« Catastrophes, crimes, plans sociaux, crises politiques… En s’en tenant au déroulé des journaux télévisés, pas de doute : l’information, c’est le train qui n’arrive pas à l’heure, mieux, celui qui déraille.
A tel point que le JT se confond avec une litanie de très mauvaises nouvelles. De nombreux téléspectateurs nous écrivent pour nous le reprocher, à raison. A force de ne mettre en avant que le négatif, le JT n’est plus un reflet du monde, mais une caricature, un portrait enlaidi de notre société, de notre planète.
Pourquoi cette inclinaison des médias à ne rapporter que ce qui ne va pas ? Parce que le malheur ferait vendre ? Peut-être aussi en raison d’une certaine paresse intellectuelle. Se contenter de constater un problème, en rester à l’exposé brut des faits cher aux journalistes, ne demande-t-il pas infiniment moins d’énergie, de recherches, de curiosité, que de se mettre en quête d’informations porteuses de solutions, d’initiatives positives et constructives ?
C’est pour ces raisons que toute l’équipe du 12/13 de France 3 a été heureuse de collaborer avec Reporters d’Espoirs, pour proposer, le 10 janvier dernier, un « JT des solutions » à ses téléspectateurs. Un journal en direct d’une entreprise pas comme les autres, en Seine-Saint-Denis, une entreprise sociale, qui fait des bénéfices, se développe, investit, tout en insérant des jeunes issus de quartiers défavorisés, des hommes et des femmes proches de l’âge de la retraite dont les entreprises classiques ne veulent plus, ou encore d’anciens détenus ou toxicomanes. Depuis ce lieu qui propose des solutions à de lourds problèmes, nous avons proposé à nos téléspectateurs des reportages sur des initiatives positives à travers la France : une entreprise sauvée par ses salariés, transformée en coopérative qui embauche et qui innove, une crèche aux horaires atypiques pour aider les travailleurs à faibles revenus ou une bibliothèque pour malvoyants.
Un JT des solutions, un journal différent, que nous avons vu saluer, les jours qui ont suivi, par de très nombreux courriers de téléspectateurs.
Alors, qu’attendons-nous pour contribuer à amplifier ce regard constructif sur la société ?
André Gide écrivait à propos de son art : « on ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments ». Je fais aujourd’hui le vœu que cela ne soit pas vrai pour le journalisme.
Soyons tous des « Reporters d’espoirs » ! »
Samuel Etienne
Edito paru dans Le Journal du Prix Reporters d’Espoirs, mars 2012.