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Journalisme

Olivier Guez, président du jury du Prix européen du jeune reporter 2022, nous livre sa vision de l’Europe

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Profondément attaché à l’Europe, Olivier Guez a travaillé en tant que journaliste indépendant pour nombre de médias à travers le continent, de la Frankfurter Allgemeine Zeitung à Il Foglio en Italie. Également essayiste et écrivain, il a obtenu en 2017 le Prix Renaudot pour son roman La Disparition de Joseph Mengele. C’est sous sa direction que 27 écrivains européens, un par État-membre de l’Union européenne, ont délivré, dans l’ouvrage collectif Le Grand Tour sorti en mars 2022, leur vision de l’Europe, notamment à travers des lieux évocateurs de la culture et de l’histoire européennes.


Votre regard de journaliste est tourné vers l’Europe et le monde.  Existe-t-il un « journalisme européen » ou bien y a-t-il autant de pratiques que de nations, que de cultures ?

Je pense que quel que soit le pays où le journaliste exerce, il est censé faire la même chose : relater la réalité ; ne pas donner son avis ; et enfin, laisser parler les évènements.  Fondamentalement, je pense qu’il n’existe qu’une école de journalisme. Elle devrait être universelle.

Quel espoir portez-vous sur ce continent et sur sa cohésion aujourd’hui ?

L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a fait basculer les Européens dans une communauté de destin. Pour la première fois depuis la chute du mur de Berlin ou peut-être même la Seconde Guerre Mondiale, un unique évènement concerne et unit tous les européens.

Si parler d’espoir au vu de la situation début mars me semblerait présomptueux, il y a en tout cas une prise de conscience. C’est un réveil douloureux pour l’Europe, mais qui s’avérera peut-être être salvateur dans les années qui viennent.

Plus que d’espoir, peut-être pourrait-on alors parler d’une accélération de l’union ?

Pour moi, il y a eu trois phases dans la construction européenne. Premièrement, les débuts héroïques, qui correspondent à un projet technocratique d’expansion et de partage économique. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, on ne peut plus parler de civilisation ou culture européenne. La civilisation européenne sort alors d’une phase de plus de 30 ans d’autodestruction qui a conduit à Auswitch : il faut donc une approche pragmatique et modeste portée par des personnes qui ont vécu les deux conflits mondiaux dans leur chair.

La deuxième phase se situe autour de 1989 : c’est l’ère d’une expansion joyeuse, même si je pense qu’elle a été en quelque sorte ratée dès le début. On a mésestimé les souffrances endurées par les pays d’Europe centre et orientale sous domination russo-soviétique. 

Enfin, la troisième phase, qui commence au début des années 2000, voit arriver au pouvoir des dirigeants européens qui n’ont ni vécu ni la guerre ni l’Europe au quotidien. Ils ne se sont pas baladés à travers le continent, ont peu vécu à l’étranger ni aimer en Europe. Avec leurs carrières très nationales et leur vision très centrée sur leur propre pays, il ne s’est pas passé grand-chose en Europe depuis 20 ans. Mais peut-être que l’on est aujourd’hui en train de vivre le prochain basculement, avec l’avènement de la génération Erasmus qui est désormais aux prises avec une menace existentielle :la Russie de Vladimir Poutine.

L’Europe est-elle une entité qui vous inspire d’un point de vue culturel, littéraire, ou politique ?

Je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’aimais ou pas l’Europe car je suis né Européen. Je suis né à Strasbourg, dans une ville et une région européenne, que ce soit par leur culture et française et allemande, ou par leur géographie marquée par le Rhin, ce grand fleuve qui relie plusieurs pays. Et puis, j’ai aussi grandi au cours des années 80, la décennie miraculeuse de la construction européenne qui s’est terminée en apothéose à l’automne 1989. Ainsi, ces années de formation qui sont essentielles pour tout le monde ont pour moi été placées sous le signe de l’Europe.

Depuis, je n’ai cessé d’aimer l’Europe : j’y ai beaucoup voyagé, découvert et aimé. Après avoir vécu en Belgique, au Royaume-Uni et en Allemagne, je me suis finalement posé en Italie. L’Europe, je la pratique au quotidien. Je me définis ainsi comme un écrivain européen puisque ce continent constitue mon terroir. J’ai sa cuisine, ses odeurs et ses paysages en moi, Je me les suis appropriés, tel un écrivain national ou régional qui puiserait dans ces éléments pour développer ses œuvres. Ma géographie est continentale.

« Le Grand Tour », titre du livre que vous venez de publier chez Grasset, c’est une manière de rendre plus concrète cette Europe qui vous est constitutive ?

Mon projet du Grand Tour s’est quelque part inscrit dans ce que j’ai toujours fait et aimé. J’ai tout simplement demandé à 27 auteurs européens, un par pays membre de l’Union Européenne, de raconter un lieu, chez eux, dans leur pays, qui évoque la culture ou l’histoire européenne. Le résultat est ce magnifique recueil, constitué de textes de fiction comme de non-fiction et de récits parfois très personnels qui n’évoquent pas directement l’histoire européenne, mais décrivent le continent tel qu’il est aujourd’hui.

Le Prix européen du jeune reporter vise également à promouvoir la francophonie à travers le continent. Etes-vous confiant dans le français comme langue d’avenir, notamment sur le plan européen ?

Le départ des Britanniques a provoqué une situation paradoxale, puisque la lingua franca de l’Union Européenne est aujourd’hui une langue très minoritaire. C’est donc bien une chance pour le français, mais il faut aussi rester réaliste : l’anglais, ou plutôt le globish, domine tous les échanges internationaux et continuera sûrement à le faire. Toutefois, cela ouvre peut-être le champ à une diversification linguistique des échanges au niveau européen : ce serait alors une chance autant pour le français que pour l’allemand, l’espagnol etc. 

En tant qu’écrivain, vous avez exploré le passé et analysé le présent. Quel rôle le journaliste peut-il jouer pour lier le passé, le présent et éventuellement nous aider à construire un avenir de manière constructive ?

Le journaliste est un témoin, un passeur. Celui qui raconte à la fois le passé et évidemment le présent. C’est justement en racontant de la manière la plus objective possible et le passé et le présent que l’on peut envisager de construire un avenir serein. Avec la diffusion des fake news, on voit bien que cette réécriture du passé peut avoir un impact immédiat sur le présent et des conséquences potentiellement terribles pour le futur. L’invasion du Capitole aux Etats-Unis en est le parfait exemple : les fausses nouvelles ont alors tellement abondé que l’on a basculé dans un monde totalement chimérique et délirant. Le journalisme a donc une mission extrêmement importante qui se situe au niveau de l’objectivité et de la réalité.

Tous les reportages candidats devront mettre en avant une solution intégrant une dimension européenne et un regard critique sur cette dernière. En quoi, d’après vous, le journalisme de solutions est-il porteur de sens ?

On reproche souvent aux journalistes de toujours relayer uniquement une information anxiogène. Or, tel que le promeut Reporters d’Espoirs, il faut aussi raconter autre chose, il faut donner envie :  ne pas seulement déplorer, pleurer, mettre en garde, mais aussi montrer que des solutions existent. Il ne s’agit pas de faire de la promotion : il faut continuer à viser une certaine objectivité journalistique tout en adoptant peut-être un angle un peu différent.

Au vu de la situation tragique en Ukraine au moment où nous nous parlons, il est peut-être encore un peu tôt pour parler de journalisme de solutions et je pense qu’il faut aussi garder un peu de modestie à cet égard. Mais bien sûr viendra le moment où il faudra reconstruire et témoigner de la solidarité envers les réfugiés et exilés de cette guerre, et alors ce journalisme-là aura tout son sens.

Les Français seraient particulièrement pessimistes et méfiants à l’égard des médias : est-ce quelque chose que vous constatez également dans le traitement de l’information ?

Ce qui me frappe en France, c’est qu’il y a un habillage anxiogène dans notre façon de présenter l’information : tout est enrobé d’une certaine dramaturgie afin de capter au mieux notre attention. Cela contraste beaucoup avec l’Allemagne par exemple, où règne au contraire une grande sobriété. Et puis, il y a en France l’omniprésence des chaines d’information en continu, inexistantes en Allemagne. Ces chaines sont anxiogènes par définition, car leur métier consiste à créer un état d’alerte permanent. Malheureusement, je pense que l’on a beaucoup copié sur les Américains à cet égard. S’y ajoutent les réseaux sociaux qui amplifient encore ces tensions, ce qui pousse même les chaines « généralistes » à dramatiser l’information.

Avez-vous des exemples de reportages qui vous ont inspiré dernièrement ?

Je trouve que tout ce que l’on peut lire sur l’Ukraine, avec ces magnifiques initiatives dans une situation dramatique de guerre, est très inspirant. Il est important que ce message soit aussi relayé aux Ukrainiens pour qu’ils ne se sentent pas seuls même si eux seuls vivent ces évènements tragiques. On ne sait plus ce que c’est de tout abandonner sans savoir quand on reverra sa maison, son pays, ses proches. Mais toutes ces initiatives et symboles de solidarité, que ce soient les collectes, les dons ou volontaires qui vont là-bas pour aider, c’est bien sûr inspirant.

Quel conseil adressez-vous aux jeunes journalistes ou apprenti-reporters qui postulent au Prix européen du jeune reporter ?

Travailler, tout simplement. Un article, cela ne s’improvise pas. Un bon journaliste est quelqu’un qui raconte, qui sait se mettre de côté et s’effacer derrière son sujet sans donner son avis ou jugement. Le journalisme est une sorte de littérature du réel : que les candidats nous racontent donc simplement une histoire dans leurs mots de la façon la plus sobre et efficace possible.

Interview réalisée par Morgane Anneix et Augustin Perraud.

[Interview] Le design fiction pour « éviter de laisser les autres choisir le futur de l’information à votre place » – Nicolas Minvielle

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En plus d’être le cofondateur du collectif de designers, anthropologues, et prospectivistes « Making Tomorrow », Nicolas Minvielle est professeur de design et de stratégie à Audencia Business School, dont il dirige le master « Marketing, Design et Création ». Il travaille également à la coordination de la « Red Team », groupe d’auteurs de science-fiction qui mettent leur imagination au service du ministère des Armées pour plancher sur des scénarios souvent dystopiques. Son leitmotiv : « susciter l’imagination de scénarios alternatifs, de mise en mouvement, pour que le pire ne se produise pas, mais bien le meilleur possible ». Il a publié lundi dernier aux éditions Hold Up, « Design fiction et plus pour votre organisation, un guide pour construire demain », que vous pouvez vous procurer sur https://www.okpal.com/making-tomorrow/#/

Gilles Vanderpooten – Vous êtes spécialiste en « design fiction ». De quoi s’agit-il ?

Nicolas Minvielle – Le designer Julian Bleecker, auquel on en attribue la paternité, le définit comme « l’emploi intentionnel d’un mélange de faits de sciences et de fiction pour suspendre le sentiment d’incrédulité face à un futur possible ».

Le futur est une zone de conflit, les gens veulent s’y projeter et se l’approprier, ce pourquoi il est important de le mettre en fiction.

Durant la guerre froide, chacun développait ses outils : quand le bloc de l’Est misait sur la statistique, les États-Unis misaient sur le croisement des opinions d’experts avec la méthode Delphi. Le design-fiction est un outil né il y a une dizaine d’années, par lequel on peut imaginer des visions de l’avenir qui se démarquent des visions dominantes. Il s’agit de stimuler l’imagination en « jouant » avec le futur. En imaginant des scénarios, en créant les maquettes de différentes versions possibles de ce que pourrait être demain.

Cette discipline est en construction. Avec le collectif Making Tomorrow, on fait de la recherche poussée pour en appréhender l’impact. Comment ces histoires ont-elles été appropriées par les organisations ? Ont-elles modifié les visions et actions des gens ? Le point de vue scientifique est indispensable pour évaluer la réalité de la chose.

Le manuel que nous publions ces jours-ci, Design fiction et plus pour votre organisation, un guide pour construire demain, présente les techniques nécessaires à la mise en œuvre d’une approche de design-fiction au service des stratégies et des organisations.

Les outils de notre époque (twitter, info en continu, vidéos tiktok, communication tous azimuts…) ont tendance à nous confiner dans l’immédiateté de l’actualité. Là, il s’agit de proposer des outils de réflexion pour le temps long ?

Le design-fiction veut amener les entreprises à se projeter au-delà des 3 à 5 ans d’exercice stratégique… sachant que ces délais sont eux-mêmes trop longs pour répondre à l’incertitude du monde dans laquelle nous naviguons !

C’est pour cela que l’exercice fait faire des allers-retours entre temps court et temps long. Se projeter dans ce qui semble essentiel à une prise de conscience collective pour une mise en mouvement à grande échelle, afin de réorienter l’action dans un sens souhaitable.

Outre l’entreprise, un domaine qui parait d’autant plus évident à l’heure de la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine, c’est celui de la défense. Vous travaillez avec les Armées –de terre, de l’air, de la marine.

Au sein de la « Red Team » dans laquelle j’interviens se rassemblent des auteurs, scénaristes de science-fiction, scientifiques et militaires, pour imaginer les menaces pouvant directement mettre en danger la France et ses intérêts. Elle a notamment pour objet d’anticiper les aspects technologiques, économiques, sociétaux et environnementaux de l’avenir qui pourraient engendrer de potentiels conflits à l’horizon 2030-2060.

Quels nouveaux types de conflits envisagez-vous avec cette méthode ?

Hacking des implants neuronaux, émergence de sphères communautaires développant une réalité alternative, bioterrorisme face au changement climatique, guerres cognitives s’appuyant sur la désinformation de masse, polarisation du monde en hyperforteresses et hyperclouds… Ou encore, plus « positivement » si je puis dire, guérison spectaculaire d’une patiente atteinte de stress post-traumatique par un implant neuronal qui modifie sa perception de la réalité. Voilà quelques exemples parmi d’autres.

Le scénario d’une guerre contre l’Ukraine avait semble-t-il été prévu, planifié, et même formulé par Poutine il y a plusieurs années.

Cela n’a effectivement pas empêché de se réveiller un matin en découvrant qu’il était passé à l’action.

On peut donc tout à fait imaginer, projeter, anticiper la catastrophe… sans pour autant mettre en place les moyens de s’en prémunir.

Quand des puissances sont asymétriques, la plus forte se croit tout permis. C’est ce que nous apprenait Thucydide déjà au Ve siècle avant Jésus Christ, racontant L’Histoire de la guerre du Péloponnèse opposant les Athéniens à la petite cité de Mélos. Dans le Dialogue mélien, dans la bouche des Athéniens, « la justice n’entre en ligne de compte dans le raisonnement des hommes que si les forces sont égales de part et d’autre ; dans le cas contraire, les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder ». C’est ainsi que les Athéniens mettent leur menace à exécution, assiègent la cité, tuent les hommes, esclavagisent femmes et enfants, et rayent Mélos de la carte…

Aujourd’hui quand l’Europe parait faible, tout le monde gueule. Et quand elle a des velléités de se doter d’une armée européenne supranationale, ou que des nations projettent d’augmenter le budget de leur propre Défense, l’acceptation des citoyens ne semble pas évidente. De ce point de vue, la réalité a ceci de particulier qu’elle a parfois la capacité de dépasser la fiction…

Revenons aux scénarios de design fiction. Ils sont souvent négatifs, dystopiques, alarmistes. En quoi imaginer le pire est-il plus pertinent, crédible, ou captivant que de prendre le parti de l’utopie ?

Nous les humains sommes des animaux à histoire : la narration est importante pour nous. Or on a tendance à vite s’ennuyer dans une utopie : vous n’allez pas passer deux heures au cinéma pour entendre parler d’un monde parfait. Vous vous attendez à une tension, un ennemi, une résolution ; une perspective étendue qui ait pour objectif de résoudre un problème.

Dans un exercice fait récemment on a demandé aux gens « comment mieux vivre ensemble en 2035 ». Ils ont partagé 40% d’utopies et 60% de dystopies. Le problème avec les utopies envisagées c’est qu’elles sont rarement originales : on tourne toujours grosso-modo autour des cinq mêmes scénarii : Ecotopia, utopia, la Belle Verte, les Cités Végétales de Schuitten etc. De plus on se retrouve avec une collection de points de vue, propres à ce que vit, pense, ressent, chaque personne, et ça ne fonctionne pas, parce qu’on ne vit pas les mêmes enjeux. A contrario, on se rend compte que raconter des dystopies offre des tractions plus fortes, une capacité supérieure à se projeter ensemble.

Des travaux de recherche ont été menés sur ce sujet. Et l’Histoire nous fournit des exemples de notre incapacité à créer des utopies globales qui marchent.

Nous on va chercher les conséquences inattendues, les usages non souhaitables, pour trouver les réponses. On assume les parts de l’ombre – pour le dire vite, on assume que votre voisin reste jaloux de votre nouvelle voiture-, on assume les complexités partant du principe qu’il n’y a et qu’il n’y aura pas de monde parfait.

Pour autant, il ne s’agit pas de faire de la peur le moteur central de la réflexion. Car projeter le pire n’est –heureusement- pas la garantie d’avoir raison ! J’aurai pu imaginer une dystopie il y a dix ans de la ville dans laquelle je vis, mais globalement il faut reconnaitre que la vie est chouette à Nantes…

Vous êtes récemment intervenu auprès de Reporters d’Espoirs. Que peuvent apprendre les journalistes des méthodes de prospective utilisées par les directions de la stratégie des grandes entreprises ou par l’armée, tout en restant attachés à leur mission première : rendre compte du réel ?

Remarquez que les journalistes sont parfois les personnages principaux de récits de science-fiction : c’est le cas du héros principal de la bande-dessinée Transmetropolitan (journaliste version extrême !) ; ou de celui d’Ecotopia [scénario d’un système économique et politique écologiquement vertueux, imaginé en 1975 par Ernest Callenbach] qui d’abord critique et cynique, finit par se convaincre de la pertinence du système qu’il découvre.

L’idée de l’exercice de créativité mené avec Reporters d’Espoirs à l’occasion de l’événement La France des solutions [le 15 décembre 2021] était de regarder ce que les imaginaires peuvent raconter à vous journalistes, qui avez souvent le nez dans le guidon de l’actualité. Les scénarios que l’on projette sur votre métier sont essentiellement dystopiques : un monde de l’information hacké, en proie aux fake news, en rupture avec les citoyens…Dans le monde de demain, votre métier de journaliste quel sera-t-il ? Bref, il s’agissait d’imaginer des versions de l’avenir du journalisme. Une manière de réfléchir à comment améliorer les choses, à comment éviter de laisser les autres choisir le futur de l’information à votre place.

Du point de vue du journalisme de solutions que promeut Reporters d’Espoirs, il me semble que c’est une perspective intéressante. Votre démarche -rendre compte des dysfonctionnements comme des remèdes- fait précisément écho à celle du design-fiction : envisager le scénario du pire tout en examinant comment l’éviter.

Les imaginaires sont importants, c’est le terreau de demain. Apprendre à tirer le fil sur la base de ce que vous décrivez des faits ici et maintenant pour aller plus loin que l’actualité, penser un temps un peu plus long pour le journalisme, est certainement utile.

Une innovation à partager avec la profession journalistique ?

Je suis fasciné par les débats qui se tiennent dans la twittosphère. Le sujet de « la vérité » y occupe tout un tas de gens. Pas seulement des complotistes, mais aussi des observateurs du complotisme et des gens de bonne volonté qui cherchent, travaillent sérieusement sur des dossiers, confrontent scrupuleusement des sources, s’efforcent de commenter de manière constructive… Ce sont souvent eux les « rois » de la newsroom sur les conflits. Regardez par exemple la section « War zone » du site américain thedrive.com : elle est alimentée par des spécialistes de la défense et la sécurité, et près d’un quart des contenus est constitué de tweets. Ils agrègent du factuel, des photos de googlemap, disent leur désaccord avec les twittos… prennent des précautions oratoires, reprennent leurs articles en fonction de l’interaction et affichent leurs modifications en transparence. De vrais geek contribuent, parfois des gamins de 16 ans qui auraient presque les capacités d’analystes de la NSA !

Voilà peut-être une inspiration pour des journaux que je trouve globalement très « top-down » et parfois trop lisses, trop contraints. Ils pourraient envisager des articles plus courts avec davantage de diversité de points de vue, des inserts de tweets, des justifications… Ce peut être utile pour contrer les complotistes qui disent à chaque fois « élargissez vos sources » : pourquoi ne pas insérer leurs tweets en démontant à quel point ils sont ineptes ?

L’idée d’un agrégat de flux d’informations qui permet de faire émerger de la sérendipité en interaction avec le journaliste me semble une piste à explorer. A vous, journalistes et rédactions, d’en décider !

Interview réalisée par Gilles Vanderpooten.

24/01/2022 « Presse papier : mon amour ! », rencontre sur l’avenir de la presse papier

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Les Assises internationales du journalisme vous convie le lundi 24 janvier à la Bibliothèque nationale de France pour une demi-journée d’étude consacrée à la presse papier, sa préservation et son avenir.

A l’occasion de ce colloque, venez rencontrer Florence Aubenas, Jérôme Bouvier, Caroline Tourette et d’autres acteurs de la presse qui partagent la conviction que OUI, la presse papier a un avenir qu’il faut encore écrire.

Au programme :

14 h : ouverture

Par Laurence Engel, présidente de la BnF (sous réserve), et Jérôme Bouvier, président de Journalisme et citoyenneté et fondateur des Assises internationales du journalisme de Tours et de Tunis.

14 h 10 : presse papier mon amour ! – Un choix de raison ?

Table ronde, suivie d’un échange avec le public, animée par Marie-Laure Augry, vice-présidente de l’association Journalisme et citoyenneté avec Caroline Tourette, cheffe du service Conservation au département Droits, économie, politique et presse (BnF), et Franck Anesse, patron du groupe So Presse, Laurent Greilsamer, journaliste pour l’hebdomadaire Le 1 et essayiste, Laure Daussy, journaliste Charlie Hebdo, Philippe Di Marzio, directeur général de Culture Presse.

15 h 30 : pause

16 h : presse papier mon amour ! – Un choix de création !

Table ronde, suivie d’un échange avec le public, animée par Yael Caux, programmatrice au bar culturel Le 61. Avec Arnaud Gilles, chef du service Bibliographie nationale périodiques (BnF), et Julie Hamaïde, fondatrice du magazine Koï, Christelle Hélène-Kibleur, directrice de publication du magazine jeunesse régional FRITZ, Éric Decouty, co-fondateur de l’hebdomadaire Franc-tireur.17 h 30 : carte blanche à Florence Aubenas, journaliste et grand reporter pour le quotidien Le Monde, et écrivaine française.


 

Inscriptions :

Entrée gratuite mais réservation conseillée :

https://affluences.com/bnf-expositions/reservation?type=2207&resource=86665&date=2022-01-24

Rencontres diffusées également en direct sur Youtube le 24 janvier à partir de 14h :

 

Informations pratiques :

Le 24 janvier 2022, de 14h à 18h

François-Mitterrand – Petit auditorium

Quai François-Mauriac – Paris 13e

Entrée Est face à la rue Émile Durkheim

RDV aux Assises du journalisme de Tours cette semaine, du 28/9 au 2/10

By AgendaNo Comments

Nous sommes heureux de vous retrouver aux Assises du journalisme de Tours, le rendez-vous incontournable de la profession, du mardi 28 septembre au samedi 2 octobre.

Le thème de cette édition 2021 : « Urgence climatique et responsabilités journalistiques »

Reporters d’Espoirs sera présent et interviendra notamment dans deux ateliers-conférences où nous serons heureux de vous rencontrer :

  • JEUDI 30 SEPTEMBRE : MÉDIAS, CLIMAT ET PANDÉMIE : QUATRE INITIATIVES EN EUROPE
    9H15 – 10H45 – Salle Gonzague
    Avec Ségolène ALLEMANDOU, rédactrice en chef de EntR (France Médias Monde) ; Gwenaelle DEKEGELEER, journaliste à la RTBF ; Hanna LUNDQUIST, journaliste et spécialiste des médias à Journalisten (Suède) ; Gilles VANDERPOOTEN, directeur de Reporters d’espoirs.
    Animé par Véronique AUGER, présidente de l’Association des Journalistes Européens.  
  • VENDREDI 1er OCTOBRE : CLIMAT : QUELLE APPROCHE POUR LE JOURNALISME DE SOLUTIONS ?
    11H00 – 12H30 – Salle Marie-Laure
    Avec Christophe AGNUS, président de Reporters d’espoirs ; Sandra de BAILLIENCOURT, Directrice générale SPARKNEWS ; Sophie ROLAND, journaliste-réalisatrice et formatrice pour Solutions Journalism Network ; Camille SARAZIN, journaliste de EntR (France Médias Monde) ;
    Animé par Sophie MASSIEU, journaliste et membre du bureau de l’Association des Journalistes de l’Information Sociale (AJIS).

 

Ouest France x Nantes Métropole : délivrer une information « de service » dans l’urgence covid19

By CartographieNo Comments

Ouest France et Presse Océan ont coopéré avec Nantes Métropoles pendant la pandémie de Covid19 pour délivrer aux habitants des informations très pratiques sur les services disponibles dans le cadre du confinement : aide alimentaire disponible, dates de réouverture des écoles, lieux où se procurer des masques… Ainsi le 9 avril 2020 est paru un hors-série de 8 pages, intitulé « Confinés mais solidaires. A Nantes, le quotidien s’organise », diffusé à 200 000 exemplaires dans les boites aux lettres et commerces de proximité.

8 octobre . RDV à Médias en Seine, Paris

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Mardi 8 octobre, Reporters d’Espoirs est partenaire du grand événement « Médias en Seine », et vous donne rendez-vous toute la journée à la Maison de la Radio.

De 17h30 à 18h15, Reporters d’Espoirs anime la conférence « Les médias, sources d’engagement pour résoudre les défis d’aujourd’hui ? »
avec

  • Mariette Darrigrand, sémiologue et créatrice du blog l’Observatoire des mots ;
  • Damien Allemand, responsable digital du Groupe Nice-Matin ;
  • Pascal Ruffenach, DG et président du directoire de Bayard Presse ;
  • Axel Dauchez fondateur de Make.org avec qui nous présenterons les résultats de notre grande enquête « Comment les médias peuvent-ils améliorer la société ? »
  • Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’Espoirs et animateur de la conférence

Toute la journée, rendez-vous sur le stand Reporters d’Espoirs
Reporters d’Espoirs s’associe à Médias en Seine et présente tout au long de la journée sur son corner ses dernières études et innovations en matière de journalisme de solutions :

  • Testez l’appli « OK Google Donne-moi une bonne nouvelle » ;
  • Découvrez la consultation citoyenne « Comment les médias peuvent-ils améliorer la société » réalisée avec Make.org et France Info ;
  • Découvrez la première offre de formations dédiée aux étudiants et professionnels ; Visionnez une sélection de vidéos et sons sur des initiatives inspirantes. Car oui, l’info et les médias peuvent donner envie d’agir ! »

> Téléchargez le programme complet ici (PDF)

> Inscrivez-vous ici

1% for the planet : Votez pour Reporters d’Espoirs

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Le projet de Hub Reporters d’Espoirs fait partie des mouvements éco-citoyens retenus par 1% for the planet. Pour nous soutenir, vous pouvez voter en ligne avant le mercredi 2 octobre.

RÉSUMÉ DU PROJET

Le Hub Reporters d’Espoirs est une plateforme dédiée aux journalistes, professionnels et analystes des médias. Elle met à leur disposition une base d’initiatives écologiques, sélectionnées sur critères d’impact et sur leur potentiel à être essaimées et à inspirer. Ces initiatives sont collectées grâce à des réseaux associés –parmi lesquels le 1% pour la planète, Convergence, Ecosys group, Clean Tech open, ICDD, Explore… – et à un appel permanent auprès du public relayé auprès de la communauté Reporters d’Espoirs (30 000 followers) et par les médias. Le Hub partage également les travaux du LAB d’études et de recherches de l’association, ainsi que des données et cas d’études, pour aider les acteurs des médias à connaitre les bonnes pratiques et à mieux positionner leurs lignes éditoriales.

> En savoir plus et voter

28/2/2019 . Reporters d’Espoirs membre du jury du 1er Prix Belge du journalisme constructif

By Actu réseaux internationaux, Agenda, L'actu de Reporters d'Espoirs, Les articlesNo Comments

 

Le 28 février 2019 au White Cinema Docks de Bruxelles, un(e) professionnel(le) de l’information et un(e) apprenti(e) journaliste seront récompensés par le 1er Prix du Journalisme Constructif organisé en Belgique par New6s, et inspiré du Prix Reporters d’Espoirs qui fêtera cette année ses 15 ans.

Pour obtenir l’appellation “constructive”, l’information relayée par le journaliste devra dresser le portrait d’une initiative innovante, améliorant le monde à son échelle.
Si tous les formats journalistiques sont autorisés, les productions doivent avoir pour vocation d’inspirer les publics, tout en présentant l’information de manière originale et claire.

Reporters d’Espoirs figure parmi les membres du jury. Le directeur de l’association, Gilles Vanderpooten, remettra un prix au cours de cette soirée.

Émission spéciale « La France des Solutions » sur Demain !

By Agenda, FRSOL, Les articlesNo Comments

Dans le cadre de son opération La France des Solutions, Reporters d’Espoirs s’est allié à l’émission Label Entreprise, diffusée sur la chaîne Demain!. 

Cette dernière sera donc en diffusion  :
– Lundi 18 juin à 20h15
– Mercredi 20 juin à 19h30
– Jeudi 21 juin à 20h40
– Dimanche 24 juin à 19h10 et 22h30
Label Entreprise sera également en replay sur demain.fr à partir du mardi 19 juin 2018.

 

** Demain !  est la chaîne de l’emploi et du développement local, des initiatives et du lien social. 
Accessible gratuitement sur la TNT en Île-de-France (canal 31), les réseaux câblés numériques, les bouquets ADSL et www.demain.fr

Dominique Wolton : "Les journalistes doivent réinventer leur métier"

By Le LabNo Comments

Dominique Wolton, sociologue des médias, plaide pour des médias généralistes de qualité et considère la télévision comme vecteur de cohésion sociale et condition de la démocratie de masse. Retour sur son interview à France Info, par Olivier de Lagarde (Un monde d’idées).

Son diagnostic critique résumé en 3 points :

  1. Les médias sont un univers saturé d’informations.
  2. On y trouve toujours la même chose.
    • « Pourquoi le matin, dans les médias, il y a systématiquement des mauvaises nouvelles, et pas de bonnes nouvelles ? »
  3. Les journalistes sont toujours sur le même champ, saturent un événement pendant 2-3 jours, l’oublient complètement, puis aucun retour.
    • « Vous travaillez plus mal parce que vous travaillez plus vite, la concurrence est infernale. […] Que devez-vous faire pour sauvegarder la grandeur de votre métier ? »
    • « Les médias sont une oligarchie où ce sont toujours les mêmes qui tournent, que l’on retrouve d’un média à l’autre. »
    • « Il n’y a pas de rapport entre l’information et la connaissance. Pas d’accession à l’antenne de religieux, scientifiques, entrepreneurs… »

> [+] d’éléments sur le site de FranceInfo