Pierre Cesarini est le directeur délégué de La Sécurité Solaire (www.soleil.info), une association dont le but est de sensibiliser et prévenir les risques de la surexposition au soleil. Son père, le Docteur Jean-Pierre Cesarini, chercheur à l’INSERM et spécialiste du mélanome, a fondé cette association il y a tout juste 30 ans avec un groupe de scientifiques. Parmi ses actions : la diffusion des Indices de rayonnement UV, l’éducation solaire des jeunes générations, la prévention en milieu professionnel, ou encore la lutte contre la propagation des cabines de bronzage. Le tout avec le soutien d’institutions comme l’INCa, des ARS, l’INSERM, Météo-France, les entreprises contre le cancer, ou la Ligue contre le cancer (92).
Quels sont les effets positifs des rayons du soleil sur notre mental ?
La partie visible du rayonnement offre des bénéfices qui nous semblent naturels : la lumière nous permet de voir les couleurs, les formes, et donc de nous déplacer dans l’espace. L’exposition à la lumière entraîne la production d’hormones bénéfiques pour notre santé. La dopamine booste notre énergie. La dépression hivernale, qui est un type spécifique de dépression, représente environ un quart des dépressions. Par exemple, on le voit chez les populations qui vivent au-delà des 60 degrés de latitudes dans le nord, là où le soleil ne dépasse pas l’horizon vingt heures par jour. En France, cette dépression saisonnière représente seulement 1% des types de dépression.
Physiquement, en quoi les rayons du soleil nous sont essentiels ?
Parmi les rayons du soleil, les UV, favorisent à doses modérées la synthèse de vitamine D. Cette vitamine permet notamment de fixer le calcium sur les os. C’est donc important, en particulier pour les enfants. Des études ont également montré que la vitamine D était essentielle pour notre système immunitaire.
Comment profiter de ses bénéfices sans se mettre en danger ?
Le premier conseil, c’est de ne jamais aller jusqu’au coup de soleil. Outre les risques à long terme et la douleur qu’il engendre, le coup de soleil est, dans tous les cas, délétère. Pour des doses reçues supérieures au coup de soleil, l’effet est contreproductif, car l’organisme détruit alors la vitamine D. Il faut aussi savoir adapter selon son type de peau. Les peaux noires ont tendance à absorber difficilement les UV, et donc l’organisme ne produit parfois pas assez de vitamine D. Les peaux très claires doivent en revanche être prudentes et se protéger efficacement quand le rayonnement est puissant. En la matière, attention ! s’appliquer de la crème solaire n’est pas la première chose à faire. Outre que certains de ses ingrédients sont montrés du doigt par certains car ils pourraient perturber le système endocrinien et entraver la croissance des coraux, la crème solaire doit surtout venir compléter la protection vestimentaire, pas la remplacer. Le mieux étant toujours de rester à l’ombre.
Comment faire de la prévention efficace ?
Les leviers à activer sont multiples et dépendent beaucoup des profils d’individus que l’on cherche à atteindre. Mais globalement, l’éducation est le moyen le plus unanimement reconnu pour faire prendre conscience des risques et adopter des pratiques plus favorables à sa santé. Mais cela demande du temps et des moyens. En France, même si nous avons réussi à ralentir l’augmentation du nombre de nouveaux cas de mélanomes, ce n’est pas suffisant. En Australie, pays tropical où l’essentiel de la population a la peau claire, les moyens mis dans la prévention sont beaucoup plus importants. En plus, celle-ci passe aussi par la loi. Par exemple, les lampes à UV y sont interdites. L’ombrage des cours d’écoles est obligatoire, les employeurs sont réellement obligés de protéger les « outdoor workers »…Grâce à cela, les Australiens ont réussi à inverser la courbe. Le nombre de nouveau cas de mélanomes diminue maintenant pour toute une catégorie de la population.
Quels sont les effets des trous dans la couche d’ozone ?
C’est une question complexe qu’il faut aborder dans le cadre plus global du dérèglement climatique. Nous espérons une régénérescence de la couche d’ozone du fait de l’arrêt des rejets de CFC, ces gaz qu’on trouvaient dans les réfrigérateurs, congélateurs, climatiseur et bombes à aérosols d’anciennes générations. Mais le réchauffement en cours est responsable d’incendies de plus en plus nombreux et étendus. Les cendres rejetées dans l’atmosphère abiment la couche d’ozone. Autre problème posé par le réchauffement : le comportement de la population qui a tendance à agir dès le début du printemps et de l’automne comme en plein été. Or, il faut savoir que l’intensité des UV est déjà significativement élevée en avril comme en septembre, et qu’elle est à son niveau maximum de mai à août.
Propos recueillis par Maëlle Widmann pour Reporters d’Espoirs