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Le Lab

« Comment j'ai adopté le journalisme constructif », par Cathrine Gyldensted, journaliste et experte associée au Lab Reporters d'Espoirs

By 4 mars 2015janvier 13th, 2021No Comments

Cathrine Gyldensted est journaliste, spécialisée dans le « journalisme constructif ». Grand reporter, elle a pendant 15 ans été correspondante de la télévision danoise aux Etats-Unis (Danish Broadcasting Corporation) et productrice d’émissions pour la radio (Radio24syv). Diplômée en journalisme et en psychologie positive de l’University of Pennsylvania (USA), elle est une référence internationale du journalisme constructif qu’elle enseigne à travers le monde  – Danemark, USA, Royaume-Uni, Afrique du Sud, etc. Elle intervient en tant que formatrice auprès des rédactions de médias à travers le monde. Parmi ses références : The HuffPost, BBC radio, Swedens TV/SVT, Swedens Radio/SR, Danish Broadcasting Corporation, Times Media group, de Correspondent, Reporters d’Espoirs…

 

Comment en êtes-vous arrivée au journalisme constructif ?

Tout a commencé aux États-Unis, le jour où j’ai interviewé une femme sans-domicile-fixe à la sortie d’une banque alimentaire. À côté des questions convenues, je me suis mise à lui demander ce que cette expérience lui apprenait, et comment elle avait réussi à trouver une forme de résilience face à sa situation. Ce qui a suivi m’a transformée. Ses réponses étaient vraiment différentes de celles que j’obtenais habituellement. Parce que mes questions étaient différentes. J’ai alors pris conscience que, pendant des années, j’avais involontairement confiné des personnes dans le seul statut de « victimes » par la manière dont je menais mes interviews. Le journalisme constructif débutait pour moi !

Pour poursuivre sur cette voie, j’ai voulu me former auprès des personnes qui s’y connaissaient le mieux sur comment appréhender les choses d’une manière constructive : les spécialistes en psychologie positive.  J’ai alors suivi un Master en Psychologie Positive Appliquée à l’Université de Pennsylvanie (États-Unis) et consacré une thèse au sujet « Innover dans l’information grâce à l’apport de la psychologie positive ».

 

Pourquoi est-il, selon vous, si important que vos collègues journalistes  aient connaissance des développements récents de la psychologie positive ?

La psychologie positive, ce n’est pas l’étude de choses insignifiantes, ce n’est pas de la « bonheurologie » ; c’est une discipline élaborée, mais surtout un excellent support pour écrire des articles percutants et rigoureux. Des chercheurs ont consacré leur vie à étudier les mécanismes psychologiques sous-jacents à la résilience, à l’endurance, à la renaissance post-traumatique, à la découverte de sens, à l’émerveillement, à l’engagement constructif. Sans cette grille d’analyse en tête, on peut avoir tendance à considérer la plupart des personnes qui traversent des difficultés comme des victimes, alors qu’il faut pouvoir également envisager qu’elles puissent faire preuve de résilience et être dans l’action.

 

Quelles bonnes raisons les journalistes et les professionnels des médias ont-ils de s’intéresser au journalisme constructif ?

Je vois, au moins, quatre arguments-clés :

  • le journalisme constructif permet de dresser un portrait plus juste et plus exhaustif du monde ;
  • il valorise le pouvoir de la volonté et de l’action ;
  • les articles constructifs apportent une valeur ajoutée au lectorat, en élargissant sa vision des choses et en offrant une source d’inspiration ;
  • les expérimentations témoignent que la démarche stimule la croissance des revenus de la presse grâce au surplus d’audience qu’elle génère.

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