux formats. Nous visons un traitement neutre et accessible au grand public, tout en nous positionnant comme un média expert.

La couverture médiatique du changement climatique est très axée sur les problèmes et ce à une échelle internationale sur laquelle les choses avancent lentement. Vous défendez au contraire une vision où chacun peut prendre sa part. Pratiquez-vous le journalisme de solutions dans ce contexte ?

Je suis ancré dans cette démarche depuis un certain temps. Le journalisme de solutions évolue avec son temps et arrive peut-être à maturité en ce moment. Il montre qu’effectivement, on peut également se tourner vers ce qui marche, tout en restant réaliste et solide sur la réalité des enjeux.

Pour moi, le défi réside dans la hiérarchisation des solutions. Je ne fais par exemple pas les mêmes choix éditoriaux entre une solution qui vise à favoriser le recyclage des bouteilles en plastique, une autre qui cherche à réduire son empreinte carbone et une troisième qui tente à revoir ses habitudes alimentaires : les impacts ne sont pas les mêmes. Le journalisme de solutions s’installe pleinement dans la réalité des enjeux et des leviers de changement portés spécifiquement par chaque solution.

Un exemple de la manière dont vous pratiquez ce journalisme de solutions ?

Récemment, j’ai travaillé sur Water Family, une association qui propose que l’écologie fasse partie des matières principales à l’école. Evidemment, je me suis tout de suite interrogé sur la démarche politique en me disant qu’il s’agissait là d’un terrain glissant. Certains mots, comme la bienveillance ou le positivisme – très connotés idéologiquement – me gênaient. Mais rapidement, en allant à la rencontre de son porte-parole Gilles Bœuf, biologiste, je me suis rendu compte que l’association s’inscrivait pleinement dans une démarche d’écologie scientifique. Cela m’a vraiment permis de recentrer ce qu’est l’écologie politique ou idéologique par rapport à l’écologie scientifique.

Ma mécanique, c’est de challenger chaque initiative au regard de ce que je sais et ce qu’on me dit, afin de comprendre la réalité de la solution et ce qu’elle recouvre.  ■

Propos recueillis par Morgane Anneix pour Reporters d’Espoirs.

Du 5 au 10 avril 2022, venez découvrir CINEMA FOR CHANGE, le festival de cinéma humain et inspirant

By Agenda, HomeNo Comments

Reporters d’Espoirs soutient et s’associe au festival CINEMA FOR CHANGE, un festival de cinéma humain et inspirant, mêlant le divertissement à l’émotion. Il s’intéresse à tous les cinémas qui défendent les vraies valeurs de la vie, du documentaire à la fiction.

Divertir tout en éveillant les consciences sur les enjeux auxquels notre planète doit faire face aujourd’hui, et nous permettre de réfléchir ensemble à un futur qui donne envie.

https://www.cinemaforchange.org/


Venez assister à la cérémonie de clôture au GRAND REX le Samedi 9 avril à 18h30 et visionner LES FOLIES FERMIÈRES*, réalisé par Jean-Pierre Améris. La projection sera précédée de la cérémonie de clôture du festival (remise des prix), en présence des jurys et des équipes des films lauréats. 

*Comédie, Drame, avec Alban Ivanov, Sabrina Ouazani, Michèle Bernier, Bérengère Krief, Moussa Maaskri, Guy Marchand. 

Synopsis : 

David, jeune paysan du Cantal, vient d’avoir une idée : pour sauver son exploitation de la faillite, il va monter un cabaret à la ferme. Le spectacle sera sur scène et dans l’assiette, avec les bons produits du coin. Il en est sûr, ça ne peut que marcher ! Ses proches, sa mère et surtout son grand-père, sont plus sceptiques.

Lien de réservation : https://legrandrex.cotecine.fr/reserver/F557158/D1649521800/VF/

03/02/2022 « Comment adapter le journalisme de solutions à la couverture du changement climatique ? », webinaire proposé par l’IJNet

By AgendaNo Comments

Face à l’avalanche d’informations anxiogènes sur le changement climatique l’IJNet vous propose des pistes pour traiter ce sujet clivant sans perdre de vue les solutions.

Comment offrir au public une autre lecture du climat ? Quel angle de traitement adopter ? Comment produire une information climatique qui diffuse de la bonne humeur et l’envie d’agir ? Le journalisme de solutions a la réponse !

Gilles Vanderpooten, journaliste, directeur de l’ONG Reporters d’Espoirs vous partagera comment le journalisme de solutions peut inspirer les citoyens et leur redonner le goût de l’information.

L’IJNet est une initiative portée par le ICFJ (International center for journalists). Ce réseau international des journalistes a pour but de traiter des dernières actualités de l’innovation dans les médias. Applications mobiles d’information, outils, offres de formation, ainsi que des avis d’experts, l’IJNet met en avant l’actualité des acteurs du journalisme mondial.

Pour vous inscrire : https://bit.ly/3KViSf6

Pour retrouver toutes les actualités de l’IJNet : https://ijnet.org/fr

 

12/01/2022 . Télés, visions publiques, Rencontres sur l’avenir des télévisions publiques en Europe

By AgendaNo Comments

 

France Télévisions a organisé le 12 janvier à l’occasion de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, un colloque professionnel sur l’avenir de la télévision publique en Europe, animé par les journalistes Leïla Kaddour et Marjorie Paillon.

Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’Espoirs, a participé à la table-ronde « Singularités, pluralisme et exigences de la télévision publique »  aux côtés de :

• Katja Wildermuth, présidente de l’ARD (Allemagne)
• Clara Dupont-Monod, écrivaine
• Caroline Fourest, essayiste et réalisatrice
• Gilles Vanderpooten, directeur général de Reporters d’espoirs
• Bruno Patino, président d’Arte
• Mehdi Kerkouche, chorégraphe et metteur en scène

Cet événement à l’initiative de Delphine Ernotte Cunci, a accueilli également les présidents des sociétés de l’audiovisuel public européen, Marie-Christine Saragosse Présidente de France Médias Monde, Hervé Brusini, président du prix Albert-Londres, Abd Al Malik, Renaud Le Van Kim, producteur, fondateur de Brut, Tim Davie, directeur général de la BBC ou encore Teddy Riner.

 

  • Le programme de la journée :

-10h : accueil par Delphine Ernotte Cunci et les présidents des sociétés de l’audiovisuel public européen

-10h30 – 11h45 : le besoin d’un bien télévisuel commun

-11h45 – 12h30 : cartes blanches « 5 minutes pour convaincre »

Interlude : Alex Vizorek

-12h30 – 13h : Intervention de Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom

-13h – 14h15 : déjeuner libre

-14h30 – 15h30 : singularités, pluralisme et exigences de la télévision publique

-15h30 – 15h45 : intervention de Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Culture

-15h45 – 16h45 : et demain, la télévision publique ?

-16h45 : clôture et conclusion de Delphine Ernotte Cunci

 

Pour voir ou revoir les temps forts de ces rencontres :

Introduction de Delphine Ernotte Cunci

Face au dérèglement médiatique qui menace aujourd’hui les démocraties européennes, les médias publics sont la meilleure réponse d’avenir !

 

Première table ronde : le besoin d’un bien télévisuel commun

 

Seconde table ronde: singularités, pluralisme et exigences de la télévision publique

 

Troisième table ronde : et demain, la télévision publique ?

“Les gens n’attendent pas qu’on leur dise quoi faire ou que d’autres se chargent de résoudre les problèmes”, entretien avec Nicolas Dessaigne

By InterviewsNo Comments

LaFranceDesSolutions.fr est un moteur de recherche créé par Reporters d’Espoirs à destination des professionnels des médias. Son objectif : faciliter leur veille de contenus de solutions et d’initiatives pour les aider à enrichir leurs reportages, identifier de nouveaux angles, sujets, des projets concrets et pérennes. À l’occasion du lancement de cette plateforme de mise en relation des acteurs de solutions et des médias, nous mettons en lumière nos partenaires techniques, acteurs de la FrenchTech. Nicolas Dessaigne, ingénieur et entrepreneur, a co-fondé Algolia en 2012, un puissant moteur de recherche qui propulse de nombreux sites web dont LaFranceDesSolutions.fr, la plateforme de Reporters d’Espoirs offerte aux journalistes souhaitant faciliter leur veille d’initiatives et partager leurs reportages.

Read More