Documentaires, rencontres avec des réalisateurs et acteurs, exposition de photographies… : ce week-end, le Festival du film « Partances » vous invite au voyage et à l’aventure pour la 18e édition.
Où ? A la salle Altigone de Saint-Orens (31) près de Toulouse.
Au programme : des séances qui vous mèneront sur les hauteurs de l’Himalaya, au cœur de la forêt amazonienne ou encore sur les banquises de l’Arctique. Dépaysement garanti !
Fidèles au thème de l’année, « Contre vents et marées », les films vous raconteront d’incroyables histoires de résilience, d’espoir et d’humanisme.
Gilles Vanderpooten, journaliste et directeur de l’ONG Reporters d’Espoirs sera présent et participera à l’animation des échanges avec les réalisateurs et voyageurs.
Depuis 2010, le Cleantech Open France accompagne les acteurs de la transition environnementale et énergétique qui développent des technologies propres et innovantes dans les domaines de l’énergie, la mobilité, l’agriculture et l’alimentation etc.
Ce mercredi 9 mars, l’association vous invite au lancement de son « Baromètre 2022 » qui vise à aider à comprendre les enjeux, les attentes et les perspectives d’évolution des startups dans ce domaine.
Au programme :
Reporters d’Espoirs sera heureux de vous y retrouver : Gilles Vanderpooten, journaliste et directeur de Reporters d’Espoirs, interviendra aux côtés d’Albane Godard, directrice de la Fondation GoodPlanet, et Myriam Schwartz, directrice des relations diplomatiques de Solar Impulse Foundation.
Rendez-vous de 17 à 19h au siège de Bpifrance à Paris (6/8 Boulevard Haussmann, 75009 Paris).
Inès Mesmar, fondatrice de la Fabrique Nomade à la France des solutions 2021
Convaincue qu’une nouvelle voie d’intégration centrée autour de la créativité est possible, Inès Mesmar, fondatrice de La Fabrique nomade, accompagne les réfugiés dans leur insertion en leur permettant d’exercer leur métier en France. Elle revient sur son parcours, la genèse de son association et sa conception de la richesse de l’immigration.
Quel a été le point de départ de votre association ?
L’histoire de ma mère a été un déclic. En 2015, j’ai trouvé des broderies dans son armoire. C’est comme ça, que j’ai découvert que ma mère avait un métier. Elle m’a alors appris qu’avant de s’installer en France, où je l’ai toujours connue comme mère au foyer, elle était brodeuse en Tunisie. Elle possédait, comme d’autres réfugiés et migrants, un savoir-faire qu’elle avait oublié… et qu’elle a mis 35 ans à dévoiler à ses enfants ! J’ai alors enquêté dans les centres d’hébergement et identifié les freins auxquels ils sont confrontés : barrière de la langue, absence de réseau, méconnaissance du marché… l’absence d’un accompagnement adapté et l’urgence de leur situation les conduit à exercer des emplois dans les secteurs en tension comme le bâtiment, le ménage ou la sécurité, les obligeant à délaisser leur véritable métier qui est souvent aussi leur passion.
J’avais l’intime conviction que si on permettait à ces personnes de développer leurs compétences et d’être reconnues pour leur savoir-faire, cela pouvait être un formidable levier d’intégration.
J’ai alors lancé La Fabrique nomade dans le but de les accompagner dans leur insertion professionnelle en France. Luthier, couturière, bijoutier, céramiste… notre association défend un nouveau modèle d’intégration, qui montre que l’immigration est une richesse et la diversité une force pour la France.
De quelle manière accompagnez-vous les réfugiés pour les aider à renouer avec leur métier artisanal ?
Nous travaillons en collaboration avec des structures d’hébergements et l’Office français de l’immigration et intégration (Ofii). Les stagiaires retenus suivent une formation certifiante de neuf mois. Neuf mois, c’est le temps d’une renaissance pour nos artisans. Ils suivent des cours de français, découvrent l’environnement économique et culturel de leur secteur d’activité, animent des ateliers de pratique artisanale et font un stage en entreprise. A travers ce programme, ils développent également une collaboration professionnelle : chaque artisan forme un binôme avec un designer et ensemble ils vont co-créer un objet d’art et de design. La collection ainsi créée fait l’objet d’un vernissage où toutes les créations sont mises en vente.
Quels résultats obtenez-vous, et comment se développe votre association ?
Aujourd’hui nous comptons 8 salariés dans notre équipe. En 5 ans, nous avons soutenu plus de 50 artisans, qui représentent 20 savoir-faire différents, venus de 28 pays du monde. C’est dire la richesse de l’immigration quand on veut bien la regarder. 76% d’entre eux se sont insérés sur le marché du travail et ces savoir-faire enrichissent notre patrimoine commun. Le groupe LVMH a compris l’apport que représentent ces personnes pour notre pays. C’est pourquoi ils ont décidé de soutenir notre action : aujourd’hui, nos artisans collaborent avec des créateurs, des artisans des maisons comme Chaumet, Céline et Repossi.
« La reconnaissance par la création » c’est votre crédo.
Notre action ne vise pas seulement à trouver un emploi, mais bien de construire un véritable projet de vie, en permettant à ces artisans exilés de trouver leur juste place dans la société. La reconnaissance de ce qu’ils sont et ce qu’ils apportent à la société est une étape essentielle pour leur intégration et devenir des citoyens et acteurs à part entière de notre pays. Cela permet d’ailleurs de développer un sentiment d’appartenance qu’ils transmettront à leurs enfants.
La force de La Fabrique nomade réside dans notre capacité à rendre compte, valoriser, et insérer ces profils spécialisés sur le marché du travail en même temps que dans la société. Notre action apporte une solution concrète pour éviter le processus de déqualification et de déclassement professionnel systématique, tout en apportant une nouvelle approche du processus d’intégration.
Vous mettez en valeur la spécificité de chaque individu ; cette perception de la valeur de chacun est-elle assez reconnue dans notre société ?
J’ai eu la chance de grandir dans un quartier monde, la Cité des 4000 à la Courneuve, où se mêlent différentes nationalités et cultures. Pourtant, je me suis construite dans l’effacement de ma différence qui n’était pas perçue comme une richesse. C’est encore le cas aujourd’hui en France. C’est aussi contre cette uniformisation des individus que j’ai voulu lutter en créant La Fabrique nomade. J’ai pris conscience de la force de la reconnaissance, de son pouvoir d’ intégration dans la société. Créer ces chemins de la reconnaissance c’est essentiel pour vivre ensemble grâce au « faire ensemble ».
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la construction de votre association ?
Trouver un modèle économique viable est un challenge que nous avons à relever tous les jours. Aujourd’hui nous dépendons des subventions publiques qui sont des fonds variables d’année en année et restent liées au contexte politique. Ces contraintes financières limitent le développement des solutions que nous déployons. Nous devons donc faire preuve de créativité pour diversifier nos sources de financement. Créer des collaborations inédites entre associations et entreprises me semble être l’une des clefs.
Comment concevez-vous le rôle des médias face aux difficultés d’intégration des réfugiés ?
Les médias ont un rôle primordial dans la perception des réfugiés, d’autant plus que la migration est un sujet sensible. Certains organismes participent à mettre en exergue des solutions, comme le fait Reporters d’Espoirs avec La France des solutions. La Fabrique nomade a bénéficié d’une belle visibilité médiatique, de nombreux médias ont mis en avant nos actions, ce qui a permis de développer la notoriété de l’association. Mettre en avant les acteurs qui agissent et trouvent des solutions permet d’inciter d’autres personnes à agir. C’est un cercle vertueux où tout le monde a son rôle à jouer, et celui des médias compte beaucoup.
Louise Darrieu, avec Caline Jacono et Gilles Vanderpooten pour Reporters d’Espoirs
Alors que plus de 95% de nos vêtements sont importés, Myriam Joly, fondatrice de l’entreprise Missègle, a décidé de parier sur le savoir-faire hexagonal. Avec un chiffre d’affaires en croissance de 25% par an, des laines de haute qualité et une entreprise prônant le bien-être au travail, Myriam témoigne que oui, le circuit court peut être compétitif ! Elle nous raconte son aventure.
Quel déclic vous a amené à vous lancer dans l’aventure du textile ?
J’ai eu envie de refaire ce que faisait ma grand-mère : vendre les produits que je fabrique. Aussi, en 1983 je suis allée chercher des chèvres Angora au Texas. Je confiais la laine, le mohair, à des industriels de ma région qui confectionnaient les chaussettes et pulls que je revendais par la suite sur ma ferme. En 2007, mon façonnier a fait faillite et j’ai décidé de racheter son entreprise. Par la suite j’ai repris une autre entreprise de la région. Aujourd’hui nous sommes près de 60 employés, et toute l’équipe en est très fière. J’ai simplement suivi le fil : d’agricultrice, je suis devenue industrielle textile.
Vos produits ont beau être un peu plus chers que ceux de la « fast-fashion », votre chiffre d’affaires a bondi de 25% l’année dernière. Comment expliquez-vous cet engouement, et quels produits contribuent à ce succès ?
Nous avons un socle solide de consommateurs fidèles : 80% de nos ventes se font en direct. Nos chaussettes sont les produits dont nous sommes les plus fiers. Ce sont les chaussettes les plus solides du monde. C’est cette qualité et cette longévité des produits que recherchent les consommateurs. Ils peuvent ainsi porter de beaux vêtements et réduire leur empreinte carbone en privilégiant des habits résistants au temps et à l’usure. Ils ont pris conscience qu’en achetant moins et mieux tout le monde était gagnant.
Le made in France est souvent corrélé à un prix (plus) élevé… C’est la garantie de bonnes conditions de travail ?
Le made in France est à la fois une garantie de bonnes conditions de travail mais aussi de qualité. Les produits fabriqués en France peuvent être plus onéreux que ceux importés mais ce prix est révélateur de la valorisation du métier de chacun, de la valeur ajoutée qu’apporte chaque employé au produit. Nous tenons à payer nos salariés au minimum 20% au-dessus du SMIC. Prouver par ce biais que les métiers industriels sont nécessaires permettra de les revaloriser dans la société.
Comment comptez-vous conserver ce savoir-faire et ce lien direct tissé entre vos fournisseurs et vos clients tout en continuant d’accroitre votre production ? Y a-t-il des fibres, des matériaux, qui manquent et vous obligent à aller les chercher plus loin que prévu ?
Nous comptons développer notre activité en garantissant des conditions de travail optimales. Nous voulons proposer des emplois qui permettent à nos salariés de s’épanouir et d’être heureux. C’est cette recherche du bien-être au travail couplée à la qualité de notre production qui nous astreint à développer notre savoir-faire.
Pour ce faire nous utilisons des laines françaises mais nous aurons toujours besoin d’aller en chercher ailleurs. Le challenge est de tisser les relations les plus équitables possibles avec nos fournisseurs. Par exemple, nous ne pouvons pas élever nous-même des yacks mais nous pouvons nous fournir directement chez les éleveurs nomades de la steppe.
Comment jugez-vous la médiatisation du savoir-faire industriel français?
Les métiers manuels et industriels sont encore dénigrés notamment par la jeune génération mais leur reconnaissance sociale grandit de jour en jour. La nécessité d’avoir un tissu industriel performant refait surface dans les débats publics et c’est une bonne chose.
Vous avez collaboré avec la designeuse Matali Crasset pour la construction de l’extension de votre atelier. Comment s’est faite cette rencontre ?
Nous nous sommes rencontrées dans le cadre des Académies des Savoir-faire de la Fondation Hermès : je faisais partie des stagiaires et Matali était la responsable pédagogique.
C’est une designeuse talentueuse qui pose au fondement de son métier les logiques d’altérité et d’identité. Pour elle, un lieu doit générer un imaginaire commun et favoriser le vivre-ensemble. C’est parce que nous partageons les mêmes valeurs que je lui ai confié la rénovation de notre atelier. Pour cela, nous avons collaboré avec plusieurs artisans locaux comme Baticos qui propose des bâtiments faits uniquement de bois.
Myriam Joly, La France des solutions 2021
Pensez-vous que le journalisme de solutions peut inciter les individus à changer les choses, ne serait-ce que leurs pratiques de consommation ?
Les médias ont un rôle fondamental dans l’éveil de la conscience collective. Malheureusement certains deviennent des addictions pour de mauvaises raisons et peuvent être néfastes pour notre société. Il est donc important que d’autres médias d’information apportent un vent nouveau, des réponses aux enjeux auxquels nous sommes confrontés.
Il est nécessaire de montrer le progrès et les acteurs qui influent ce mouvement et c’est ce que fait La France des solutions. J’ai été ravie et très fière que mon entreprise Missègle ait été retenue.
Propos recueillis par Louise Darrieu pour Reporters d’Espoirs
Myriam Joly était sur la scène de « La France des solutions » le 15 décembre dernier. Nous avons voulu l’interviewer pour compléter son pitch de 5 minutes, que vous pouvez voir et revoir ici :
Pour en savoir plus sur Missègle, l’entreprise de Myriam Joly, et pourquoi pas passer commande : https://missegle.com/
Samedi 29 janvier à 13h30, Gilles Vanderpooten, directeur de l’ONG Reporters d’Espoirs, sera l’invité de Géraldine Mayn sur l’antenne de France Bleu dans « Une heure en France en famille ». Il parlera de Reporters d’Espoirs, de journalisme de solutions et d’information aux jeunes auditeurs auxquels est dédiée cette émission.
Chaque samedi et dimanche, France Bleu vous invite à passer une heure en famille avec la sélection des événements du week‐end pour les parents et leurs enfants. Un tour de France des idées d’activités et d’initiatives pour toutes les familles.
Face à l’avalanche d’informations anxiogènes sur le changement climatique l’IJNet vous propose des pistes pour traiter ce sujet clivant sans perdre de vue les solutions.
Comment offrir au public une autre lecture du climat ? Quel angle de traitement adopter ? Comment produire une information climatique qui diffuse de la bonne humeur et l’envie d’agir ? Le journalisme de solutions a la réponse !
Gilles Vanderpooten, journaliste, directeur de l’ONG Reporters d’Espoirs vous partagera comment le journalisme de solutions peut inspirer les citoyens et leur redonner le goût de l’information.
L’IJNet est une initiative portée par le ICFJ (International center for journalists). Ce réseau international des journalistes a pour but de traiter des dernières actualités de l’innovation dans les médias. Applications mobiles d’information, outils, offres de formation, ainsi que des avis d’experts, l’IJNet met en avant l’actualité des acteurs du journalisme mondial.
Co-fondateur de Siri, l’assistant vocal d’Apple, ainsi que des imprimantes connectées d’HP ; auteur du livre L’intelligence artificielle n’existe pas (First Editions) ; Luc Julia est une tête pensante de l’intelligence artificielle qu’il préfère appeler « intelligence augmentée ». Depuis trente ans qu’il vit dans la Silicon Valley, il a œuvré au Stanford Research Institute (SRI), au MIT, travaillé chez Apple, HP ou encore Samsung – qu’il a incité à s’implanter en France. Un bref passage chez Amazon lui fait prendre conscience qu’il préfèrerait « faire quelque chose pour [son] pays ». Désormais Directeur scientifique de Renault, nous l’avons rencontré à l’occasion de son passage à Paris.
Yann LeCun, Jérôme Pesenti, Yves Raimond… et vous ! On a le sentiment que la France est un berceau de grands ingénieurs.
Nous les Français sommes les meilleurs ingénieurs du monde ! Notre éducation est globalement bonne, même si elle a tendance à laisser des gens sur le bord de la route. On a donc une éducation élitiste, et il faut certainement trouver une solution pour ceux qui sont en difficulté. Une fois qu’on sort de ce système par le haut, on est les meilleurs. Voyez le nombre de médailles Fields, l’équivalent du prix Nobel de mathématiques : les Français sont en haut du classement.
Qu’est-ce qu’il manque à la France pour rayonner davantage en matière de « tech » selon vous ?
On n’a pas la culture de vendre, on ne sait pas monter sur la table et dire qu’on est les meilleurs contrairement aux américains. On n’a pas non plus la culture de l’échec – rien que le mot nous fait peur. Le jour où l’on comprendra qu’échouer c’est apprendre, que ça fait partie de l’éducation, on sera plus fort encore. Mais nous sommes très forts en débrouillardise ! Il suffit de voir le concours Lépine pour s’en rendre compte, c’est extraordinaire de construire n’importe quoi avec deux allumettes. Les Français sont très ingénieux.
D’où vous vient la volonté de renouer avec la France ?
Il y a 55 000 français dans la Silicon Valley et depuis 10 ans, de plus en plus font des allers-retours vers la France pour redonner à leur pays de naissance. Il faut dire que grâce à la French Tech, Fleur Pellerin a redonné espoir aux ingénieurs français, et a réussi à montrer avec cette structure que la France est à l’origine d’innovations extraordinaires.
Sur votre LinkedIn, trône un peu à la manière d’une raison d’être, d’une mission : « Améliorer la vie des vrais gens, grâce aux technologies ». Y a-t-il une tech qui n’apporte pas de valeur ajoutée à la vie des gens ? Une tech « bullshit » ?
Tout dépend du contexte dans laquelle on regarde la technologie. Par exemple la 5G ça ne sert strictement à rien pour un particulier : c’est plus énergivore, il faut déployer un nouveau parc d’antennes, les gens vont vouloir renouveler leurs appareils… Tout ça pour charger plus rapidement des vidéos ? Avoir une résolution de 8K sur un écran aussi petit, ou un temps de chargement inférieur d’une seconde, ça n’a aucun intérêt pour un usage quotidien classique. Sans parler du coût écologique.
En revanche, dans l’industrie, ça prend tout son sens : ça pourrait remplacer le wifi en local sur plein d’usines.
Il faut mesurer l’impact et l’utilité des technologies, et les mettre en perspective.
Croyez-vous dans la tech et la data dites « for good » (« pour le bien commun »), au service de l’impact social et écologique.
En général, nous, scientifiques, quand on crée ou qu’on essaie de créer quelque chose, c’est pour le bien de l’humanité. On est là pour les « vrais gens » et pour faire en sorte qu’ils aient une meilleure vie d’une manière ou d’une autre.
Après il y a des dérives. La tech est un outil. Je compare l’intelligence artificielle à un outil : l’IA c’est un marteau, je peux m’en servir pour planter un clou, ça marche beaucoup mieux que mon poing, mais le marteau peut aussi servir à taper sur la tête de quelqu’un. Ce n’est pas bien mais je suis celui qui tient le manche, donc c’est moi qui décide. Finalement, c’est la société qui décide que taper sur la tête de quelqu’un, c’est mal. Ce qui compte, c’est l’éducation. Le problème des technologies c’est qu’il en arrive de nouvelles en permanence, aussi il est très compliqué de s’éduquer.
Vous avez travaillé avec des scénaristes d’Hollywood pour mettre au point Siri – l’assistant vocal utilisé sur des millions d’appareils Apple. Avez-vous travaillé aussi avec des journalistes ?
En créant Siri, nous savions que l’outil ne pouvait pas répondre à tous les coups aux demandes exprimées par les utilisateurs. Nous voulions que lorsque ça ne marchait pas bien, c’est-à-dire 20% du temps, ce soit rigolo. Alors nous avons fait appel à des scénaristes d’Hollywood, car eux pouvaient facilement réaliser ce que nous, « scientifiques pas drôles », ne savions pas faire.
Siri n’a jamais fait appel à des journalistes pour vérifier les faits. Il utilise des sources publiques comme Wikipédia. Quant aux actualités, lorsque vous lui demandez « donne-moi les dernières nouvelles », c’est un mélange de différents médias provenant du propre agrégateur d’Apple. Sur Alexa, l’assistant vocal d’Amazon, et sur Google Home, celui de Google, c’est Franceinfo qui les délivre, ce qui est très bien. Je suis d’ailleurs administrateur de Radiofrance depuis décembre 2021.
Quelles sont vos sources d’information privilégiées ? Suivez-vous l’actualité chaude ? Préférez-vous les reportages ?
C’est simple : je suis abonné au Canard Enchainé depuis 40 ans, que je reçois chaque semaine en Californie avec un léger décalage temporel par rapport à vous : il ne me parvient que le samedi… mais c’est mieux que de ne pas arriver du tout ! Ma deuxième source est Franceinfo, que j’écoute tout le temps en voiture. J’ai besoin d’avoir les infos françaises. En dehors des médias, j’écoute des podcasts tech en français et en anglais.
A quoi ressemblerait votre journal idéal ?
J’aime bien l’instantanéité de la radio, l’idée de fact-checking (vérification des faits) de Franceinfo. D’une manière générale, il faut faire un tri, filtrer les informations. J’aime dire qu’il faut s’éduquer mais on ne peut pas s’éduquer à tout. Il m’arrive certainement d’absorber des infos qui peuvent être incorrectes. Aussi le média idéal ne transmettrait que la vérité. Il serait aussi celui qui s’adapte à moi, mais sans m’enfermer dans ma bulle. Un média qui me laisse m’intéresser à tout, qui ouvre mon esprit, tout en triant les sujets que je n’ai pas envie d’entendre.
Chaque jour, Luc écoute une à deux heures de podcasts. En balade ou en voiture, il aime se tenir informé de l’actualité tech Ses favoris :
Les Assises internationales du journalisme vous convie le lundi 24 janvier à la Bibliothèque nationale de France pour une demi-journée d’étude consacrée à la presse papier, sa préservation et son avenir.
A l’occasion de ce colloque, venez rencontrer Florence Aubenas, Jérôme Bouvier, Caroline Tourette et d’autres acteurs de la presse qui partagent la conviction que OUI, la presse papier a un avenir qu’il faut encore écrire.
Au programme :
14 h : ouverture
Par Laurence Engel, présidente de la BnF (sous réserve), et Jérôme Bouvier, président de Journalisme et citoyenneté et fondateur des Assises internationales du journalisme de Tours et de Tunis.
14 h 10 : presse papier mon amour ! – Un choix de raison ?
Table ronde, suivie d’un échange avec le public, animée par Marie-Laure Augry, vice-présidente de l’association Journalisme et citoyenneté avec Caroline Tourette, cheffe du service Conservation au département Droits, économie, politique et presse (BnF), et Franck Anesse, patron du groupe So Presse, Laurent Greilsamer, journaliste pour l’hebdomadaire Le 1 et essayiste, Laure Daussy, journaliste Charlie Hebdo, Philippe Di Marzio, directeur général de Culture Presse.
15 h 30 : pause
16 h : presse papier mon amour ! – Un choix de création !
Table ronde, suivie d’un échange avec le public, animée par Yael Caux, programmatrice au bar culturel Le 61. Avec Arnaud Gilles, chef du service Bibliographie nationale périodiques (BnF), et Julie Hamaïde, fondatrice du magazine Koï, Christelle Hélène-Kibleur, directrice de publication du magazine jeunesse régional FRITZ, Éric Decouty, co-fondateur de l’hebdomadaire Franc-tireur.17 h 30 : carte blanche à Florence Aubenas, journaliste et grand reporter pour le quotidien Le Monde, et écrivaine française.
ETRE se définit comme la première école française de la transition écologique, dédiée aux jeunes en rupture scolaire et aux adultes en quête de sens. Avec son modèle de formation gratuit et tourné vers les métiers manuels, cette école entend former les nouveaux acteurs des métiers « verts et verdissants ». Frédérick Mathis, son fondateur et codirecteur nous partage sa conception de l’enseignement, les valeurs fondatrices de son établissement et ses projets pour l’avenir.
ETRE fondée en 2017, est l’école de la transition écologique. Comment est né ce projet ?
En 2004, j’ai fondé l’association 3PA pour sensibiliser les jeunes à l’écologie. A l’époque ces enjeux étaient déjà bien implantés dans le débat public mais pourtant les jeunes que je côtoyais dans les foyers étaient loin de ces préoccupations. J’ai décidé d’attirer leur attention avec des ateliers écologiques concrets comme la confection de charpentes ou l’apprentissage du maraîchage. C’est de leur intérêt pour notre approche que sont nées nos propres formations.
A quels besoins ETRE répond-t-elle ?
Notre formation répondait dès le départ à un besoin : d’un côté, chaque année en France plus de 90 000 jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. Au bout de 3 ans, 70% d’entre eux se retrouvent sans emploi. D’un autre côté, des institutions comme l’ADEME (Agence de la transition écologique) prévoient la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois dans les énergies renouvelables et la transition écologique. Aussi, nous avons créé l’école de la transition écologique pour faire converger ces deux besoins, et avec les jeunes qui n’aiment pas l’école.
Au départ, certaines incompréhensions ont émergé quant à notre méthode d’enseignement. Mais avec le temps, l’apport de notre école a fini par convaincre les organismes institutionnels et surtout les entreprises qui voient en nous une réponse pour pallier le manque de formation dans les métiers de la transition écologique.
En quoi votre approche diffère-t-elle des formations professionnalisantes qui existent par ailleurs ?
Nous proposons des formations centrées sur les métiers « verts » et « verdissants », c’est-à-dire, les métiers liés à la protection de la nature et à la transition écologique. En 2015 nous avons créé un CAP en menuiserie spécialisé en économie circulaire avant d’inaugurer, en 2017 notre première école ETRE dans la région toulousaine. Cette école a suscité un vif intérêt de la part d’autres collectivités. C’est pourquoi dès 2019, et grâce à notre nomination comme lauréat de la fondation La France s’engage, nous avons essaimé des écoles ETRE sur tout le territoire métropolitain. Aujourd’hui nous comptons 8 écoles actives dont 4 en région Occitanie et une à Paris.
Que viennent chercher les étudiants dans votre école ?
Nos élèves, qu’ils soient déscolarisés où déjà diplômés, viennent chercher un sens à leur formation. 20% de nos membres sont des adultes déjà qualifiés qui ressentent le besoin de donner un objectif concret à leur métier. Nous souhaitons que nos étudiants trouvent à la fois un emploi qui leur permette de garantir leurs fins de mois tout en requalifiant leur moi. C’est pourquoi nos programmes vont du stage de découverte à la formation qualifiante.
Prenez-vous en compte les spécificités régionales dans vos formations ?
L’ancrage local est la grande force de notre école. Il nous permet d’aborder au mieux les enjeux et le savoir-faire de chaque région. Notre école parisienne par exemple, se concentre sur les questions de mobilités et notamment sur le développement du vélo en ville.
Trouvez-vous que les métiers manuels et les métiers dits « verts » bénéficient d’une couverture médiatique avantageuse ?
Les métiers manuels sont encore victimes d’une mauvaise presse. Mais la question de la transition écologique revalorise fortement leur reconnaissance sociale. Aujourd’hui nous ne sommes plus uniquement maçons mais « éco-constructeurs ». D’autre part, nous avons de plus en plus de demandes provenant de jeunes bac+5 qui sont en crise de sens. Le défi désormais est de réconcilier les voies intellectuelles et manuelles qui sont toutes deux indissociables pour mener au mieux la transition écologique.
Il y a des pays dans lesquels dit-on la convergence du manuel et de l’intellectuel fonctionnent mieux qu’en France. Vous inspirez-vous d’expériences menées ailleurs, par exemple en Suisse ?
Nous nous inspirons beaucoup des pédagogies dites alternatives dans la construction de notre proposition. J’ai moi-même grandi dans une école à pédagogie Decroly qui développe la pédagogie active et par le faire. Nous regardons ce qu’il se passe dans d’autres pays, notamment dans les pays du nord de l’Europe qui mettent en place des pédagogies centrées sur l’apprenant et le faire.
Votre action a été relayée notamment par Reporters d’Espoirs. Cette médiatisation, et plus généralement le développement du journalisme de solutions, ont-ils un impact positif sur l’activité de votre école ?
Notre passage sur la scène de votre évènement La France des solutions en 2019 a été un réel tremplin pour notre médiatisation. Les médias pratiquant le journalisme de solutions font cet effort de compréhension qui demande du temps. Mais notre visibilité n’est pas encore optimale, il reste de nombreux médias que nous n’avons pas réussi à interpeller.
Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2022 ?
Notre ambition et de poursuivre le développement de l’école sur tout le territoire. Nous souhaitons atteindre le nombre de 30 écoles d’ici 3 ans. Cet objectif n’est pas sans fondement : nous observons une véritable demande que ce soit de la part des jeunes ou des entreprises. A plus court terme nous aimerions passer de 8 écoles à 15 d’ici fin 2022. Cette extension nous permettrait de toucher encore plus de jeunes : en 2021, ETRE avait déjà accompagné 600 étudiants, nous souhaitons atteindre les 2000 en 2022.
Propos recueillis par Louise Darrieu, Reporters d’Espoirs.
Euradio se définit comme une radio associative, citoyenne et indépendante. Avec une programmation qui alterne reportages sur des initiatives locales, actualités européennes contextualisées et musique, la station émet en FM à Nantes et dans plusieurs villes françaises sur le réseau de radio numérique terrestre, ainsi que partout via le web. Laurence Aubron, sa directrice et fondatrice, revient pour nous sur la genèse du projet et ses ambitions pour l’avenir.
Vous êtes la fondatrice et directrice d’Euradio. Quelle en est l’ambition initiale?
L’histoire d’Euradio est intimement liée au référendum européen de 2005. La couverture médiatique des affaires européennes était très limitée. Il fallait réagir, alors nous avons choisi de créer la première radio européenne des territoires. L’initiative est d’abord locale, puisqu’elle part de Nantes, territoire qui a toujours été un terreau fertile en matière d’innovation et de création. Il fallait parler d’Europe au quotidien, en partant de notre ancrage sur ce territoire, et avec une ligne éditoriale européenne.
Comment Euradio a-t-elle évolué et comment voyez-vous l’avenir ?
La radio se développe de plus en plus. Au départ de Nantes, elle s’est implantée grâce au déploiement de la technologie DAB + (Radio Numérique Terrestre) à Lille, Lyon, Strasbourg ou encore Marseille et Bordeaux. Euradio devient ainsi la première radio européenne en France.
Pour l’avenir, l’important est de trouver une nouvelle génération de journalistes qui incarnera Euradio, curieuse, ouverte, qui a voyagé et est ouverte sur le monde, tout en connaissant bien son territoire. En clair, je cherche une génération de journalistes européens de proximité. Sur une même thématique européenne, chacun pourra apporter une perspective spécifique, fonction du territoire qu’il connait et depuis lequel il parle.
Vous avez été membre du jury du premier Prix Européen du Jeune Reporter, en quoi vous retrouvez-vous dans cette initiative ?
Oui, je pense qu’il est en train de se développer, et je ne vois pas le monde de demain sans évolutions journalistiques sur le plan européen. L’enjeu est de pouvoir poursuivre l’ouverture des jeunes et personnes qui voyagent dans cette sphère culturelle et linguistique. Euradio veut offrir cette fenêtre européenne. Nous avons débuté par la programmation musicale avec des labels indépendants et multi-linguistiques. L’objectif demeure de permettre à ceux qui reviennent en France notamment après un Erasmus, de poursuivre leur ouverture sur l’Europe par l’information et la culture. Tout en donnant envie à ceux qui ne sont pas encore partis de se connecter avec une culture hors de nos frontières.