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Le traitement de la Convention citoyenne pour le climat

Une couverture médiatique proportionnelle à la présence de personnalités politiques

  • Les médias se montrent d’abord attentistes, avant que la présence du premier ministre au moment de l’installation de la Convention les fasse se presser nombreux. La couverture médiatique du 1er week-end de travail des 150 citoyens tirés au sort au Conseil économique social et environnemental (CESE), du 4 au 6 octobre 2019, est intense.
  • Les 150 citoyens se réunissent pour la deuxième reprise (25 au 27 octobre), mais il n’y a pas de tête d’affiche. L’intérêt des médias retombe.
  • Le 3e week-end de réunion des 150 citoyens (15 au 17 novembre) s’accompagne d’une intervention de Nicolas Hulot. Sa présence suscite un fort intérêt, et un nouveau type de média se presse au CESE : la presse politique.
  • Moment de bascule avec la venue du Président de la République (10 janvier 2020) : les journalistes politiques affluent.

Une acculturation croissante des journalistes

  • Les journaux grand public ont attendu. Paris Match publie un article le 2 janvier ; Brut attend la dernière session.
  • Parmi les journalistes environnement/société, beaucoup ont suivi les travaux de la Convention au long cours, sur la durée et durant les trois journées entières sur lesquelles se déroulaient les sessions.

L’enjeu pour les organisateurs : susciter l’intérêt des médias d’abord pour le processus

L’un des enjeux était d’intéresser les journalistes à percevoir le cheminement des citoyens dans la Convention, et dans leur quotidien, leurs engagements ; de percevoir que ce processus au long cours était aussi important que le résultat qui adviendrait, et qui tiendrait au final entre les mains du Président de la République.

Quelques formats choisis par les journalistes

  • L’Obs a créé un chatbot sur Facebook permettant de sélectionner l’un des 4 citoyens sur les 150 impliqués dans la Convention citoyenne. Chacun raconte de son point de vue l’évolution de la Convention.
  • La Croix a suivi 2 citoyens en complément de témoignages de chercheurs.
  • Le Monde a réalisé des pré-papiers sur les enjeux, des portraits, avant de réaliser le compte-rendu de la convention le lundi suivant.

« J’ai beaucoup analysé les réactions à la Convention citoyenne pour le climat sur les chaînes d’info, et il y a clairement eu une levée de boucliers. Certaines chaînes ont invité des journalistes farouchement anti-Convention parlant de « cirque », de « bobos », de « blagues » et des termes assez violents. Est-ce bien le rôle du journaliste que d’utiliser ces propos ? Où est l’analyse ? J’ai même entendu dire Jean-Claude Dassier (qui se dit journaliste sur CNews) parler de « bide » pour qualifier la Convention citoyenne. Un bide qui finit à l’Elysée devant le président avec 146 propositions validées, il y a pire ! […] Hélas, le traitement de cet événement a fait reculer les efforts de certains médias qui ont délibérément choisis de descendre la Convention, c’est dommage… Je n’ose pas employer l’expression de « café du commerce » mais on s’en approche. Et j’ai bien peur que cela pousse encore plus chacun à défendre son « camp » et diviser sur la question climatique qui est justement censée nous rassembler. […] Les chaines d’info en continu […] ont favorisé le développement du sensationnalisme. On a du mal à voir comment elles vont adapter leur modèle économique à la pédagogie du changement climatique. »
Baptiste Denis, journaliste, chargé de veille et d’analyse médias, coauteur de Climat : parlons vrai avec Jean Jouzel, aux éditions Bourin

« Deux choses ressortent de l’expérience de la Convention. La première, c’est l’incarnation. Les gens qui évoquaient climat étaient des gens comme vous et moi, pas forcément de grands experts. Ils parlaient avec leurs mots. D’une certaine manière, cela démocratisait le sujet climat, en montrant qu’il ne faut pas forcément être climatologue pour comprendre les effets du changement climatique.
Le sujet a été abordé sous l’angle du quotidien. On parlait des 110 km/h, des cantines, cela permettait de lier les enjeux climatiques au quotidien des membres de la Convention. Ces derniers étaient de très bons porte-paroles car ils participaient avec leur vécu. Cet ancrage dans le quotidien est très intéressant pour faire du climat un sujet concernant pour tout le monde. » 
Juliette Prost, responsable relations presse Convention citoyenne pour le climat