Huit heures. Une douzaine de chèvres s’alignent docilement devant les mangeoires de la petite bergerie de Nicolas Mezzasalma. Comme chaque matin, cet éleveur de 52 ans, installé à Montlaux (Alpes-de-Haute-Provence), trait ses 60 chèvres et 35 brebis. Fascinée, Gladys, 4 ans, l’observe glisser sur les mamelles des bêtes les griffes qui capteront le lait, moulé le jour même en fromage ou en yaourt bio dans la fromagerie attenante.
Dans le gîte aménagé, Aline, éducatrice spécialisée à Marseille (Bouches-du-Rhône) est venue, trois jours, « transmettre des notions simples » à sa fille Gladys et son frère Mathyas, 8 ans. « Nous, citadins, nous avons perdu le contact avec la nature et les animaux », affirme-t-elle. Mathyas a donc accompagné les bêtes au pré, sauté avec bonheur dans des bottes de foin et nourri des cochons, constatant « qu’ils n’avaient pas la queue en tire-bouchon » .
Mettre en avant « la rencontre »
Nicolas et Florence Mezzasalma ont adhéré en 2007 au réseau Accueil paysan : « Nous avons à cœur de défendre notre métier et notre attachement à la terre et à son respect. La rencontre est le meilleur moyen de faire partager ces convictions », explique l’agricultrice qui invite fréquemment ses « accueillis » à un apéro.
Fondé en 1987 par des agriculteurs haut-alpins, le réseau Accueil paysan compte en France 1 200 structures (gîtes, relais pour les randonneurs, chambres d’accueil…). Petits exploitants, agriculteurs retraités et amoureux de la vie à la ferme s’engagent, charte à l’appui, à promouvoir une agriculture sans intrants chimiques.
« Dans une société où l’humain passe au second plan, l’accueil paysan remet en avant la rencontre. Cela répond à une vraie demande car les gens sont de plus en plus désireux d’une alimentation de qualité », explique Yasmine Bardin, directrice du réseau, qui compte aussi 400 adhérents dans 30 pays comme le Brésil ou le Maroc. Le concept attire en majorité des citadins, français ou étrangers.