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« La seule vérité qui vaille, c’est celle du terrain » – Christine Buhagiar, directrice régionale Europe à l’AFP et membre du jury du Prix européen du jeune reporter

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Christine Buhagiar est la directrice régionale Europe de l’Agence France-Presse (AFP). Passée précédemment par les services France, politique, économique, puis vidéo de l’AFP, elle a rejoint cette année le jury du Prix européen du jeune reporter d’espoirs. Elle évoque pour nous son expérience journalistique et son activité au sein de l’AFP.

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Sortir l’écologie du placard : les nouveaux engagements des médias depuis 2022

By Le Lab, MediasClimatNo Comments

Longtemps associé au militantisme, restreint à des rubriques dites « ghetto » (INA, 2022), le journalisme écologique a peu à peu gravi les échelons des priorités au sein des rédactions. Aujourd’hui, les médias multiplient les déclarations d’intention, les chartes et les manuels de bonnes pratiques afin de mieux informer la population sur les enjeux environnementaux et de réduire leur propre empreinte écologique. Quels sont les engagements qui ont marqué le secteur médiatique français ces derniers mois ?

 

« Le consensus scientifique est clair : la crise climatique et le déclin rapide de la biodiversité sont en cours, et les activités humaines en sont à l’origine. » Ainsi commence la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, rédigée à l’initiative de Vert.eco et signée par plus de 1500 journalistes et 120 rédactions, organismes de formation et boîtes de production. Publié le 14 septembre 2022, ce texte destiné à l’ensemble de la profession résume en treize points les engagements de clarté, rigueur, contextualisation et formation des diverses parties prenantes. Bien que saluée pour sa portée et sa détermination à questionner le mode de fonctionnement de la société dans son ensemble, il ne s’agit pas de la première initiative du genre, que ce soit à l’étranger ou en France.

Ainsi, le 30 juin 2022, France Médias Monde (dont RFI et France 24 ont par ailleurs signé la Charte susmentionnée) souscrivait déjà un contrat-climat, passé avec l’État dans le cadre de la loi « Climat et Résilience », sur la publicité responsable (objectif premier de l’article 7 de la loi), la formation de ses équipes et la rigueur de ses contenus vis-à-vis des enjeux écologiques. Deux mois plus tard, le 29 août 2022, Radio France annonçait pour sa part son Tournant environnemental, avec le « plus grand plan de formation de son histoire » et des objectifs de sobriété numérique, énergétique, carbone. Autant de déclarations qui forment comme une « vague verte » dans le monde médiatique ; vague à laquelle s’ajoutent encore le communiqué de France Télévisions du 26 septembre sur « la crise du siècle » environnementale (qui a lancé son journal Météo Climat le 13 mars 2023), et la feuille de route Climat 2022 du Groupe TF1, davantage centrée sur le contenu des reportages et les « bons gestes » des téléspectateurs.

L’argument de la sacro-sainte « neutralité », dont les rédactions ont pu un temps se targuer pour remiser au placard l’écologie considérée comme « militante », perd ainsi de sa pertinence. Tous les manifestes déclarent se « ranger du côté de la science », en reconnaissant que le dérèglement climatique n’est pas une opinion mais un fait scientifique avéré. Le 12 janvier 2023, c’est au tour du Groupe Sud-Ouest de lancer son projet Déclic, grâce auquel il place l’environnement (à l’échelle tant internationale que locale) au cœur de sa production éditoriale. Le groupe s’engage également à créer un comité scientifique interne, et à réduire son empreinte écologique. Le 2 février, Ouest-France publie sa propre Charte pour un journalisme au niveau de l’enjeu écologique, dont une majorité des dispositions concernent la rigueur et la transversalité du traitement de l’environnement.

Quelques douze jours plus tard, la commission « la presse s’engage pour l’environnement » de l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM) dévoile son Livre blanc en partenariat notamment avec l’Alliance de la presse d’information générale, sur lequel elle travaille depuis l’été 2022. À la fois guide de bonnes pratiques et index des « grands chantiers d’ores et déjà mis en œuvre », cinq des six grandes parties du texte concernent la production des articles et des journaux (impression, distribution, publicité, diffusion numérique) afin d’aider les entreprises médiatiques à diminuer au mieux leur consommation énergétique et leur impact néfaste sur l’environnement. Enfin, tout récemment, Le Monde se dote le 21 avril, d’une Charte Climat & Environnement, qui reprend les engagements de formation des équipes, de rigueur scientifique, de cohérence publicitaire et de réduction de l’empreinte écologique évoqués plus haut.

Il serait toutefois injuste de réduire l’engagement des médias en faveur de l’environnement aux initiatives, certes spectaculaires, que nous venons de citer. Depuis les années 1970, quelques journalistes et rédacteurs précurseurs se battent pour placer ce sujet en première page (Comby, 2005) et créer des médias dédiés ou militants. Influencées tant par cet engagement que par l’actualité, les rédactions se sont lentement intéressées au sujet, avec une nette accélération à partir des années 2000. On cesse peu à peu de voir dans le climat un non-sujet et d’inviter des personnalités climato-sceptiques pour contester sur les plateaux les propos de scientifiques du GIEC (INA, 2015). On parle de plus en plus de climat dans les journaux télévisés (INA, 2020 ; Reporters d’Espoirs, 2020). Autant de signes encourageants que les chartes et manifestes précédemment énumérés viennent consacrer. Reste à voir comment tout cela se traduit de manière concrète, et si ce nouvel engagement des médias se traduit par une couverture climatique plus constructive.

Louise Jouveshomme/Lab Reporters d’Espoirs, 27 avril 2023.

« Là ou un Allemand traitera une information d’une façon factuelle, un Français aura une écriture plus colorée. La ‘culture Arte’ essaie d’emprunter le meilleur à ces deux mondes » – Carolin Ollivier, rédactrice en chef d’Arte Journal

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Journaliste et rédactrice en chef d’Arte Journal depuis 2014, Carolin Ollivier a le regard résolument tourné vers l’Europe. Membre du jury du deuxième Prix européen du jeune reporter, elle nous raconte son expérience au sein d’une rédaction franco-allemande et européenne unique en son genre.


Comment définir l’Europe ?

A mes yeux, il n’y a pas une, mais des Europe qui sont liées entre elles. Il y a l’Europe de l’espace commun et du marché unique, avec des mesures politiques partagées ; il y a l’Europe des Etats membres, dans toute sa diversité et toutes ses différences. Toutes appartiennent aux Européens, il est donc important de parler des deux.

Êtes-vous optimiste quant à la construction européenne ?

Je suis toujours optimiste ! L’Europe est née de la guerre, a grandi avec, autour et souvent aussi grâce à des crises. Aujourd’hui, on le voit à nouveau avec la guerre en Ukraine : l’Europe s’est certainement réunifiée face à ce défi. Cela prend des dimensions très concrètes : on parle à nouveau d’une défense européenne commune [CED, projet abandonné en 1954 suite au rejet de la France, ndlr] ; le projet politique et humain a trouvé un nouveau souffle auprès des dirigeants politiques comme de la population civile européenne. La construction européenne semble donc redynamisée, seul point positif à cette tragédie humaine…

Comment voyez-vous l’Europe dans 10 ans ?

A mon avis, il y aura eu d’ici là beaucoup de progrès. Je reprends l’exemple de la politique de la défense, qui sera alors peut-être réalité ; peut-être peut-on envisager un vote à la majorité dans ces domaines politiques régaliens, actuellement décidés à l’unanimité. Je pense aussi qu’il s’agira d’une Europe élargie, notamment à l’est. Ce qui créera cependant de nouveaux défis ou du moins, enracinera ceux qui existent déjà. Par exemple, les problèmes que posent des Etats membres comme la Hongrie ou la Pologne vont sûrement encore longtemps persister.

Vous êtes la rédactrice en chef d’Arte Journal, qui « propose une approche européenne et culturelle de l’actualité ».

La mission fondatrice d’Arte est de contribuer à une compréhension mutuelle des peuples européens. Parler d’Europe est presque devenu naturel pour nous – que ce soit en termes de politique ou de culture. Chaque journal est clôturé par un sujet où l’on parle art, musique, cinéma, etc. Car les messages culturels peuvent dépasser les frontières des pays et des langues. C’est aussi une façon d’approcher l’Europe par les Européens, et d’aborder des sujets sociétaux par un autre biais que les institutions – même si celles-ci restent bien sûr essentielles. Je demeure convaincue que la plupart des Européens sont curieux de savoir comment les Finlandais s’attaquent au défi de la pandémie, ou comment les Italiens accueillent les réfugiés ukrainiens. Ce sont des thématiques qui nous concernent tous, ce qui rend l’analyse de solutions que d’autres pays proposent à un problème similaire d’autant plus intéressante.

Est-ce facile de parler d’Europe ?

C’est à la fois simple et compliqué car, comme toute rédaction à travers le monde, nous débattons chaque matin de ce que nous allons traiter comme information. Nous avons toujours au moins deux publics en tête. C’est une réelle gymnastique intellectuelle de trouver des sujets qui concernent à la fois les Allemands et les Français, et on en a pris l’habitude. Presque automatiquement, on arrive ensuite à dépasser le cadre franco-allemand pour arriver à une perspective européenne. A tel point qu’il peut parfois nous paraitre plus compliqué d’expliquer un sujet national de façon à ce qu’il soit compréhensible pour l’autre, que d’aborder des informations transnationales et européennes.

Nous tachons aussi d’aborder des questions qui préoccupent un peuple ou une nation à un moment donné. Nous faisons régulièrement le choix de sujets un peu curieux, que l’on ne traiterait pas par ailleurs : les ours qui retournent en Roumanie, un film qui fait grand bruit en Italie, ou encore un scandale de cartes électroniques de santé en Estonie… Des sujets qui sont intéressants aussi parce qu’ils racontent un pays, son fonctionnement et sa nature.

A quoi ressemble une rédaction binationale et européenne ?

Notre équipe est quasiment « paritaire » en termes de nationalités, avec des journalistes français pour moitié et des allemands pour l’autre, et qui travaillent ensemble sur le même journal. Cela donne un mélange intéressant, puisque la culture de travail et les styles d’écriture varient beaucoup des deux côtés du Rhin : là ou un Allemand traitera souvent une information d’une façon sobre et factuelle, un Français aura une écriture beaucoup plus colorée, avec un certain « accent » reportage. C’est un environnement de travail très enrichissant où l’on apprend beaucoup l’un de l’autre. Au fil du temps, cela a donné une certaine « culture » Arte, un mélange qui, comme souvent en Europe, essaie d’emprunter le meilleur aux deux mondes.

Et, au-delà de notre identité franco-allemande, nous intégrons de plus en plus d’autres nationalités au sein de notre rédaction : journalistes belges, autrichiens, suisses, même britanniques… L’idée est d’intégrer des journalistes de tous les horizons pour réaliser notre propre petit rêve européen !

Existe-t-il un journalisme européen selon vous ?

La plupart des médias ont des approches plutôt nationales : même pour des sujets transnationaux comme le Brexit, la pandémie ou l’accueil de réfugiés, chacun se focalise sur les questions que cela soulève pour son propre pays. Lorsqu’il y a un sommet européen, toutes les chaines de télévision se focalisent sur ce que leur propre gouvernement a réussi à négocier ; à Arte, au contraire, nos correspondants à Bruxelles essaient de faire des interviews avec des représentants de plusieurs nationalités. Même s’il est rare, il existe bien un journalisme européen à mes yeux : un journalisme qui analyse comment font les autres et essaie d’inclure de multiples visions pour arriver à une synthèse européenne.

La barrière linguistique est souvent vue comme un obstacle majeur à l’émergence d’un journalisme européen. Or à Arte, vous proposez des contenus en 6 langues.

Les langues sont en effet au cœur de nos réflexions. Si l’on veut s’adresser à un public européen plus large, vaut-il mieux utiliser la lingua franca, l’anglais, en pensant que tout le monde comprendra ? Ou au contraire, décider d’avoir des approches plus territoriales en optant pour la langue nationale ?

Arte fait un peu des deux, ce qui constitue un défi logistique et un investissement phénoménal. Mais cette diversité linguistique est en même temps enrichissante, et nous restons convaincus que ce n’est que de cette façon que l’on pourra s’adresser à tous les Européens.

On dit souvent l’Europe trop abstraite, traitée principalement sous l’angle de ses institutions. Faut-il changer la façon dont les médias la couvrent ?

Absolument. Premièrement, je pense que tous les médias devraient en parler plus. Quant au côté qualitatif, il est bon de diversifier la couverture de l’Europe, d’aborder également l’Europe culturelle et des peuples, sans bien sûr délaisser l’Europe institutionnelle. L’Europe est complexe, mais elle fait partie des sujets qui sont importants car elle concerne la vie de tous les citoyens européens et parfois même au-delà.

Le journalisme de solutions est-il une démarche à laquelle vous êtes sensible ?

Tout à fait ! Traiter d’Europe, c’est parler de défis, mais aussi de solutions. Souvent, on trouve justement ailleurs des initiatives pour lutter contre des problèmes que l’on rencontre chez soi. Par exemple, quelles solutions l’Allemagne a-t-elle trouvé grâce à son modèle fédéral pour endiguer les cas de Covid-19 ? Comment l’Italie a-t-elle pu redynamiser un village en y accueillant des réfugiés ? Ou encore, comme la Finlande a-t-elle réussi à diminuer le nombre de sans-abris en leur facilitant l’accès au logement ?

L’Europe regorge d’idées, de projets et d’initiatives qui sont la source même du journalisme de solutions. C’est donc bien une dimension que nous essayons d’intégrer dans notre journal. De plus, lorsqu’il y a une grande actualité internationale et catastrophique, comme c’est le cas avec l’Ukraine, nous essayons d’équilibrer le ton en incluant au moins un sujet positif ou constructif au sens large.

Y a-t-il selon vous des pays plus preneurs que d’autres d’histoires constructives et de résilience ?

Ce n’est peut-être qu’une impression subjective, mais je pense que les pays nordiques sont plus sensibles à cette approche. Les médias là-bas réfléchissent beaucoup à leur mission publique et responsabilité, et tendent davantage à se remettre en question et à être attentifs au public. De plus, il y règne une grande tradition de journalisme investigatif, qui pointe des problèmes, mais mène aussi à des propositions.

Comment faites-vous pour inclure un angle européen à chaque sujet que vous traitez ?

Tout d’abord, il faut visualiser le public européen auquel on s’adresse et s’imaginer lui parler. Très naturellement, on est amené à inclure d’autres voix et opinions. Par exemple, même des élections nationales soulèvent de forts enjeux européens : on peut interroger un Allemand, Italien ou Espagnol sur ce qu’il pense de la campagne, des candidats etc.

Autrement, il y a la comparaison : regarder comment une situation similaire est gérée par nos voisins par exemple… Pour reprendre l’exemple des élections, on peut comparer les différents systèmes électoraux, les cultures politiques etc. Avec un peu de créativité, de temps et d’habitude, on trouve presque toujours une perspective européenne.

Propos recueillis par Morgane Anneix pour Reporters d’Espoirs

Émission spéciale « La France des Solutions » sur Demain !

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Dans le cadre de son opération La France des Solutions, Reporters d’Espoirs s’est allié à l’émission Label Entreprise, diffusée sur la chaîne Demain!. 

Cette dernière sera donc en diffusion  :
– Lundi 18 juin à 20h15
– Mercredi 20 juin à 19h30
– Jeudi 21 juin à 20h40
– Dimanche 24 juin à 19h10 et 22h30
Label Entreprise sera également en replay sur demain.fr à partir du mardi 19 juin 2018.

 

** Demain !  est la chaîne de l’emploi et du développement local, des initiatives et du lien social. 
Accessible gratuitement sur la TNT en Île-de-France (canal 31), les réseaux câblés numériques, les bouquets ADSL et www.demain.fr