La Vie – Olivier Nouaillas – le 20/06/2012
[DIAPORAMA] A 50 km de Rio dans un quartier déshérité de la ville de Nova Iguaçu, loin de l’attention médiatique portée au Sommet de la Terre, notre envoyé spécial est parti à la rencontre d’un groupe de femmes qui cultivent des légumes et des fleurs sur des terres en friche, où passe un oléoduc. Un bel exemple de développement durable local.
Alzoni da Salva Fausto, présidente de la coopérative Univerde
Retrouvez en bas de l’article notre diaporama des femmes de Nova Iguaçu
Elles s’appellent Alzoni, Joice, Ivonete, Laudiceia ou encore Conceiçao. Mères de famille, elles habitent toutes un quartier déshérité de Nova Iguaçu, une ville de la banlieue de Rio, à 50 km. Ici les routes sont défoncées, le tout-à-l’égout une exception et les ordures jamais ramassées…
Pourtant, l’ère Lula avec son programme « Faim zéro » a amené des améliorations: l’électricité est désormais présente dans chaque foyer, les petits magasins d’alimentation du centre ville sont bien achalandés et les transports publics de bus relativement fréquents. Mais la misère est encore palpable à chaque coin de rue.
Rio + 20 ? Alzoni da Salva Fausto, fille d’agricultrice et la cinquantaine combative, en a entendu parler mais sans plus. « Il ne faut pas que cela soit du papier mais des actes. » Les actes pour elle c’est la coopérative Univerde qu’elle a fondée avec un groupe de femmes en 2008. L’idée en est particulièrement ingénieuse : cultiver des parcelles en maraîchage agroécologique sur des terres en friche, une bande de 50 mètres de large qui recouvre l’oléoduc de Pétrobras, où le pétrole transite du port de Rio à une raffinerie voisine.
Contacté à l’époque, Pétrobras, une entreprise publique, a dit oui et gratuitement à une seule condition : que les plants n’aient pas des racines qui dépassent une profondeur de 30 cm pour ne pas endommager l’oléoduc, creusé à un mètre de profondeur et surveillé en permanence par un monitoring pour éviter toute fuite. Au bout du compte, une dualité environnementale assez osée : en sous-sol, le transport d’une énergie fossile (le XXe siècle) et en surface, l’agroécologie (le XXIe siècle ?).
Pour mener à bien ce projet un peu fou, la coopérative Univerde a reçu à la fois le soutien de l’AS-PTA, l’association brésilienne pour l’agriculture familiale et agroécologique, et du CCFD Terre Solidaire. « L’agroécologie c’était la méthode de nos parents et de nos grands-parents. L’industrie agroalimentaire, elle, veut nous vendre ses produit chimiques. Mais nous n’avons pas besoin ni d’engrais, ni des pesticides, seulement d’un bon compost ».