Si les nanotechnologies permettent de manipuler les atomes grâce aux progrès de la biologie moléculaire, la biologie de synthèse propose aujourd’hui un projet encore plus ambitieux : celui de concevoir de nouveaux systèmes biologiques, littéralement de « fabriquer » la vie. Les objectifs poursuivis sont infiniment vastes : de la réalisation de « bio-raffineries miniatures » pour obtenir des produits pharmaceutiques à la réparation des tissus ou la décontamination des sites pollués… Potentiellement révolutionnaire, mais éthiquement contestable ?
Ce 79ème « Alter Mardi : parlons solutions » vous propose d’interroger le travail des ingénieurs du vivant sans aucun tabou.
Avec un marché mondial estimé à 4,5 milliards de dollars en 2015, la biologie de synthèse soulève de nombreuses questions scientifiques, sociales, éthiques, environnementales et économiques, en relançant notamment la question de la brevabilité du vivant. Au cœur de ces interrogations, la redéfinition d’un des objectifs de la science : réussir à comprendre la vie. On ne se contente plus d’étudier la nature et le vivant, mais on fabrique des organismes avec des fonctions utiles et exploitables.
Ainsi, selon le journaliste scientifique Gérard Lambert, »La modification du vivant n’est plus seulement un moyen de comprendre : elle devient une fin. En ce sens, elle bouscule les pratiques. Pour connaître un système, les biologistes veulent le construire ». Raisonnement à l’envers ? N’y aurait-il pas en effet, au cœur de ce projet, une contradiction entre le rêve d’être (enfin) capable de créer la vie et la crainte implicite qu’il ne s’agisse en réalité d’un simple avatar de la vie puisqu’elle n’évoluerait que dans les directions que nous lui aurions imposées ?
Le 21ème siècle sera-t-il celui de la « confection du vivant » ? A quelles problématiques sociales et environnementales la biologie de synthèse s’attaque-t-elle ? Comment réussir à conserver le respect de la vie dès lors que nous la produirions comme un simple artefact ? Faut-il parler de « nouvelles formes de vie » ou de « machines vivantes » ? En quoi les objectifs de la biologie de synthèse diffèrent-ils de ceux des biotechnologies ? La biologie de synthèse transforme-t-elle notre rapport au vivant ? Quels sont les risques encourus ? Quels peuvent être les effets sur la biodiversité ?
Pour répondre aux nombreuses interrogations soulevées par cette biologie synthétique, la 79ème édition des Alter Mardis recevra Ariel Lindner, co-fondateur du Centre de Recherche Interdisciplinaires (CRI), Cochin-Necker, Université Paris-Descartes, soutien des initiatives iGEM, compétition internationale d’ingénierie moléculaire de biomachines, Daniel Rodary, Biomimicry Europe, Bernadette Bensaude-Vincent, philosophe et historienne de la chimie (directrice du CETCOPRA à Paris 1 Sorbonne) et co-auteur de « Fabriquer la vie » (Seuil, octobre 2011) et Dorothée Benoit Browaeys, déléguée générale de VivAgoraet co-auteur de « Fabriquer la vie » (Seuil, octobre 2011) .
Rendez-vousle mardi 25 octobre, de 19h00 à 20h30, à l’ESCP Europe (Amphi Gélis, 79 av. de la République, 75011 Paris)
L’inscription est gratuite, mais obligatoire. Vous pouvez vous inscrire en ligne ici.
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