La Troisième Révolution industrielle. Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde, de Jeremy Rifkin. Edition Les Liens qui libèrent, 415 pages, 24 euros.
L’uranium et le pétrole, « c’est fini », s’exclame Jeremy Rifkin. Trop rares, trop coûteux, trop dangereux. La ville du futur est déjà en marche : son « indépendance énergétique » repose désormais sur un modèle de « croissance économique durable et sur des marchés interconnectés ». L’homme du XXIe siècle ne sera pas seulement énergivore, mais aussi revendeur d’énergies. Il faudra une « vingtaine d’années » pour que l’Europe tourne la page de l’ère carbone. Mais ensuite, « ce sera très rapide ».
En six ans, l’Allemagne a déjà converti un million de ses bâtiments en édifices à basse consommation, créé 250.000 emplois… et le potentiel est énorme. L’Europe compte 190 millions de structures, qui pourraient toutes devenir des centrales de production énergétique : le surplus d’énergies générées, « l’énergie positive », serait alors revendu aux réseaux de distribution.
A terme, « 70% des besoins européens pourraient être issus des énergies renouvelables » : solaire, géothermie, éolien, hydroélectricité et transformation des déchets. A condition de généraliser de « nouvelles capacités de stockage, via l’hydrogène » et de « pouvoir ensuite transporter » ces énergies induites, grâce à de nouveaux réseaux dits « intelligents ».
L’installation de ces nouveaux réseaux électriques devra s’appuyer sur les réseaux déjà existants, en l’occurrence la technologie internet. « Utilisée en source ouverte, elle pourrait permettre à tous les usagers de se connecter partout et de ne payer que ce qu’ils consomment ». Réciproquement, une voiture en stationnement, par exemple, pourrait revendre son électricité résiduelle au réseau numérique local et en fonction du meilleur tarif/horaire. Les investissements nécessaires seront ainsi compensés par les gains réalisés sur les factures. Depuis mardi matin, l’Allemagne teste ce dispositif dans six régions.
« La troisième révolution industrielle ne sera ni politique, ni climatique, ni énergétique. Elle sera économique ». Elle ne fonctionnera que si l’ensemble du dispositif joue le jeu « du dégroupage total ». Les marchés ne seront plus nationaux, mais continentaux et communautaires. « L’économie verte correspond en fait à une nouvelle matrice de communication »… Utrecht, aux Pays-Bas, Rome, en Italie, ont commencé leur mutation écologique, avec le soutien de l’Union européenne. Et c’est souvent en période de crise que l’économie se réinvente le plus et le plus vite.
Olympia Nemet.
Jeremy Rifkin est en France du 6 au 9 Février. Pour en savoir plus, cliquez ici.