Nous l’avons tous appris dans nos livres d’école : en grammaire, « le masculin l’emporte toujours sur le féminin ». On croirait entendre OSS 117 !
« L’égalité hommes-femmes, Dolorès, on en reparlera quand il faudra porter quelque chose de lourd ! »
La preuve par le muscle en somme… Aujourd’hui, le genre féminin se rebiffe et réclame la révision de cette règle qui inculque dès l’enfance l’idée de la supériorité du masculin.
L’idée
Depuis avril dernier, la pétition pour « Que les hommes et les femmes soient belles ! » circule sur Internet. Lancée par un collectif d’associations (L’Egalité, c’est pas sorcier, Femmes solidaires et la Ligue de l’enseignement), la pétition dénonce ce sexisme grammatical. La secrétaire générale de L’egalité, c’est pas sorcier, Clara Domingues, docteure en linguistique, constate :
« La règle de l’accord du genre fait des femmes les invisibles de la langue. Si nous étions dans une société égalitaire, nous pourrions peut-être nous en accommoder mais force est de convenir que tout va dans le même sens. »
A ce jour, la pétition a déjà recueilli près de 2 870 signatures. A l’appui de leur demande, le collectif rappelle que la règle de l’accord du genre, n’est qu’un parti-pris relativement récent dans la construction de la langue française.
C’est en 1676, que le père Bouhours, jésuite mondain et homme de lettres, professe sa devise :
« Lorsque deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l’emporte. »
Aucune révolution n’a songé depuis à remettre ce postulat éhonté en question.
La pétition demande que l’on revienne aujourd’hui à la règle dite « de proximité » dont l’usage prévalait sans mal avant que le père Bouhours ne s’en mêle…
Appliquée en grec ancien comme en latin, la règle de proximité autorise l’accord de l’adjectif ou du participe se rapportant à plusieurs noms avec le nom qui lui est le plus proche. Au masculin ou au féminin donc, selon les cas.
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J’enseigne le français depuis plus de 15 ans et je m’amuse beaucoup à jouer l’étonnée quand un petit coq de 12 ans et demi me profère : « Mais si madame, c’est le masculin qui l’emporte! ».
Moi : » Pas du tout! Mais un « e », ça se mérite ! »
Sourire entendu de ces demoiselles…
N’allons donc pas inventer une langue qui n’existe pas. Revendiquons plutôt notre mérite!