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Jean-Marie Mulon

« La défiance à l’égard des journalistes est trop forte et trop injuste. En revanche, elle peut se justifier. Les récits d’un quotidien qui « va bien » participent aussi à redorer l’image du journalisme » Jean-Marie Mulon, créateur du Presstival Info.

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Ancien journaliste à Ouest-France, puis l’hebdomadaire Haut-Anjou, Jean-Marie Mulon est le chef d’orchestre du Presstival Info du pays de Château-Gontier, fondé en 2012 suite à la disparition du Festival du scoop et du journalisme d’Angers – qui fût pendant 25 ans un rendez-vous phare de la profession. Son événement qui célèbre sa 10e édition cette année, rassemble des professionnels de renom et des spécialistes sur des sujets d’actualité lors de conférences-débats et d’expositions. La Ville de Château-Gontier sur Mayenne a récemment été donnée en exemple dans un reportage intitulé « La France heureuse, la France qui va bien, et si c’était elle, la majorité silencieuse ? » paru le 8 juin dans Le Monde sous la plume du journaliste Luc Bronner. Un article qui a été maintes fois cité dans les plateaux TV et radio ces dernières semaines.


Luc Bronner, grand reporter au journal Le Monde, a réalisé un reportage remarqué par les débatteurs des plateaux-télé parisiens à Château-Gontier sur Mayenne, évoquant la ville – dont vous êtes le directeur de l’information et de la communication comme un témoignage de « La France heureuse, la France qui va bien ». Trois semaines après, quelles en sont les retombées ?

L’impact de cet article a été fabuleux. Chaque jour, on continue de nous en parler. Luc Bronner a réalisé un travail d’une grande rigueur, accompagné de la photographe Laurence Geai. Très rapidement, j’ai senti la pleine confiance que nous pouvions accorder à l’ancien directeur de la rédaction du Monde, son regard était bienveillant et il tachait sincèrement d’angler son reportage autour des solutions qui existent en Mayenne. Forcément, un tel travail a suscité de vives réactions.  C’est bien la preuve que la France a besoin de cela dans ces moments difficiles. Le public nous l’a dit lui-même. Il a aussi besoin d’entendre la France qui va bien.

Vous avez longtemps été journaliste, qu’est-ce qui vous a orienté vers la profession ?

En classe de 6ème, lorsque notre professeur de français nous a questionnés sur le métier que l’on souhaiterait faire plus tard, j’ai instinctivement répondu le journalisme. Cette envie s’est ensuite érigée en passion. Après un détour par les métiers de l’imprimerie, et par la photographie, je me suis tourné vers la correspondance de presse pour Ouest France en 1982. L’école du terrain, en région, au plus près du public, a été extrêmement formatrice. J’ai en parallèle eu envie de m’engager dans l’équipe du Scoop d’Angers, premier festival de journalisme à avoir été créé en France. Durant ma carrière, j’ai eu l’occasion de réaliser près de 7000 articles et reportages. J’ai gardé mon affection pour l’écrit même après avoir arrêté le journalisme en 2001, en écrivant notamment quatre livres. 

Après le journalisme, vous vous êtes embarqué, comme une partie des gens du métier, dans une autre aventure, celle de la communication. Certains disent que c’est antinomique.

Je suis convaincu qu’il faut une vraie dose d’information dans la communication, et que l’information doit savoir communiquer. Je ne suis pas capable de vendre un produit, je n’ai pas l’âme économique développée, mais j’ai le sens du territoire. Ce sont des histoires de femmes et d’hommes que je cherche à transmettre, finalement assez proches du métier de journaliste que j’exerçais. Au quotidien, dans mon métier de communicant, je tâche toujours de vérifier mes informations et de refléter la réalité du terrain.

Vous avez conservé un lien fort avec le secteur, en fondant il y a 10 ans le Presstival Info, premier festival de journalisme « à la campagne » – vous insistez bien là-dessus.

Le Presstival Info est né du constat du besoin d’une information qui donne envie d’agir, animée notamment par des voix comme celle de Reporters d’Espoirs. Si je devais résumer ce qu’est à mes yeux le Presstival, je le dirais avec les mots du dessinateur Kak, président de l’association Cartooning For Peace : “Le Presstival s’ouvre à toutes les formes de journalisme”. Nous accueillons à bras ouverts le dessin de presse, la photographie et tout ce qui compose le métier. Nous sommes aussi fiers d’être les représentants d’un festival de journalisme à la campagne. 

Le Presstival Info s’investit aussi dans l’éducation des jeunes aux médias, en partenariat avec France Télévisions.

C’est un enjeu crucial qui s’est confirmé malheureusement après les attentats contre Charlie Hebdo. Cette éducation aux médias –axée notamment sur la lutte contre la haine sur la toile- a finalement rejoint les programmes scolaires. On se rend compte que les jeunes sont en attente de comprendre les enjeux médiatiques, ils ont de l’appétit pour l’information, un esprit neuf et une curiosité. Le Presstival a pu accueillir 25 000 d’entre eux et les sensibiliser à des enjeux comme l’écologie, les archives ou la liberté d’expression.

Cette année, vous avez présenté une exposition sur le thème des déchets en mer.

Sur 200m2, nous avons exposé auprès de 1 200 élèves le travail de Bruno Dumontet, fondateur d’Expédition MED, intitulée « Mer et océans plastifiés, impacts et solutions en mer ». Cette exposition traite de l’invasion des déchets dans les mers et océans, en même temps que des propositions de solutions pour limiter cette pollution. Notre ville étant traversée par la rivière de la Mayenne, nous sommes très sensibilisés au thème de l’eau.

Vous travaillez beaucoup avec l’ONG Cartooning for Peace, fondée par le dessinateur Plantu.

Ayant rencontré Plantu au Scoop d’Angers, j’ai souhaité poursuivre une coopération avec son association et lui. Dès 2014, nous avons collaboré autour des « Dessins pour la Paix », exposition que plus de 12 000 jeunes et scolaires, ainsi que des détenus en milieu carcéral, ont pu découvrir en Pays de La Loire. Et actuellement nous accueillons l’exposition « Tous migrants » qui retrace le parcours de migrants à travers des dessins de presse du monde entier. C’est une exposition bouleversante qui participe à un peu de pédagogie et d’apaisement sur des questions qui divisent. 

Reporters d’Espoirs est partenaire du Presstival depuis ses débuts. Vous nous avez souvent laissé « carte blanche » pour pousser des documentaires et films d’ « espoir » – que ce soit à propos d’agriculture et de paysannerie, de quête de sens, ou d’introspection journalistique avec le documentaire « Les médias, le monde et nous » d’Anne-Sophie Novel. Le journalisme et les médias porteurs de solutions, vous y croyez ?

La défiance qui existe aujourd’hui à l’égard des journalistes est trop forte et injuste. En revanche, elle peut se justifier. Il est légitime de reprocher certaines méthodes journalistiques comme l’information en continu lorsqu’elle s’alimente de dites polémiques. C’est un journalisme qui m’échappe. La profession doit pouvoir réaliser une autocritique. Anne-Sophie Novel a eu le courage de poser un stéthoscope sur l’état de la presse française ce qui est extrêmement pertinent. Je recommande à tous les rédacteurs en chef d’avoir « Les médias, le monde et nous » en livre de chevet. Mais, je crois que les récits d’un quotidien qui va bien participent aussi à redorer l’image du journalisme, voire est nécessaire pour que journaliste et citoyen se retrouvent. La profession doit se désacraliser. Les nouveaux médias ont un rôle à jouer. Je crois qu’il est possible de concilier l’esprit Albert-Londres avec des perspectives et moyens nouveaux. Cela implique d’apporter la matière aux jeunes et de porter attention à leur esprit critique.

Propos recueillis par Léa Sombret.


Le Press’tival donne carte blanche à Reporters d’Espoirs. Rendez-vous jeudi 21 novembre à Château Gontier (53)

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Press’tiv@l INFO est un rendez-vous organisé par la Communauté de communes du Pays de Château-Gontier. Il s’inscrit dans la continuité de festivals de journalisme comme le Scoop d’Angers, et veut apporter aux métiers de l’information un autre regard, de l’espoir et du bon sens dans le traitement si complexe du flux d’actualités qui parvient dans les rédactions.
Reporters d’Espoirs est depuis son lancement en 2012 partenaire du festival, et intervient à ce titre les 21 et 22 novembre.

Au programme de la soirée du jeudi 21 novembre à 20h30 « En quête d’un journalisme de solutions »

  • Une discussion-débat sur l’info-solution avec Gilles Vanderpooten, directeur de la rédaction de Reporters d’Espoirs, Laurent Muratet, réalisateur, et Jean-Marie Mulon, journaliste, délégué général du festival
  • La projection en avant-première du film « Un nouveau monde en marche » en présence de l’équipe du film, qui échangera avec le public.

    A propos du film :

    À l’occasion de la plus longue marche non-violente organisée dans l’histoire de l’humanité par Ekta Parishad (le mouvement indien pour les sans terre en Inde) et son leader Rajagopal, souvent appelé « le nouveau Gandhi », des membres d’Alter Eco et des producteurs français sont venus rencontrer des producteurs indiens en Inde afin de soutenir les sans terre dans leur combat pour l’accès à la terre et la préservation de la biodiversité. Que ressortira-t-il de cette rencontre entre producteurs du nord et sud ? De leur participation à la marche ? Aboutira-t-elle à un succès pour ce million de sans terre en Inde qui marcheront pour défendre leurs droits vitaux ? Une aventure palpitante qui s’inscrit notamment suite au livre Un nouveau monde en marche (co auteurs : Laurent Muratet et Etienne Godinot) avec les interviews (entres autre) d’Akhenaton, Christophe André, Marc Dufumier, Jean-Marie Pelt et Pierre Rabhi également présents dans le documentaire. 

 

Rendez-vous à 20h30 au Cinéma le Palace, place du Pilori à Château-Gontier Bazouges. Entrée gratuite.

 

Au programme de la Grande soirée de clôture du vendredi 22 novembre

Cette soirée sera l’occasion de remettre les prix aux deux lauréats du Grand Prix vidéo Gilles Jacquier – Pays de Château-Gontier et du Grand Prix photo Press’tiv@l INFO – Pays de Château-Gontier. Ils se verront remettre la somme de 3 000 € chacun et un trophée signé du sculpteur mayennais Del’Aune.
Sont notamment invités à ce jour pour cette soirée de clôture : Jean-Claude BOURRET (journaliste, ancien présentateur du JT de TF1), Steeve BAUMANN (Canal+, « Spécial investigation »), Lise BLANCHET (France 2, Envoyé spécial La suite et Thalassa), Jean-Louis COURTINAT (photographe), Isabelle BOURDET (directrice du Press Club de France), Gilles VANDERPOOTEN (Reporters d’Espoirs), Caroline POIRON-JACQUIER (photographe et grand reporter).
Soirée co-animée par Alain MINGAM (photographe, grand reporter et consultant médias) et Jean-Marie MULON (délégué général du festival). Entrée gratuite, sur réservation au 02 43 09 55 62.

 

Press’tiv@l INFO c’est aussi :

– 3 rencontres-conférences sur des sujets d’actualité les 14,15 et 21 novembre

– 3 expositions du 5 au 30 novembre

– 1 Grande soirée de clôture, le vendredi 22 novembre

 

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