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Retour sur la soirée du Prix européen du jeune reporter 2022

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Mardi 28 juin, Reporters d’Espoirs avait le plaisir d’accueillir une centaine d’invités pour une soirée placée sous le signe d’une Europe porteuse de solutions. Comment écrire cette Europe, souvent négligée par les journalistes ? Une question posée à nos conférenciers professionnels des médias, écrivains-voyageurs, mais aussi et surtout aux 6 lauréates du Prix européen du jeune reporter 2022.


18h30. A Europa Expérience, place de la Madeleine, les invités commencent à affluer. Tous sont venus découvrir ce nouveau lieu interactif dédié à l’Union Européenne au cœur de Paris, mais aussi et surtout écouter la dizaine d’intervenants de la soirée. Des personnes, munies de tablettes équipées d’un dispositif de réalité virtuelle, déambulent sur une immense carte du continent au sol. Régulièrement, des fenêtres s’ouvrent pour mettre en lumière des initiatives portées par l’Union Européenne dans ces régions et pays. De l’autre côté, on tapote des écrans tactiles afin d’explorer les relations entre les institutions, en savoir plus sur l’activité parlementaire ou bien prendre un selfie pour le mur photo interactif…

19h, la soirée est lancée ! A l’animation, Eléonore Gay, présentatrice de l’émission « Nous, les Européens » sur France TV, ouvre la première conférence sur le thème de l’Europe et des jeunes. Comment leur donner envie de s’impliquer dans le projet européen ? Ségolène Allemandou, rédactrice en chef d’ENTR, explique comment ce nouveau média plurilingue, fruit de la collaboration entre une dizaine de médias à travers l’Europe (France Médias Monde, Deutsche Welle…), s’adresse aux jeunes de 18-34 ans en misant sur une stratégie 100% numérique, notamment via les formats vidéo et la présence sur les réseaux sociaux. Puis, Gaëlle Rolland, fondatrice de Graines d’Europe, relate l’approche culturelle et artistique de son association pour favoriser le vivre-ensemble et le lien entre Européens : spectacles, expositions, mais aussi des productions comme « L’Europe, c’est pas sorcier » (avec Fred et Jamy !) en sont quelques exemples phares.

19h30. Pendant que le public rejoint les trois salles de pitch, en coulisses, le stress commence à se faire sentir. C’est le moment de présenter leurs sujets pour les lauréates ! Face à un public enthousiaste, elles racontent leur reportages sur des communautés religieuses qui prêtent leurs terres à des projets agricoles biologiques ; une médecin néerlandaise engagée pour le droit de l’avortement partout dans le monde ; un service d’écoute constitué en réseau à travers l’Europe pour répondre à la détresse mentale des jeunes ; une association qui rénove des logements insalubres au Portugal ; ou encore, un projet de coopération transfrontalier visant à revaloriser la laine locale.

Après chaque pitch, les questions fusent : pourquoi s’être intéressé à cette initiative, des nouvelles des projets suivis… ? Des échanges passionnants entre public et lauréates qui se poursuivront jusque lors du cocktail.

Mais avant ce moment convivial, place à la deuxième conférence de la soirée. Une fois tout le monde à nouveau réuni au forum, nos deux écrivains-voyageurs, Gaspard Koenig (Notre vagabonde liberté: À cheval sur les traces de Montaigne, L’Observatoire) et François Reynaert (Voyage en Europe: De Charlemagne à nos jours, Fayard) nous racontent leur périple européen. A dos de cheval pour le premier, à travers l’histoire pour le deuxième, ils en profitent pour revenir sur leur vision de l’Europe, mais aussi du journalisme. Avec un conseil répété en boucle : aller sur le terrain, à la rencontre des personnes et acteurs de son sujet.

Un principe déjà bien compris par nos 6 lauréates, pour lesquelles vient enfin le moment sûrement le plus attendu de la soirée : la remise des prix, avec le dévoilement du classement du Prix européen du jeune reporter 2022 !

Catégorie Pays francophones (France, Belgique)

Catégorie Pays non-francophones

De gauche à droite: Anne-Dominique Correa, Julie Bourdin, Valentina Mustafa, Camille Jourdan, Theresa Bolte et Hélène Coutard, les 6 lauréates du Prix européen 2022

Félicitations encore aux 6 lauréates, sélectionnées parmi les plus de 130 candidatures en provenance de 18 pays qui nous étaient parvenues cette année !

Les reportages lauréats du Prix européen du jeune reporter 2022

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Au terme d’une soirée de rencontres et d’échanges à « Europa Expérience », 5 Prix ont été remis à Hélène Coutard, Valentina Mustafa, Anne-Dominique Correa et Julie Bourdin, Theresa Bolte et Camille Jourdan, six françaises, belge, colombienne et allemande, âgées de 21 à 30 ans.

Ouvert aux 18-30 ans quels que soient leur parcours et études, le « Prix européen du jeune reporter » encourage les jeunes à se faire acteurs de l’information, à pratiquer l’écriture en langue française, et à examiner des problèmes et des initiatives porteuses de solutions à l’échelle de l’Europe.

Parmi les 130 reportages en provenance de 18 pays candidats de cette deuxième édition, 5 reportages ont été distingués par un jury de professionnels des médias dans les catégories « Pays francophones » (3 Prix) et « Pays non-francophones » (2 Prix).

Les 6 lauréates se partagent une dotation de 10 000 euros, et profitent également de la publication de leurs reportages ou d’une médiatisation dans les médias partenaires : Le Figaro, Voxeurop et Euradio.

De gauche à droite: Anne-Dominique Correa, Julie Bourdin, Valentina Mustafa, Camille Jourdan, Theresa Bolte et Hélène Coutard

Catégorie Pays francophones (France, Belgique)

1er Prix : « Livrées, délivrées » par Hélène Coutard
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Journaliste auprès du groupe SoPress, Hélène Coutard réalise dans ce reportage le portrait de la médecin néerlandaise Rebecca Gomperts, connue pour son engagement pour les droits génésiques des femmes partout dans le monde. Fondatrice de l’ONG Women on Web, elle permet à des femmes d’avorter discrètement dans les pays qui l’interdisent grâce à des pilules envoyées par colis. Ce reportage a été réalisé alors que l’avortement était largement proscrit en Pologne et que le Parlement Européen élisait une présidente connue pour ses positions anti-IVG, ce qui résonne particulièrement avec l’actualité.

A propos de l’autrice :
Après un master en médias internationaux incluant une année d’études aux Etats-Unis, Hélène Coutard a d’abord travaillé en tant que freelance basée à Paris, Berlin et New York.  En 2020, elle assure la rédaction en chef des sept premiers numéros de So good, un magazine trimestriel du groupe SoPress adepte de la démarche du journalisme de solutions. Aujourd’hui, elle continue à travailler au sein de SoPress en tant que journaliste pour les pages société, politique, sport ou culture.  
Elle est également l’autrice d’un livre, Les Fugitives : partir ou mourir en Arabie Saoudite, publié en 2021.  

2e Prix : « Quand la foi se met au vert » par Julie Bourdin et Anne-Dominique Correa
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Camarades au cours de leurs études de journalisme, Julie Bourdin et Anne-Dominique Correa se sont intéressées à la conversion écologique qui est en train de s’opérer au sein de l’Eglise catholique. En France comme en Belgique, de plus en plus de communautés religieuses prêtent en effet leurs terres à des projets d’exploitations agricoles biologiques, souvent en partenariat avec des laïcs.

A propos des autrices :
Diplômée d’un master en journalisme et relations internationales à Sciences Po, Julie Bourdin travaille aujourd’hui en tant que journaliste multimédia freelance. Franco-sud-africaine ayant longtemps vécu à l’étranger, elle cultive un grand intérêt pour les langues, les cultures étrangères et l’actualité internationale.  Dans ses reportages, elle s’intéresse régulièrement aux questions de droits humains, de migrations et d’environnement. Elle a notamment documenté la situation des réfugiés sur l’île grecque de Lesbos pendant 5 mois et remporté un concours pour réaliser une enquête transfrontalière sur le trafic de migrants en Europe.   

Issue de la même promotion que sa co-autrice Julie, Anne-Dominique Correa est notamment passée par les rédactions internationales de l’AFP, CNN ou encore de France 24.  Aujourd’hui pigiste auprès de nombreux médias français, on la retrouve dans les colonnes du Monde diplomatique, de Socialter ou encore de Reporterre. Elle s’intéresse entre autres au genre, au climat et aux questions économiques.

3e Prix : « La laine, nouvelle toison d’or ? » par Camille Jourdan
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Journaliste indépendante, Camille Jourdan se penche dans ce reportage sur un projet de coopération transfrontalier visant à revaloriser la laine. De la tonte des moutons à la transformation en vestes, chaussettes et panneaux isolants, à la frontière franco-belgo-luxembourgeoise, tout s’organise afin de reconstruire une filière de production 100% locale.

A propos de l’autrice :
Titulaire d’un master en journalisme bilingue français-anglais de la Sorbonne, Camille Jourdan travaille aujourd’hui en tant que pigiste spécialisée dans la presse écrite et le web.  Dotée d’une expérience en journalisme local et d’investigation, avec notamment à son actif une enquête sur le viol de guerre publiée par Mediapart, elle couvre avant tout des sujets de société (éducation, emploi, santé…) et s’intéresse également à l’économie sociale et solidaire.

Catégorie Pays non-francophones

1er Prix : « Donnez-moi une truelle et je changerai le monde » par Valentina Mustafa
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Au Portugal, un quart de la population vit dans des logements indécents, parfois sans électricité, eau courante ou sanitaires. Un phénomène qui touche également de nombreux autres pays européens. Dans ce reportage de terrain, Valentine Mustafa a suivi les équipes de l’association Just a Change, qui, depuis sa création en 2015, a mené plus de 300 chantiers de rénovation au sein du pays.

A propos de l’autrice :
Spécialisée dans le journalisme de proximité après un master à l’ESJ Pro de Montpellier, Valentina Mustafa a d’abord travaillé dans la presse avant de se diriger vers les radios locales. Elle a sillonné les régions de France de la Normandie au Périgord, s’intéressant à la politique, à l’agriculture ou encore à la santé.
Colombienne d’origine mais se déclarant « française de cœur », elle met à profit cette double culture dans ses reportages.   

2e Prix : « Bonsoir, nightline, je t’écoute » par Theresa Bolte
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Partout en Europe, les « nightlines » fournissent un service d’écoute tenu par et pour des étudiants. Elles permettent ainsi aux personnes en détresse de se confier anonymement à des étudiants bénévoles formés aux techniques d’écoute « active ». Si ce soutien moral ne saurait régler tous les problèmes de santé mentale des jeunes, mis à mal pendant la pandémie, il répond à un véritable besoin.                              

A propos de l’autrice :
Etudiante en licence dans un cursus franco-allemand de sciences politiques entre l’Université Fribourg-en-Brisgau et l’IEP d’Aix-en-Provence, Theresa Bolte multiplie déjà les expériences journalistiques et européennes. 
C’est à l’occasion d’un volontariat dans le corps européen de solidarité réalisé à Poitiers en 2021 auprès du Centre Europe Direct de Vienne-Deux Sèvres que la jeune Allemande de 21 ans découvre la radio. Elle y co-anime l’émission « And the tap drips » sur Radio Pulsar, radio associative basée à Poitiers, puis rejoint la radio Rundfunk à Berlin Brandenburg.

Gian-Paolo Accardo, membre du jury du Prix européen – La rencontre

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Gian-Paolo Accardo est un journaliste italo-néerlandais né à Bruxelles, fondateur et rédacteur en chef du site d’information Voxeurop (www.voxeurop.eu). Il a précédemment été rédacteur en chef adjoint de Presseurop.eu, de Courrier international et correspondant pour Internazionale, des médias réputés pour leur ouverture sur les langues européennes et leur horizon s’étendant au-delà des frontières nationales. Vous l’avez peut-être également entendu sur les ondes de France Inter, où il a longtemps contribué aux émissions dédiées au continent comme « Allô, l’Europe » et « Transeuropéenne » aux côtés de José-Manuel Lamarque et Emmanuel Moreau.


 

L’Europe, à vos yeux et par votre parcours, est une évidence !

Complètement. J’ai grandi et fait mes études entre Bruxelles, Rome et Paris. Après des stages et des piges entre la France et l’Italie, mon premier poste était à Internazionale, l’homologue italien de Courrier international, que j’ai rejoint par la suite à Paris et où je suis resté une quinzaine d’années. Mes cinq dernières années là-bas d’ailleurs ont été consacrées à PressEurop, traitant de l’actualité européenne en dix langues. En 2014, nous reprenions cette ligne éditoriale avec la même équipe mais sous un autre nom : c’est la naissance de Voxeurop, pour lequel je travaille toujours avec autant d’acharnement et de passion.

Pourquoi Voxeurop ? Avez-vous identifié un manque dans le paysage médiatique ?

Depuis que je m’intéresse à la presse et à l’information européenne, je remarque que l’Europe est de plus en plus intégrée mais qu’il n’existe pas de média européen ou paneuropéen pour la raconter, pour aborder les grandes thématiques qui circulent sans frontières notamment le climat, l’éducation ou encore le chômage des jeunes. Au niveau de l’Union européenne, nous avons trois piliers que sont le législatif, le judiciaire et l’exécutif sans pour autant avoir le quatrième pouvoir que constitue une presse libre et indépendante.

Pour toucher un maximum de lecteurs européens, vous avez décliné Voxeurop en plusieurs langues.

Nous pensons que si l’on souhaite s’adresser aux citoyens européens, il faut s’adresser à chacun dans sa langue. Aujourd’hui, les contenus de Voxeurop sont disponibles en anglais, français, italien, allemand et espagnol.

 

Le journalisme de solutions, est-ce une démarche qui vous parle et que vous pratiquez ?

Par nature, j’ai tendance à penser que « good news is no news »… mais que cet adage était valable jusqu’à une époque où le nombre de bonnes nouvelles était relativement élevé. Avec la crise, nous avons pu observer l’émergence d’une résistance par rapport aux mauvaises nouvelles, qui coïncide avec une baisse du budget consacré à la réalisation des reportages, qui sont les plus vecteurs de bonnes nouvelles. Le journalisme de solutions s’est affirmé au moment où la crise est devenue plus importante parce que les citoyens étaient plus réceptifs. Le journalisme de solutions, pratiqué avec rigueur et déontologie, n’est d’ailleurs pas en contradiction avec la Charte de Munich, un des documents de référence de l’éthique journalistique. L’enthousiasme et l’engagement dans l’information ne sont pas à proscrire dans la mesure où ils sont transparents.

Nous concevons à Reporters d’Espoirs le journalisme de solutions comme une méthode, et estimons que chaque journaliste peut faire preuve du même professionnalisme, du même regard critique et détachement vis-à-vis du sujet de son reportage, qu’il traite de problème ou de réponse à un problème. Il peut tout à fait traiter de réponses concrètes, de prise d’initiative, sans pour autant être engagé ou céder à l’éloge !

Le journaliste est un être humain. Aussi, prétendre qu’il est neutre partout et tout le temps est une chimère. Dans les reportages, par exemple, l’auteur ne se met pas forcément en retrait. Cela aide d’ailleurs le lecteur à se plonger dans son travail. La clé est l’honnêteté dans la transmission de l’information et la transparence à l’égard du lecteur.

Pensez-vous qu’il existe un journalisme européen ?

Le journalisme européen est composite. Je distingue le journalisme paneuropéen, tel qu’il est pratiqué par Voxeurop avec une vision transnationale, des journalismes nationaux qui composent une mosaïque de pratiques distinctes formant un tout. Dans les coalitions de grands quotidiens européens comme LENA (Leading European Newspaper Alliance, rassemblant 7 journaux de 7 pays) ou Europa, un des principaux obstacles que rencontrent les rédactions est que l’adaptation des articles entre les différents médias est relativement difficile. De ce point de vue, il n’y a pas un journalisme européen unique mais toute une mosaïque de pratiques journalistiques à l’échelle européenne.

Merci Gian-Paolo de rejoindre le jury du Prix européen du jeune reporter. En quoi vous retrouvez – vous dans cette initiative ?

Je suis tout à fait curieux de découvrir le fonctionnement du journalisme de solutions, les sujets qui intéressent les jeunes reporters tout autant que le langage qu’ils utilisent. C’est une opportunité de plonger dans le bain de la nouvelle génération de reporters. Enfin, si les reportages des lauréats du Prix européen du jeune reporter sont de grande qualité, il me semble envisageable de les publier et de les traduire en plusieurs langues sur Voxeurop.

Propos recueillis par Inès Barbe et Gilles Vanderpooten, Reporters d’Espoirs.


A propos de Reporters d’Espoirs & du Prix

Le Prix Reporters d’Espoirs met à l’honneur depuis 2004 les journalistes, innovateurs des médias, et étudiants-futurs professionnels des médias, pour leurs sujets traités sous l’angle « problème + solution ». Il a distingué plus de 100 lauréats depuis sa création, et célèbrera en 2021 sa 11e édition. Le Prix a permis à des journalistes de défendre leur travail au sein de leur rédaction, de gagner en notoriété auprès du public, de maintenir ou développer leurs rubriques, ou encore de convaincre leur média de la pertinence du journalisme de solutions. Le Prix s’inscrit dans la mission de Reporters d’Espoirs « pour une info et des médias qui donnent envie d’agir ».