Un message aux médias, l’édito de François Ernenwein
Aujourd’hui, l’information sur les médias prend un tour souvent dramatique. Elle se concentre beaucoup sur les évolutions économiques du secteur et sur la formidable adaptation des télévisions, radios, magazines et journaux à la nouvelle donne technologique et à la multiplication des supports. Elle décrit un monde très chahuté, à la fois combatif mais aussi en proie à de profondes mutations. Ces récits parlent d’une part essentielle de la vie des rédactions. Mais ils occultent un peu ce qui fait la richesse de l’activité médiatique : le lien étroit tissé avec des téléspectateurs, des auditeurs, des lecteurs et des internautes.
Le baromètre annuel que La Croix propose depuis plus de vingt ans permet de faire un point utile. Il offre, année après année, une photographie de l’état de l’opinion sur l’information qui leur est proposée, une évaluation de la confiance accordée aux médias. L’intérêt pour les nouvelles se révèle stable. Mais, questionnés à l’approche des rendez-vous électoraux de 2014, les Français, à une nette majorité, comptent beaucoup sur les journalistes pour les informer sur les enjeux des scrutins à venir. Aliments du débat démocratique, les médias doivent évidemment remplir là une fonction pédagogique. C’est en honorant le mieux possible cette demande qu’ils parviendront à corriger des doutes constants, toujours élevés dans l’opinion, sur leur indépendance par rapport aux pouvoirs politiques ou économiques.
Cette ambition, tenter de réduire les incertitudes, première exigence pour les médias, se double d’une autre tout aussi importante : cesser de proposer une vision sombre du monde en ne confondant pas distance critique et sinistrose. Les consommateurs d’information le disent nettement dans ce sondage. Ils souhaitent aussi trouver dans les médias des raisons d’espérer, d’avoir confiance en l’avenir. Ce qui signifie par exemple, pour les journalistes, savoir se montrer plus constructifs.
Face aux défis économiques, ce baromètre n’apporte pas (ce n’est ni son sujet, ni son objet) des réponses toutes faites. Mais il indique des pistes bien utiles pour les journalistes. La sortie par le haut se trouve, à l’évidence, dans la qualité de l’information délivrée.
Intéressées par l’actualité, en quête de repères pédagogiques, les personnes interrogées pour La Croix par TNS Sofres diversifient leurs sources d’information. Las du pessimisme ambiant, les Français souhaitent en outre entendre ou lire davantage de « bonnes nouvelles », constructives et porteuses de sens.
L’opinion sur la façon dont les médias ont restitué l’information progresse sensiblement. La presse, qui enregistre le plus fort regain de confiance (à 55 %, + 6 %), franchit à nouveau la barre des 50 % et supplante la télévision (50 %, + 2 %). La radio reste (à 58 %, + 4 %) le média auquel les Français font le plus confiance. Loin derrière, le Web améliore son image, 37 % des sondés jugeant (comme en 2012) que les choses se sont passées « vraiment ou à peu près comme Internet le montre ». Curieusement, les 25-49 ans (42 %) lui accordent plus de crédibilité que les 18-25 ans (38 %). Le taux de confiance dans Internet atteint jusqu’à 45 % pour ceux qui déclarent avoir comme mode d’information principal « les sites d’information des grands titres ».
Pour la première fois, les Français ont été interrogés sur la tonalité du traitement de l’information dans les médias. Le verdict est sans appel ou presque : 61 % déclarent que la presse « fait trop de place aux mauvaises nouvelles ». Et si 6 % seulement estiment que les bonnes nouvelles ont trop de place ! La Croix ne peut que se féliciter de ce résultat, elle qui essaie, encouragée par ses lecteurs, de faire droit dans ses colonnes aux initiatives positives…