Aujourd’hui il existe encore des métiers qui restent presque exclusivement masculins. La société D.A.M.E.S tente de féminiser les métiers du bâtiment. Pas si simple.
Avec 20 ans d’expérience sur les chantiers, Leila Ouadah fait figure d’exception. Après avoir créé en 2002, une première structure dans le bâtiment, qui faisait exclusivement de la sous-traitance, cette dernière décide d’aller plus loin. En 2010, faisant le constat d’une absence quasi totale de femmes dans les métiers du bâtiment, Leila Ouadah décide de créer deux structures : L’atelier chantier d’insertion D.A.M.E.S (Dynamiques, Actives, Mobilisation, Économique, Sociale), qui s’occupe de la formation et de la professionnalisation de femmes, et l’entreprise d’insertion D.A.M.E.S, qui permet aux femmes formées de mettre tout de suite le pied à l’étrier.
Les structures créées, reste à trouver du travail. Leila Ouadah maîtrise son domaine. Elle est formée à la peinture, la vitrerie, le revêtement, la décoration et a même complété ces acquis avec une formation commerciale. Pour autant, elle ne peut pas tout faire toute seule, c’est pourquoi l’entrepreneuse travaille avec une équipe de cinq auto-entrepreneuses qui s’occupent du second œuvre : peinture, électricité, plomberie… La formation D.A.M.E.S est très sollicitée par les associations qui travaillent sur la thématique de l’emploi des femmes mais aussi par des femmes qui veulent réorienter leur carrière professionnelle.
« Les clients sont à 90% des particuliers. Nous avons très peu de contrats avec les institutionnels, nous n’y arrivons pas » déplore Leila Ouadah. L’entrepreneuse n’accable pas les institutions et a conscience des réalités économiques du marché : « L’insertion professionnelle a beaucoup souffert ces dernières années. Les problèmes récurrents de non-respect des délais peuvent rebuter, même si le travail est fait dans les règles de l’art ». Avec les particuliers, l’activité marche mieux ce qui n’empêche pas les malentendus : « La majorité des particuliers qui font appel à nous ont une démarche solidaire. Comme nous sommes une structure sociale, certains espèrent des tarifs bas, ce qui entraîne de rudes négociations… ». Social ne signifie pas en solde…
« C’est la troisième année d’exercice, on survit. Les institutionnels se disent séduits par le projet mais ils ne mettent pas la main à la poche » lance Leila Ouadah. Pour cette dernière, il existe un vrai problème de mentalités : « Le monde du bâtiment est machiste. Il n’y a aucune volonté institutionnelle ou politique de faire progresser la situation des femmes. Personnellement je n’ai jamais eu de difficultés dans ce métier, mais maintenant que je suis entrepreneuse dans le bâtiment, je me sens freinée. Pourtant le bâtiment est une mine d’or ! » Et c’est aussi la chasse gardée de la gente masculine.
L’égalité homme/femme n’est pas encore arrivée à percer tous les murs qui s’y opposent. Des structures comme D.A.M.E.S pourront peut-être commencer par les fissurer…
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