Un débat inédit et sans concession entre deux personnalités de premier plan : Jean-Marc Jancovici (ingénieur de l’Ecole polytechnique, enseignant, consultant et spécialiste dans le domaine de l’énergie et du climat), et Jean-Marc Borello (délégué général du Groupe SOS et Président du Mouvement des Entrepreneurs Sociaux).
Le ralentissement d’activité consécutif à la crise de 2009 aura au moins eu une conséquence dont personne ne se plaindra : les émissions de gaz à effet de serre ont notablement diminué, permettant sans doute à l’Europe d’atteindre les objectifs fixés par le protocole de Kyoto. Voilà un des paradoxes d’une crise dont on ne compte plus les répercussions sociales et qui nous renvoie à la difficulté à arbitrer entre deux sujets à l’incompatibilité manifeste. Urgence sociale, urgence environnementale, faut-il choisir ?
La connaissance scientifique est suffisamment avancée et claire sur le sujet pour ne plus nous permettre de douter de la gravité de la crise écologique actuelle. Si les scientifiques s’emploient depuis bien longtemps à alerter les décideurs et l’opinion (conférence de Stockholm, Club de Rome, GIEC…), Copenhague a constitué un sérieux coup d’arrêt pour tous ceux qui l’envisageaient comme le tournant à ne pas rater pour l’humanité. L’augmentation irréversible du prix du pétrole siffle la fin de l’ère de l’énergie bon marché sans que nous ayons pour autant conscience de la dépendance énergétique de nos sociétés. Les écosystèmes, notamment océaniques, sont gravement menacés par les nuisances inhérentes à la suractivité humaine, et la question du changement climatique a fini d’inquiéter les seuls bobos. La crainte des climatologues concerne le risque actuel d’atteinte d’un seuil où la situation serait irréversible. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous rencontrons les limites de la biosphère. Le caractère d’urgence, plus facilement associé aux thématiques sociales, s’étend à la sphère écologique.
Plus visible, la crise sociale n’est pas moins grave. Si les 30 glorieuses ont consacré l’avènement d’une économie de la redistribution, depuis les années 80, on assiste à une rupture au détriment de la majorité de la population. Les inégalités sont incroyablement plus prégnantes et le renouvellement social s’épuise. Les pays en développement peinent à sortir de leur condition, et persistent dans le work in progress. Quand aux pays dits développés, ils assistent, stupéfaits, au retour de la grande pauvreté.
Ces crises écologiques et sociales ont-elles des origines communes ? Capitalisme décomplexé, ultra-libéralisme, impuissance des Etats, limite des organisations internationales… Les dérives de surconsommation, de gaspillage, présentés comme modèle à l’ensemble de la société , alimentent la crise écologique, en même temps qu’elles soulignent les inégalités. Mais baisser la consommation matérielle implique un changement de modèle culturel, un changement de notre approche du progrès également…
Taxe carbone, taxe Tobin, salles d’injections : autant de mesures d’une évidente nécessité qui ne sont pourtant pas mises en œuvre. Pourquoi le populisme, l’obscurantisme et l’électoralisme, prennent-ils parfois le pas sur des décisions d’avenir et d’intérêt général, comment y remédier ? Les citoyens/consommateurs sont-ils les victimes ou les coupables ? Les entreprises, alliées ou adversaires de la préservation de l’environnement et du progrès social ? Le changement passe-t-il par l’incitation et la sensibilisation, ou par la contrainte ? A quand la fin d’indicateurs obsolètes (PIB) ? Fiscalité environnementale ou pouvoir d’achat ? Crise environnementale, crise sociale ou plutôt crise de sens ?
Autant de questions qu’aborderont sans tabou nos deux invités : Jean-Marc Jancovici et Jean-Marc Borello. Deux histoires, deux personnalités, deux modes d’action et deux visions du présent et du futur pour une confrontation sans concession où nos deux hommes tenteront de faire émerger des solutions nouvelles.
mardi 31 Mai de 19h00 à 21h
à Sciences Po Paris, Amphithéâtre Boutmy
27 rue Saint Guillaume 75007 Paris
Métro Rue du Bac / Sèvres-Babylone.