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“Le logiciel libre a gagné de nombreuses batailles” – Sylvestre Ledru, directeur de l’ingénierie et responsable France de Mozilla

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Grand contributeur au monde du logiciel libre, Sylvestre Ledru est directeur de l’ingénierie et responsable de Mozilla pour la France. L’organisation est à l’origine du navigateur web Firefox, de l’application de messagerie Thunderbird et d’outils dédiés à un web plus libre, accessible et ouvert à tous de manière sécurisée et respectueuse de la vie privée.


Comment vous êtes-vous intéressé à l’informatique et au monde du logiciel libre (open-source) ?

Comme beaucoup dans l’industrie, j’ai commencé par les jeux vidéo avant de m’intéresser à l’informatique au début des années 1990. À l’époque, on me disait qu’il n’y avait pas d’avenir dans ce secteur et qu’il y aurait beaucoup de chômage ! J’y suis tout de même allé par passion. Et j’ai découvert plein de gens brillants dans le logiciel libre qui me donnaient envie de rejoindre ces communautés pour à la fois apprendre et améliorer l’état de la technologie.

C’est passionnant de voir aujourd’hui comment l’open-source a gagné : que ce soit sur un site web, un logiciel, sur un téléphone, un ordinateur ou un serveur, ces systèmes reposent sur du logiciel libre. Les grandes entreprises du numérique s’en servent pour gagner du temps en adaptant l’outil à leurs besoins et économiser des millions d’euros de licences. Est-ce que Google aurait pu grossir si vite avec du logiciel propriétaire ? Est-ce que Android aurait pu démarrer sans le noyau Linux ?

Est-ce que Mac OS X aurait été un tel succès sans l’utilisation par Apple de briques libres ? Si PHP n’avait pas existé, est-ce que Facebook aurait pu démarrer aussi rapidement ? Que serait AWS (hébergeur cloud le plus utilisé du monde) sans le logiciel libre ?

Quelle est la position des Français dans le monde du logiciel libre ?

En France, nous avons la chance de bénéficier d’études quasiment gratuites et donc de temps libre pour utiliser ces logiciels et les améliorer, contrairement à d’autres pays où les études coûtent cher et requièrent de travailler en parallèle pour survivre. C’est une des raisons pour lesquelles les Français sont très présents dans ce secteur.

L’un des logiciels libres les plus connus est le lecteur vidéo VLC : il est d’origine française. La recherche française a investi dans la création d’outils open-source de machine learning (ex: Scikit-Learn) ou de langages machines bas niveau (ex: OCaml). Les contributeurs les plus actifs de Debian (distribution Linux la plus utilisée pour les serveurs) comportent des Français. Un outil structurant du web d’aujourd’hui, Docker, a été créé par quelques français également… La France est très à la pointe, et les Français sont présents dans toutes les grandes entreprises technologiques du monde. Peut-être est-ce lié à notre culture, à notre devise, ou à un penchant à travailler pour le bien commun qui est ancré. Peut-être est-ce aussi notre esprit critique qui explique notre penchant particulier pour l’informatique.

Mozilla est une des marques les plus connues du monde de l’open-source, une sorte de porte-drapeau.

Mozilla a été créée sur les cendres de Netscape, au début des années 2000 en partant du constat qu’il y avait une meilleure façon de faire du web qu’Internet Explorer – que Microsoft a d’ailleurs délaissé en arrêtant d’investir. À l’époque, Firefox s’appelait la Mozilla Suite, et le navigateur a popularisé des fonctionnalités comme les onglets, le blocage de pop-ups et des mesures liées à la protection de la vie privée… certaines de ces fonctionnalités qui paraissent aujourd’hui évidentes. Au fur et à mesure, des centaines, des milliers de gens se sont mobilisés pour contribuer à améliorer le logiciel ou rapporter des bugs.

Aujourd’hui, Mozilla est une entreprise d’environ 700 salariés dans le monde, doublée d’une fondation. Nous coopérons avec tous les acteurs de la tech, y compris avec nos concurrents, pour développer des fonctionnalités nouvelles, définir des standards et faire avancer le web.

Vous défendez un “Internet accessible, libre et ouvert à tous”. Dans une situation de conflit où le web se ferme à certains endroits, comment parvenez-vous à assurer cette mission ?

Nous ne fournissons pas de connexion Internet ni filaire ni satellitaire, en revanche on investit énormément sur la sécurité : le HTTPS pour tous il y a quelques années avec Let’s Encrypt, le langage bas-niveau Rust ou encore la résolution des failles de sécurité de Firefox en moins de 24h. Le navigateur Tor, basé sur Firefox, permet de brouiller l’origine de la requête web afin d’outrepasser certaines restrictions ou surveillances émises localement. C’est notamment utile pour les journalistes dans une zone de conflit ou un dissident politique. On peut citer ici le cas d’Edward Snowden, lorsqu’il a échangé avec les journalistes du Guardian et du Washington Post. Tor est open-source et on coopère régulièrement pour intégrer des fonctionnalités de Tor dans Firefox.

Avez-vous le sentiment que la conscience progresse quant à l’importance de protéger nos données personnelles ?

Nous avons mis en place l’outil Firefox Monitor pour permettre à chacun de savoir si ses données ont fait partie d’une fuite de données.

Je suis impressionné par le nombre d’appels d’arnaque au CPF (Compte personnel de formation) que l’on peut recevoir. Ces gens exploitent les fuites de données pour vous contacter et vous mettre en confiance, notamment en vous donnant des informations personnelles comme votre adresse.

On a tellement d’informations personnelles sur énormément de systèmes informatiques d’entreprises qu’une fuite est parfois inévitable.

Quand une structure collecte des données sur les utilisateurs, il faut s’assurer qu’elle en ait besoin, qu’elle détient uniquement le minimum nécessaire, sur une durée limitée dans le temps. C’est là que le RGPD [la réglementation européenne sur la Protection des Données] est intéressant et apporte un cadre juridique solide, à tel point qu’il a inspiré les californiens avec le Digital Privacy Act.

Notez que les fake news se nourrissent de l’accumulation des données : les bulles de filtre peuvent vous enfermer, par un algorithme, dans une catégorie de personnes considérées comme intéressées par la désinformation. Et ce sont ces sites de fake news qui sont arrosés de publicités, ce qui a tendance à créer un cercle vicieux pour les algorithmes. Donner un cadre légal et juridique est nécessaire pour lutter contre cela.

Quel est votre regard sur le programme French Tech ? Apporte-t-il quelque chose à Internet tel que vous le concevez ?

Nous avons en France des entreprises qui ont des modèles vertueux, comme Doctolib, BlaBlaCar, Swile ou Alan, dont les modèles économiques ne reposent pas sur l’accumulation de données. La tech en France s’est dynamisée comme jamais ces dernières années. Ces entreprises s’inspirent du management à l’américaine qui est, je pense, assez adapté au monde de la tech, les salaires y sont plus valorisés que par le passé pour conserver les talents français. J’espère qu’un jour, on sera capable de créer des géants européens.

Vous écrivez régulièrement sur différents blogs (linuxfr et votre propre blog) afin de partager votre expertise, vos problématiques et vos solutions.

J’ai la chance de travailler sur des projets à la pointe de la technologie. L’objectif, quand on écrit des billets de blog, c’est d’expliquer notre démarche à des structures qui aimeraient aller dans la bonne direction, et les inspirer pour qu’elles gagnent du temps. Il nous arrive chez Mozilla d’écrire des publications scientifiques qui sont réutilisées par tous les acteurs de la tech, contribuant ainsi à un cercle vertueux d’amélioration des technologies.

Quel est votre rapport personnel à l’information ? Quels médias consultez-vous ? En quelles sources d’information avez-vous confiance ?

Je suis un grand consommateur d’informations. Dans la presse généraliste, je lis Le Monde, Les Jours et Courrier International parce que j’aime avoir du recul sur la France d’un point de vue étranger. Dans la presse technique, je lis Linux Weekly News et Twitter où il existe de bonnes sources véritablement expertes.

Dans les oreilles de Sylvestre Ledru (attention, podcasts spécialisés ! 🙂)

  • IRL de Mozilla (anglais)
  • How to Fix the Internet de l’EFF (anglais)
  • Darknet Diaries de Jack Rhysider (anglais)
  • Open Source Security Podcast de Josh Bressers et Kurt Seifried (anglais)
  • Mécaniques du Journalisme de France Culture
  • Les Odyssées de France Inter

Propos recueillis par Gilles Vanderpooten et Joshua Tabakhoff, Reporters d’Espoirs.

Chaque jour, 1 news « antivirus » sur votre smartphone

By L'actu de Reporters d'Espoirs, Le Lab, Tech for goodNo Comments

REPORTERS D’ESPOIRS & SOPHIE JOVILLARD SE MOBILISENT POUR PROPOSER
1 NEWS ANTI-VIRUS QUOTIDIENNE SUR L’ASSISTANT GOOGLE

Chaque jour, retrouvez 1 news constructive en lien avec les efforts de lutte contre le covid19 et la préparation de la sortie de crise.

Racontée par Sophie Jovillard, journaliste et présentatrice d’Echappées Belles sur France5.

Comment ça marche ? Les explications en cliquant ici.

Les « bonnes nouvelles » de Reporters d’Espoirs sont désormais disponibles sur l’Assistant Google

By Agenda, L'actu de Reporters d'Espoirs, Le Lab, Les articles, Société, Tech for goodNo Comments

Reporters d’Espoirs s’associe à l’Assistant Google pour mettre à disposition dès aujourd’hui l’application « Donne-moi une bonne nouvelle »

Vous avez envie d’être inspiré, de connaitre les initiatives qui apportent des réponses à des problèmes écologiques, sociaux, économiques, créent du lien social, de l’emploi et du sens ? Dites simplement à votre Assistant Google “Ok Google, donne-moi une bonne nouvelle” et il partage aussitôt avec vous une initiative porteuse de solutions !

Cette nouvelle application est disponible depuis le 11 juin 2019, à l’initiative de Reporters d’Espoirs, l’ONG pionnière du journalisme de solutions, qui fête cette année son 15e anniversaire. Experte des contenus, elle mise également sur l’innovation numérique au service de la diffusion d’une information qui donne envie d’agir.

Pour cette application, Reporters d’Espoirs a mobilisé Sophie Jovillard, Hugo Travers et Frédérique Bedos, journalistes et influenceurs des médias, qui lui prêtent leur voix. En 30 secondes top chrono, ils vous résument chaque jour une initiative, l’enjeu auquel elle répond, et son impact. Ces initiatives sont issues d’articles de médias d’information – parmi lesquels Le Monde, Le Figaro, France Inter, franceinfo, Reporterre, Socialter, L’InfoDurable, PositivR, La Vie, RTL, La Croix, L’Obs, Challenges, The Conversation, L’Express, TF1 ou encore LCI – résumés par l’équipe de Reporters d’Espoirs qui déniche les meilleurs contenus et les résume.

Les utilisateurs de l’application sont systématiquement invités à se diriger vers le site du média-source pour découvrir l’article intégral.

L’application « Donne-moi une bonne nouvelle » est accessible à tous les utilisateurs de l’Assistant Google dès aujourd’hui.

 

Comment ça marche ?

Votre smartphone est sous Android : soit l’Assistant Google est déjà activé, soit vous devez l’activer

Votre smartphone est sous iOs/Iphone : téléchargez l’Assistant Google ici

Une fois que votre Assistant Google est installé et activé, demandez-lui simplement « OK Google, donne-moi une bonne nouvelle » et laissez-le vous  inspirer !

 

1er hackathon des médias de solutions : 7 développeurs et 2 journalistes lauréats !

By Tech for goodNo Comments

Le 1er Hackathon du journalisme de solutions s’est tenu samedi 9 et dimanche 10 juin à 42 (la formation en informatique gratuite et ouverte à tous créée par Xavier Niel). Une cinquantaine de participants de divers horizons (développeurs informatiques, journalistes, webdesigners…etc) ont pris part à cet événement inédit ! Avec le soutien de coachs, experts, pros des médias et de l’innovation, ils se sont attaqué à un défi de taille : concevoir et faire émerger des outils numériques pour aider au développement du journalisme de solutions et accélérer la cause de Reporters d’Espoirs.

L’équipe lauréate de ce 1er Hackathon du journalisme de solutions est…

« LUCIDE » ! Cette équipe de 7 personnes s’est constituée durant le défi, et a développé  un moteur de recherche dédié aux contenus de solutions. L’équipe est constituée de cinq développeurs -Florian Madura, Wadu Zaim, Jean-Ervan Yildiz-Dellac, Paul de Renty et Elian Carsenat- et deux journalistes, Rouguyata Sall et Katia Barillot.

Le projet en deux mots : Comment identifier et rendre accessible le journalisme de solutions à l’écosystème médiatique ? Grâce à Lucide, 1er moteur de recherche dédié au journalisme de solutions. Ce moteur permet de parcourir la presse selon divers critères et d’identifier les initiatives impactantes du moment.

 

Les 6 autres équipes en lice :

« METAVOX » avec Tiana SALLES, Kamel MALEK, Guillaume LODI, Nicolas ROBIN, Sabrina DE LANNOY, Boyan BARAKOV, Alexy BOURY, Florence Cazenove et Geoffroy Avé.

Le projet : Ces dernières années, les médias alternatifs ont explosé et les fakenews pullulent. Certains médias s’efforcent à posteriori de démonter ces intox. L’équipe de METAVOX propose d’aller plus loin : limiter l’apparition des fakenews, grâce au fact cheking.

METAVOX est une plateforme web, sur laquelle les citoyens expriment leurs avis et partagent leurs solutions. La liberté de ton est totale, sur n’importe quel sujet. Mais à une seule condition : les publications sont vérifiées, décortiquées par des journalistes et des citoyens, sur le modèle de Wikipedia. Cette plateforme propose ainsi une nouvelle forme de journalisme de solutions, initiée par les citoyens eux-mêmes, à disposition du public et utilisable en toute confiance par les rédactions.

 

« IDO, agrégateur de solutions 2.0 ». Samy MONNIER, Aurore PORET, Charles HUOT DE LONGCHAMP.

Le projet : face à la dispersion de l’information et au manque de clarté des arguments de solutions, cet agrégateur propose d’augmenter la visibilité des solutions et de débattre sur des initiatives. La démarche est la suivante :

* Sélection de sujets montants sur les réseaux sociaux autour des thème: #environnement #économie #social
* Production d’une synthèse des arguments avec un renvoi vers les articles-sources d’éditeurs référencés dans médiasig
* Référencement des solutions via  les contributeurs
* Propositions et débats autour des solutions
* Analyse des échanges, et conseil aux acteurs de la société civile pour la mise en œuvre de ces solutions.

 

 

« Propolis ». Herman LEFERINK, Stéphanie RIBAL, Marine SLAVITCH, Chaqui OROSTEGUI, Léopolod PICOT, Sokha HIN, Bénédicte GALTIER.

Le projet : un réseau social permettant la mise en relation de citoyens, journalistes et porteurs de solutions. Les citoyens y postent photos et vidéos d’initiatives identifiées dans l’espace public. L’ensemble de ces contributions alimente une base de données sur laquelle les journalistes pourront s’appuyer pour effectuer leur veille. Le moteur de recherche qu’utilise le journaliste dispose de filtres pour affiner la recherche.

 

 

« FoundAction ». Simon FREYBURGER, Loïc MANGIN, Maud BUCHWAALTER, Hieu TRUONK, Thomas CHARREPRON, Adrien BOSSI

Le Projet :

Le rôle de Found Action est double : faciliter le travail des journalistes avec un « super-annuaire » des initiatives, et permettre aux porteurs d’initiatives de se faire connaître, avec des informations à jour et directement exploitables. Via un chatbot, les porteurs d’initiatives sont invités à actualiser / compléter et valider les informations sur leur initiative. Ce chatbot posera des questions pour obtenir les infos utiles aux journalistes afin de rendre « digeste » un super-formulaire construit en étroite collaboration avec des journalistes, pour le rendre pertinent. La base d’initiatives ainsi créée sera directement exploitable par les journalistes, régulièrement contrôlée et actualisée.

 

« Ekklesion ». Lorenzo Farnetani, Mathias Schmitt et Thomas Serre.

Le projet : comment développer le journalisme de solutions et accélérer la cause de Reporters d’Espoirs ? Avec une plateforme de vente aux enchères, auprès des médias, d’articles rédigés par des journalistes sur des sujets proposés et/ou choisis par les futurs lecteurs.

 

 

 

 

 

« La boîte à solutions ». Léa Sanchez, Aurélie Franc, Guillaume Michaud, Perrine Le Parc, Fabiola Dor, Elisabeth Petibon, Claire Commissaire.

Le projet : beaucoup de journalistes ont envie de mettre en valeur des initiatives. Mais trouver des idées de sujets adaptés au domaine qu’ils couvrent et au journal pour lequel ils travaillent n’est pas toujours simple. Certains reçoivent de nombreux mails, leur présentant des projets parfois sans aucun lien avec les thématiques qu’ils traitent. A l’inverse, d’autres ont parfois du mal à trouver des idées de sujets.

L’idée est donc la suivante : permettre à la communauté des journalistes de s’échanger rapidement et facilement des sujets grâce à une plateforme nommée “La Boîte à Solutions”. Il s’agit d’un outil de veille collaborative, s’appuyant sur l’entraide entre journalistes et la volonté de donner une seconde vie aux nombreux mails envoyés par des citoyens ayant mal identifié le journaliste qui pourrait être leur interlocuteur.