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La Revue

ÉDITO – Résignés, “les jeunes” ? Pas plus que “les vieux” !

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Alors que 72 % des 18-24 ans se disent optimistes¹, leurs parents se chargent de se faire du mouron pour eux : 59 % sont pessimistes pour l’avenir de leur progéniture². La raison se trouve-t-elle du côté de l’amour filial ou de l’irrésistible élan de la jeunesse ? Consacrer une revue à la jeunesse nous est apparu comme un projet à la fois périlleux (tant elle est multiple, hétérogène, non « catégorisable ») et enthousiasmant.
L’orienter sur le malaise, la perte de repères ou encore le conflit générationnel ? L’actualité se charge déjà de nous les rappeler. Songer aux difficultés d’une jeunesse étudiante à se nourrir et se loger, aux traumatismes post-covid, à la difficulté à trouver un emploi, à l’éco-anxiété ? Bien sûr. Mais en s’intéressant aux actions qui permettent d’y faire face, de donner à voir une jeunesse qui prend l’initiative et de l’aider à se projeter dans l’avenir.

« Le pire n’est même pas certain », disait le dessinateur Voutch. Ce n’est pas Esther, l’adolescente croquée par Riad Sattouf à (re)découvrir dans ce numéro – parfois perplexe, parfois rêveuse, souvent joyeuse – qui va le démentir. Alors, nous sommes partis à la recherche des raisons concrètes, réelles et sérieuses de croire en demain, au regard d’une jeunesse créative, engagée, entreprenante… Et qui a bien le droit, aussi, de rêver et d’exercer son droit à l’insouciance ! C’est à un voyage à la rencontre d’initiatives qu’entreprennent des jeunes de tous horizons, au-dessus des idées fatales, que nous vous invitons.

“Et là ! C’est parti ! Toutes voiles dehors ! On y va ! Flanquez le grand foc !

Bigardez les sourdines ! Choucardez dans les flanquettes !

C’est parti ce voyage, cette aventure, tout est nouveau, tout est inconnu, tout est réinventé, tout recommence. 

La joie est là ! Tu l’entends pas ce tocsin qui bat dans ton corps gamin ?!

Tu l’entends pas ?! 

Mais ce voyage-là, tu peux le faire dedans, tu peux être ton propre chirurgien,

t’ouvrir à cœur ouvert !” 

Des chemins de nos belles et sereines campagnes aux confins tumultueux et remuants de nos villes, en passant par une parfois chaotique et créative France « périphérique » : bon voyage en compagnie de ces jeunesses multiples qui portent l’espoir !

Gilles Vanderpooten, Directeur de la rédaction de Reporters d’Espoirs

¹ 3e baromètre Les jeunes et l’entreprise, BVA/Macif/Fondation Jean Jaurès, décembre 2023.
² IPSOS-CESE, L’état de la France vu par les Français en 2023.
³ Edouard Baer, « L’inconnu commence là, au bas de la rue », émission « Plus Près De Toi », Radio Nova, 2018.

Repenser la nature sur nos écrans, la chronique d’Eva Roque

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Genre à part entière, le documentaire animalier participe depuis cinquante ans à notre sensibilisation à la nature. Et prend désormais en compte les problématiques environnementales.

La chronique d’Eva Roque

La gazelle est toujours chassée par le lion. La murène, planquée entre deux rochers, toujours aussi effrayante. La femelle ourse et son petit sur la banquise de l’Arctique, toujours aussi émouvants. Depuis les années 1960, notamment grâce aux productions de la BBC, les documentaires animaliers nous donnent à voir le monde. Des images esthétiques pour vanter la beauté de la nature.

Pourtant l’envers du décor n’a pas toujours été reluisant. Scènes montées, voire truquées avec la participation d’animaux en partie domestiqués, scénarii tronqués pour les bienfaits de l’histoire, récits conçus parfois en dépit de toute vérification scientifique… Comme si le spectacle offert par la nature n’était qu’un immense divertissement qui ne méritait aucune réflexion. Un décor pour des films toujours plus grandioses, à coup de dollars et d’utilisation de matériel sophistiqué. Sans oublier une tendance à user d’un anthropomorphisme abêtissant. Il faut lire cet excellent article signé Damien Mestre et intitulé « Le Documentaire animalier peine à faire sa mue », parue sur le site de « Socialter »,  sur la difficile transformation du documentaire animalier.

Les diffuseurs ont compris qu’il y avait là une appétence du public et un juteux marché, les documentaires animaliers se vendant facilement à l’international. En France, le service public n’hésite plus à programmer en prime time des films de ce genre. On a vu apparaître des chaînes thématiques comme Planète+ ou Ushuaïa TV en parallèle des plateformes qui multiplient les contenus sur ce thème. Autant de documentaires qui pendant longtemps ont accompagné nos siestes dominicales avant de devenir désormais des événements audiovisuels ultra rythmés. Parfois trop formatés.

Reste que du « Monde du silence » à « La Sagesse de la pieuvre » en passant par « Microcosmos, le peuple de l’herbe » – pour ne citer que ceux-là -, reconnaissons la part de rêve et de découverte que ce cinéma nous offre.

Depuis quelques années, le ton a changé. Sans doute pas assez, certes,  mais aux belles images est désormais associé un discours écologique. La poésie se glisse aussi dans quelques séquences. Divertir, vulgariser et surtout informer se mêlent pour proposer de nouveaux récits, des narrations contextualisées où le réchauffement climatique se voit et s’entend. Où l’extinction de certaines espèces est évoquée, comme dans « Royaumes de glace », sur France 2, documentaire qui a totalement intégré à son scénario les bouleversements écologiques que nous vivons. Les conditions de tournage ont évolué également. Exit, par exemple, les hélicoptères trop polluants, trop chers, au profit des drônes. Il était temps de mettre en adéquation le message délivré sur les écrans avec les pratiques de la production.

Le cinéma d’auteur tente aussi de se frayer un chemin dans ce nouveau marché. Une petite place, certes, mais cela a le mérite d’exister. Alors savourons les films de Laurent Charbonnier, notamment, et son « Tapage dans la basse-cour », disponible sur la plateforme Tënk. Réjouissons-nous aussi de l’humour qui s’invite dans ces documentaires à l’instar d’« Aïlo : une odyssée en Laponie », de Guillaume Maidatchevsky, raconté par Aldebert. Et que dire de la multitude de chaînes sur Youtube qui participent à ce réenchantement du monde par écrans interposés : « Partager, c’est sympa » ou « Ta mère nature ». Autant de contenus qui viennent s’ajouter à une offre pléthorique d’enquêtes et autres documentaires nous alertant sur les questions environnementales, comme Brut Nature ou encore la plateforme Vakita créée par Hugo Clément. La nature est un spectacle qui mérite beauté et information.

Eva Roque est journaliste culture et média. Vous la retrouvez sur les ondes de France Inter, dans la presse (Libération, La Tribune), comme à la télévision (C L’Hebdo sur France5). Elle tient aussi la chronique « Ecrans » dans la revue Reporters d’Espoirs. Voici sa chronique parue dans le n°2, « Nature : vous n’avez encore rien vu ! ».