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« Peu de personnes s’engagent du jour au lendemain quatre heures par semaine dans une association. Il faut tester pour y prendre goût. 18 000 missions sont disponibles sur JeVeuxAider.gouv.fr pour toutes et tous ! » – Benjamin Richard

Benjamin Richard est le responsable de la plateforme numérique jeveuxaider.gouv.fr, créée au sein de la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative, et du Ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse. La plateforme publique du bénévolat met en lien 18 000 missions d’intérêt général avec les 550 000 citoyens inscrits qui souhaitent s’engager.

Dans quel contexte cette plateforme a-t-elle été créée ?

La plateforme a émergé dans un contexte de crise. Sa création s’est faite au moment du Covid, comme beaucoup de services de solidarité. Mais son idée remonte aux attentats de 2015, lorsque la Réserve Civique a été mise en place.  On a remarqué qu’il fallait faire face à de fortes envies et besoins de mobilisations au moment des crises, à l’image de l’accueil des réfugiés ukrainiens par exemple. L’Etat a voulu faciliter l’engagement des citoyens sur ces grandes causes.

Quelles ont été les évolutions de la plateforme depuis sa création ?

On a remarqué qu’outre les élans de solidarité dans les moments difficiles, l’engagement sur le long terme, au quotidien, était plus difficile. Or les associations ont aussi besoin d’un engagement régulier. De nombreuses structures cherchent des compétences particulières : un secrétaire, un trésorier, ou quelqu’un du monde juridique ou informatique par exemple.

Comment donner aux gens l’envie de s’engager ?

Je suis partisan de donner l’envie par l’exemple et par l’action. Peu de personnes s’engagent du jour au lendemain quatre heures par semaine dans une association. Il faut tester pour y prendre goût. Le premier pas, c’est de lever les freins ou les craintes : montrer que ce n’est pas nécessairement chronophage, qu’il y a des missions qui correspondent aux attentes de chacun. On doit goûter à la sensation d’être utile, à la proximité avec les gens.
La plateforme est conçue pour que les recherches soient facilitées. Il y a une grande variété de missions proposées, que ce soit près de chez soi ou à distance, sur des temps d’engagement longs ou courts. 28% des bénévoles réalisent leur première mission grâce à notre plateforme, et plus des deux tiers continuent leur engagement par la suite.

Qu’est-ce que les gens retirent de leur expérience ?

Il y a mille et une raisons de s’engager. La première est un attachement à la cause, et le sentiment d’être utile à la société. Mais il y a d’autres motivations : acquérir des compétences, faire des rencontres, se créer un réseau, sortir de chez soi… Chaque raison est légitime. On a l’idée reçue que l’engagement serait quelque chose de sacrificiel, qui coûte beaucoup. En réalité, on en tire beaucoup de bénéfices personnels et il faut l’assumer. L’engagement, on le fait pour les autres ainsi que pour soi.

Votre plateforme met en lien la population non seulement avec les associations, mais aussi avec d’autres acteurs ?

11 000 associations sont inscrites sur la plateforme, et nous regroupons 13800 structures en tout. Il y a des collectivités territoriales, comme des communes ou des départements, des organisations publiques, des CCAS, des EPHAD… Tout acteur à but non lucratif et portant un projet d’intérêt général est le bienvenu sur la plateforme. L’engagement n’est pas propre aux associations, beaucoup d’acteurs y concourent.

Quelle tranche d’âge est la plus représentée parmi les bénévoles ?

Ce sont les jeunes. Sur 550 000 personnes inscrites, la moitié a moins de 30 ans. Nous ne les ciblons pas particulièrement, mais cette nouvelle génération vient à nous plus naturellement. Ce qui n’empêche pas que toutes les générations soient représentées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le service numérique n’est pas un frein à son utilisation par les plus de 60 ou 70 ans. La plateforme a l’avantage d’être très simple : en quelques clics, on est en relation avec une association et on peut aller rapidement sur le terrain. Il y a un côté concret et pragmatique qui plaît à tout le monde, bénévoles comme organisations d’ailleurs.

Comment développer l’envie de s’engager ?

Notre fil rouge, c’est la conviction qu’il existe une manière de s’engager qui correspond à chacun. On va chercher les personnes qui se sentent éloignées du bénévolat dans les endroits où les associations ne vont pas forcément. A ces personnes, on pourra proposer du bénévolat à distance, même si notre objectif est bien sûr de soutenir la dynamique associative partout. Pour faire connaitre notre service public numérique, nous sommes présents sur de nombreuses plateformes en ligne, comme des sites d’orientation ou des forums d’emploi. On intervient en milieu scolaire, dans des forums associatifs, au sein de divers événements. Une grande campagne d’affichage a également été mise en place dans les réseaux de transports des métropoles. Nous avons enfin des relais dans des médias.

Comment les médias peuvent-ils aider?

Nous développons des partenariats avec des médias, avec des rubriques « engagement » à côté des articles. J’ai la conviction que leur lecture donne aux gens l’envie d’agir. L’actualité nous laisse parfois désemparés donc on essaye de montrer qu’il existe des moyens d’agir à notre petite échelle. Par exemple, après un article qui parle des évolutions de la pauvreté, nous pouvons mettre en valeur des missions de distribution alimentaire ou de maraude à proximité. Notre utilité, c’est d’être à rebours du pessimisme ambiant, de montrer qu’on a des moyens de dépasser certains obstacles. Le bénévolat, c’est la joie en action. On entend toujours que la jeunesse ne fait rien, mais on constate exactement l’inverse à travers son engagement.

Propos recueillis par Maëlle Widmann pour Reporters d’Espoirs

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