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L'actu de Reporters d'Espoirs

Entreprendre dans les quartiers : comment booster un développement en berne ?

By 3 mai 2011janvier 13th, 2021No Comments

Elles ne se posent pas en victimes. Les banlieues ont la peau dure, les idées qui bouillonnent et comptent bien le prouver. Mardi 3 mai, pour ce 39ème « Alter Mardis : Parlons Solutions », il était justement question de ces quartiers en difficulté qui prennent leur destin en main. Le développement entrepreneurial constitue un nouvel espoir pour les populations de ces zones trop souvent stigmatisées et abandonnées en marge du développement économique. Si le taux de créations d’entreprises y est d’ailleurs deux fois supérieur à la moyenne nationale, il n’en demeure pas moins que leur survie à 5 ans reste 30 fois inférieure. La question du développement se positionne donc au cœur du débat. Animée par Abderzak Sifer, directeur d’investissements chez BAC partenaire, cette table ronde a soulevé les dysfonctionnements propres au dynamisme économique et les solutions pour les surmonter.

Le constat est désolant. Rien qu’en Ile de France, les Zones Urbaines Sensibles (ZUS) sont au nombre de 251, sur 700 au niveau national. Elles représentent 1,5 millions d’habitants, soit 11% de Franciliens, contre 7% en France. En 2009, le taux de chômage a atteint 18,6 % contre 9,5 % pour l’ensemble du territoire (France y compris DOM). Les jeunes sont tout particulièrement touchés par le chômage, 1 jeune sur 2, et par le manque de qualification. Comment justifier un tel grand écart ? Le réseau demeure souvent le premier obstacle. Les débouchés commerciaux restent faibles et irréguliers. Malgré les besoins monumentaux de biens, de services et autres prestations des grandes entreprises, les entrepreneurs des quartiers ne parviennent pas à se positionner. La problématique d’accès aux commandes et la perte d’appels d’offre est une constante, souvent inhérente à la trop petite taille des entreprises des zones sensibles face à la visibilité des grands groupes. 90 % des entreprises françaises comptent moins de 10 salariés, encore plus dans les quartiers. Autre obstacle à la création et au développement d’entreprises ? L’aide financière. 92% des entrepreneurs en ZUS investissent avec leurs propres deniers ! Et n’allez pas croire que le chômage les pousse à créer. 75% d’entre eux avaient déjà un emploi au moment de monter leur entreprise, qui se positionne pour une large majorité dans le même secteur d’activité dans lequel ils évoluaient.

Dans un contexte aussi rude, comment développer une économie compétitive et pérenne ? Pour Abdellah Aboulharjan, directeur de La Nouvelle PME: « Le réseau est souvent le premier obstacle, aussi nous proposons des rencontres régulières entre entrepreneurs et des ateliers 2 fois par mois pour renforcer leurs capacités, identifier leurs besoins et répondre à certaines problématiques ». Majid El Jarroudi s’attaque au manque de visibilité grâce à l’Adive : « On identifie les besoins des grands groupes, les fournisseurs potentiels en banlieue et on les met en relation. On a jeté des ponts, créé des liens intelligents et un nouvel écosystème dans lequel s’établissent des relations gagnant/gagnant ». Alors qu’il n’est plus à démontrer que les PME jouent un rôle moteur dans la croissance économique et la création de valeur et d’emplois, Laurence Mehaignerie présidente de Citizen Capital, fonds de capital investissement indépendant, cherche les leviers de croissance dans les segments peu financés par le capital investissement, du point de vue de l’implantation géographique, du profil ou du parcours du dirigeant ou encore de l’impact positif de l’activité sur la société. « On a vocation à faire 3 ou 4 capital-investissements par an, avec 2,5 millions par société ». Elle propose de s’inspirer du modèle américain et de sa politique pour faire entrer les TPE/PME sur le marché. Pour Jamila Jaaidane, chargée de mission développement économique des territoires en difficulté de la Région Ile-de-France : « Ca n’est pas tant un manque de subvention, car la région investit énormément en capital risque, qu’un manque d’accès à l’information et à la formation. A titre d’exemple, seulement 2% des jeunes issus des ZUS accèdent à l’alternance contre 4% en Ile de France ». Abdellah Aboulharjan conclut : “C’est en augmentant l’activité des entreprises issues et implantées dans les quartiers, qu’on va créer de l’emploi. Il ne faut pas chercher à tout prix à créer des entreprises, mais se concentrer sur ce qui existe déjà ».

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