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L’avenir s’entreprend au Parlement des jeunes

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Alizée Bossy et Victoria Levasseur restituent le travail de leur commission Ecologie devant l’assemblée réunie au Cese. Photo copyright Mary-Lou Mauricio/Parlement des jeunes.

Voix assurée, discours soigné, conviction chevillée au corps : sur scène, on sent bien qu’ils ne sont pas là par hasard. La scène, c’est l’hémicycle du Conseil économique social et environnemental (CESE), qui accueille à Paris la 2e édition du Parlement des jeunes. Eux, ce sont 170 jeunes de 16 à 24 ans, réunis pour se faire les porte-voix des propositions de la jeunesse.

Paul Chambellant/Reporters d’Espoirs

Devenue le temps d’un après-midi le théâtre d’une jeunesse qui se conjugue au pluriel, l’estrade agitée de l’hémicycle a vu défiler autant de formes d’engagement que de jeunes. Au terme de trois réunions de travail en distanciel, voilà qu’ils se retrouvent enfin, « en vrai », pour restituer leur expérience d’intelligence collective. L’audience se montre captivée par les dix thématiques explorées, du travail à l’autonomie financière en passant par le numérique, l’inclusion, l’écologie et la citoyenneté. Pour chacune, les jeunes ont émis des propositions : un dispositif d’accompagnement professionnel de chaque élève dès l’entrée en seconde ; un observatoire national des initiatives locales en santé pour mieux les reproduire à d’autres échelle ; ou encore une cellule d’engagement dans les lycées.

De jeunes « parlementaires »

Lycéens, étudiants, entrepreneurs, jeunes actifs… Ces « parlementaires », venus de tous horizons et régions de France, s’engagent chacun à leur manière. Et certains multiplient les casquettes : Medhi Faradji, conducteur de métro à la RATP, est aussi membre de la Convention nationale des jeunes d’Apprentis d’Auteuil et animateur radio depuis son enfance. « Ce qui me fait vibrer, c’est surtout la protection de l’enfance et particulièrement la vie privée des enfants placés », confie-t-il. 

« Changer les choses », un objectif que partagent volontiers Jade Soriano, étudiante et vice-présidente Environnement au Conseil des Jeunes Métropolitains d’Aix-Marseille-Provence, et Isaac Lefrançois, lycéen en classe de terminale à Paris. Tous deux sont porte-paroles de la commission Place des jeunes. Conscients de la difficulté de s’engager lorsqu’on est jeune, ils ont tenu à « faire autrement » en s’essayant au jeu de rôle sous les yeux attentifs de Prisca Thévenot, alors secrétaire d’État chargée de la jeunesse et du Service national universel.

Servir, c’est aussi donner de son temps et de sa personne. Ce principe anime à la fois Gaspard Florin, étudiant en droit à Nantes et arbitre de football, et Hugo Biolley, plus jeune maire de France élu en Ardèche. Si Gaspard souhaite « améliorer la vie du collectif » et a pu esquisser des réponses au problème du harcèlement scolaire au sein de la commission Education, Hugo voit l’engagement comme un don de soi : « l’engagement c’est faire pour les autres […] en politique, dans l’associatif, dans le monde économique… Ça va d’Emmaüs au club de foot du village ».

Soif d’entreprendre

Le monde économique a également répondu à l’appel du Parlement des jeunes, qui comprend plusieurs entrepreneurs. Pour Thomas Coudrey (Aix-en-Provence), co-porte-parole de la commission Santé et fondateur d’ITI Medics, l’entrepreneuriat se marie sans peine avec une « philosophie humaniste ». Plaçant la collecte et l’exploitation de « données de vie réelle » sommeil, activité physique, tension, température… – au cœur de la prise en charge des patients, sa start-up « conçoit des solutions innovantes » dans un esprit de médecine participative. Passionné par l’informatique depuis l’âge de 10 ans, Thomas affirme avoir « combiné cet amour pour la création, pour l’informatique, avec mon amour pour l’humanité, pour aider les gens, pour apporter de la valeur ». Convaincu qu’il n’y a pas « 36 000 solutions » pour faire naître un tel projet, il a décidé de créer son entreprise.

C’est ce même élan qu’a connu Justine Durochat (Lyon), co-animatrice du Parlement des jeunes. Ne se retrouvant pas dans les postes salariés, elle s’est « lancée dans l’entrepreneuriat […] dans l’intention de pouvoir aligner [s]es valeurs avec le développement d’un business ». Après avoir créé une éphémère entreprise sociale, Symbiotik, « qui consistait en un accompagnement [des équipes de plusieurs entreprises] sur les relations interpersonnelles, la prise de décision en collectif, […] avec des masterclass », elle est désormais « exploratrice engagée » avec Moving Ways et sillonne les routes d’Europe et d’Asie « à la rencontre d’organisations qui se transforment pour prendre soin du vivant ». La suite ? « Créer une boîte, mais à plusieurs ».

C’est que gérer seul sa propre activité si jeune constitue un chemin particulièrement sinueux. Mais très émancipateur : tous deux « partis de rien », Justine et Thomas ont su naviguer à travers les difficultés financières d’entreprises « pas du tout rentables » et apprennent en temps réel « l’écologie personnelle » pour ne pas s’oublier. Selon Thomas, « [l’entrepreneuriat] est une voie magnifique, […] une façon d’impacter le monde à travers un modèle économique ». Et Justine de conclure sur les bienfaits d’entreprendre : « un espace très enrichissant d’expérimentation et d’exploration qui s’ouvre aux jeunes ».

Une génération d’entrepreneurs d’avenir

Si l’on en doutait, cet échantillon vient confirmer l’idée suggérée par plusieurs études que les jeunes sont engagés – 50 % donneraient de leur temps au sein d’un organisme – et optimistes – 72 % seraient confiants quant à l’avenir. Un combo idéal pour Jacques Huybrechts, fondateur de la communauté Entrepreneurs d’avenir à l’origine de ce Parlement des jeunes. Pensé en réaction à la souffrance éprouvée par les plus jeunes durant la crise du Covid, il vise à « mobiliser la jeunesse sur ses enjeux », et a aujourd’hui pour ambition de « s’installer durablement dans la vie publique ». Derrière ces 170 jeunes sélectionnés via un appel à candidatures puis tirés au sort à l’été 2023, Jacques Huybrechts voit « l’incarnation même de l’espoir ». En trois mots ? Un « feu d’artifice » de nature à faire bouger les lignes et à s’associer aux décisions politiques.Ce ne sont pas les parlementaires qui le contrediront, définissant tour à tour leur génération comme « forte, combattante, ambitieuse, rêveuse, réaliste, belle, motivante, éclectique, optimiste », ou encore « porteuse d’espoirs ». Si tous ont une vision différente de l’engagement, leurs parcours témoignent souvent d’un manque de considération de la jeunesse qu’ils essaient, à leur échelle, de combattre. Cyril Batolo, de la commission Consommation, résume leur état d’esprit en reprenant à son compte les propos de l’anthropologue Margaret Mead : « Ne doutez jamais qu’un petit groupe de jeunes conscients et engagés puisse changer le monde ».

[La chronique d’Eva Roque] Jeunesses de tous écrans, montrez vos visages !

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Comment est représentée la jeunesse française de ces trente dernières années sur nos écrans ?  Les récits fictionnés ou documentés reflètent-ils la diversité de cette classe d’âge ?

Eva Roque est journaliste culture et média. Vous la retrouvez sur les ondes de France Inter, dans la presse (Libération, La Tribune), comme à la télévision (C L’Hebdo sur France5). Elle chronique pour la Revue Reporters d’Espoirs dont est extrait cet article qui vous est offert gratuitement.

Xavier a débarqué à Barcelone avec un petit polo décontracté. A Bruxelles, Samy a opté pour le costume cravate, pendant que Vinz ou Maimouna ont bien du mal à quitter leur survêt dans leur banlieue parisienne. Un défilé de tenues aussi diverses que la jeunesse française s’étalant sur nos écrans.

En 2002, les héros et héroïnes de « l’Auberge espagnole » de Cédric Klapisch brillaient par leur insouciance et une forme de folie douce. Plus de vingt ans plus tard, le réalisateur imaginait une série – « Salade grecque » – mettant en scène les enfants de ses premiers personnages. Ils font toujours la fête, mais sont animés d’un certain sens politique, d’un désir de justice, incarnant au passage une grande partie des problématiques de la société française des années 2020, de la situation des réfugiés aux enjeux post #metoo. Klapisch ne revendique pas un regard sociologique mais en s’emparant du sujet de la jeunesse, il parvient à capter une époque. A nos confrères du magazine Première, il expliquait : « j’ai choisi de travailler avec de jeunes scénaristes qui ont nourri ma réflexion. Ensemble, on a écrit et fait le casting, en interrogeant la vision actuelle des jeunes européens. C’était un travail presque journalistique ».

La série ne connaîtra malheureusement pas le succès du film. A se demander si le cinéaste n’a pas réalisé une œuvre sur la jeunesse destinée aux adultes, plus qu’une fiction parlant de la jeunesse et pour la jeunesse.

Un écueil récurrent dans les fictions qui tentent pourtant de représenter avec justesse cette catégorie d’âge. Comme s’il fallait tout faire pour ne pas trahir ces jeunes et leurs idéaux. Une jeunesse plurielle : technocratique dans la série « Parlement » (épisodes disponibles en Replay ici), banlieusarde et révoltée dans « La Haine » ou « Divines », rurale et en recherche d’ascension sociale dans « La voie royale », amoureuse et passionnée dans « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche. La jeunesse devient alors un relais des thèmes sociétaux, offrant au passage une photographie de la France. La fiction s’accroche à la réalité, flirtant parfois avec le documentaire.

En matière de documentaire, il faut voir l’œuvre remarquable de Sébastien Lifshitz « Adolescentes » et ce travail au long cours qu’il effectue en filmant Emma et Anaïs, de leurs 13 ans à leur majorité. Ou encore « Samedi soir » de Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle qui nous immergent dans l’intimité de quatre groupes de jeunes adultes aux parcours si différents.

Et que dire du documentaire immensément poétique de Matthieu Bareyre « L’époque », une traversée nocturne dans le Paris d’après Charlie où il est question de bonheur, d’avenir, mais aussi de peurs et d’incertitudes.

Chaque fiction, chaque documentaire capture ainsi un instant. Un moment daté, ancré dans une géographique, dans une classe sociale aussi.

Contrairement à un autre genre cinématographique qui lui s’illustre par une forme d’intemporalité : les « teen-movies ». Comprenez les films d’adolescents évoquant avant tout les premières fois : premier baiser, premier coup de foudre, première expérience sexuelle… « La Boum », « Lol » ou encore « Les beaux gosses » usent de la comédie pour traiter ces sujets. Des films à voir et revoir, à transmettre à d’autres générations. Comme si ces œuvres ne vieillissaient pas et exposaient un visage éternel de notre jeunesse.

Dans toutes ces représentations plurielles, on pourrait regretter cependant le peu de films reflétant des personnes jeunes en situation de handicap. Alors on se réjouit de la série « Mental » se déroulant dans l’univers d’un service pédopsychiatrie, de « Lycée Toulouse-Lautrec » (TF1) narrant le quotidien d’un établissement accueillant des élèves en situation de handicap, de « Hors normes » d’Eric Toledano et Olivier Nakache qui n’hésitent pas à mettre en scène de jeunes autistes, ou encore du formidable « Patients » de Grand Corps Malade et Medhi Idir, plongée drôle et émouvante dans un centre de rééducation.

« Désespoir, amour, gaieté. Qui a ces trois roses enfoncées dans le cœur a la jeunesse pour lui, en lui, avec lui » écrivait Christian Bobin. Et si c’était cela que l’on attendait d’une œuvre sur nos écrans ?

INTERVIEW # Jeunesses du monde dans l’objectif de Théo Saffroy

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« Je m’intéresse avant tout aux gens qui font bouger les lignes »

Amoureux de la culture mexicaine, Théo Saffroy photographie aussi la jeunesse du monde dans ses combats et ses paradoxes. À 31 ans, son travail, subtil mélange de documentaire et de fiction, veut raconter la réalité au-delà des clichés et des masques. Révéler des univers cachés, découvrir les montagnes derrière les écrans et les carcans… Son remède pour inspirer, à son échelle.

Votre intérêt pour la photographie, d’où vient-il ?

Théo Saffroy. Le déclic est arrivé avec le projet « El Grito » : une aventure de huit mois et 25 000 km à moto en Amérique du Sud avec mon meilleur ami. J’étais très intéressé par l’histoire coloniale du continent et les peuples précolombiens… nous avions 22 ans et rêvions d’aventure ! Avec ma caméra, j’ai pu documenter notre aventure, rencontrer des centaines de personnes, et réaliser des reportages notamment avec les Mapuches au Chili, les Quechuas au Pérou ou encore les Yanesha d’Amazonie. Un projet documentaire sur l’identité du continent qui fut ensuite publié et exposé en France. La photographie est arrivée à ce moment-là comme une manière de transmettre un récit et une réalité cachée.

Des inspirations dans le milieu de la photographie ?
T. S. Mon premier choc a été la découverte de la photographie humaniste de Sebastião Salgado. Ensuite j’ai beaucoup regardé la street photo new-yorkaise de Joel Meyerowitz par exemple, et le travail d’Harry Gruyaert sur les couleurs primaires qui donne beaucoup d’intensité et d’équilibre à ses compositions. C’est cette photographie du réel que je trouve la plus émouvante et que j’essaie de reproduire : jeu de composition, lumières contrastées et couleurs vives. Je m’inspire aussi beaucoup de la photographie de mode, particulièrement sur le travail de mise en scène comme Alex Prager et Sarah van Rij.

Qu’est-ce qui caractérise la « photographie documentaire » ?
T. S.
En ce qui me concerne, mes séries sont issues de réflexions personnelles qui tournent en général autour d’une jeunesse en mouvement et d’une idée de métamorphose, de « l’autre soi » en quête de liberté. Ce qui la caractérise spécifiquement, à mon avis, c’est surtout la notion de temps. Elle est primordiale pour développer une série. Je prépare mes shootings en amont (documentation, prise de contact) puis, une fois sur place, je prends le temps de créer une connexion avec mes sujets. Je les rencontre souvent avant le shooting sans appareil photo pour expliquer ma démarche, apprendre à les connaître et comprendre leur mode de vie, leurs habitudes. Cela me permet d’identifier les éléments à photographier tout en laissant une place à l’imprévu et à la collaboration. C’est un travail au temps long, parfois précaire, mais qui permet de témoigner d’une réalité entière avec des rencontres humaines plus fortes et des photographies plus intimes.

La jeunesse semble traverser l’ensemble de votre œuvre, est-ce un hasard ?
T. S. Je ne pense pas que ce soit un hasard, bien que ce soit rarement mon point de départ. Je m’intéresse avant tout aux gens qui font bouger les lignes, qui suivent une direction par passion et offrent un regard différent sur la société… Et il se trouve que la jeunesse a ce talent, cette soif de liberté, qu’ils s’émancipent à travers le parkour [une méthode d’entraînement pour franchir toutes sortes d’obstacles dans des environnements urbains ou naturels, Ndlr.], ou luttent sur un ring pour s’affranchir des règles de genre.

Les jeunes vous inspirent ?
T. S. Bien sûr ! Je suis extrêmement surpris par les jeunes d’aujourd’hui. Ils me donnent parfois l’impression d’avoir déjà vécu une vie tant leur discours est mature. Les lutteuses mexicaines, par exemple, ont cette aura, cette force, elles incarnent un passé violent avec une grande résilience. Depuis quelques années j’aborde les mutations de la société à travers la fenêtre du sport. Pour moi, les sportifs de haut niveau ont une force d’incarnation. Pour se consacrer à leur discipline, ils connaissent le sacrifice dès le plus jeune âge, un dépassement physique et mental constant, et développent un système de valeurs nobles autour du respect. De quoi inspirer la jeunesse.

Un message pour la jeunesse ?
T. S. Une phrase de Brel: « se tromper, être imprudent et aller voir ». Être curieux donc, s’accomplir en allant vers l’autre et vers le monde. Il faut conserver son authenticité, la cultiver et aller au bout de ses passions, de ses folies même, tout en respectant son entourage.

Vos photos contrastent parfois avec le sérieux des sujets qu’elles illustrent…
T. S. J’aime jouer avec l’absurde ou le contraste pour créer de nouvelles portes d’entrée vers des sujets plus sérieux. C’est la partie fictionnelle du documentaire. Cela renvoie aussi au paradoxe et à l’harmonie qu’il y a souvent dans mes sujets : imaginaire et réalité, intimité et énergie, équilibre et absurdité. Entrer dans un sujet grave avec des images graves serait sans doute plus compliqué. Je mise par exemple sur les leggings et les paillettes des lutteuses pour mieux aborder les 11 féminicides quotidiens au Mexique, je mets l’accent sur la prothèse stylisée de l’athlète paralympiques Arnaud Assoumani pour mieux parler du handicap…

Vous avez photographié le collectif musical Bon Entendeur. Quelle influence la musique a-t-elle sur vous ?
T. S. Je suis un grand amateur de rock et de musique en général, sujet sur lequel j’ai même réalisé un mémoire de sociologie. Je me suis intéressé à la création des courants musicaux contemporains : quels mouvements économiques, technologiques, sociétaux ont créé le rock’n’roll au sortir de la Seconde Guerre mondiale, pourquoi le disco et la techno sont apparus à ces moments précis… La musique dit beaucoup d’une époque, des idéologies et de ses influences. Par ailleurs, les collaborations avec des artistes me permettent de développer une dimension plus créative. Je m’amuse à créer dans un univers fictif, surréaliste, parfois cosmique : on peut partir plus loin dans la création et moins se soucier du réel. Cela me rapproche de la BD futuriste des dessinateurs du magazine « Métal hurlant » ou du dessinateur Ugo Bienvenu, qui inspirent beaucoup mon travail.

Comment composez-vous les lumières et les zones d’ombre ?
T. S. Les ombres renforcent l’idée du contraste et surtout du mystère, qui donne envie d’aller voir. Elles permettent de modeler l’image, de créer des formes et des compositions plus saisissantes. J’aime cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry dans «Le Petit Prince » : « Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir ». Elle traduit l’attirance et la curiosité qui redoublent d’intensité pour une zone mystérieuse et sans repères.

Vous qui êtes photographe documentaire, aimeriez-vous passer de l’autre côté de la caméra ?
T. S. Non, je ne crois pas. Dernièrement j’ai eu des passages à la télé et à la radio qui m’ont fait plaisir, mais autrement je ne me vois en aucun cas passer devant la caméra. Je n’ai pas envie d’être autre chose qu’un « directeur des histoires » !


↪︎ Retrouvez son portfolio sur theosaffroy.com

Propos recueillis par Paul Chambellant/Reporters d’Espoirs

Portrait de trois femmes au parcours inspirant

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Dans « Ces jeunes qui font la Génération solutions », le dernier numéro de la revue Reporters d’Espoirs, nous mettons à l’honneur 24 jeunes qui vous font aimer 2024. Parmi eux, trois femmes d’exception…que l’on vous propose de découvrir dans cet article.


Léa Moukanas

Par Léonard de Carlo

«L’engagement n’a pas d’âge» – sous-titre de son dernier ouvrage «Je veux être utile» (éd. Robert Laffont, 2022) – résume son état d’esprit. L’entrepreneuse et auteure franco-libanaise Léa Moukanas, 24 ans, en a seulement 15 lorsqu’elle fonde l’association Aïda. À l’hôpital où est hospitalisée sa grand-mère, elle croise un jeune malade souffrant d’un cancer. Rencontre fondatrice qui préside à la création de son association. Neuf ans plus tard, 2 000 bénévoles âgés en moyenne de 19 ans ont été formés : ils accompagnent 2 200 jeunes dans plus de 60 hôpitaux en France dans leur combat quotidien contre la maladie, les souffrances physiques et les doutes existentiels. Un souffle d’espoir pour des milliers de 12-25 ans.

 

Claïna Clavaron

par Malika Souyah

C’est en avril 2023 que votre serviteur découvre Claïna Clavaron dans « Théorème/Je me sens un cœur à aimer toute la terre », d’Amine Adjina. Une pièce dans laquelle la jeune pensionnaire de la Comédie-Française incarne une Nour très lumineuse, et manie avec beaucoup d’aisance texte contemporain et tirades de Molière. « Comme j’étais une enfant assez timide, mes parents m’ont inscrite à un cours de théâtre quand j’avais 5 ans », partage l’artiste née en 2000 à Port-au-Prince, à Haïti. En 2019, un an après son bac et en parallèle de la Classe libre aux cours Florent, Claïna intègre la Comédie-Française en tant qu’artiste auxiliaire, avant d’en devenir pensionnaire en 2021. Sur les planches de la prestigieuse maison, elle incarne des personnages emblématiques de la comédie classique tels Gretel dans « Hansel et Gretel », des Frères Grimm, en 2021. Et des rôles plus contemporains aussi, comme celui de Claïna dans « D’où rayonne la nuit », de Yoann Gosiorowski, en 2022. Celle qui considère que « la force du théâtre, c’est de rassembler les gens » rêve d’incarner le personnage d’Esther dans la pièce éponyme de Racine. « C’est une pièce fabuleuse qui parle d’une jeune femme qui veut sauver le peuple juif d’un tyran. Elle a 16 ans, et elle a tellement foi en son Dieu qu’elle arrive à faire bouger les éléments pour sauver les siens. Elle a une force incroyable et les vers sont poignants. » En attendant, on peut la découvrir au Français en Hyacinthe dans « Les Fourberies de Scapin », de Molière, mise en scène par Denis Podalydès, jusqu’au 19 juin. Ou encore en Dacha dans « Les Démons », de Dostoïevski, dans une mise en scène de Guy Cassiers, jusqu’au 22 juillet.

Coline Debayle

Par Paul Chambellant

Lancer des projets entrepreneuriaux innovants, c’est tout un art que Coline Debayle, cofondatrice d’Artips et de Team for the Planet, 34 ans, semble maîtriser à la perfection. D’un côté, Artips, site web qui vise, depuis 2012, à vulgariser la culture générale au travers de trois newsletters hebdomadaires retraçant une œuvre d’art célèbre ou inconnue. De l’autre, Team for the Planet, entreprise fondée en 2019 qui veut lever un milliard d’euros pour créer 100 entreprises aptes à lutter efficacement contre le changement climatique. Si ces deux «licornes» l’ont propulsée sur le devant de la scène entrepreneuriale, elle accumule depuis les casquettes : accompagnatrice de projets à impact, coach pour des «intrapreneurs publics» et start-ups d’État, ou encore conférencière en entreprise par TedX.

Encore lui ! Louis de Funès allié du soleil, pionnier des low-tech

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1978 marque la création du Commissariat à l’énergie solaire… et une semaine plus tard la sortie du film « La Zizanie » avec Annie Girardot et Louis de Funès ! « Non ! Si ! Ohhhh ».

9e au box office, ce film, qui offre un récit écologique populaire avant l’heure (inégalé depuis ?) aborde malicieusement… l’innovation que constitue le four solaire.

Si vous êtes arrivé à saturation de la série des « Gendarmes » abondamment diffusée sur la TNT comme le veut la tradition aoutienne, voilà un chef d’œuvre qui saura vous enthousiasmer. Extrait ci-dessous.

Et si vous souhaitez en savoir plus sur « Louis de Funès, l’écolo », rendez-vous dans la revue Reporters d’Espoirs n°2 « Nature : vous n’avez encore rien vu ! » : nous y consacrons un article à l’œuvre cinématographique et jardinistique du comédien, qui appliquait déjà il y a cinquante ans les principes de l’agriculture biologique et de la communion avec la biodiversité.

ÉDITO – Résignés, “les jeunes” ? Pas plus que “les vieux” !

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Alors que 72 % des 18-24 ans se disent optimistes¹, leurs parents se chargent de se faire du mouron pour eux : 59 % sont pessimistes pour l’avenir de leur progéniture². La raison se trouve-t-elle du côté de l’amour filial ou de l’irrésistible élan de la jeunesse ? Consacrer une revue à la jeunesse nous est apparu comme un projet à la fois périlleux (tant elle est multiple, hétérogène, non « catégorisable ») et enthousiasmant.
L’orienter sur le malaise, la perte de repères ou encore le conflit générationnel ? L’actualité se charge déjà de nous les rappeler. Songer aux difficultés d’une jeunesse étudiante à se nourrir et se loger, aux traumatismes post-covid, à la difficulté à trouver un emploi, à l’éco-anxiété ? Bien sûr. Mais en s’intéressant aux actions qui permettent d’y faire face, de donner à voir une jeunesse qui prend l’initiative et de l’aider à se projeter dans l’avenir.

« Le pire n’est même pas certain », disait le dessinateur Voutch. Ce n’est pas Esther, l’adolescente croquée par Riad Sattouf à (re)découvrir dans ce numéro – parfois perplexe, parfois rêveuse, souvent joyeuse – qui va le démentir. Alors, nous sommes partis à la recherche des raisons concrètes, réelles et sérieuses de croire en demain, au regard d’une jeunesse créative, engagée, entreprenante… Et qui a bien le droit, aussi, de rêver et d’exercer son droit à l’insouciance ! C’est à un voyage à la rencontre d’initiatives qu’entreprennent des jeunes de tous horizons, au-dessus des idées fatales, que nous vous invitons.

“Et là ! C’est parti ! Toutes voiles dehors ! On y va ! Flanquez le grand foc !

Bigardez les sourdines ! Choucardez dans les flanquettes !

C’est parti ce voyage, cette aventure, tout est nouveau, tout est inconnu, tout est réinventé, tout recommence. 

La joie est là ! Tu l’entends pas ce tocsin qui bat dans ton corps gamin ?!

Tu l’entends pas ?! 

Mais ce voyage-là, tu peux le faire dedans, tu peux être ton propre chirurgien,

t’ouvrir à cœur ouvert !” 

Des chemins de nos belles et sereines campagnes aux confins tumultueux et remuants de nos villes, en passant par une parfois chaotique et créative France « périphérique » : bon voyage en compagnie de ces jeunesses multiples qui portent l’espoir !

Gilles Vanderpooten, Directeur de la rédaction de Reporters d’Espoirs

¹ 3e baromètre Les jeunes et l’entreprise, BVA/Macif/Fondation Jean Jaurès, décembre 2023.
² IPSOS-CESE, L’état de la France vu par les Français en 2023.
³ Edouard Baer, « L’inconnu commence là, au bas de la rue », émission « Plus Près De Toi », Radio Nova, 2018.

Repenser la nature sur nos écrans, la chronique d’Eva Roque

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Genre à part entière, le documentaire animalier participe depuis cinquante ans à notre sensibilisation à la nature. Et prend désormais en compte les problématiques environnementales.

La chronique d’Eva Roque

La gazelle est toujours chassée par le lion. La murène, planquée entre deux rochers, toujours aussi effrayante. La femelle ourse et son petit sur la banquise de l’Arctique, toujours aussi émouvants. Depuis les années 1960, notamment grâce aux productions de la BBC, les documentaires animaliers nous donnent à voir le monde. Des images esthétiques pour vanter la beauté de la nature.

Pourtant l’envers du décor n’a pas toujours été reluisant. Scènes montées, voire truquées avec la participation d’animaux en partie domestiqués, scénarii tronqués pour les bienfaits de l’histoire, récits conçus parfois en dépit de toute vérification scientifique… Comme si le spectacle offert par la nature n’était qu’un immense divertissement qui ne méritait aucune réflexion. Un décor pour des films toujours plus grandioses, à coup de dollars et d’utilisation de matériel sophistiqué. Sans oublier une tendance à user d’un anthropomorphisme abêtissant. Il faut lire cet excellent article signé Damien Mestre et intitulé « Le Documentaire animalier peine à faire sa mue », parue sur le site de « Socialter »,  sur la difficile transformation du documentaire animalier.

Les diffuseurs ont compris qu’il y avait là une appétence du public et un juteux marché, les documentaires animaliers se vendant facilement à l’international. En France, le service public n’hésite plus à programmer en prime time des films de ce genre. On a vu apparaître des chaînes thématiques comme Planète+ ou Ushuaïa TV en parallèle des plateformes qui multiplient les contenus sur ce thème. Autant de documentaires qui pendant longtemps ont accompagné nos siestes dominicales avant de devenir désormais des événements audiovisuels ultra rythmés. Parfois trop formatés.

Reste que du « Monde du silence » à « La Sagesse de la pieuvre » en passant par « Microcosmos, le peuple de l’herbe » – pour ne citer que ceux-là -, reconnaissons la part de rêve et de découverte que ce cinéma nous offre.

Depuis quelques années, le ton a changé. Sans doute pas assez, certes,  mais aux belles images est désormais associé un discours écologique. La poésie se glisse aussi dans quelques séquences. Divertir, vulgariser et surtout informer se mêlent pour proposer de nouveaux récits, des narrations contextualisées où le réchauffement climatique se voit et s’entend. Où l’extinction de certaines espèces est évoquée, comme dans « Royaumes de glace », sur France 2, documentaire qui a totalement intégré à son scénario les bouleversements écologiques que nous vivons. Les conditions de tournage ont évolué également. Exit, par exemple, les hélicoptères trop polluants, trop chers, au profit des drônes. Il était temps de mettre en adéquation le message délivré sur les écrans avec les pratiques de la production.

Le cinéma d’auteur tente aussi de se frayer un chemin dans ce nouveau marché. Une petite place, certes, mais cela a le mérite d’exister. Alors savourons les films de Laurent Charbonnier, notamment, et son « Tapage dans la basse-cour », disponible sur la plateforme Tënk. Réjouissons-nous aussi de l’humour qui s’invite dans ces documentaires à l’instar d’« Aïlo : une odyssée en Laponie », de Guillaume Maidatchevsky, raconté par Aldebert. Et que dire de la multitude de chaînes sur Youtube qui participent à ce réenchantement du monde par écrans interposés : « Partager, c’est sympa » ou « Ta mère nature ». Autant de contenus qui viennent s’ajouter à une offre pléthorique d’enquêtes et autres documentaires nous alertant sur les questions environnementales, comme Brut Nature ou encore la plateforme Vakita créée par Hugo Clément. La nature est un spectacle qui mérite beauté et information.

Eva Roque est journaliste culture et média. Vous la retrouvez sur les ondes de France Inter, dans la presse (Libération, La Tribune), comme à la télévision (C L’Hebdo sur France5). Elle tient aussi la chronique « Ecrans » dans la revue Reporters d’Espoirs. Voici sa chronique parue dans le n°2, « Nature : vous n’avez encore rien vu ! ».