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journalisme de solutions

UNOC : Nice-Matin nous fait rencontrer  les « vigies de l’océan »

By Environnement, Interviews, L'actu des médias, Le Lab BiodiversitéNo Comments

A l’approche de la 3e Conférence des Nations unies pour l’océan (Unoc-3), qui se tient à Nice du 9 au 13 juin 2025, la rédaction de Nice-Matin prend le large. Avec « Les vigies de l’océan » elle propose une série de dix portraits de personnalités azuréennes. Skipper, apnéiste, océanographe ou photographe y racontent leurs passions, constats et espoirs. Objectif : parler de mer autrement. L’initiative mêle sensibilisation, participation citoyenne et journalisme de solutions. Explications par Sophie Casals, responsable des projets éditoriaux du journal.

Propos recueillis par Emma Baraban/Reporters d’Espoirs

photo : Sophie Casals interroge le biologiste et photographe Jean-Vincent Vieux-Ingrassia, l’une des dix vigies de l’océan, sur la plage de Beaulieu-sur-Mer. Crédit photo : Camille Devisi.

Emma Baraban : Comment est née cette série, et pourquoi avoir choisi de la construire autour de dix personnalités du monde marin?

Sophie Casals : Les grands sommets internationaux, comme celui de l’ONU sur l’océan, paraissent souvent lointains, techniques, voire déconnectés du quotidien. Aussi nous avons voulu rendre ce sujet plus proche, plus incarné. Comment parler de la mer à nos lecteurs ? Et surtout, comment le faire à partir de notre territoire, la Méditerranée, ses habitants, ses usages ? La réponse est venue naturellement : en donnant la parole à celles et ceux qui vivent la mer au quotidien, ici, sur nos rivages. Apnéiste, réalisateur, photographe, chercheur. Nous avons bâti une galerie de portraits à la fois variée et incarnée. Pas seulement des experts mais des voix capables de transmettre un attachement sensible, une émotion. On voulait parler à l’intellect et aussi donner à ressentir la mer, sa beauté, sa fragilité. Chaque entretien commence par une entrée intime : comment est née leur passion pour la mer ? Ensuite, on les amène vers les menaces qu’ils perçoivent et les solutions qu’ils imaginent.

Votre série adopte une posture constructive. Pourquoi ce choix ?

Nous faisons du journalisme de solutions depuis bientôt dix ans chez Nice-Matin. Cela ne veut pas dire qu’on nie les problèmes : au contraire, on les documente avec précision. Mais on sait que le constat seul ne suffit plus. Trop d’informations anxiogènes finissent par détourner les lecteurs. Pour qu’ils restent engagés, il faut leur donner le sentiment qu’ils peuvent, à leur échelle, avoir prise sur les événements. Nos vigies alertent sur la pollution plastique, la surpêche, la dégradation des petits fonds… Mais on ne s’arrête pas là. On leur demande aussi de formuler des propositions, de raconter ce qu’ils font déjà, et ce qu’ils attendent des décideurs, notamment à l’approche du sommet. Mieux consommer, mieux se déplacer, s’engager localement, se reconnecter à la mer. On ne minimise pas mais on ne désespère pas.

Pour aller plus loin, nous avons lancé, en parallèle, l’initiative participative « Ma proposition pour l’océan ». On a demandé aux lecteurs ce qu’ils proposeraient s’ils étaient à la table des décideurs. Et là encore, surprise : plus de 300 contributions, d’une grande qualité, venues de lecteurs de 15 à 80 ans, parfois très documentées. On a senti une attente forte : être écouté, pris au sérieux, participer.

Comment articulez-vous cette série avec le sommet de l’UNOC ?

Nous avons souhaité travailler en amont du sommet. Préparer le terrain, sensibiliser les lecteurs avant que l’actualité ne soit prise en charge par la couverture plus classique – les discours, la signature des traités. Pendant plus de deux mois, on a publié un portrait par semaine. À cela s’ajoutent un documentaire et une soirée de projection avec nos abonnés et les vigies. Tout cela pour inscrire les grands enjeux du sommet dans une réalité locale, concrète, méditerranéenne.

Nice-Matin est un média local, ancré sur une façade maritime. Cela nous donne une responsabilité particulière : ici, la mer est tangible, vécue. C’est un espace commun. Et lorsqu’on a demandé ce qui préoccupait nos lecteurs et leurs idées pour protéger la Méditerranée, ils ont répondu avec précision : pollution plastique, sur-tourisme, bétonisation du littoral et aussi création d’aires marines protégées, école de la mer itinérante, robots nettoyeurs pour les ports… Ce sont des enjeux à la fois locaux et globaux, qui figurent dans les priorités du sommet. C’est aussi pour ça qu’on a voulu exposer leurs propositions dans notre espace à l’UNOC. Il y aura les portraits de nos vigies et les contributions citoyennes les plus plébiscitées par les lecteurs – qui votent. On veut que ces paroles locales pèsent. Montrer que ce qui se dit ici a sa place dans un débat international. Et on souhaite que nos lecteurs, en retrouvant leurs préoccupations dans l’agenda du sommet, se sentent pleinement légitimes à participer, à s’exprimer, à interpeller. Un lecteur bien informé est un citoyen plus exigeant. C’est aussi ça, notre rôle.

Ce projet a-t-il changé votre regard sur le métier de journaliste ?

Oui. Il nous rappelle qu’on ne peut pas se contenter de transmettre des faits. Il faut aussi parler au cœur, montrer ce qui est beau, pas seulement ce qui est abîmé. Le biologiste et photographe Jean-Vincent Vieux-Ingrassia révèle aux lecteurs la vie insoupçonnée des petits fonds marins. Il montre qu’il y a de la vie dès les premiers centimètres d’eau. Ce type de récit surprend, émerveille, change les regards – et, parfois, le rapport à l’environnement. 

Ce projet renforce aussi notre conviction : le journalisme de solutions n’est pas un supplément. C’est une manière responsable d’informer, d’impliquer, de relier. Si l’on désespère nos lecteurs, on désespère aussi leur capacité à agir, à voter, à se sentir concernés. 

Enfin, on croit de plus en plus au journalisme participatif. Sur des sujets très concrets comme l’océan, associer les lecteurs permet de mieux comprendre les enjeux locaux, de recueillir leurs préoccupations et de valoriser leurs idées. Ils répondent présents. Et ils veulent être partie prenante de l’information.

Stage/apprentissage Rédacteur de contenus médias, science et environnement (F/H)

By RH, RH - OffresNo Comments

Stage / apprentissage – 6 à 12 mois – à partir de juillet 2025

***VOTRE MISSION : au sein du Lab Reporters d’Espoirs, vous contribuez à documenter et analyser d’une part des innovations éditoriales, d’autre part le traitement médiatique de thématiques environnementales, et à concevoir des contenus sur ces sujets. A travers vos missions, vous aidez les journalistes et rédactions à s’approprier les thématiques et méthodologies portées par Reporters d’Espoirs, et valorisez les initiatives médiatiques.

Journalisme de solutions : veille et production de contenus

  • Réaliser des interviews de journalistes, experts et professionnels des médias en France et à l’étranger
  • Alimenter une cartographie des initiatives prises par les médias
  • Mener une veille sur l’actualité du secteur médiatique

 

Lab Biodiversité : recherche et synthèse documentaire, proposition et rédaction de contenus

  • Proposer des angles et des formats
  • Réaliser des interviews d’experts de la biodiversité et de professionnels des médias
  • Réaliser une recherche documentaire et une bibliographie
  • Lire et synthétiser des documents à caractère scientifique (articles, études, sondages)
  • Contribuer à des études permettant d’analyser le traitement médiatique de la biodiversité
  • Proposer et rédiger des papiers d’analyse, des contenus sous divers formats pour nourrir le Lab, la revue et le site de Reporters d’Espoirs

 

***VOTRE PROFIL – Vous avez

  • Un intérêt pour l’information/les médias/le journalisme qui vous permettra de vous approprier la mission et les actions de l’organisation.
  • Un intérêt pour les questions de science / écologie pour vous approprier les sujets du Lab Biodiversité.
  • Un esprit d’analyse et de synthèse.
  • De la rigueur et de l’organisation dans votre travail.
  • Un bon niveau d’écriture et d’orthographe qui vous permet de rédiger et d’être lu.
  • Une approche pédagogique pour concevoir des contenus clairs dans une logique de formation.
  • Un bon niveau en anglais.
  • Un bon relationnel.
  • Un sens de l’initiative.
  • Un goût pour la créativité éditoriale et la recherche de formats de contenus.
  • Une aisance à travailler à la fois en autonomie et en équipe.

Une formation en journalisme scientifique est un plus.

Les profils scientifiques sont également les bienvenus, à condition de maîtriser la rédaction et les bases du travail éditorial.

 

***OU, QUAND, COMMENT ?

  • Lieu : Reporters d’Espoirs, Paris 1er arrondissement
  • Début : prise de poste entre juillet et septembre 2025
  • Durée : 6 à 12 mois
  • Format : stage ou apprentissage

Rejoignez-nous ! Transmettez-nous votre CV et motivations sur recrutement@reportersdespoirs.org

 

***NOUS

Reporters d’Espoirs. Nous agissons depuis 20 ans pour que l’information et les médias diffusent l’envie d’agir dans la société.

Concrètement :

  • nous identifions et contribuons à la visibilité médiatique (veille) des initiatives qui ont un impact positif sur : la vie des gens, le lien social, l’environnement, l’économie
  • nous rassemblons les médias à l’occasion d’événements physiques et médiatiques (La France des solutions : 20 millions de citoyens touchés avec 50 partenaires médias)
  • nous sensibilisons les journalistes et étudiants à la pratique du « journalisme de solutions » appliqué à des questions d’intérêt général (le climat, l’innovation sociale, la jeunesse…)
  • nous créons des outils pédagogiques et numériques pour analyser l’impact des médias et pour accroitre leurs portées (Le Lab, Le Plus)
  • nous mettons à l’honneur jeunes, journalistes, et innovateurs des médias (Le Prix)
  • nous publions une revue papier diffusée dans les Relay, et par abonnement.

 

Notre équipe comprend des journalistes, professionnels des médias et de la tech, communicants et organisateurs d’événements, gestionnaires de projets.

Journalisme de solutions : conférence destinée aux étudiants de l'ISCPA

Conférence à l’ISCPA : « Aujourd’hui beaucoup d’éléments nous poussent à être pessimiste, mais pourquoi ne pas faire le choix d’être optimiste ? »

By Agenda, Home, L'actu de Reporters d'Espoirs, L'actu des médiasNo Comments

Ce 4 avril, Reporters d’Espoirs a rencontré les étudiants de l’ISCPA dans le cadre d’une conférence sur le thème « Journalisme de solutions : levier de santé publique et de démocratie ». L’après-midi, animée par la responsable de formation Aude Ristat, a été consacrée à la présentation de cette approche ainsi qu’à un débat sur ses enjeux démocratiques entre Gilles Vanderpooten (Reporters d’Espoirs), Florence Gault (En un battement d’aile), Arthur Grimonpont (RSF), Sophie Casals (Nice-Matin) et Frédéric Duval (Lyon Positif). Reporters d’Espoirs remercie l’équipe de l’école, et particulièrement Thierry Kiefer, journaliste, enseignant et correspondant de l’association à Lyon.

A Lyon, le campus René Cassin du Groupe IGS -qui réunit de nombreuses écoles, dont l’Institut Supérieur des Médias (ISCPA)- fête ses 20 ans. Cette information peut difficilement échapper aux visiteurs et étudiants qui passent le sas d’entrée – y est effectivement orné en gros caractères “20 ans de réussites”. 

En 2004, l’association Reporters d’Espoirs voyait elle aussi le jour. A cette époque, l’ISCPA, née en 1991, avait déjà formé plusieurs générations de journalistes et connu des changements de cap importants dans ses enseignements face aux mutations touchant la profession. “C’est fou comme le métier change ne serait-ce que dans le rapport aux autres”, avance Aude Ristat, mi-déplorée mi-enjouée, devant l’amphithéâtre éponyme de l’éminent juriste ayant participé à l’écriture de la Déclaration universelle des droits de l’homme, responsable de formation. Mutations encore bien saillantes aujourd’hui et auxquelles l’école n’est pas hermétique. Elle fait même preuve de clairvoyance par l’organisation de cette conférence intitulée “Journalisme de solutions : levier de santé publique et de démocratie”. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’institut de référence en journalisme à Lyon initie ses étudiants au journalisme de solutions. Cette philosophie journalistique gagne en crédibilité aujourd’hui et se diffuse dans les rédactions et écoles ; 20 ans en arrière, les responsables de l’ISCPA n’auraient pas imaginé que la profession -au-delà des bouleversements techniques qu’elle a connus- serait à ce point questionnée dans sa substance même et que l’aphorisme d’Albert Londres “porter la plume dans la plaie” aurait à se réinventer. Reporters d’Espoirs émergeait alors. 

Biais de négativité 

Les étudiants de première et deuxième année du Bachelor Journalisme s’installent au compte-gouttes dans l’amphi. Les discussions vont bon train. On perçoit que l’ambiance y est chaleureuse ; le propre d’une école à taille humaine comparativement aux façons de faire universitaires. Quelques-uns échangent avec leurs professeurs. Des consignes sont rappelées. Des interviews à réaliser. On apprend sur le terrain, ici. Le ton, toujours amical et bienveillant. Une feuille d’émargement circule toutefois dans les rangs des fois que certains auraient mieux à faire. 

Ecole de contrôle ? A tempérer. Société de contrôle ? Assurément, et l’intelligence artificielle en est tenue pour responsable par Arthur Grimonpont, responsable du desk IA et enjeux globaux à Reporters sans frontières, qui ouvre les débats. Le ton devient Orwellien. L’audience, désormais silencieuse, est captivée. Jambes croisées, regard fixe et débit de parole élevé ; le calme dont fait preuve l’ancien consultant auprès de collectivités territoriales est frappant face aux réalités dystopiques qu’il énumère et qu’il a précisément étudiées, notamment dans son ouvrage « Algocratie. Vivre libre à l’heure des algorithmes » (Actes Sud, 2022). 

“L’IA joue un rôle prépondérant dans la diffusion et la structuration de l’information à l’échelle mondiale”, 

“Les règles du jeu propres aux algorithmes favorisent l’exposition de contenus diffamants, outranciers et basés sur la peur sur les réseaux sociaux”, 

“La majorité des contenus informationnels auxquels on accède sont recommandés par une IA qui poursuit un objectif économique clair : celui de l’accroissement des recettes publicitaires des géants de la technologie”. 

Le constat est sans appel, d’autant plus alarmant que l’intelligence artificielle intervient désormais dans la production même de l’information. Arthur Grimonpont, toujours de marbre : “D’ici quelques mois ou années, l’écrasante majorité des contenus du web seront générés par une intelligence artificielle”. Ici et là, quelques réactions s’élèvent dans l’assemblée. Lui poursuit son réquisitoire. Il finit par ponctuer “Demain, l’accès aux faits représentera un intérêt particulier”. Les étudiants se relâchent. L’espoir renaît. Place aux solutions. 

Journalisme de solutions 

“Qui a déjà développé des symptômes d’anxiété à la consultation régulière de l’actualité ?”. Sans surprise, une majorité de mains se lèvent dans le public. “Face à cette angoisse, qui a décidé d’arrêter de s’informer ?”, cette fois seules 3 mains se lèvent sur près de 70. Et pour cause, l’assemblée, constituée d’étudiants en journalisme, est foncièrement animée par l’information et du reste constitue des “cerveaux tout neufs”, dixit un quidam à l’avant de l’amphithéâtre. Florence Gault, journaliste derrière le podcast “En un battement d’aile”, expose la définition du journalisme de solutions : “un journalisme qui montre les réponses aux problèmes sociaux”. D’emblée, elle tient à ne pas considérer cette approche journalistique comme celle résultant d’un monde utopique à l’instar de celui des “bisounours”. « Il ne s’agit pas de faire de l’information type good news ». Des écueils à éviter ? « Ne pas considérer cette approche comme politique. Au contraire. En faisant du journalisme de solutions, on prône une certaine vision de la société mais il ne faut pas rentrer dans les travers de la politique” ou encore “Évoquer une initiative sans en faire pour autant sa communication”, développe la reporter de solutions et enseignante à l’ISCPA. 

S’en suit l’intervention de Gilles Vanderpooten qui, au détour de l’exposition de son parcours personnel, présente l’association pionnière du journalisme de solutions qu’il dirige : Reporters d’Espoirs. Son adage ? “Aujourd’hui beaucoup d’éléments nous poussent à être pessimiste, mais pourquoi ne pas faire le choix d’être optimiste ? Si l’on cherche des raisons d’opter pour l’un ou pour l’autre, on les trouve, elles sont là”. Cette association diffuse l’envie d’agir dans les médias. Concrètement, elle décerne des prix à des journalistes, produit des études sur le traitement médiatique de sujets de société, confectionne une revue qui met en exergue des acteurs de solutions, expose des initiatives via une plateforme intitulée “Le Plus” pour inspirer les journalistes… 

Sophie Casals, rédactrice en chef adjointe du groupe Nice-Matin, a notamment été inspirée par l’association. Depuis Nice, elle explique la décision du journal d’avoir entrepris l’ouverture d’une rubrique “Solutions” en 2014, alors que le quotidien est au plus bas et que les salariés le reprendront en main, de manière transitoire sous forme de coopérative : “On est là pour parler des problèmes, c’est notre métier au fond que de traiter des fait-divers. J’avais toutefois le sentiment à l’époque de faire mon métier sans aller au bout des choses, de façon incomplète. » Une approche qui engage les lecteurs assure-t-elle même si elle ne rivalise pas avec le sensationnalisme. Un choix éthique au fond car ces contenus davantage qualitatifs ne sont pas valorisés par les algorithmes des réseaux sociaux, dixit l’intervention de l’ingénieur Grimonpont. 

Un étudiant se demande : “N’est-il pas particulièrement difficile en France de faire du journalisme de solutions ? Un pays pessimiste par nature.” Frédéric Duval, fondateur de Lyon Positif, lui répond : “La France n’est pas le pays où il est le plus difficile de porter la casquette de journaliste. On a de la chance. Mais c’est vrai que dès que je me rends quelque part, on attend de moi un certain état d’esprit : que je sois positif tout le temps. Or, ce n’est pas toujours le cas.”

Une étudiante s’interroge également sur les limites de cette approche : « Durant la crise sanitaire, on a connu une période d’épuisement informationnel, comment chercher et trouver des solutions quand tout est noir ? »

« Je crois que bien des médias, durant cette période, ont péché à vouloir à tout prix interroger le “bon client” comme ce professeur qui a monopolisé le temps d’antenne et qui en vérité apportait des réponses douteuses. Certains journalistes ont réussi à le débunker, d’autres animateurs ou éditorialistes l’ont porté aux nues de façon abusive et sans contradicteur. Le journalisme de solutions n’est ici pas en cause, car il attend des preuves avant de considérer une initiative comme porteuse » étaye Vanderpooten. 

Une des forces du journalisme de solutions réside en effet dans sa capacité à reprendre le pouvoir sur les événements. Un journalisme à impact. Un journalisme performatif. « L’objectivité n’existe pas. Il faut viser l’honnêteté intellectuelle » déclare Duval à un étudiant du bachelor qui désire résorber la fracture entre citoyens et journalistes. Ce journalisme à « spectre large » a -qui sait ?- peut-être suscité de nouvelles vocations dans la salle ?

Pierre Girard lauréat du Prix Reporters d’Espoirs Vidéo 2023

By PrixNo Comments

 

Reporters d’Espoirs a décerné à l’occasion du salon Produrable son Prix Vidéo 2023 au journaliste scientifique et youtubeur Pierre Girard pour sa série « Field Trip ». Bien connu des téléspectateur d’ARTE, il est aussi l’auteur de la chaine indépendante « Tous Terriens ! » dédiée à l’agriculture, qui rassemble 30 000 abonnés, dont les vidéos atteignent jusqu’à 800 000 vues, et autour de laquelle il a su créer un espace de dialogue serein sur un domaine souvent sujet aux polémiques et invectives.

Pierre Girard, 40 ans, diplômé en 2002 de l’IJBA (Institut du journalisme de Bordeaux-Aquitaine) est depuis plus de 10 ans une figure-phare des émissions de vulgarisation scientifique d’ARTE. Après Xenius, « le magazine quotidien de la connaissance », ce sont les émissions Roots et Scope qui ont pris la relève et qu’il incarne sur le média franco-allemand.

En parallèle, il a créé sa propre chaine Youtube, « Tous Terriens », afin d’expérimenter librement de nouveaux formats sur un sujet qui le passionne : l’agriculture.

« Journaliste de solutions »

« On a tôt fait de condamner l’agriculture pour ce qu’elle fait ou ne fait pas. Dans mes reportages, je veux aussi montrer comment les agricultrices et les agriculteurs transforment leurs modèles » expose Pierre Girard, qui en est à son 38e reportage vidéo publié sur Youtube. Parmi les sujets qu’il aborde : « Blé résistant sans pesticides »,  « Agriculture photovoltaïque », ou encore « Sécheresse : irrigation et réserve d’eau ».

A l’été 2023, il a lancé une nouvelle série dédiée aux enjeux européens, « Field Trip » pour laquelle il réalise un tour d’Europe des alternatives aux pesticides. La motivation de ce « Field Trip », c’est la décision de l’Union européenne de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici 2030, et pour faire face à ce défi, la création par les scientifiques de 34 instituts d’une Alliance européenne de recherche.

Soucieux de cohérence, Pierre Girard estime que « reconnecter la société à la terre et à la science, c’est une tâche qui nous engage collectivement » et à ce titre, il a opté pour une production verte : « je ne voyage pas en avion et ne prends la voiture que dans les recoins non accessibles en train. Pas pour faire la morale aux autres, mais par souci de cohérence : je ne suis crédible en expliquant la transition que si je commence par la faire moi-même. Alors suivez-moi dans les champs, car c’est là qu’on prépare demain ! »

Pierre se revendique journaliste de solutions : « Nous journalistes sommes là pour éclairer le public sur des sujets complexes, pour leur permettre de prendre des décisions de citoyens en connaissance de cause. Je me demande ce que ça apporte à la société quand on oublie de donner à voir des solutions, des réponses, des expérimentations qui visent à remédier à des dysfonctionnements ».

« Il faut d’urgence lier État de droit et État social » – Marie Boëton, grand reporter à La Croix L’Hebdo et lauréate du Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale

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Marie Boëton est journaliste et grand reporter à La Croix L’Hebdo. Elle a été distinguée la semaine dernière en recevant le Prix Reporters d’Espoirs de l’innovation sociale 2023 avec son reportage « Avec Éco Habitat, accélérer la rénovation thermique ». Passionnée de droits humains, elle a longuement travaillé sur le sujet et détaille pour nous sa pratique journalistique.

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« On voit d’autant mieux les étoiles qu’il fait nuit » – Anne-Françoise de Taillandier, journaliste à Famille Chrétienne

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Anne-Françoise de Taillandier est journaliste à Famille Chrétienne. Issue d’une école de communication et d’abord passée par la publicité, elle s’est tournée vers le journalisme il y a deux ans et demi. Elle figure aujourd’hui parmi la pré-sélection du Prix Reporters d’Espoirs 2023 de l’innovation sociale avec son reportage sur « Pourquoi les Mureaux n’ont pas craqué », et nous raconte son parcours journalistique.

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Un premier prix européen du jeune reporter remis aujourd’hui à Marie Dougnac à l’occasion des Tribunes de la Presse de Bordeaux

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Marie Dougnac, 24 ans, est bordelaise. Diplômée en géographie à l’ENS de Lyon, elle poursuit ses études en tant que doctorante à l’université de La Rochelle. Passionnée de vulgarisation, elle réalise des vidéos de médiation scientifique sur la chaîne YouTube Archipel et s’intéresse depuis de nombreuses années au journalisme – elle a animé la webradio étudiante de son école, et fait un stage chez Radiofrance. C’est en entendant parler de Reporters d’Espoirs au Festival du journalisme de Couthures-sur-Garonne qu’elle a eu l’idée de candidater au Prix avec un reportage intitulé « La construction en terre crue, armée face au béton ? ».

Vous avez 5 minutes ?

>Pour lire gratuitement l’intégralité du reportage, rendez-vous sur le site du Journal Sud-Ouest, notre partenaire que nous remercions pour cette publication.

Vous avez 1 minute ? Voici les grandes lignes du reportage en bref :

« Et si on recyclait la terre des chantiers pour construire des bâtiments plus sains à l’impact carbone modéré ? C’est l’idée de Cycle Terre, coopérative francilienne subventionnée par l’Union Européenne, dont le projet à la fois social et écologique autour de la construction en terre crue a vocation à s’exporter dans d’autres pays européens, déjà séduits par cette initiative d’économie circulaire. »

  • La plupart des bâtiments que l’on construit depuis des décennies sont en béton, matériau très émetteur en carbone lors de sa fabrication et tout au long de son cycle de vie.
  • Or il existe une méthode alternative de construction, délaissée chez nous, qui reste pourtant la plus employée au monde : la terre crue.
  • Marie Dougnac en a exploré les opportunités à travers l’action de la société Cycle Terre, qui veut porter un projet à la fois écologique et social.
  • Les initiatives se multiplient en la matière, notamment en Autriche, Espagne, Belgique. Le potentiel est conséquent : rien qu’en région Ile-de-France, ce sont 22 millions de tonnes qui sont excavés chaque année, et demeurent très peu valorisées.
  • Il ne s’agit pas d’une solution absolue : il existe des limites à son développement, à la fois en termes techniques, de coût et culturelles.

 

« Ne pas aborder l’émotion, le côté humain, c’est passer à côté du sujet » – Caroline de Malet, journaliste au Figaro et chef de service du Figaro Demain

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Caroline de Malet est journaliste au Figaro. Chef de service du Figaro Demain, elle figure parmi les pionnières de l’économie sociale et solidaire dans les médias et a très tôt pris conscience de l’importance du journalisme de solutions. Elle aborde pour nous son parcours et son reportage sur « L’escrime thérapeutique pour exorciser les violences », qui se trouve en pré-sélection du Prix Reporters d’Espoirs 2023 de l’innovation sociale.

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« Le problème principal de l’Europe, c’est qu’elle se vend extrêmement mal » – Jon Henley, journaliste et correspondant au Guardian et membre du jury du Prix européen du jeune reporter

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Jon Henley œuvre au journal britannique The Guardian, pour lequel il a été correspondant dans plusieurs pays d’Europe au cours des trente dernières années. Membre du jury de notre Prix européen du jeune reporter en 2023, il aborde pour nous son parcours, sa vision de l’Europe et son expérience au sein de ce média indépendant.

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