La Ferme Nos Pilifs est née d’une indignation face à l’exclusion des personnes atteintes d’un handicap sur le marché de l’emploi. Ou plutôt, du désir de leur apporter, une fois devenues adultes, la possibilité d’une vie digne et autonome. Comment y arriver ?
En 1984, Benoît Ceysens, l’actuel directeur, décide de lancer, avec son équipe, une vraie ferme dans la ville, pour offrir un métier valorisant à la personne handicapée.
Une diversité de métiers y sont développés : jardinerie, élevage de poulets fermiers, épicerie bio, entretien et aménagement de jardins « naturels » sans pesticides, estaminet, boulangerie artisanale, manutention, ferme d’animation pour les enfants…
Chaque activité développée se doit d’être adaptée aux capacités des travailleurs, mais aussi, socialement épanouissante, suffisamment rémunératrice, et respectueuse de l’environnement. « On sous-entend parfois que les personnes atteintes d’un handicap vieillissent prématurément, souligne Benoît Ceysens, le directeur. Pour nous, il suffit de leur offrir une activité valorisante et elles repartent ! ».
Outre ses activités « vertes », les bâtiments abritant les activités de la Ferme ont été construits de manière écologique. Un nouvelle construction, qui abrite depuis 2010 la section manutention, a été primé « Bâtiment exemplaire » en Région bruxelloise.
Isolé selon les standards passifs, il est recouvert de panneaux solaires qui permettent de couvrir 30% des besoins en électricité du bâtiment. Quant aux déchets du jardin, ils sont compostés avant d’être vendus ou réutilisés – notamment – pour alimenter la chaudière du nouveau bâtiment. Toutes ces démarches savamment combinées font de la Ferme Nos Pilifs un véritable havre de paix au milieu de la ville.
Les habitants du quartier empruntent le sentier vert pour les promenades en famille, au milieu des chevaux, des boucs et des poules, déjeunent au restaurant les produits de la ferme, et font leurs achats d’aliments sains à l’épicerie. « Les activités sont ouvertes sur le quartier, insiste Benoît Ceysens. Le contact a toujours été favorisé entre nos travailleurs et le monde extérieur. » Au niveau financier, la Ferme parvient à couvrir 60% de ses besoins grâce à ses activités. Le solde est pris en charge par les pouvoirs publics pour compenser notamment le manque de productivité et les frais d’encadrement des travailleurs. « Plus personne ne vit aujourd’hui d’amour et d’eau fraîche, plaisante Benoît Ceysens. La dimension économique est primordiale pour la réussite de notre projet et la rencontre de nos objectifs. »