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Le Lab

De nouvelles formes d’alliances pour redonner son sens à l’acte d’entreprendre

By 18 mai 2011janvier 13th, 2021One Comment

Patrick Viveret, philosophe, auteur de Reconsidérer la richesse (Éditions de l’Aube)

Puisque le thème du Parlement des Entrepreneurs d’avenir est « Réinventer l’entreprise pour un avenir souhaitable » reprenons les deux messages forts de cette perspective. Commençons par l’avenir. Pour qu’il soit souhaitable il faut encore qu’il advienne et donc que nous changions de cap par rapport à l’orientation dominante d’un mode de croissance devenu insoutenable. Le dérèglement climatique, la catastrophe de Fukushima, les risques renouvelés d’une nouvelle crise financière majeure nous transmettent du côté des inquiétudes le même message que le printemps des peuples arabes du côté de l’espoir : il n’est plus pos sible de prolonger durablement des formes économiques et politiques dès lors qu’elles s’avèrent humainement et écologiquement destructrices.

Même pour l’entreprise, et nous en venons au second message de ce Parlement, cette forme de croissance finit par s’avérer insoutenable dès lors qu’elle ne profite pas, à la différence des grandes multinationales, des bénéfices d’une rente financière de plus en plus déconnectée de l’économie réelle. La conjonction d’une exigence de rentabilité de court terme totalement excessive (les fameux 15 % minimum), d’un endettement par effet levier et d’un gonflement démesuré des produits dérivés (dernier chiffre cité par Michel Barnier, commissaire européen, six cent mille milliards de dollars !) condamnent à terme nombre d’entreprises de taille moyenne à être rachetées puis démembrées aussi bien pour cause d’échec à atteindre ce fameux seuil de rentabilité que de réussite, car l’ayant atteint, elles deviennent des proies désirables.

De nouvelles formes d’alliance peuvent dès lors se nouer entre des acteurs de l’économie sociale et solidaire et la fraction croissante des entreprises pour lesquelles les enjeux de responsabilité écologique et sociale ne relèvent pas de la simple « com ». Le projet « Cap 40 » ou « bourse des vraies valeurs » qui organise une plateforme collaborative entre les réseaux des entrepreneurs d’avenir, de l’économie sociale et solidaire, le mouvement des entrepreneurs sociaux et des associations comme le Forum pour d’autres indicateurs de richesse (FAIR) en constitue un bon exemple. Il doit commencer à être discuté lors du Parlement des Entrepreneurs d’avenir, prolongé en juin par les Etats généraux de l’Economie sociale et solidaire, début juillet par les rencontres internationales « Dialogues en Humanité », et à l’automne lors des journées européennes des entrepreneurs sociaux.

Ce projet vise à répondre à la crise générale du crédit, au sens fort de confiance, qui mine aussi bien le rapport au pouvoir que le rapport à la richesse dans nos sociétés. Il s’agit de se fonder sur un sens non confisqué et non réducteur des mots eux-mêmes : la valeur comme force de vie, le crédit comme qualité de confiance, et d’établir une évaluation, voire une notation globale, des différents acteurs économiques mais aussi politiques et sociaux au regard de la création de valeur ajoutée écologique et sociale et du degré de confiance que l’on peut accorder à leurs proclamations « éthiques », « citoyennes » ou en faveur du « développement durable ». Il s’agit ainsi de redonner tout son sens à l’acte d’entreprendre au service d’une création de richesse cohérente avec la perspective d’un développement humain soutenable.

Cet édito est paru dans la newsletter de mai des Entrepreneurs d’avenir, rédigée par Reporters d’Espoirs

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