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Maëlle Widmann

Portrait de trois femmes au parcours inspirant

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Dans « Ces jeunes qui font la Génération solutions », le dernier numéro de la revue Reporters d’Espoirs, nous mettons à l’honneur 24 jeunes qui vous font aimer 2024. Parmi eux, trois femmes d’exception…que l’on vous propose de découvrir dans cet article.


Léa Moukanas

Par Léonard de Carlo

«L’engagement n’a pas d’âge» – sous-titre de son dernier ouvrage «Je veux être utile» (éd. Robert Laffont, 2022) – résume son état d’esprit. L’entrepreneuse et auteure franco-libanaise Léa Moukanas, 24 ans, en a seulement 15 lorsqu’elle fonde l’association Aïda. À l’hôpital où est hospitalisée sa grand-mère, elle croise un jeune malade souffrant d’un cancer. Rencontre fondatrice qui préside à la création de son association. Neuf ans plus tard, 2 000 bénévoles âgés en moyenne de 19 ans ont été formés : ils accompagnent 2 200 jeunes dans plus de 60 hôpitaux en France dans leur combat quotidien contre la maladie, les souffrances physiques et les doutes existentiels. Un souffle d’espoir pour des milliers de 12-25 ans.

 

Claïna Clavaron

par Malika Souyah

C’est en avril 2023 que votre serviteur découvre Claïna Clavaron dans « Théorème/Je me sens un cœur à aimer toute la terre », d’Amine Adjina. Une pièce dans laquelle la jeune pensionnaire de la Comédie-Française incarne une Nour très lumineuse, et manie avec beaucoup d’aisance texte contemporain et tirades de Molière. « Comme j’étais une enfant assez timide, mes parents m’ont inscrite à un cours de théâtre quand j’avais 5 ans », partage l’artiste née en 2000 à Port-au-Prince, à Haïti. En 2019, un an après son bac et en parallèle de la Classe libre aux cours Florent, Claïna intègre la Comédie-Française en tant qu’artiste auxiliaire, avant d’en devenir pensionnaire en 2021. Sur les planches de la prestigieuse maison, elle incarne des personnages emblématiques de la comédie classique tels Gretel dans « Hansel et Gretel », des Frères Grimm, en 2021. Et des rôles plus contemporains aussi, comme celui de Claïna dans « D’où rayonne la nuit », de Yoann Gosiorowski, en 2022. Celle qui considère que « la force du théâtre, c’est de rassembler les gens » rêve d’incarner le personnage d’Esther dans la pièce éponyme de Racine. « C’est une pièce fabuleuse qui parle d’une jeune femme qui veut sauver le peuple juif d’un tyran. Elle a 16 ans, et elle a tellement foi en son Dieu qu’elle arrive à faire bouger les éléments pour sauver les siens. Elle a une force incroyable et les vers sont poignants. » En attendant, on peut la découvrir au Français en Hyacinthe dans « Les Fourberies de Scapin », de Molière, mise en scène par Denis Podalydès, jusqu’au 19 juin. Ou encore en Dacha dans « Les Démons », de Dostoïevski, dans une mise en scène de Guy Cassiers, jusqu’au 22 juillet.

Coline Debayle

Par Paul Chambellant

Lancer des projets entrepreneuriaux innovants, c’est tout un art que Coline Debayle, cofondatrice d’Artips et de Team for the Planet, 34 ans, semble maîtriser à la perfection. D’un côté, Artips, site web qui vise, depuis 2012, à vulgariser la culture générale au travers de trois newsletters hebdomadaires retraçant une œuvre d’art célèbre ou inconnue. De l’autre, Team for the Planet, entreprise fondée en 2019 qui veut lever un milliard d’euros pour créer 100 entreprises aptes à lutter efficacement contre le changement climatique. Si ces deux «licornes» l’ont propulsée sur le devant de la scène entrepreneuriale, elle accumule depuis les casquettes : accompagnatrice de projets à impact, coach pour des «intrapreneurs publics» et start-ups d’État, ou encore conférencière en entreprise par TedX.

« Peu de personnes s’engagent du jour au lendemain quatre heures par semaine dans une association. Il faut tester pour y prendre goût. 18 000 missions sont disponibles sur JeVeuxAider.gouv.fr pour toutes et tous ! » – Benjamin Richard

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Benjamin Richard est le responsable de la plateforme numérique jeveuxaider.gouv.fr, créée au sein de la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, et du Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse. La plateforme publique du bénévolat met en lien 18 000 missions d’intérêt général avec les 550 000 citoyens inscrits qui souhaitent s’engager.

Dans quel contexte cette plateforme a-t-elle été créée ?

La plateforme a émergé dans un contexte de crise. Sa création s’est faite au moment du Covid, comme beaucoup de services de solidarité. Mais son idée remonte aux attentats de 2015, lorsque la Réserve Civique a été mise en place.  On a remarqué qu’il fallait faire face à de fortes envies et besoins de mobilisations au moment des crises, à l’image de l’accueil des réfugiés ukrainiens par exemple. L’Etat a voulu faciliter l’engagement des citoyens sur ces grandes causes.

Quelles ont été les évolutions de la plateforme depuis sa création ?

On a remarqué qu’outre les élans de solidarité dans les moments difficiles, l’engagement sur le long terme, au quotidien, était plus difficile. Or les associations ont aussi besoin d’un engagement régulier. De nombreuses structures cherchent des compétences particulières : un secrétaire, un trésorier, ou quelqu’un du monde juridique ou informatique par exemple.

Comment donner aux gens l’envie de s’engager ?

Je suis partisan de donner l’envie par l’exemple et par l’action. Peu de personnes s’engagent du jour au lendemain quatre heures par semaine dans une association. Il faut tester pour y prendre goût. Le premier pas, c’est de lever les freins ou les craintes : montrer que ce n’est pas nécessairement chronophage, qu’il y a des missions qui correspondent aux attentes de chacun. On doit goûter à la sensation d’être utile, à la proximité avec les gens.
La plateforme est conçue pour que les recherches soient facilitées. Il y a une grande variété de missions proposées, que ce soit près de chez soi ou à distance, sur des temps d’engagement longs ou courts. 28% des bénévoles réalisent leur première mission grâce à notre plateforme, et plus des deux tiers continuent leur engagement par la suite.

Qu’est-ce que les gens retirent de leur expérience ?

Il y a mille et une raisons de s’engager. La première est un attachement à la cause, et le sentiment d’être utile à la société. Mais il y a d’autres motivations : acquérir des compétences, faire des rencontres, se créer un réseau, sortir de chez soi… Chaque raison est légitime. On a l’idée reçue que l’engagement serait quelque chose de sacrificiel, qui coûte beaucoup. En réalité, on en tire beaucoup de bénéfices personnels et il faut l’assumer. L’engagement, on le fait pour les autres ainsi que pour soi.

Votre plateforme met en lien la population non seulement avec les associations, mais aussi avec d’autres acteurs ?

11 000 associations sont inscrites sur la plateforme, et nous regroupons 13800 structures en tout. Il y a des collectivités territoriales, comme des communes ou des départements, des organisations publiques, des CCAS, des EPHAD… Tout acteur à but non lucratif et portant un projet d’intérêt général est le bienvenu sur la plateforme. L’engagement n’est pas propre aux associations, beaucoup d’acteurs y concourent.

Quelle tranche d’âge est la plus représentée parmi les bénévoles ?

Ce sont les jeunes. Sur 550 000 personnes inscrites, la moitié a moins de 30 ans. Nous ne les ciblons pas particulièrement, mais cette nouvelle génération vient à nous plus naturellement. Ce qui n’empêche pas que toutes les générations soient représentées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le service numérique n’est pas un frein à son utilisation par les plus de 60 ou 70 ans. La plateforme a l’avantage d’être très simple : en quelques clics, on est en relation avec une association et on peut aller rapidement sur le terrain. Il y a un côté concret et pragmatique qui plaît à tout le monde, bénévoles comme organisations d’ailleurs.

Comment développer l’envie de s’engager ?

Notre fil rouge, c’est la conviction qu’il existe une manière de s’engager qui correspond à chacun. On va chercher les personnes qui se sentent éloignées du bénévolat dans les endroits où les associations ne vont pas forcément. A ces personnes, on pourra proposer du bénévolat à distance, même si notre objectif est bien sûr de soutenir la dynamique associative partout. Pour faire connaitre notre service public numérique, nous sommes présents sur de nombreuses plateformes en ligne, comme des sites d’orientation ou des forums d’emploi. On intervient en milieu scolaire, dans des forums associatifs, au sein de divers événements. Une grande campagne d’affichage a également été mise en place dans les réseaux de transports des métropoles. Nous avons enfin des relais dans des médias.

Comment les médias peuvent-ils aider?

Nous développons des partenariats avec des médias, avec des rubriques « engagement » à côté des articles. J’ai la conviction que leur lecture donne aux gens l’envie d’agir. L’actualité nous laisse parfois désemparés donc on essaye de montrer qu’il existe des moyens d’agir à notre petite échelle. Par exemple, après un article qui parle des évolutions de la pauvreté, nous pouvons mettre en valeur des missions de distribution alimentaire ou de maraude à proximité. Notre utilité, c’est d’être à rebours du pessimisme ambiant, de montrer qu’on a des moyens de dépasser certains obstacles. Le bénévolat, c’est la joie en action. On entend toujours que la jeunesse ne fait rien, mais on constate exactement l’inverse à travers son engagement.

Propos recueillis par Maëlle Widmann pour Reporters d’Espoirs

« L’exposition à la lumière est bénéfique pour notre santé… à certaines conditions ! » Pierre Cesarini

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Pierre Cesarini est le directeur délégué de La Sécurité Solaire (www.soleil.info), une association dont le but est de sensibiliser et prévenir les risques de la surexposition au soleil. Son père, le Docteur Jean-Pierre Cesarini, chercheur à l’INSERM et spécialiste du mélanome, a fondé cette association il y a tout juste 30 ans avec un groupe de scientifiques. Parmi ses actions : la diffusion des Indices de rayonnement UV, l’éducation solaire des jeunes générations, la prévention en milieu professionnel, ou encore la lutte contre la propagation des cabines de bronzage. Le tout avec le soutien d’institutions comme l’INCa, des ARS, l’INSERM, Météo-France, les entreprises contre le cancer, ou la Ligue contre le cancer (92).


Quels sont les effets positifs des rayons du soleil sur notre mental ?

La partie visible du rayonnement offre des bénéfices qui nous semblent naturels : la lumière nous permet de voir les couleurs, les formes, et donc de nous déplacer dans l’espace. L’exposition à la lumière entraîne la production d’hormones bénéfiques pour notre santé. La dopamine booste notre énergie. La dépression hivernale, qui est un type spécifique de dépression, représente environ un quart des dépressions. Par exemple, on le voit chez les populations qui vivent au-delà des 60 degrés de latitudes dans le nord, là où le soleil ne dépasse pas l’horizon vingt heures par jour. En France, cette dépression saisonnière représente seulement 1% des types de dépression.

Physiquement, en quoi les rayons du soleil nous sont essentiels ?

Parmi les rayons du soleil, les UV, favorisent à doses modérées la synthèse de vitamine D. Cette vitamine permet notamment de fixer le calcium sur les os. C’est donc important, en particulier pour les enfants. Des études ont également montré que la vitamine D était essentielle pour notre système immunitaire.

Comment profiter de ses bénéfices sans se mettre en danger ?

Le premier conseil, c’est de ne jamais aller jusqu’au coup de soleil. Outre les risques à long terme et la douleur qu’il engendre, le coup de soleil est, dans tous les cas, délétère. Pour des doses reçues supérieures au coup de soleil, l’effet est contreproductif, car l’organisme détruit alors la vitamine D. Il faut aussi savoir adapter selon son type de peau. Les peaux noires ont tendance à absorber difficilement les UV, et donc l’organisme ne produit parfois pas assez de vitamine D. Les peaux très claires doivent en revanche être prudentes et se protéger efficacement quand le rayonnement est puissant. En la matière, attention ! s’appliquer de la crème solaire n’est pas la première chose à faire. Outre que certains de ses ingrédients sont montrés du doigt par certains car ils pourraient perturber le système endocrinien et entraver la croissance des coraux, la crème solaire doit surtout venir compléter la protection vestimentaire, pas la remplacer. Le mieux étant toujours de rester à l’ombre.

Comment faire de la prévention efficace ?

Les leviers à activer sont multiples et dépendent beaucoup des profils d’individus que l’on cherche à atteindre. Mais globalement, l’éducation est le moyen le plus unanimement reconnu pour faire prendre conscience des risques et adopter des pratiques plus favorables à sa santé. Mais cela demande du temps et des moyens. En France, même si nous avons réussi à ralentir l’augmentation du nombre de nouveaux cas de mélanomes, ce n’est pas suffisant. En Australie, pays tropical où l’essentiel de la population a la peau claire, les moyens mis dans la prévention sont beaucoup plus importants. En plus, celle-ci passe aussi par la loi. Par exemple, les lampes à UV y sont interdites. L’ombrage des cours d’écoles est obligatoire, les employeurs sont réellement obligés de protéger les « outdoor workers »…Grâce à cela, les Australiens ont réussi à inverser la courbe. Le nombre de nouveau cas de mélanomes diminue maintenant pour toute une catégorie de la population.

Quels sont les effets des trous dans la couche d’ozone ?

C’est une question complexe qu’il faut aborder dans le cadre plus global du dérèglement climatique. Nous espérons une régénérescence de la couche d’ozone du fait de l’arrêt des rejets de CFC, ces gaz qu’on trouvaient dans les réfrigérateurs, congélateurs, climatiseur et bombes à aérosols d’anciennes générations. Mais le réchauffement en cours est responsable d’incendies de plus en plus nombreux et étendus. Les cendres rejetées dans l’atmosphère abiment la couche d’ozone. Autre problème posé par le réchauffement : le comportement de la population qui a tendance à agir dès le début du printemps et de l’automne comme en plein été. Or, il faut savoir que l’intensité des UV est déjà significativement élevée en avril comme en septembre, et qu’elle est à son niveau maximum de mai à août.

Propos recueillis par Maëlle Widmann pour Reporters d’Espoirs

« Le titre-restaurant, c’est un bel exemple du dialogue social français. Il faut développer cette culture du consensus » – Youssef Achour

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Youssef Achour est le président de la société coopérative UpCoop et du groupe Up dont il a gravi tous les échelons ces vingt-cinq dernières années. Patron engagé, élu par les salariés et porté par les valeurs de l’économie sociale et solidaire, il est aussi président de la CRESS Île-de-France (Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire). La Scop* qu’il dirige a rejoint Reporters d’Espoirs comme mécène au début de l’année 2024. Aussi, nous avons voulu l’interroger sur le groupe singulier qu’il dirige, et plus largement sur l’engagement des entreprises de France. Sans oublier de le questionner sur son rapport à l’information.


Tout le monde ou presque côtoie UpCoop au quotidien … mais sans véritablement le savoir. Le chèque déjeuner, c’est vous ! Et ça fait 60 ans que ça dure.

Effectivement, nous avons débuté avec la marque Chèque déjeuner en 1964, qui a démocratisé l’accès à la restauration du midi et permis aux salariés qui déjeunaient à l’extérieur de prendre un repas de qualité dans un lieu de leur choix. Le titre-restaurant, c’est un vrai exemple de ce que le dialogue social dans l’entreprise, entre salariés et direction, permet de construire. C’est le fruit d’un accord obtenu au terme d’une négociation constructive entre partenaires sociaux, et l’impact est positif pour tous. Pour les salariés c’est du pouvoir d’achat additionnel, puisque les entreprises prennent en charge 60% ou 50% de la valeur du titre et pour l’employeur, c’est un levier d’engagement, de cohésion, de qualité de vie au travail et de marque employeur. Nous en sommes très fiers, car le titre restaurant nous a permis de nous ancrer dès le début dans une mission d’intérêt général et d’utilité sociale auprès des entreprises.

Comment un tel produit a pu se mettre en place ?

C’est grâce à la coopération de tous les acteurs. Il faut d’abord un Etat volontaire, qui met en place des mesures incitatives pour que l’entreprise et les salariés trouvent un intérêt commun. Il faut donc des entreprises qui décident, dans le cadre du dialogue social, d’améliorer le pouvoir d’achat et la qualité de vie de leurs salariés. Il faut aussi des restaurateurs, bien entendu, qui accepteront le paiement via ce support. Et pour coordonner le tout, un tiers de confiance : c’est nous ! Notre rôle est d’assurer le bon fonctionnement de tout l’écosystème et des flux qui y transitent. Lorsque le restaurateur reçoit et accepte le titre restaurant, il a confiance car il sait qu’il sera remboursé.

Outre les titres restaurants, qu’y a-t-il derrière ce groupe ?

Désormais, avec la digitalisation du titre-restaurant, on est à 1,2 million d’utilisateurs chaque jour. Avec le temps, nous nous sommes diversifiés en déployant d’autres titres spéciaux de paiement destinés à de l’achat plaisir-cadeau comme UpCadhoc par exemple : longtemps, les entreprises offraient via leur comité d’entreprise des paniers-cadeaux présélectionnés. Maintenant, avec le titre UpCadhoc, le salarié achète le cadeau qu’il souhaite offrir, ce qui donne une plus grande liberté. Nous avons élargi le dispositif à d’autres secteurs, comme ceux de la culture, du sport, de la lecture et de l’action sociale.

Ce que l’on connait moins, c’est toute l’activité qui nous permet d’accompagner les pouvoirs publics, collectivités et associations dans le versement des aides sociales aux personnes les plus démunies par exemple, de manière ciblée et sécurisée. Et nous nous sommes aujourd’hui déployés dans 25 pays.

Il y a tout juste deux ans, vous appeliez, avec Biocoop, à la création d’un chèque alimentaire « qui permette aux plus démunis d’accéder à une alimentation de qualité tout en préservant leur liberté de choix dans la consommation ». Où en est-on ?

Cela fait des années qu’on travaille sur l’idée du chèque alimentaire. Selon nous, l’Etat doit donner à chacun la possibilité d’accéder à la société de consommation. On imaginait un produit qui serait commandé par les collectivités locales pour être distribué aux personnes en situation précaire ou fragile. L’idée est de répondre au droit fondamental à se nourrir, en laissant la liberté aux bénéficiaires d’acheter dans n’importe quel commerce, ce qui permet au passage d’éviter la stigmatisation des files d’attentes aux banques alimentaires. On a d’abord testé le dispositif à l’échelle locale, puis travaillé avec Biocoop pour l’élargir au plan national. Nous avons voulu montrer la faisabilité du dispositif, pour que le gouvernement s’en empare et le généralise – comme l’avait annoncé le Président de la République en 2022. Hélas, le ministère de l’économie et des finances a décidé d’enterrer ce dispositif. Pour UpCoop, les expérimentations locales continuent, notamment à Dijon, à Montreuil et dans le Gers, mais il n’y a plus – pour l’heure – l’ambition politique nationale que nous espérions.

Vous dirigez la plus grande SCOP – société coopérative et participative – de France. A l’heure où l’on parle de partage de la valeur, et d’augmentation des salaires face à l’inflation, c’est un modèle qui fait la différence pour les salariés ?

Nous sommes la plus grande SCOP de France en termes de chiffres d’affaires, avec près de 750 salariés- coopérateurs de l’entreprise. Ils participent au processus de gouvernance, à la prise de décision, élisent le conseil d’administration parmi leurs pairs et 45% du résultat leur est redistribué.

C’est un exercice complexe mais passionnant que de perpétrer ce modèle de groupe coopératif. Il faut une volonté et une vision politique. Il faut aussi faire cohabiter ceux qui n’ont pas les mêmes intérêts ni le même statut dans un même groupe composé au global de 3 250 salariés. En se développant à l’international, le groupe a repris des entreprises dont les salariés n’ont pas la culture coopérative. Prenez nos filiales dans les pays de l’Est par exemple : ces entreprises, marquées par leur histoire, ne tiennent pas à redevenir des coopératives car cela ne leur évoque pas que de bons souvenirs. Cela ne nous empêche pas de les inciter à développer à la fois la place du dialogue social et la concertation en invitant des salariés à participer à leur conseil d’administration. Là où il faut généralement 1000 salariés dans une entreprise pour que ces derniers soient représentés au Conseil d’Administration, chez nous, les salariés ont des représentants qui participent aux instances y compris dans nos petites filiales.

Se crée-t-il encore des SCOP et des coopératives aujourd’hui en France ? Encouragez-vous cette création ?

Oui, il se crée des coopératives et nous souhaitons qu’il y en ait davantage. Cela étant, être une coopérative signifie s’engager sur le principe « une personne égale une voix » à la place de « une action égale une voix ». C’est compliqué dans un monde imprégné d’une forte culture capitalistique, où c’est le capital financier qui détermine votre pouvoir de décision ou d’influence dans une entreprise.

Aussi je pense qu’il faut surtout tendre à poursuivre l’essaimage dans la société actuelle des valeurs coopératives et des valeurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), qui sont des valeurs de modernisation. Prenons quelques exemples : dans la plupart des entreprises, 90% à 95% des personnes ont des idées mais on ne les sollicite pas ; le principe de l’objectif individuel cultive la priorisation des intérêts personnels ; les salariés ne sont pas suffisamment associés aux décisions et intéressés au résultat collectif. Aujourd’hui, la jeune génération est en quête de sens. Les jeunes ont envie d’être associés au fonctionnement de l’entreprise, ils ont envie de plus de participatif. Je pense que cela va se développer ; il se trouve que les valeurs et pratiques historiques de l’ESS correspondent aux enjeux de la société actuelle et aux attentes des individus. Les résultats du Groupe Up témoignent que ces pratiques n‘altèrent en rien l’efficacité de l’entreprise.

Quel est votre rapport personnel à l’information et aux médias ? Comment vous informez-vous ?

J’écoute en permanence les informations. Mon réveil du matin, dès 6h, c’est la radio. Je commence en général par France Inter, avant de zapper sur d’autres chaînes, avec lesquelles je suis souvent en désaccord avec la ligne journalistique. C’est pour moi la seule façon de prendre le pouls des choses, d’entendre d’autres façons de penser les sujets de société. Avant, j’adorais dévorer la presse écrite. Avec la digitalisation, j’avoue avoir perdu l’habitude de la lire. C’est pourtant plus simple, plus accessible. Mais je ne prends plus le même plaisir qu’avec le papier. Il faut que je me réhabitue !

Vous qui avez fait des études d’économie et de finances, trouvez-vous que les médias sont suffisamment curieux d’économie et d’entreprise ?

Je trouve que les médias parlent de plus en plus d’économie, et traitent le sujet de mieux en mieux. Mais il y a trop souvent la recherche  d’alimenter un côté anxiogène des informations économiques ou sociales. Les médias ont une responsabilité énorme sur la santé mentale de la population. C’est plus facile de parler des trains qui arrivent en retard plutôt que des trains qui arrivent quotidiennement à l’heure. Prenez le sujet de l’intégration : on préfère parler des 20% d’échec plutôt que des 80% de réussite. C’est là que Reporters d’Espoirs est important ! Si on n’offre que de l’information anxiogène, on crée une société avec une vision réductrice et protectionniste du monde. C’est donc essentiel de mettre plus en avant ce qui fonctionne. Si tu ne crois plus en rien, tu te désintéresses de tout et tu n’exerces plus ta citoyenneté.

Propos recueillis par Gilles Vanderpooten et Maëlle Widmann/Reporters d’Espoirs.

*Société Coopérative et Participative

Prix européen jeunes Reporters d’Espoirs : ne manquez pas notre webinaire d’information !

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Avis aux candidats du Prix européen jeunes Reporters d’Espoirs : nous vous invitons à un webinaire d’information le lundi 8 juillet à 18h pour un échange autour du Prix.

Au programme :

  • Présentation du Prix européen jeunes Reporters d’Espoirs
  • Temps d’échange avec questions / réponses
  • Témoignage d’une lauréate de l’édition 2023

Voici le lien du webinaire.

A bientôt !

L’équipe de Reporters d’Espoirs

Ce que candidater au prix Reporters d’Espoirs m’a appris – Pierre Terraz

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Pierre Terraz est un jeune journaliste indépendant, qui parcourt le monde pour couvrir les conflits, de la guerre en Ukraine à la guerre civile en Birmanie, en passant par la guerre entre Israël et le Hamas, ou le conflit kurde en Turquie du Sud-Est. Talentueux lauréat du Prix européen Jeunes Reporters d’Espoirs 2023, il a aussi remporté le prix de la fondation Varenne et la bourse Lagardère.


Comment as-tu pris connaissance du Prix Européen Jeunes Reporters d’Espoirs ?

Je cherchais sur internet des concours et bourses auxquels candidater. Je suis tombé dessus en tapant « prix jeune ».

Qu’est ce qui t’as donné envie de postuler à ce prix en particulier ?

J’avais déjà postulé l’année d’avant, mais je savais que mon article ne correspondait pas aux critères. Entre temps, j’ai réalisé mon reportage Morts sous X, qui me paraissait plus approprié pour postuler une deuxième fois. Le prix présente beaucoup d’avantages. La dotation est généreuse. De plus, il y a une richesse dans l’accompagnement. Lorsque j’ai présenté ma première version, on m’a conseillé de comparer la situation française avec celle d’autres pays pour intégrer la dimension européenne. C’est à partir de là que j’ai trouvé les solutions. J’ai remarqué que le nombre de morts inconnus en Belgique est beaucoup moins élevé qu’en France, et j’ai vu ce qui était mis en place pour lutter contre ce phénomène. Le prix a une visée pédagogique, ce qui est un réel avantage.

Surtout pour toi qui n’a pas fait d’école de journalisme, ça te permettait de te former en même temps ?

Oui, j’étais en RH [ressources humaines] au CELSA. Au moment de trouver un stage, j’ai postulé dans des rédactions parce que je ne voulais pas faire RH. J’ai été pris au service Culture du Figaro, puis à celui de Libération. L’accompagnement proposé permet aussi d’avoir un regard extérieur sur son travail, c’est formateur. J’ai vu une nette amélioration entre la première version de mon article et la deuxième. J’avais entendu parler du journalisme de solutions, mais avant cela je n’avais pas la méthode.

Quels autres bénéfices tires-tu de cette expérience ?

Le réseau est un autre avantage de ce prix. J’ai par exemple sympathisé durant la soirée de remise du prix avec le dessinateur Serge Bloch. On a échangé nos contacts, on s’est revu après. Il m’a présenté aussi à d’autres personnes. Ça crée du lien avec les gens du milieu.

Un conseil aux prochains candidats ?

Je les encourage vivement à lire les reportages de l’année précédente, ce qui, personnellement, m’a été fort utile pour mieux saisir ce qui était attendu.

 

Propos recueillis par Maëlle Widmann pour Reporters d’Espoirs

Christophe Agnus président du jury du 26e Prix Cap’Com de la presse et de l’information territoriale

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La coopérative Cap’Com lance en 2024 la 26ème édition de son prix de la presse et de l’information territoriale, qui récompense la publication d’une institution publique ou d’une collectivité. L’occasion de mettre en avant la qualité du travail des professionnels de la communication publique, et d’observer les tendances du secteur. L’évènement en ligne de remise du prix se tiendra le vendredi 28 juin.

Christophe Agnus, président du Grand Jury 2024

Cette année, le grand jury est présidé par Christophe Agnus, vice-président de Reporters d’Espoirs. Auteur, éditeur, journaliste, ex grand-reporter à L’Express, son expérience lui permettra d’avoir un regard acéré sur les publications de communication publique. Un jury pro et un jury étudiant sont également sollicités pour ce prix.

Le prix de la presse et de l’information territoriale se décline en sept catégories :

  • Prix du projet éditorial
  • Prix de la plume d’or
  • Prix de l’iconographie
  • Prix de la conception graphique
  • Prix de la Une
  • Prix es publications internes
  • Prix des petits poucets

Pour en savoir plus, la liste des nommés est publiée sur le site Cap’Com. Pour assister à l’évènement du 28 juin, l’inscription est gratuite.

21.06.2024 : Reporters d’Espoirs en conférence à l’Université Bayard

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L’Université Bayard, un lieu d’échange pour les salariés

Il y a plus de vingt ans, le groupe a créé l’Université de Bayard, ouvert à tous ses salariés. Une fois par mois, des ateliers, conférences ou rencontres ont lieu sur des grandes thématiques en lien avec l’entreprise. Cette initiative a pour ambition de tourner l’entreprise vers l’extérieur, en accueillant des chercheurs et spécialistes venant de différents horizons. Le 21 juin, c’est le vice-président de Reporters d’Espoirs, Christophe Agnus, qui animera une conférence sur le journalisme de solutions.

« Ces jeunes que nous formons à la science et aux technologies sont des graines de transformation des grandes écoles et entreprises. » – Gérald Peyroche   

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On répète à l’envie que les Français seraient mauvais en maths et en sciences… question de méthode ? Des initiatives originales témoignent qu’il est possible de faire aimer ces disciplines, y compris de personnes en difficulté scolaire. C’est le cas de l’Institut Villebon – Georges Charpak, étrangement méconnu (notamment des journalistes) qui, à condition que la curiosité et la motivation soient là, conduit 95% de ses étudiants vers une école d’ingénieur ou un master.  

Nous avons échangé avec Gérald Peyroche, professeur à l’ENS de Paris-Saclay, et directeur de l’Institut. Nous avons découvert l’initiative grâce à Chantal Monvois, qui de la direction de la Fondation Vinci pour la Cité à celle d’AgroParisTech en passant par les programmes de l’ONG de solidarité internationale GRET, est compagnonne de route de Reporters d’Espoirs depuis près de quinze ans.  


Qui sont les jeunes accueillis par votre Institut et qu’y trouvent-ils ?  

Ce sont des bacheliers, pour la plupart démotivés voire en rupture avec le parcours académique ou en situation de handicap, intéressés par les sciences mais peu à l’aise avec l’enseignement classique. Ils viennent à l’Institut pour préparer une Licence Sciences et Technologies en bénéficiant d’une pédagogie innovante.  

Nous demandons aux candidats de remplir un questionnaire qui porte sur leur motivation et leur appétence pour les sciences. Nous ne retenons pas ceux qui ont eu de trop bonnes notes au bac, pour nous concentrer sur notre mission : offrir à des jeunes d’une grande diversité la possibilité de dépasser les obstacles qui les freinent, en vue de poursuivre ensuite une formation scientifique en master ou en école d’ingénieur. 

L’Institut ne convient pas à tous les profils. Nous organisons donc des journées de recrutement où les candidats sont pris en main par nos étudiants actuels et vivent une épreuve sous forme d’atelier collectif, pour vérifier leur capacité à travailler avec les autres. Tout étudiant qui nous rejoint doit être ouvert, curieux et capable de travailler en groupe. Chaque étudiant peut et doit apporter quelque chose au collectif.  

En quoi les méthodes pédagogiques que vous créez sont-elles différentes, innovantes ?  

Le nom de l’institut provient du prix Nobel Georges Charpak. Ce physicien a mis au point une méthode d’enseignement appelé « la main à la pâte », qui propose une alternative à l’enseignement traditionnel. Elle préconise de commencer par le pratique pour aller vers le théorique. Cette méthode a été pensée pour les élèves de primaire et de collège, nous l’avons adaptée aux études supérieures comme ingrédient d’une formation inclusive. Un tiers de nos cours sont dispensés de cette manière.  

Autre exemple de notre manière d’innover : un cours de maths peut comporter trois modules, avec trois niveaux différents d’autonomie proposés aux étudiants. Cette méthode permet de ne pénaliser ni les plus faibles, ni les plus forts, car chacun avance à son rythme et choisit la méthode qui lui correspond. On constate que les étudiants sont plus performants dès lors qu’ils sont ainsi acteurs de l’enseignement. 

Nous suivons les travaux de chercheurs comme le physicien Julien Bobroff, enseignant à l’Université Paris Saclay, récompensé par le CNRS en 2022 pour son travail sur la médiation scientifique. Il a créé des collaborations étonnantes avec des designers pour expliquer la physique quantique. Nous examinons avec lui comment ce genre de méthode peut être repris dans un objectif pédagogique à l’Institut, pour ensuite les essaimer si elles fonctionnent.  

Vous défendez un modèle d’innovation frugale et peu couteux.   

Notre but est de faire de la recherche sur notre propre terrain, atypique et sur d’autres terrains de l’enseignement supérieur, afin de révéler des éléments applicables dans différents contextes.  

Pour cela, en 2019, l’Institut s’est doté d’un Centre d’Expérimentation Pédagogique, qui attire chaque année environ 150 acteurs. Le but est de tester des méthodes, et de les valider par la recherche. L’innovation pédagogique a la réputation de demander beaucoup de moyens techniques et financiers. Ici, on fait le pari de l’innovation pédagogique frugale : il faut que ce soit simple et peu couteux pour pouvoir s’implanter dans tous les contextes d’enseignements, même là où il n’y a pas beaucoup de moyens. Les innovations peuvent être reprises, il faut juste s’en emparer. 

Vous suivez de près chaque étudiant. Est-ce que cet encadrement est un gage de réussite ? 

En effet, tout ne se joue pas dans les salles de classe. Il y a par exemple une obligation d’entraide des étudiants qui fait que chacun peut se retrouver en position d’aidant ; l’équipe pédagogique est très engagée notamment pour lever d’éventuelles inquiétudes concernant l’insertion professionnelle ; un système de tutorat est dispensé par les étudiants des grandes écoles partenaires comme l’ENS Paris-Saclay, l’Institut d’optique graduate school, l’ENSTA, CentraleSupélec, l’Agro ParisTech  ou encore Polytechnique. De plus depuis 10 ans, 350 parrains et marraines issus des entreprises mécènes accompagnent les étudiants. Cette présence permet de dédramatiser l’angoisse professionnelle, et de mettre en avant l’importance de travailler telle ou telle compétence.  

L’objectif de nos étudiants est bien de poursuivre leurs études, poursuite qui se déroule dans des formats pédagogiques traditionnels auxquels nous les préparons, petit à petit, avec l’ensemble de ces acteurs.  

12 ans après la création de l’Institut, quels sont les accomplissements dont vous êtes le plus satisfait ? 

Nous avons accueilli et formé 300 étudiants, avons atteint la parité dans leur recrutement, les intégrons pleinement dans la démarche pédagogique et d’innovation de l’Institut. La diversité se traduit par leurs profils : 70% sont boursiers, 30% issus des filières technologiques, 20% en situation de handicap.  L’environnement que nous leur proposons est optimal : des promotions de petite taille, un hébergement sur le campus, un encadrement important.  

Nous constatons qu’ils ont pu développer leur confiance en eux, un niveau de créativité important, et ont en main des outils pour penser la science et son apport de manière multidisciplinaire. 95% de nos diplômés poursuivent leurs études, dont 77% dans des grandes écoles. 

Vos méthodes sont-elles diffusables à l’enseignement supérieur ? 

Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que le modèle d’études supérieures ne correspond plus aux attentes des jeunes. Beaucoup de grandes écoles se sont engagées à réformer leur cursus. Les méthodes que nous expérimentons peuvent être essaimées chez elles. Ce n’est pas un hasard si de grandes écoles sont partenaires de l’Institut.  

Vous défendez l’idée que la diversité est un gage de performance pour les entreprises. Au-delà de l’usage abondant du terme « diversité » dans la communication et le débat public, concrètement, où en est-on ?  

Notre pari est de former des jeunes qui présentent une forte adaptabilité au monde de l’emploi, et qui vont aussi être des éléments de transformation dans les grandes écoles ou entreprises. Donc de former un cercle vertueux.  

Certaines entreprises affichent un bon bilan social d’inclusion, mais on se rend compte que les personnes issues de la diversité sont souvent en bas de l’échelle. Notre but est, qu’au terme de leurs études, ces jeunes que nous formons soient capables de manager eux-mêmes d’autres personnes issues de la diversité. Or beaucoup d’entreprises n’ont pas de politique générale en la matière. Leurs actions sont souvent très fractionnées, les responsables RSE (Responsabilité sociale et environnementale de l’entreprise) ne se sentent pas assez entendus, et le sujet n’est pas inscrit dans la stratégie de l’entreprise. La focalisation sur les mesures écologiques a tendance à mettre le social de côté, or c’est bien les deux qu’il faut mener de front en pensant au long terme. L’Institut, « incubateur de talents » comme disent nos étudiants et nos mécènes, a une vraie fragilité économique en raison de ce contexte. Aussi nous devons continuer à démontrer aux entreprises que la diversité est source d’innovation et de performance pour elles.  

Concrètement, combien coûte votre formation et comment vous aider à poursuivre et amplifier votre action ? 

Les droits d’inscription sont ceux d’une licence universitaire conventionnelle – 170 euros par an, avec gratuité pour les boursiers et les boursières. Elle représente un coût global par étudiant d’environ 15 000 euros par an, ce qui est proche du coût d’un étudiant en IUT, et supérieur au cours moyen d’un étudiant en licence (11 000 euros environ). Le surcoût est compensé par le fort taux de réussite à la licence que nous obtenons : 75% en 3 ans, ce qui est deux fois supérieur à une licence classique. 

En 2023, 17,5 % de notre budget de fonctionnement provenait du financement des entreprises, le reste, soit 82,5%, provenant des établissements d’enseignement supérieur membres de notre groupement d’intérêt public. Pour soutenir le développement de la recherche et les capacités d’essaimage de l’Institut, nous devons porter la contribution du secteur privé à 50% à l’horizon 2027, soit 350 000 euros par an. J’appelle les entreprises qui veulent miser sur l’apport de la diversité et de la science à nous rejoindre ! 

 

Propos recueillis par Maëlle Widmann et Gilles Vanderpooten, Reporters d’Espoirs. 

ÉDITO – Résignés, “les jeunes” ? Pas plus que “les vieux” !

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Alors que 72 % des 18-24 ans se disent optimistes¹, leurs parents se chargent de se faire du mouron pour eux : 59 % sont pessimistes pour l’avenir de leur progéniture². La raison se trouve-t-elle du côté de l’amour filial ou de l’irrésistible élan de la jeunesse ? Consacrer une revue à la jeunesse nous est apparu comme un projet à la fois périlleux (tant elle est multiple, hétérogène, non « catégorisable ») et enthousiasmant.
L’orienter sur le malaise, la perte de repères ou encore le conflit générationnel ? L’actualité se charge déjà de nous les rappeler. Songer aux difficultés d’une jeunesse étudiante à se nourrir et se loger, aux traumatismes post-covid, à la difficulté à trouver un emploi, à l’éco-anxiété ? Bien sûr. Mais en s’intéressant aux actions qui permettent d’y faire face, de donner à voir une jeunesse qui prend l’initiative et de l’aider à se projeter dans l’avenir.

« Le pire n’est même pas certain », disait le dessinateur Voutch. Ce n’est pas Esther, l’adolescente croquée par Riad Sattouf à (re)découvrir dans ce numéro – parfois perplexe, parfois rêveuse, souvent joyeuse – qui va le démentir. Alors, nous sommes partis à la recherche des raisons concrètes, réelles et sérieuses de croire en demain, au regard d’une jeunesse créative, engagée, entreprenante… Et qui a bien le droit, aussi, de rêver et d’exercer son droit à l’insouciance ! C’est à un voyage à la rencontre d’initiatives qu’entreprennent des jeunes de tous horizons, au-dessus des idées fatales, que nous vous invitons.

“Et là ! C’est parti ! Toutes voiles dehors ! On y va ! Flanquez le grand foc !

Bigardez les sourdines ! Choucardez dans les flanquettes !

C’est parti ce voyage, cette aventure, tout est nouveau, tout est inconnu, tout est réinventé, tout recommence. 

La joie est là ! Tu l’entends pas ce tocsin qui bat dans ton corps gamin ?!

Tu l’entends pas ?! 

Mais ce voyage-là, tu peux le faire dedans, tu peux être ton propre chirurgien,

t’ouvrir à cœur ouvert !” 

Des chemins de nos belles et sereines campagnes aux confins tumultueux et remuants de nos villes, en passant par une parfois chaotique et créative France « périphérique » : bon voyage en compagnie de ces jeunesses multiples qui portent l’espoir !

Gilles Vanderpooten, Directeur de la rédaction de Reporters d’Espoirs

¹ 3e baromètre Les jeunes et l’entreprise, BVA/Macif/Fondation Jean Jaurès, décembre 2023.
² IPSOS-CESE, L’état de la France vu par les Français en 2023.
³ Edouard Baer, « L’inconnu commence là, au bas de la rue », émission « Plus Près De Toi », Radio Nova, 2018.