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Le Lab

Petite Philosophie de la Solution – Deuxième Partie

By Le LabNo Comments

Il y a quelques jours, nous avons entamé une petite réflexion philosophique sur la nature de la solution. La solution, ou plutôt les solutions, sont des choses qui nous font souvent débattre (et nous battre !) longuement. Pour comprendre cela, nous avons commencé par un examen du concept même de solution.

C’est donc le triplet Anomalie – Solution – Problème (ASP) qui va nous accompagner tout le long de notre réflexion. Ce triplet signifie que l’anomalie, ressentie comme troublante, demande un cours d’action pour être résolue. Cette dimension de l’action est introduite dans la philosophie contemporaine à partir du Pragmatisme Américain du XIX siècle (notamment par William James et Charles Sanders Peirce), qui nous dit que la pensée et l’action entretiennent une relation privilégiée. On pense pour agir, pour faire face à ce qui, dans le monde autour de nous, nous dérange. Les animaux sont eux aussi capables de solutions dans le sens où ils emploient leurs capacités cognitives pour exécuter des actions vouées au dépassement d’une situation anomale, qui les trouble, sans pour autant conceptualiser cela comme « un problème ».

Essayons de parcourir un exemple, qui puisse bien mettre en lumière les relations logiques du triplet ASP. La controversée question des migrants est une anomalie assourdissante pour nos démocraties occidentales et libérales. Dans n’importe quelle acception morale et politique, des phénomènes comme la « jungle » de Calais ou les favelas improvisées au Boulevard de Stalingrad à Paris sont anomales, et on en est gênés. Soit parce que nous nous sentons gênés en notre propre personne, soit parce que nous entrons en empathie avec les protagonistes de ce phénomène et nous sentons leur gêne dans ce qui se passe. En tout cas, la situation est anomale et troublante. Par contre, les triplets ASP déclenchés ne sont pas nécessairement univoques.

Triplet 1

Anomalie : Grand nombre de personnes sans-abri, en conditions sociales et hygiéniques extrêmement précaires, sans une progression autonome de la situation.

Solution : Il faut les renvoyer chez eux et empêcher que d’autres arrivent.

Problème : Il y a des gens dans le pays qui ne devraient pas y être.

Triplet 2

Anomalie : Grand nombre de personnes sans-abri, en conditions sociales et hygiéniques extrêmement précaires, sans une progression autonome de la situation.

Solution : Il faut les assister, les héberger et faciliter leur insertion dans la société.

Problème : Il y a des gens dans le pays qui ne sont pas accueillis comme il faudrait.

Dans ce cas, la même anomalie est affrontée par deux types de solutions, qui lisent deux descriptions différentes du problème. Sans en juger aucune à priori, il est intéressant de comprendre la structure des deux solutions.

  • Dans le premier cas, la solution prétend agir sur l’anomalie problématique, visant plus ou moins idéalement à sa disparition. Le deuxième type de solution, au contraire, prétend agir sur ceux qui perçoivent l’anomalie, visant à ce qu’ils se responsabilisent comme origine (au moins contextuelle) de l’anomalie.
  • Si on considère l’exemple du fameux « burkini », le premier type de solution consiste dans l’interdiction formelle de cette tenue, et le deuxième est représenté par une réflexion portant à juger plutôt comme anomale la réaction même au phénomène, au nom de la tolérance, de la mixité culturelle et de la liberté individuelle.

Les relations homosexuelles, anomales d’un point de vue simplement statistique, ont vu pendant l’histoire un fréquent recours à solutions du premier type, jusqu’à que l’évolution des cultures et des valeurs ont commencé à proposer de considérer comme anomale non pas ces relations, mais le fait même qu’elles soient interprétées comme anomales.

Ce discours semblerait nous porter à la conclusion que les meilleures solutions sont celles du deuxième type, signe d’ouverture d’esprit, et que les solutions du premier type ne sont que des grossiers effets de la paresse intellectuelle. Ceci n’est pas toujours le cas : considérons le malaise qui connote l’utilisation des stupéfiants se traduit dans le « problème de la drogue ». D’un côté on peine à voir comme une bonne solution la « guerre à la drogue » menée par l’actuel président des Philippines Rodrigo Duterte depuis son élection en Mai dernier, qui a provoqué la mort de 3000 personnes (dont beaucoup de toxicomanes) en quelques mois ; de l’autre côté on imagine facilement qu’une libéralisation totale de tout genre de substance stupéfiante, privant la drogue de son statut d’anomalie en tant que réponse à une souffrance sociale, ne saurait pas une bonne solution non plus.

La plupart des solutions aux anomalies, et donc aux malaises que ces dernières engendrent lorsqu’elles sont perçues, se positionne quelque part entre ces deux pôles : l’élimination factuelle du malaise d’un côté, de l’autre l’absorption de l’anomalie pour qu’elle ne soit plus considérée en tant que telle.

Adopter une solution, et donc une lecture du malaise en tant que problème, signifie nécessairement se confronter avec le système de valeurs d’un groupe ou de toute une société. L’anomalie est telle parce qu’elle viole nos attentes, et nos valeurs. C’est bien pour ça qu’elle nous perturbe. C’est quoi une valeur dans ce discours ? Très simplement, c’est quelque chose qu’on chérit, qu’on tient comme plus ou moins fortement relié à notre bien-être physique, émotif, intellectuel ou spirituel. On peut penser à la vie, à la liberté, au bonheur, à la santé, à la richesse comme à des valeurs. Mais aussi à la foi, à l’épanouissement amoureux, à l’appartenance culturelle et/ou ethnique à un peuple ou à un État. Certaines valeurs se sont codifiées comme des droits, comme le droit à la vie et le droit à la liberté : cela signifie que la vie et la liberté sont des valeurs tellement importantes que personne n’a le droit de nous en priver. Nous percevons certaines valeurs comme fondamentales, d’autres sont importantes, désirables, préférables mais pas aussi vitales.

Si la solution à l’anomalie qui consiste en un fort nombre de migrants c’est simplement de les « renvoyer chez eux », c’est par exemple parce que l’appartenance à un chez soi est perçu comme une valeur, tout comme l’identité ethnique ou culturelle. En même temps, l’adoption de cette solution est controversée car elle n’est pas en accord avec d’autres valeurs, notamment la tolérance, la charité, la fraternité humaine, la responsabilité.

Toutefois, la solution opposée n’est pas dévouée de conflictualités non plus. Soutenir que les migrants sont tous à accueillir sans discrimination, dans un contexte de ressources limitées comme tout contexte humain et encore plus dans l’Occident pas encore rétabli des récentes crises économiques, signifie nécessairement compromettre des valeurs comme l’ordre, la sécurité sociale, la santé mais aussi l’appartenance culturelle à un peuple/État.

À l’intérieur d’une société, une bonne solution est celle qui cherche à obtenir la meilleure réduction du malaise, tout en maximisant la cohérence entre les valeurs portées par le résultat et celles qui animent la société, selon l’importance de chaque valeur et l’entité des incohérences. Les sociétés peuvent supporter des incohérences, le vivre ensemble est connu depuis la Grèce ancienne comme l’art d’apaiser les inconsistances, mais si les contradictions entre valeurs deviennent excessives, la société peut aller à l’encontre d’une crise dont elle pourrait sortir avec un nouveau système de valeurs.

Comment procèdent les esprits à juger la faisabilité d’une solution ? En considérant une anomalie, la situation à laquelle elle est liée, et les possibles voies d’actions, on prend du recul. Une anomalie signifie qu’une situation actuelle n’est pas compatible avec nos valeurs: en prenant du recul on évalue si l’on doit agir sur le phénomène en question, ou sur nos valeurs, ou encore sur les deux.

Pour suivre notre exemple, la division (parfois douteuse) que l’on fait entre les migrants économiques et les migrants humanitaires, est un exemple de négociation effectué par les hommes, entre leurs valeurs, les actions à entreprendre et les conséquences qui en résulteront. Cette distinction permet le recours à une voix médiane.

Cela dit, il est important, sans hypocrisie ni nihilisme (la tendance à ne croire en l’existence ou en l’importance d’aucunes valeurs), d’accepter le fait que toute solution et sa bonté sont relatives à une société particulière et au contrat sociale qui l’inspire. Certes, nous pouvons répondre qu’on peut creuser tant qu’on veut mais à un moment nous allons bien tomber sur ces valeurs fondamentales qui sont les Droits de l’Homme. Mais les Droits de l’Homme sont une acquisition historique, dérivants eux mêmes d’une longue élaboration au sein des cultures pendants plusieurs siècles. Non seulement pas toutes les sociétés les respectent et les appliquent, mais aussi ils peuvent être respectés et appliqués de façon différente sans renier leur acceptation.

Est-ce que ceci doit nous faire désespérer quand à la réelle possibilité de trouver des bonnes solutions aux malaises de nos sociétés ? Bien sûr que non, au contraire ! Les enjeux changeants toujours, entre les valeurs que nous érigeons comme nos préférées et les situations actuelles. Cela nous donne des modèles de succès ainsi que de faillite aussi. Le fait même que les valeurs et leurs priorités changent le long de l’histoire, des cultures et des géographies, n’est pas un obstacle mais une richesse : encore plus, c’est la condition nécessaire pour que des solutions émergent.

 

Tommaso W. Bertolotti

[Vu des USA] Elections américaines 2016 : où est passée l’information ?

By L'actu des médias, Le LabNo Comments

[OPINION] Par Katrina vanden Heuvel, éditrice du journal The Nation (USA).

En bref

  • Dans cette tribune d’opinion parue mardi dans le Washington Post, Katrina vanden Heuvel, éditrice du journal The Nation (USA), pointe les dérives médiatiques qui se sont illustrées dans la couverture des élections américaines. Elle regrette que les médias aient mis sur le même plan les deux candidats principaux, Trump et Clinton, et aient écarté des sujets cruciaux qui auraient dû être portés à connaissance des citoyens américains et examinés conformément à la déontologie journalistique.
  • L’éditrice du journal lance un appel à valeur universelle : les médias ne doivent pas manquer à leur devoir de vigilance, en faisant primer l’audience à tout prix sur l’investigation et l’éclairage des citoyens. C’est la condition pour que les journalistes soient garants de la démocratie.

 

Quel a été le thème central de la campagne présidentielle de 2016 ?

Dans la plupart des périodes électorales précédentes, la réponse à cette question a été relativement simple. En 2008 et 2012, c’était l’économie. En 2004, c’était la sécurité nationale et la guerre en Irak. Mais cette année, les choses sont beaucoup moins claires, parce que les problèmes les plus urgents auxquels le peuple américain est confronté ont été éclipsés par des titres outrageants, de faux scandales, des nouvelles erronées, et une couverture honteuse du cirque de Donald Trump. Plus que dans toute autre élection récente, le rôle des médias est devenu un enjeu central de la campagne.

La « faute » des médias a débuté en 2015, alors que les réseaux en quête d’audience et de profit- et à but lucratif- ont encouragé la montée de Trump en lui offrant un accès illimité, sans regard critique et sans filtre sur les ondes. Sur l’année, les trois principaux journaux télévisés du soir ont couvert Trump deux fois plus que Hillary Clinton – et 16 fois plus que le sénateur Bernie Sanders, dont ils ont massivement marginalisé voire rejeté la candidature. D’après une étude parue en mars dernier, les médias ont accordé à Trump l’équivalent de près de 2 milliards de dollars de parole sans contrainte. La couverture électorale qui a suivi n’a pas été plus glorieuse. Fin Octobre, ces mêmes journaux télévisés du soir avaient à peine consacré une demi-heure de temps aux questions politiques, au total depuis le début de l’année 2016. Le changement climatique, le commerce et d’autres questions importantes n’avaient été l’objet d’aucune couverture médiatique.

Il est évident que d’autres facteurs – comme l’aptitude des candidats au poste – font partie des sujets les plus pertinents dans une élection. Mais cela ne donne pas pour autant aux médias le loisir d’ignorer les questions d’importance vitale pour les électeurs de l’ensemble du pays. Cela n’excuse pas la manière dont certains médias ont mis sur le même plan Trump et Clinton, créant et alimentant une fausse équivalence entre les deux candidats ou les partis qui les ont désignés. Cela ne justifie pas non plus que la couverture médiatique des candidats eux-mêmes ait été dépourvue de substance.

Commençons par Trump. Il faut reconnaitre que, dans la presse écrite en particulier, des journalistes tel David Fahrenthold du Washington Post ont fait un travail de reportage remarquable. Mais malgré la malhonnêteté pathologique de Trump, la démagogie raciale et le mépris à l’égard du Premier Amendement de la Constitution des Etats-Unis [1], une grande partie des médias l’ont dépeint comme un candidat « normal » à la présidence. Et le passage sous silence de certains sujets a réellement œuvré à l’avantage de Trump. Trump a pris la fuite  en refusant de dévoiler ses déclarations de revenus – une violation de la transparence qui aurait été considérée comme impardonnable à tout autre candidat. De même, il n’est pas difficile d’imaginer comment les médias auraient pu traiter un autre candidat à la présidence qui se serait explicitement vanté d’une agression sexuelle, enregistrement audio à preuve, et une cohorte de témoignages de femmes à l’appui affirmant avoir été l’objet d’attouchements. Et pourtant, après que le choc initial des propos de Trump se soit dissipé, les allégations à son encontre ont – incroyablement – été mises de côté.

De l’autre côté du spectre, il y a Clinton et le pseudo-scandale qui n’en finira pas. Le mois dernier, après que le directeur du FBI James B. Comey a révélé publiquement l’existence de nouveaux courriels potentiellement pertinents dans le cadre de l’enquête sur le serveur privé de Clinton, les médias s’en sont donné à cœur joie. Il était évident que le FBI en l’espace de quelques heures, n’avait rien découvert d’incriminant – le véritable scandale étant en réalité l’ingérence indue de Comey dans l’élection. Mais cela n’a pas empêché la plupart des médias d’amplifier les appels de Trump à « enfermer » la candidate ou de spéculer sur les retombées électorales.

Et si en 2008, les médias se sont concentrés à juste titre sur les implications historiques du premier président afro-américain, huit ans plus tard, l’hypothèse de l’élection potentielle de la première femme présidente du pays a largement été écartée. Il est difficile de ne pas établir de lien entre la normalisation de la misogynie de Trump et l’échec écrasant des médias à reconnaître ce moment-clé pour l’égalité et la dignité fondamentale de la moitié de la population de notre nation.

Ceci étant dit, il n’a pas fallu cette campagne pour montrer que beaucoup de médias sont dans un état de délabrement, ou que nous avons besoin de plus de « chiens de garde », plutôt que de toutous, pour défier des intérêts puissants à travers le spectre politique. Il y a eu d’autres moments où la suspension du regard critique et de la vérification des faits a mis la nation en danger. Par exemple lorsque les journalistes ont joué les pom-pom girls pour l’invasion de l’Irak.

Mais même avec une perspective historique, ce moment médiatique est particulièrement dangereux et lourd de conséquences. La couverture de cette campagne n’est pas le fait du hasard. Elle est le résultat de changements structurels corrosifs – l’effondrement des quotidiens locaux, la concentration excessive des médias, l’effacement des frontières entre l’actualité et le divertissement, la montée des « right-wing news » [NDLR : groupe de bloggeurs conservateurs] – qui rendent plus difficile la mission des médias à nous tenir informés des questions qui exigent notre attention. Pourtant, en dépit de ces défis croissants, les médias conservent un pouvoir extraordinaire pour établir les ordres du jour, façonner les perceptions et décider ce qui fait ou ne fait pas partie du débat public à l’échelle nationale. Tant que nous aurons un système corporatiste qui valorisera les clics et les classements plus que les débats politiques sérieux et les personnes et les communautés concernées, les problèmes ne feront que s’aggraver.

Quand la nation se réveillera mercredi, les analyses post-mortem commenceront. Dans ce cadre, nous devrions réfléchir sérieusement aux raisons de la distorsion des pratiques médiatiques qui s’est illustrée tout au long de cette campagne. Nous avons besoin de réformes structurelles pour faire revivre des médias centrés sur leur responsabilité, qui ne fassent pas primer les profits sur l’intérêt public. Et nous devrions être déterminés à nous assurer que lors des prochaines élections, le peuple américain puisse compter sur une presse libre et déterminée à remplir son rôle indispensable dans notre démocratie.

 

Cette tribune d’opinion a été publiée mardi dans The Washington Post, par Katrina vanden Heuvel, éditrice du journal The Nation (USA). Traduit par Gilles Vanderpooten, Reporters d’Espoirs (France) avec l’autorisation de l’auteure.
Titre original : « Media Malpractices 2016 ».

 

[1] « Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. »

La face oubliée et lumineuse du réel

By FRSOL, Le LabNo Comments

L’édito de Jean-Claude GUILLEBAUD

Dans son billet paru dans Sud Ouest Dimanche le 16 octobre 2016, le journaliste et grand reporter Jean-Claude Guillebaud fait le lien entre l’esprit du film Demain et l’action que mène Reporters d’Espoirs depuis 2004.

Depuis un peu moins d’un an, un superbe documentaire circule comme une espérance dans la société civile et les réseaux associatifs. Réalisé par la comédienne Mélanie Laurent et le journaliste Cyril Dion, il ouvre une formidable fenêtre sur l’avenir. Intitulé « Demain », il propose une traversée du monde effectuée par une jeune équipe partie répertorier des raisons de reprendre goût à l’avenir.
Des États-Unis au Danemark, de l’Inde à l’Afrique, il raconte les initiatives, les combats et les innovations porteuses de solutions.
De très grands témoins, experts, philosophes, économistes, sont interrogés partout sur la planète. Ils redonnent toute leur légitimité à mille et une utopies réalisables. Mais la tonalité n’est jamais naïve. C’est aussi une charge implacable contre la folie contemporaine, l’agriculture productiviste, le pillage de la planète et l’avidité du système économique et financier dominant.
Ce « reportage » planétaire hors du commun aura innové jusque dans son financement. Ce dernier a été assuré en 2015 grâce à une campagne d’investissement participatif qui a réuni 10 266 donateurs, pour un total de 444 390 euros.
Sur le fond – mais sans invectives –, la politique ordinaire est ringardisée, le cynisme ambiant montré du doigt, la bêtise débusquée.
Des pensées minoritaires comme celle de Pierre Rabhi et de son mouvement Colibris sont privilégiées et mises en avant. Avec raison. J’ajouterai que l’ONG Reporters d’espoirs, dont j’ai eu la chance de présider le conseil d’orientation, trouve là l’illustration magnifique de son intuition initiale. Elle tenait en peu de mots : inciter les médias à diffuser – aussi – les bonnes nouvelles, au lieu d’être systématiquement catastrophistes.
Par vocation, en effet, le journalisme raconte jour après jour, et tente de comprendre, les tragédies du monde. Une logique structurelle l’incline à réserver son attention aux désastres qui habitent le monde : guerres, famines, querelles, séismes, épidémies…
Cette inclination fait de chaque reporter un préposé aux catastrophes. Les médias s’intéressent surtout aux trains qui déraillent et jamais à ceux qui sont à l’heure ; ils insistent sur les naufrages et négligent les navires qui parviennent à bon port ; ils parlent du terrorisme mais plus rarement du sang-froid des sociétés civiles.
Ainsi le journalisme est-il menacé par une forme d’hémiplégie.
Il privilégie la dimension la moins glorieuse du réel. Pour l’essentiel, le discours médiatique est attristé, voire alarmé. Il s’habille en noir. Or, la réalité, nous le savons, n’est jamais aussi sombre. Elle est faite d’ombres et de lumières. Elle mêle le pire au meilleur. Partout. Toujours. À n’insister que sur les ombres,
on ment par omission. Vieille question ! Cette infirmité désespérante n’est pas facile à corriger.
Qui veut insister sur les raisons d’être d’optimiste frôle le ridicule. En produisant un récit édifiant, moralisateur ou lénifiant, il ne fait qu’opposer à une erreur une image inversée de celle-ci ; il substitue à une omission une autre sorte d’oubli. Ce n’est pas ce moralisme-là, mais pas du tout, qu’entendent promouvoir
les initiatives qui fleurissent ici et là, et dont le film « Demain » est un superbe exemple. Plus sérieusement, il s’agit de s’intéresser intrépidement à l’autre dimension du réel : victoires sur la fatalité, engagements têtus, démarches de paix, réconciliations durables, prouesses de toutes sortes.
D’innombrables nouvelles, en effet, ne sont (presque) jamais rapportées, ni a fortiori mises en valeur. C’est à ce « trou », à ce « manque », qu’il faut s’intéresser. La face cachée du réel, la plus ensoleillée, mérite d’être prise en compte. L’enjeu est capital : promouvoir avec rigueur et obstination tout ce qui, mine de rien, permet aux sociétés humaines de tenir encore debout.

Prix Médias de la Fondation Pierre Deniker pour la santé mentale : Reporters d’Espoirs membre du jury

By Agenda, Le Lab, Les articles, SociétéNo Comments

La remise des prix et bourses de la Fondation Pierre Deniker -qui œuvre pour la recherche et la prévention en matière de santé mentale-, s’est déroulée le 13 octobre 2016 à l’Académie Nationale de Médecine. Elle était animée par Hélène Cardin et David Gourion. Gilles Vanderpooten, directeur de Reporters d’Espoirs, a remis les « Prix Médias » à 4 journalistes, en tant que président du Jury.

La remise des Prix a été précédée d’un hommage à Jean Delay, psychiatre, écrivain et fondateur, avec Pierre Deniker, de la psychopharmacologie et de l’école de Sainte-Anne. Au détour de textes écrits par Jean Delay, de nombreuses personnalités ont témoigné du dévouement avec lequel celui-ci a dédié sa vie à la psychiatrie et à l’écriture. Sa fille, Florence Delay, mais aussi Marc Masson ou encore Raphaël Gaillard lui ont rendu un hommage vibrant.

Outre les Prix de l’Innovation (remis à Renaud Jardri pour l’application MHASC) et Prix du Jeune chercheur (Boris Chaumette, « Détermination des facteurs génétiques de la résistance thérapeutique dans la schizophrénie »), 5 bourses ont été décernées afin d’encourager des travaux de recherche (à découvrir  ici).

Pour la première fois, la Fondation Pierre Deniker a remis, en partenariat avec l’ONG Reporters d’Espoirs représentée par Gilles Vanderpooten, des prix Médias afin de récompenser le travail de déstigmatisation et d’information effectué par les journalistes.

  • Grand prix : Claire Hédon, journaliste à RFI
  • Prix du Jury : Florence Rosier, journaliste au Monde et Pascale Senk, journaliste au Figaro
  • Prix de l’Initiative : Jean-Marc Bretonnier, rédacteur en chef de La Voix du Nord

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Pour + d’infos : www.fondationpierredeniker.org

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79% des français estiment qu’il faut prendre les choses en main et ne pas subir : le Sondage France des solutions – Ouest France par l’IFOP

By FRSOL, Le Lab, SociétéNo Comments

Ouest France, partenaire fidèle de Reporters d’Espoirs, a réalisé avec l’IFOP un sondage spécial à l’occasion de « La France des solutions ». Focus sur les principaux résultats.

« Près de huit Français sur dix estiment aujourd’hui que, dans la vie, il faut prendre les choses en main et ne pas subir (79%) plutôt que de les prendre comme elles sont (21%), soit une augmentation de trois points par rapport à l’an dernier. Outre ce surcroît de volontarisme, on observe qu’il n’est pas appréhendé de la même manière en fonction de l’âge : en effet, plus on est jeune et plus l’item « il faut prendre les choses comme elles sont » est cité (de 14% chez les 65 ans et plus à 31% chez les 18-24 ans), preuve qu’un certain fatalisme traverse une partie de la jeunesse du pays et que le rapport à l’adversité évolue avec l’âge et l’expérience.

Dans le détail, le volontarisme des Français s’exprime dans leur propension à s’engager pour différentes causes, par exemple en faisant du bénévolat ou du volontariat pour une association ou ONG. Ainsi, deux tiers (64%) se disent prêts à s’engager auprès d’une organisation consacrée à la culture et aux loisirs, une thématique suivie par d’autres domaines plus relatifs aux problématiques sociétales comme l’environnement (62%), la santé (61%) et l’action humanitaire (60%, qui recoupe l’action caritative, l’aide à domicile, etc.). Par ailleurs, environ la moitié des Français serait prête à s’investir dans l’éducation (50%, par exemple dans des fédérations de parents d’élèves) ou la défense des droits (48%, syndicats, copropriétés, etc.). Si des centres d’intérêt comme le sport (44%) et le patrimoine (39%) suscitent encore une disposition d’engagement importante, on relève que les domaines les moins stimulants sont la politique (20%) et la religion (17%). Dans le détail, on observe un surcroît d’engagement potentiel chez les plus jeunes et un score généralement inférieur à la moyenne chez les plus âgés… sauf en matière de défense des droits (53% des personnes âgées de 65 ans et plus susceptibles de s’y investir, contre 48% en moyenne) et de patrimoine (41%, contre 39%).

[…] Dans une société où la majorité estime qu’il faut prendre les choses en mains, il n’est guère étonnant que les individus eux-mêmes soient considérés comme l’acteur le plus à même de trouver des solutions pour améliorer la situation dans le pays (31%). Par contraste, seuls 13% des Français citent l’Etat et les pouvoirs publics, 11% les entreprises privées et les associations, quand un tiers ne fait confiance à aucun de ces acteurs (34%).

[…] Au final, trois quarts des Français (74%) considèrent que ce sont les citoyens qui sont les mieux placés pour améliorer la situation dans le pays, car c’est par une somme de petites initiatives qu’on peut vraiment changer les choses. A contrario, 26% estiment que ce sont les politique qui sont les mieux placés, eu égard à leurs leviers législatifs et budgétaires. Dans cette dichotomie, une opposition se fait jour : environ deux tiers des sympathisants des partis de gouvernement (64% au PS et 67% chez Les Républicains) privilégient l’action des citoyens quand ce score dépasse les 70% dans des franges plus contestataires comme les proches du Front de Gauche (72%) et du Front National (79%).
> Plus d’analyse sur le site de l’IFOP

> Les résultats complets de l’étude IFOP

2/12/2016 : Reporters d’Espoirs aux Pays-Bas pour la Constructive Journalism Conference

By Actu réseaux internationaux, Agenda, L'actu des médias, Le Lab, Les articlesNo Comments

Windesheim University of Applied Sciences proudly present the worlds first conference on Constructive Journalism Friday the 2nd of December, 2016.

The Constructive Journalism conference offers the unique convergence of journalism, research and emerging technologies for better engagement and co-creation with your audiences. Fostering creative and professional growth alike, Constructive Journalism conference is your premier destination for discovery.

Welcome

‘You are very welcome to come to our first international conference on Constructive Elements in Journalism. We are proud to be able to present a stellar lineup of Cathrine Gyldenstedspeakers from journalism across all platforms. We want this conference to be your premier destination for discovery, networking with other like minded media professionals and a launching pad for new creative content, know-how and media showcases. Presentations, case stories and panel discussions provide compelling methodology and progress for conference participants. So, looking forward to seeing you December 2nd in Zwolle, the Netherlands!

With best regards, Cathrine Gyldensted, Director of Constructive Journalism, Windesheim’

Program

9.00-10.00h Registration
10.00-10.15h Welcome by Cathrine Gyldensted, Director Constructive Journalism & Liesbeth Hermans, Prof. Constructive Journalism
10.15-11.15h Keynote 1
11.15-11.30h Break
11.30-12.30h Keynote 2
12.30-13.30h Lunch
13.30-15.00h Panel sessions round 1
15.00-15.30h Break
15.30-17.00h Panel sessions round 2
17.00-18.00h Cocktails and networking

Keynote speakers and prominent panelists

Our speakers reflect what we want this conference to be known for: presenting luminaries from journalism and media working with constructive elements in journalism across industries and platforms.

Alan Rusbridger, The Guardian (1995 – 2015), Chair of Reuters Institute for the Study of Journalism, Oxford University UK

Emily Kasriel, Head of Editorial Partnerships and Special Projects, BBC World Service Group, UK

 

Ethan Zuckerman, Director, MIT Civic Media Lab, USA

©Pakhuis de Zwijger

Karel Smouter, Deputy Editor & Correspondent, De Correspondent, Netherlands

Terhi Upola, Reporter, YLE Finnish Broadcasting Company Finland

Martha Riemsma, Editor in Chief, Twentsche Courant Tubantia, Netherlands

Troels Mylenberg, Editor in Chief, Jysk Fynske Medier, Denmark

Credit: Robin Schüttert

Maren Urner, Co-Founder, Perspective Daily, Germany

Karen McIntyre, Ph.D, Assistant Professor & Researcher, Virginia Commonwealth University, USA

Gilles Vanderpooten, Editor in Chief, Reporters D’Espoirs, France

 

Jesper Borup, Radio Anchor and News Editor, Danisch Broadcasting Fyn, Denmark

Doug Wilks, Managing Editor Deseret News, USA

Renzo Veenstra, Editor in Chief Omroep West, The Netherlands

Jasper Koning, Digital Editor VPRO Tegenlicht, The Netherlands

David Bornstein, Co Founder, Journalist Solutions Journalism Network, USA

Liesbeth Hermans, Professor Constructive Journalism Windesheim, The Netherlands

Maarten Corten, Media blogger, Belgium

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Nice-Matin fait un pas supplémentaire dans son engagement pour le journalisme de solutions

By L'actu de Reporters d'Espoirs, L'actu des médias, Le LabNo Comments

Le groupe Nice-Matin s’associe à la France des solutions, semaine spéciale du 9 au 16 octobre lancée par Reporters d’Espoirs.

Le 10 octobre, des articles “solutions” pourront être consultés, toutes les heures, sur les sites Nice-Matin, Var-Matin et Monaco-Matin et huit pages spéciales paraîtront dans le journal. Cette journée spéciale sera marquée aussi par le lancement de la page web  “#solutions” dédiée aux articles et dossiers solutions que la rédaction du groupe a pu traiter et traitera à l’avenir.

L’objectif: mettre en valeur ces contenus et les rendre accessibles facilement.

Les internautes seront invités à participer à ce mouvement puisqu’ils pourront via la page #solutions rendre compte de belles initiatives et de projets positifs dont ils sont les porteurs ou les témoins.

Après le rachat du journal par ses salariés, avec le soutien de nombreux lecteurs et amis, en décembre 2014, Nice-Matin/ Var-matin s’est affirmé plus que jamais comme le journal des habitants des Alpes-Maritimes et du Var. Cette nouvelle page de l’histoire du groupe Nice-Matin a directement nourri la nouvelle stratégie numérique de l’entreprise : devenir un journal solidaire et qui fait bouger les choses dans sa région.

Pour Denis Carreaux, Directeur des rédactions et Directeur Général adjoint du groupe Nice-Matin “il s’agit pour nous de valoriser les gens qui créent, qui innovent, font avancer leur région, mais aussi de mettre en lumière les belles histoires, petites ou grandes, qui font du bien et égayent le quotidien de chacun”.

Le rôle d’un média aujourd’hui n’est pas seulement de rapporter des faits mais aussi de mettre le lecteur en situation de comprendre, de choisir, de participer et de s’impliquer dans la vie de son territoire.

Etre médiateur et mettre en lumière pour ses les initiatives, les envies d’agir d’ici et ailleurs est la ligne éditoriale défendue par Nice-Matin et proposée à ses abonnés numériques. Ces contenus seront ouverts au grand public la journée du 10 octobre.

 

Communiqué de Nice Matin du 4 octobre 2016, relayé par Reporters d’Espoirs qui salue l’engagement particulier du titre dans le journalisme de solutions et dans l’opération #FRSOL !

"Les infos gratuites sont des infos pourries qui font peur ou rendent malheureux" : quand les internautes s’en prennent au Monde

By Le LabNo Comments

« Le village éthiopien qui ne craint plus ni la sécheresse ni l’exode », tel est le titre d’un article mis en ligne par le Monde, jeudi 28 juillet 2016. A Reporters d’Espoirs, nous scrutons, épluchons et analysons toutes les initiatives positives émergeant sur le globe. Notre but : vous faire connaitre un maximum de solutions répondant aux enjeux de l’époque. Notre créneau : l’information lorsqu’elle est constructive, utile aux individus, peut contribuer à la prospérité de nos sociétés.

Pour ce faire, nous encourageons les médias à traiter des solutions, tout en étant attentifs à leurs enquêtes lorsqu’elles sont porteuses d’espoirs. Alors quand un journal comme Le Monde, attire notre attention sur l’exploit qu’un village éthiopien a réalisé face à une menace climatique, nous sommes preneurs ! Nous nous empressons d’enregistrer l’article dans notre veille, et de le faire connaitre au plus grand nombre. Nous alimentons ainsi notre page facebook, et vous incitons à le partager !

Mais voilà… Problème : l’article de ce grand quotidien étant payant, c’est avec regret que nous nous abstenons de le diffuser. Légitimement, la presse a des impératifs économiques, et tout travail mérite salaire ! Mais la surprise vient plus tard…C’est au matin suivant, au cours de notre veille  facebook,  que nous découvrons avec stupéfaction les commentaires des internautes sur ce même article du Monde.

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Extraits :

« Michel Serge Le monde , pour des raisons financières, nous laisse sur notre faim et notre soif d’en apprendre un peu plus sur des réalisations qui peuvent sauver l’Afrique , dommage que l’argent passe avant la connaissance. ..

Anaëlle Mrtte Les infos gratuites sont des infos pourries qui font peur ou rendent malheureux.

Dam Ned Oui c’est nul de réserver ce type de nouvelles pleines d’espoir aux abonnés. Heureusement qu’il y a d’autres journaux

Pierre Thomé bien qu’abonné depuis longtemps, je regrette, comme d’autres, que cet article ne soit pas en libre accès. Comment se font les choix d’articles gratuits ?

Anna Maria Camus Oui, ce genre d’ article est super important pour tout le monde, il faut l’ afficher avec de gros titres, c’ est du beaume au coeur! »

 

 

 

 

 

 

 

 

Une fois de plus, nous sommes ravi de constater que lorsque la presse s’intéresse à des initiatives constructives, le lectorat répond présent. Nous savions grâce à plusieurs études, que les articles orientés « journalisme de solution », comme ce dernier, suscitent deux fois plus d’intérêt, en termes de « lus » comme de « partages ». En revanche, nous n’avions jamais eu l’occasion d’assister à un débat sur les réseaux sociaux concernant le caractère gratuit ou payant des sujets abordés.

Si dans la plupart des commentaires, le souhait d’obtenir gratuitement une information « utile » à la communauté est revendiquée, tous s’accordent sur le fait que la presse ne peut être totalement gratuite. Toutefois, ces followers du Monde s’interrogent sur ce qui pousse le journal à rendre plus souvent accessibles les sujets anxiogènes.

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A Reporters d’Espoirs, lorsque l’on questionne certains journalistes de grands hebdomadaires, sur les difficultés à intégrer de l’information « solution », on peut nous répondre : « Malheureusement, l’anxiogène ça fait vendre […] En temps de crise identitaire…. De trouble social… D’incertitude économique…Dire quels sont les coupables, qui nous veut du mal, et comment, c’est certes un peu l’esprit de la théorie du complot, mais c’est ce que les gens attendent. Quand vous annoncez des bonnes nouvelles, vous êtes plus suspicieux en tant que journaliste, et on peut vous accuser de faire de la communication ».

A l’inverse, la polémique Facebook autour de cet article du Monde, soulève la question suivante : quel est l’intérêt de « privatiser » une information aussi bénéfique pour la collectivité ? Doit-on en déduire qu’il y a un « complot » pour nous cacher ce qui fonctionne ? Bien entendu, non. Pour autant, s’interroger sur l’agenda-setting des médias (l’ordre de priorité des sujets), prendre en compte l’impact que ces informations ont sur les individus, c’est poser le débat de l’équilibre du traitement de l’information, et la capacité des rédactions à refléter les réalités du monde dans leur globalité.

Anaïs Dedieu.

 

 

 

Dominique Wolton : "Les journalistes doivent réinventer leur métier"

By Le LabNo Comments

Dominique Wolton, sociologue des médias, plaide pour des médias généralistes de qualité et considère la télévision comme vecteur de cohésion sociale et condition de la démocratie de masse. Retour sur son interview à France Info, par Olivier de Lagarde (Un monde d’idées).

Son diagnostic critique résumé en 3 points :

  1. Les médias sont un univers saturé d’informations.
  2. On y trouve toujours la même chose.
    • « Pourquoi le matin, dans les médias, il y a systématiquement des mauvaises nouvelles, et pas de bonnes nouvelles ? »
  3. Les journalistes sont toujours sur le même champ, saturent un événement pendant 2-3 jours, l’oublient complètement, puis aucun retour.
    • « Vous travaillez plus mal parce que vous travaillez plus vite, la concurrence est infernale. […] Que devez-vous faire pour sauvegarder la grandeur de votre métier ? »
    • « Les médias sont une oligarchie où ce sont toujours les mêmes qui tournent, que l’on retrouve d’un média à l’autre. »
    • « Il n’y a pas de rapport entre l’information et la connaissance. Pas d’accession à l’antenne de religieux, scientifiques, entrepreneurs… »

> [+] d’éléments sur le site de FranceInfo

[Le Monde] Désormais, le « Guardian » préfère voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide

By L'actu des médias, Le LabNo Comments

Violaine Morin (@ViolaineMorin) a publié le 8 juin 2016 dans le journal Le Monde un article dans lequel -à partir de l’exemple du quotidien britannique The Guardian, récemment converti au journalisme constructif (avec la série « Half Full« )- elle fait un point sur ce mouvement porté en France par Reporters d’Espoirs. Notons que The Guardian s’était déjà fait remarquer pour son engagement éditorial ambitieux en amont de la conférence climat Cop21, en se positionnant contre les énergies fossiles et en faveur des énergies renouvelables (« Keep in the group » campaign) .
Extrait.

« Le Guardian a mené une enquête auprès de ses lecteurs, pour savoir s’ils apprécieraient de lire plus de nouvelles positives. La réponse est tombée il y a quelques jours : « Un nombre significatif nous a répondu que nous voyions constamment le verre à moitié vide», explique le quotidien britannique.
Depuis le 1er juin, les internautes sont donc invités à proposer leurs idées, sur un formulaire disponible sur le site, pour alimenter une nouvelle série d’articles intitulée «Half full» («à moitié plein»). Sous-titrée «solutions, innovations, réponses », la série propose déjà deux articles : l’un sur les solutions imaginées par des start-up pour nourrir la planète, et l’autre sur le revenu universel.
L’initiative rouvre un débat déjà ancien dans la presse : faut-il faire de l’information positive?
En France, le «journalisme constructif » ou «journalisme d’impact » est porté par l’association Reporters d’espoir, qui souhaite relayer plus de reportages « « positifs » et collabore par exemple avec le « Libé des solutions » et le «Ouest France des solutions», des numéros spéciaux qui paraissent une fois par an. […]»

La journaliste rapporte les propos du Guardian, qui ont le mérite de confirmer la distinction entre « positif » / »bonne nouvelle » et « journalisme constructif » (ou « de solutions ») que promeut Reporters d’Espoirs depuis de nombreuses années :

« Ceux qui ont essayé de s’opposer au cours habituel des actualités ont souvent été tournés en dérision, indique le journal. On les accusait de tomber naïvement dans le piège de la futilité et du buzz, ou alors de passer à côté de l’info. Nous croyons qu’il existe un juste milieu. Ce ne sont pas des « bonnes nouvelles », mais un journalisme constructif, centré sur les solutions et les réponses, sans pour autant les approuver. »

The Guardian confirme ainsi la nécessité d’un journalisme de la complexité : analyser les problèmes et enjeux tout en analysant des « solutions » (ou plus précisément des initiatives proposant des réponses concrètes). Avec le même regard critique et distancié. Pour éclairer les citoyens et témoigner que l’action est possible et peut être productive, contre le fatalisme. Voilà notre mission.